Car postal - Die Schweizerische Post
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Un périple à la force des mollets<br />
Après avoir traversé la Suisse sur les pistes<br />
cyclables, nous avons quitté le pays avec la<br />
pluie et en instituant ce qui devrait devenir<br />
une habitude tout au long de notre périple:<br />
acheter le premier et le dernier jour où nous<br />
séjournerions dans un pays des timbres-poste<br />
oblitérés afin de les coller dans un albumsouvenir.<br />
Le jour où nous avons franchi la<br />
frontière séparant notre<br />
pays de la France, nous<br />
avons donc commencé<br />
notre collection de<br />
timbres dans la Vallée de<br />
Joux.<br />
France – Espagne. A<br />
travers de belles vallées,<br />
nous roulons début septembre<br />
1999 en direction<br />
de la vallée du Rhône<br />
dont nous suivons le tracé<br />
jusqu’à la Méditerranée.<br />
Ce tronçon n’est pas<br />
une sinécure, le paysage<br />
étant plutôt inintéressant<br />
et la route bourrée de<br />
grands camions craints<br />
de tous les cyclistes.<br />
Le long de la côte, nous<br />
pédalons à une bonne<br />
allure vers les Pyrénées.<br />
Gravir la montagne, descendre<br />
le col, remonter<br />
vers le village puis redescendre<br />
vers la côte nous a fait passablement<br />
suer. Arrivant sur sol espagnol l’aprèsmidi,<br />
nous cherchons en vain un bureau de<br />
poste ouvert pour l’achat de nos timbres, oubliant<br />
que les Espagnols font la sieste dès<br />
14 heures et que la poste ferme pour le reste<br />
de la journée. Nous tentons notre chance le<br />
lendemain dans une localité plus grande, sans<br />
succès non plus. Si la poste y est ouverte, nous<br />
n’y trouvons cependant pas ce que nous cherchons:<br />
soit notre espagnol est tellement<br />
médiocre que notre message ne passe pas,<br />
soit cet office de poste n’a vraiment que des<br />
empreintes-machine.<br />
Sur la Costa Brava nous découvrons<br />
quelques jolis coins. Même si nous évitons<br />
d’ordinaire la foule des touristes, nous<br />
sommes tributaires dans ce pays des campings<br />
et offices du tourisme, que l’on trouve<br />
uniquement le long de la côte. C’est par le<br />
train que nous nous rendons ensuite dans<br />
la métropole de Barcelone. Nous avons hâte<br />
de poursuivre notre chemin en direction de<br />
Valence. Dommage que les orangers de la<br />
Costa del Azahar ne soient pas encore mûrs.<br />
Dans un petit bureau de poste, l’employé<br />
grincheux, fumant une cigarette à grosses<br />
bouffées, demande l’équivalent de 13 francs<br />
suisses pour un colis «Economy» de<br />
500 grammes à destination de la Suisse!<br />
A Crapesa, nous tombons à nouveau sur<br />
un café Internet. C’est avec surprise que nous<br />
prenons connaissance de plus de 20 messages<br />
qui se sont accumulés dans notre boîte aux<br />
lettres électronique (worldbiketour@gmx.ch).<br />
Bien vite, nous constatons qu’il s’agit sans<br />
exception de messages de félicitations et de<br />
réactions qui font suite à l’article paru dans<br />
le journal de La <strong>Post</strong>e n° 18/99, dans lequel<br />
nous avions présenté notre projet. Beaucoup<br />
de gens connus mais également étrangers<br />
nous félicitent de notre courage. C’est l’origine<br />
de quelques contacts e-mail que nous<br />
La <strong>Post</strong>e n° 7/2000<br />
Les deux aventuriers Beat et Fränzi<br />
traversent le Canada<br />
Nombreux sont ceux qui rêvent d’un tour du monde à<br />
bicyclette, et tout aussi nombreux ceux qui abandonnent<br />
une telle idée, la jugeant irréalisable. Mais Beat Siegenthaler<br />
