Bulletin des Anciens du Stade Toulousain

Par contre, lorsque, le 1 er janvier 1908, au Stade de
Colombes, Alfred Mayssonnié fut le demi de mêlée
d’une équipe de France qui affrontait l’Angleterre,
sous le capitanat de Communeau, il était bien stadiste.
Il était même le capitaine de notre équipe avec
laquelle il disputa les finales de 1909 et 1912.
Alfred Mayssonnié était surnommé (allez savoir
pourquoi ?) « Gastofer ». C’était un garçon de Lavernose
où il était né en 1884. Il était donc, à l’époque
de ses sélections, en pleine possession de ses capacités
physiques qui, d’après les témoignages de ses
contemporains, n’étaient pas exceptionnelles. Mais
le joueur reste comme le symbole de l’intelligence
du jeu de rugby. « Subtil, brillant, inspiré… » telles
sont les épithètes dont Henri Garcia le gratifie dans
son Histoire Générale du rugby.
Il a pris une place prépondérante dans le Panthéon
du rugby. Non pas pour l’abondance de sa présence
au haut niveau car, à l’époque, on ne « défiait » pas
des joueurs propulsés trop vite au statut de « star ».
Mayssonnié ne fut que trois fois international (2 fois
en 1908 et 1 fois en 1910) ; il fut champion de France
en 1912 (il jouait demi d’ouverture, à cette occasion).
C’est sa mort au champ d’honneur qui, paradoxalement,
a permis à Alfred Mayssonnié de demeurer vivant
dans la mémoire de notre sport…
Mobilisé comme adjudant au 259 ème régiment d’infanterie,
son unité fut engagée dans les combats du
début de la Grande Guerre, combats qui tentent de
préserver notre aile droite et de nous conserver Verdun,
le « verrou » de l’Argonne.
Le docteur Voivenel, lui-même mobilisé au 211 ème
régiment d’infanterie, a conté, dans des pages bouleversantes
(Mon beau rugby) comment il apprit, le
8 septembre 1914, la mort de son ami ; comment il
partit, dans une expédition dangereuse et vaine pour
retrouver le corps de Mayssonnié et comment il apprit
que Mounicq (le second international du Stade
et le capitaine de la « Vierge Rouge » de 1912) avait
retrouvé ce cadavre et l’avait pieusement enseveli
dans une tombe sommaire dans les environs du village
d’Osches.
Voivenel (accompagné de quelques compagnons
dont Moulines, un autre stadiste) vint aménager de
son mieux cette tombe…
« Nous rentrâmes silencieux, revenant par la route
d’Ippécourt, parmi des bois que l’automne commençait
à bronzer et à cuivrer, sous un soleil couchant rutilant,
par une fin de journée exceptionnellement
belle et douce… »
On sait comment les efforts persévérants du docteur
Voivenel aboutirent à l’érection du monument au sport
de Bourdelle et à l’installation, au chevet de ce monument,
d’une stèle à la mémoire d’Alfred Mayssonnié,
symbole de tous les sportifs morts pour la France.
« Maysso a donc été choisi par les siens et quand
j’aurai l’idée de lui élever un monument, je réaliserai
une chose inconsciemment attendue par tous les
vrais sportifs.
Maysso était le symbole de ce qu’ils avaient rêvé,
voulu, créé et qui commençait à perdre sa pureté.
Il fallait ériger ce symbole. »
Lucien Remplon
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SAISON 2010-201127