Bulletin des Anciens du Stade Toulousain

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Rugby
« Une Raison
de Vivre »
Ecole de la vie de Madagascar
Dans son film, qui sort actuellement sur les écrans de la
Région, le professeur Guy Chapouillié, est redevenu un
étudiant. Par ce défi à lui-même il aura remporté une victoire
aussi dure et exaltante que la plus belle gagnée sur
un terrain de rugby ; capteur de mouvements et de sons,
sobre assembleur d’images, de paroles, de gestes et de
regards, il nous offre dans son film « Une Raison de Vivre »
une fresque vive d’humanité.
A nous d’écouter, regarder et entendre ces acteurs d’un
jour, sortis d’un quotidien peu enviable, rire, crier, chanter,
pousser, plaquer, sauter ; de quoi vivre un moment de
rêve, d’exultation, d’agressivité contenue… Un ballon, de
cuir ou de chiffons, suffit à métamorphoser ces enfants dépenaillés,
pieds nus et ventre vide, en coureurs conquérants,
énergiques et joyeux.
En somme le vrai talent de Guy Chapouillié est de nous
faire partager sa profonde empathie pour tous ces personnages
pétris de dignité, de courage et d’espoir et d’évoquer
avec Gabriel Rajaonarison, un des héros de la tournée
malgache de 1957, l’épopée des vingt et un garçons venus
du bout du monde connaître l’allégresse à Toulouse et le
désespoir à Paris…
Au cours du dernier match, cette tournée triomphale s’est
achevée par un tragique accident, la mort d’un des leurs,
Raphaël Mbahiny. Ce drame eut pour effet d’attiser le sentiment
nationaliste et l’aspiration à l’indépendance des
malgaches ; cet évènement douloureux appartient désormais
à l’histoire politique de l’île qui a fait du destin de
Mbahiny une « raison de mourir ».
Ces deux matches, qui opposaient la sélection malgache
au Stade toulousain puis au Racing Club de France, ont eu
un retentissement exceptionnel que le journaliste René
Mauriès relate dans sa chronique hebdomadaire « les
Hommes et les Faits » du « Midi Olympique » d’octobre
1957 ; lignes admirables que je vous invite à lire… ou relire
pour ceux qui furent les acteurs ou les spectateurs de ces
évènements.
André Granereau
LES ANCIENS DU STADE TOULOUSAIN