(27 ans), assistant d’exploitation à l’office <strong>postal</strong><br />
d’Uzwil, et Fränzi Gugger (25 ans), employée à la poste<br />
d’Herisau, ont finalement franchi le pas. Leur grand<br />
voyage a démarré le 30 août dernier (voir journal du<br />
personnel n° 18/1999). Nous retrouvons les deux aventuriers<br />
pour le premier récit de leur équipée.<br />
entretenons depuis et dont nous nous réjouissons<br />
à chaque fois. La prochaine expérience<br />
avec Correos y Telegrafos (la poste<br />
espagnole), nous la vivons à Valence. Nous<br />
espérons y récupérer une masse de courrier<br />
en provenance de la Suisse. Or, la première<br />
récolte est plutôt maigre et nous quittons la<br />
poste principale de Valence avec seulement<br />
En Floride, le pimpant office <strong>postal</strong> de Seaside est décoré pour Noël.<br />
un simple colis. Où sont les lettres? Quelques<br />
jours plus tard, nous décidons d’y retourner.<br />
A nouveau, rien n’est déposé sous Siegenthaler/Gugger.<br />
Ayant subitement une idée,<br />
nous prions l’employé de regarder sous<br />
Beat/Fränzi. Et – ô miracle – les lettres «disparues»<br />
nous sont remises.<br />
Traversée en cargo. Le 23 octobre, nous<br />
nous trouvons au petit matin au port, où le<br />
«Washington Senator» nous attend. Nos vélos<br />
sont montés à bord du navire par une grue.<br />
Après deux mois de vie sous tente, notre cabine<br />
de plus de 40 m 2 nous paraît comme un<br />
palais. Malgré le mal de mer dont nous souffrons<br />
les premiers jours, nous ne voulons pas<br />
manquer de jouir des plaisirs et commodités<br />
d’un voyage en cargo. La vie à bord nous a<br />
comblés: repas excellents, bar, piscine, sauna,<br />
bibliothèque et vidéothèque sont à la disposition<br />
des passagers et des 20 membres<br />
d’équipage. Après deux escales à New York<br />
et à Norfolk, nous accostons le 7 novembre<br />
à Savannah dans l’Etat de Géorgie. Aux<br />
Etats-Unis, tout est un peu plus grand, plus<br />
large ou plus long. Si nous nous apercevons<br />
que tout est axé sur les besoins des automobilistes,<br />
nous n’avons pas encore découvert<br />
l’office de poste «drive-in». Vu ces énormes<br />
distances, nous cyclistes avons parfois des<br />
problèmes pour nous approvisionner. En direction<br />
de l’ouest, nous nous approchons du<br />
golfe du Mexique. Voyageant hors saison touristique,<br />
nous y trouvons des plages blanches<br />
dépeuplées alignées sur plusieurs kilomètres.<br />
L’Amérique est grande. Dans un petit<br />
village, nous découvrons l’office de poste le<br />
plus coquet que nous ayons vu depuis notre<br />
départ. Décoré pour la fête de Noël, il est<br />
si petit que nous n’avons guère de place à<br />
deux dans le hall des guichets. Longeant<br />
le golfe du Mexique, nous roulons en direction<br />
de New Orleans en traversant les Etats<br />
Tour du monde<br />
d’Alabama et du Mississippi. Hélas, nous<br />
ne pouvons pas visiter cette ville, faute<br />
d’avoir pu organiser le transport de nos vélos.<br />
Nous poursuivons notre route à destination<br />
de St. Francisville, notre deuxième<br />
adresse «poste restante». Du fait que ces<br />
envois «poste restante» n’y sont conservés<br />
que pendant deux semaines et qu’il nous est<br />
difficile, voire impossible,<br />
de prévoir avec<br />
précision la date de<br />
notre arrivée dans un<br />
lieu, nous annonçons à<br />
chaque fois notre arrivée<br />
par une carte <strong>postal</strong>e.<br />
A St. Francisville la joie<br />
est grande de part et<br />
d’autre: alors que la préposée<br />
du guichet est heureuse<br />
