84 Fig. 67 - Albums <strong>de</strong> papiers peints <strong>de</strong> l’entreprise Essef, collection 1956-1957 (au premier plan) et 1932-1933. (A. D. Oise, 75 J : Archives <strong>de</strong> l’entreprise ESSEF/SFPP).
85 9 LA mAnUFACtUrE EssEF : UnE EntrEprisE DE pApiErs pEints ACtivE DE 1867 à 2006 DAns LA vALLéE DU tHérAin Ò véronique <strong>de</strong> la HoUGUE, Conservateur en chef du patrimoine, responsable du département <strong>de</strong>s Papiers peints au musée <strong>de</strong>s Arts décoratifs <strong>de</strong> Paris ’histoire <strong>de</strong> la Société française <strong>de</strong>s papiers peints s’articule autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux séquences chronologiques : la première, <strong>de</strong> 1867 à 1882, correspond à l’implantation <strong>de</strong> la fabrique <strong>de</strong> Jules Roger au hameau <strong>de</strong> Moineau sur la commune d’Angy ; la secon<strong>de</strong> couvre les années d’activité <strong>de</strong> la Société française <strong>de</strong>s papiers peints à Balagny-sur-Thérain, <strong>de</strong> 1882 à 2006. Dans cet exposé, l’évocation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux époques se fon<strong>de</strong> sur le texte « L’industrie du Papier Peint – Manufactures <strong>de</strong> Moineau et <strong>de</strong> Balagny-sur-Thérain » 1 L et sur le document « A Messieurs les Actionnaires <strong>de</strong> la Société française (en formation) <strong>de</strong>s papiers peints <strong>de</strong> Balagny-sur-Thérain » (Oise), publiés en 1882. Nous nous appuierons également sur <strong>de</strong>s documents plus récents conservés au département <strong>de</strong>s Papiers peints du Musée <strong>de</strong>s Arts décoratifs. Dans l’exposé préliminaire du premier texte, le rédacteur déclare : « L’industrie du papier peint ne remonte pas à plus d’un siècle, créée et localisée à Paris jusqu’à ces <strong>de</strong>rniers temps, elle n’était guère sortie <strong>de</strong>s anciens procédés à la planche que bon nombre <strong>de</strong> maisons emploient encore. Si ces anciens procédés ont encore leur raison d’être pour la fabrication <strong>de</strong>s papiers riches, ils établissaient les papiers ordinaires à un prix <strong>de</strong> revient trop élevé pour <strong>général</strong>iser leur emploi. La fabrication mécanique s’imposait, et si les recherches constantes <strong>de</strong>s hommes spéciaux ont été couronnées <strong>de</strong> succès, on verra par la suite quelle large part dans ce résultat revient à Jules Roger. Grâce à ces moyens perfectionnés, l’établissement d’un rouleau ordinaire <strong>de</strong> papier peint atteint aujourd’hui l’extrême limite du bon marché, et le papier est <strong>de</strong>venu d’un usage si commun qu’on le trouve jusque dans les plus humbles chaumières. Le papier peint a donc un débouché assuré car il répond autant aux besoins <strong>de</strong> la société que les articles d’alimentation et d’habillement ». L’usine <strong>de</strong> Moineau Notre auteur poursuit : « Pour montrer le rôle <strong>de</strong> M. Roger dans le progrès <strong>de</strong> la fabrication mécanique du papier peint, nous allons esquisser à grands traits la création <strong>de</strong> l’usine qui fut le berceau <strong>de</strong> l’immense établissement actuel. Fils d’un fabricant <strong>de</strong> papiers peints, connaissant à fond le métier, il résolut <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong> l’élévation croissante du prix <strong>de</strong> la main d’œuvre parisienne en fondant à Moineau, commune d’Angy, près <strong>de</strong> Mouy, dans une petite filature inoccupée, une fabrique qui ne comprenait qu’une machine à <strong>de</strong>ux couleurs, mais qui, grâce à son énergie et ses aptitu<strong>de</strong>s, prit un tel essor que douze années après, n’ayant plus <strong>de</strong> place pour construire et ne pouvant répondre aux comman<strong>de</strong>s, M. Roger dut se déci<strong>de</strong>r à transporter ailleurs son industrie ». Cette industrie avait débuté à Moineau en 1869 avec 25 000 francs d’affaires par an, et en 1881, le chiffre d’affaire <strong>de</strong> l’entreprise atteignait 1 260 000 francs. Pendant cet intervalle, M. Roger avait pris quatre brevets pour <strong>de</strong>s machines <strong>de</strong> son invention et avait résolu le problème d’appliquer la fabrication mécanique à <strong>de</strong>s papiers comportant vingt-quatre couleurs 2 . Nous savons par <strong>de</strong>s documents que vous pourrez voir dans l’exposition « Un site et <strong>de</strong>s hommes, la vallée du Thérain » que la Société Française <strong>de</strong>s Papiers Peints a compté jusqu’à trois machines <strong>de</strong> 24 couleurs. On le voit également tout au début du document qui a été édité en 1882 dans la revue l’Illustration. 1 L’industrie du Papier Peint – Manufactures <strong>de</strong> Moineau et <strong>de</strong> Balagny-sur-Thérain près Mouy (Oise) – Société Française <strong>de</strong>s Papiers Peints société anonyme au capital <strong>de</strong> 3.032.000 francs – siège social : 83 (bis) rue <strong>de</strong> Lafayette Paris, Imprimerie Bernard, 2, rue <strong>de</strong> Compiègne à Paris - 1882 2 Cette machine vient d’être achetée par la municipalité <strong>de</strong> Balagny-sur-Thérain et a été protégée au titre <strong>de</strong>s Monuments historiques.