Bulletin des Anciens du Stade Toulousain
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«Mon <strong>Stade</strong><br />
J'avais à peine 17 ans quand je suis parti pour Toulouse,<br />
venant de Dax. Ma scolarité n'étant pas <strong>des</strong><br />
meilleures, mon père pensa qu'il valait mieux que<br />
je m'éloigne <strong>du</strong> confort douillet d'une maman gâteau.<br />
Il avait parfaitement raison.<br />
Pourquoi Toulouse et non pas Bordeaux où allaient<br />
tous les jeunes étudiants dacquois de l'époque ?<br />
Simplement parce que mon père avait comme relation<br />
commerciale, un dirigeant <strong>du</strong> <strong>Stade</strong> <strong>Toulousain</strong>,<br />
M. Montagnac qui lui vantait, à chaque<br />
rencontre, pour l'adolescent que j'étais, les avantages<br />
de la Ville Rose et <strong>du</strong> <strong>Stade</strong>. A cette époque,<br />
ce n'était pas monnaie courante de quitter son<br />
Club et encore plus rarement à mon âge.<br />
Ce fut très difficile pour moi de quitter mes copains<br />
et mon Club avec lequel je venais d'être<br />
champion de France cadets. Ce, d'autant plus<br />
qu'au même moment, un drame venait de se pro<strong>du</strong>ire<br />
avec la disparition de 3 joueurs emblématiques<br />
de l'Union Sportive dacquoise: Milou<br />
Carrère, Jeannot Othats et Raymond Albaladéjo,<br />
le frère de Pierrot avec lequel j'avais plaisir à chasser<br />
la palombe au Pays Basque. Nous connaissions<br />
alors tous les joueurs <strong>des</strong> époques passées et présentes<br />
et avions pour eux, nous les plus jeunes, le<br />
plus grand respect.<br />
J'avais un sentiment de culpabilité en quittant Dax<br />
après cet événement tragique mais, tout était déjà<br />
programmé. Je partais donc à Toulouse dans l'espoir<br />
de rentrer rapidement en Kiné mais je n'avais<br />
pas encore terminé mon secondaire. Le <strong>Stade</strong><br />
m'avait fait inscrire au Lycée Pierre de Fermat,<br />
grâce à l'intervention de celui qui allait devenir<br />
mon capitaine, Jean Fabre, prof de maths dans ce<br />
même Lycée. Il s'était engagé à me donner <strong>des</strong><br />
cours et heureusement notre amitié n'eut pas à en<br />
souffrir.<br />
C'est Albert Trézy, le secrétaire général de<br />
l'époque et cheville ouvrière <strong>du</strong> <strong>Stade</strong> <strong>Toulousain</strong>,<br />
comme l'est aujourd'hui l'adorable Jacky Pagés,<br />
qui m'accueillit. Tout passait par lui, y compris les<br />
compositions d'équipes pour lesquelles il souhaitait<br />
avoir une influence, et même si ce n'était pas<br />
le cas, il aimait s'en prévaloir.<br />
Je me souviens de cet homme rond, pas très<br />
grand, affable, à la démarche chaloupée, le béret<br />
rivé sur la tête qui me fit rapidement signer une licence<br />
(je ne me souviens pas si on parlait alors de<br />
mutation ?). Il m'emmena ensuite faire la connaissance<br />
d'un joueur « il s'appelle Fifi Allaire, tu verras,<br />
il est très gentil et c'est un grand joueur ».<br />
pour toujours»<br />
Je ne sais pas dans quel sens Bébert employait ce<br />
qualificatif « grand ». Ce qui est sûr, c'est qu'après<br />
avoir escaladé 3 étages d'un immeuble de la Place<br />
Dupuy, dans une chambre mansardée, c'était un<br />
colosse qui se dressait devant moi, sur son palier.<br />
De petites lunettes tenues on ne sait comment au<br />
milieu d'une grosse tête ronde et, en <strong>des</strong>sous, un<br />
torse de catcheur partiellement vêtu d'un « marcel<br />
» bleu marine « Salut mon petit gamin ! » me<br />
di-t-il, un sobriquet entretenu ensuite par l'équipe<br />
et son truculent animateur, le pilier Guy Deluc dit<br />
« le facteur ». Fifi devint vite un ami et, heureusement,<br />
sans que mes parents ne le sachent, il m'instruisit<br />
bien plus que Jeannot pour les maths dans<br />
un domaine qu'il semblait avoir inventé ou, à coup<br />
sûr, beaucoup amélioré, celui <strong>des</strong> 3 es mi-temps.<br />
Un livre ne suffirait pas à faire le tour de ce personnage<br />
à la fois jovial et triste comme tous les<br />
grands comiques et qui mit plus d'une génération<br />
pour finir sa médecine. Il faisait toujours référence<br />
à ses rencontres avec Campbell Lamerton qui était<br />
alors le deuxième ligne le plus emblématique de<br />
l'équipe d'Angleterre. Il disait l'avoir toujours dominé<br />
: « Campbell in the poket », c'était son expression,<br />
et je peux témoigner que ce fut le cas,<br />
tout <strong>du</strong> moins, sur une fin de soirée au « Capoul »<br />
où il le battit d'une énième chope de bière.<br />
Je me souviens encore de mes débuts au <strong>Stade</strong>.<br />
Je venais de faire 17 ans et immédiatement, je faisais<br />
partie de l'effectif de l'équipe première sans<br />
passer par les juniors. L'entraîneur était Marcel<br />
Dax. Au premier abord, il paraissait bourru mais<br />
c'était un brave homme qui avait de la compétence<br />
y compris comme caricaturiste. Plutôt entraîneur<br />
d'avants, sa conception <strong>du</strong> jeu était parfois<br />
un peu restrictive. « Gamin tu tapes en l'air pour<br />
commencer et après, on verra ! ». Comme il me di-<br />
SAISON 2010-201143