de pouvoir nous<br />
remettre tous les colis et<br />
lettres postés en Suisse,<br />
nous sommes pour notre<br />
part très contents de pouvoir<br />
réceptionner autant<br />
de courrier en provenance<br />
de notre pays. Enfin,<br />
nous pouvons de nouveau<br />
croquer du bon chocolat<br />
suisse à profusion!<br />
Noël. Depuis des semaines<br />
déjà, des maisons<br />
illuminées et des<br />
centres commerciaux ornés annoncent les<br />
fêtes de fin d’année. Nous passons le jour de<br />
Noël avec un sapin de Noël «comme à la maison»,<br />
autour d’un feu, mangeant une potée et<br />
du chocolat suisse pour le dessert. Nous tentons<br />
notre chance au casino afin de remplir<br />
la caisse de voyage, mais ne parvenons qu’à<br />
nous alléger de cinq dollars. Sur les ondes de<br />
Radio Suisse Internationale, dont nous écoutons<br />
chaque jour les informations, nous apprenons<br />
le passage dévastateur de l’ouragan<br />
«Lothar» en Suisse. Par téléphone, nous prenons<br />
des nouvelles à la maison pour savoir si<br />
tout est en ordre. Les nôtres ont heureusement<br />
été épargnés! Le Texas lui aussi passe<br />
le cap du millénaire sans pannes informatiques<br />
majeures ni chute de météorite.<br />
Nos lettres pour la Suisse sont acceptées avec joie<br />
par notre collègue de Fannin au Texas (20 hab.).<br />
L’itinéraire des deux aventuriers<br />
France, Espagne Septembre/octobre 1999<br />
USA (Savannah, Golfe du Mexique) Novembre 1999 à février 2000<br />
Mexique (Hauts plateaux, Baja California) Mars/avril 2000<br />
USA (Californie, San <strong>Die</strong>go – Seattle) Mai 2000<br />
Canada (Vancouver Islands – Prince Rupert) Juin/août 2000<br />
Japon (Tokyo – île d’Hokkaido) Septembre/octobre 2000<br />
Philippines (Manille et archipel) Novembre/décembre 2000<br />
Thailande (Bangkok et Sud) Janvier/mars 2001<br />
Malaisie (Ouest, Singapour) Avril/juin 2001<br />
Indonésie (Java) Juillet/août 2001<br />
Australie (Sud, Tasmanie) Septembre/décembre 2001<br />
Nouvelle-Zélande (Nord, île du Sud) Janvier/mars 2002<br />
Europe (Sud, retour en Suisse) April bis Juli 2002<br />
Adresse de courrier électronique: worldbiketour@gmx.ch<br />
Far West. Plus nous nous approchons de<br />
l’ouest, plus nous connaissons des difficultés<br />
à nous ravitailler. Les campings se font de<br />
plus en plus rares. C’est pourquoi nous<br />
dépendons beaucoup de la serviabilité et de<br />
l’hospitalité des gens du lieu. Ils nous offrent<br />
la possibilité de remplir nos bidons d’eau ou<br />
de camper sur leur terrain. A Uvade, nous<br />
attendons une lettre importante de Suisse.<br />
Atteignant cette localité, nous constatons à<br />
notre grand étonnement que ce courrier n’est<br />
pas encore arrivé. Nous y déposons une nouvelle<br />
adresse (Del Rio) mais là non plus nous<br />
ne pouvons pas prendre possession de cette<br />
missive, en route depuis maintenant 10 jours.<br />
Finalement, c’est dans la ville de Marathon<br />
que ces nouvelles de chez nous nous atteignent.<br />
Mexique. A travers le désert, nous pédalons<br />
sur les hauts des montagnes Chias, tout surpris<br />
de trouver de la neige. Malgré les pentes<br />
enneigées, nous pouvons entreprendre de superbes<br />
randonnées. Empruntant le Camino del<br />
Rio («chemin du fleuve» en espagnol), nous<br />
arrivons à Presidio. Contrairement à ce qu’on<br />
pourrait croire, ce trajet n’est pas plat mais<br />
comprend un grand nombre de montées, jusqu’à<br />
15%. Notre choix de Presidio comme<br />
adresse «poste restante» se révèle judicieux.<br />
Cette ville a l’avantage d’être ni trop petite ni<br />
trop grande et, surtout, d’être équipée d’un<br />
camping avantageux.<br />
Une nouvelle fois, de<br />
nombreuses personnes<br />
ont pensé à nous, nous<br />
adressant une lettre, une<br />
carte <strong>postal</strong>e ou un colis.<br />
Envisageant de limiter<br />
notre durée de séjour au<br />
Mexique à deux mois et<br />
ne connaissant pas le<br />
degré de fiabilité de la<br />
poste mexicaine, nous<br />
définissons un lieu en Californie<br />
comme prochaine<br />
adresse. Le franchissement<br />
de la frontière se<br />
fait sans accrocs. Nous<br />
sommes d’emblée enchantés<br />
par le Mexique,<br />
en particulier par ses habitants<br />
sympathiques et<br />
serviables, ses paysages<br />
grandioses et sa fine gastronomie.<br />
La seule chose<br />
qui nous dérange, c’est<br />
les routes jonchées d’ordures.<br />
Les 234 km me-<br />
19<br />
nant à Chihuahua sont très astreignants à cause<br />
des nombreuses montagnes et du puissant<br />
vent contraire. Dans les villages indiens reculés,<br />
le temps semble s’arrêter. Les Indiens<br />
habitent dans des maisons rudimentaires et ont<br />
encore aujourd’hui recours aux chevaux pour<br />
labourer leurs champs. Nous prenons ensuite<br />
le chemin de Los Mechis. Le lendemain de<br />
notre arrivée, dans l’attente du ferry-boat pour<br />
La Paz, nous sommes invités chez une indigène.<br />
Sa fille, sourde, n’a pratiquement aucune<br />
chance de pouvoir fréquenter une école<br />
spéciale. Elle nous montre son vieux vélo<br />
bringuebalant, qu’en deux temps, trois mouvements,<br />
nous avons réparé pour le plus grand<br />
plaisir de la fillette. A La Paz, sur la Baja<br />
California, c’est le <strong>Car</strong>naval. Inutile d’écrire<br />
que nous sommes de la partie.<br />
Retour dans le désert. Pour atteindre<br />
Guerrero Negro, nous mettons trois jours. Sur<br />
le chemin cahoteux, recouvert de sable et de<br />
sel, nous continuons à destination de la lagune<br />
d’Oje de Uebre. Avant que les baleines<br />
grises, qui mettent bas dans cette baie, fassent<br />
le voyage en aval vers la mer de Béring, à<br />
10000 km plus au nord, nous voulons aller les<br />
voir. A cet effet, nous louons de petites embarcations.<br />
A peine arrivés, nous les voyons<br />
apparaître à côté de nous. Après cet intermède,<br />
il est à nouveau temps d’enfourcher nos<br />
vélos pour 350 km de désert. Nous déplaçant<br />
dans de telles zones depuis l’ouest du Texas,<br />
nous commençons à être las de la vue du désert.<br />
La Baja California, située au nord, étant<br />
plus peuplée, nous ne devons plus transporter<br />
de l’eau chaque jour. Dans la prochaine ville<br />
importante, nous devons «faire le plein d’argent».<br />
Ici au Mexique, comme d’ailleurs dans<br />
tous les autres pays que nous avons parcourus<br />
jusqu’à maintenant, nous obtenons sans problème<br />
de l’argent liquide avec la <strong>Post</strong>card.<br />
Dans la petite ville frontalière de Tecate, jolie<br />
et propre, nous passons notre dernier jour sur<br />
sol mexicain. Ici, comme bien souvent en<br />
Amérique du Sud, le week-end des employés<br />
de la poste commence le vendredi à 14 h 00.<br />
Fidèles à notre habitude, nous essayons de<br />
nous procurer le samedi nos timbres-poste<br />
oblitérés. Retrouvant la porte des bureaux fermée,<br />
nous y prolongeons notre séjour jusqu’à<br />
lundi. Après avoir acheté un magnifique<br />
feuillet de collection ce jour-là, nous retournons<br />
aux Etats-Unis... (réd. gg/as)<br />
(à suivre)<br />
Texte et photos:<br />
B. Siegenthaler/F. Gugger