L'histoire industrielle de l'Oise - Conseil général de l'Oise
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déracinées. Mal payée, mal considérée, cette population put exprimer son mécontentement lors <strong>de</strong><br />
la grève <strong>de</strong> 1890 et surtout lors <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> grève <strong>de</strong>s tisseurs <strong>de</strong> 1902 (Fig. 45) encore réputée<br />
comme étant le plus long conflit social <strong>de</strong> notre département.<br />
Conclusion<br />
La Gran<strong>de</strong> Guerre mit fin à ce siècle industriel qui avait transformé un simple hameau <strong>de</strong> l’Oise<br />
en l’une <strong>de</strong>s plus puissantes fabriques du Nord <strong>de</strong> la France. Lors <strong>de</strong> la Première Guerre mondiale,<br />
Ourscamp connut trente mois d’occupation alleman<strong>de</strong>, <strong>de</strong> septembre 1914 à février 1917. Situé à<br />
quelques centaines <strong>de</strong> mètres en arrière <strong>de</strong> la première ligne du front, isolé en rive gauche <strong>de</strong> l’Oise<br />
par la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s ponts et s’offrant à la vue <strong>de</strong>s Français placés sur les hauteurs, Ourscamp<br />
fut d’abord épargné par l’artillerie en raison <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s femmes et enfants faisant office<br />
<strong>de</strong> bouclier humain. Pourtant, le 15 février 1915, une batterie <strong>de</strong> tir française reçut l’ordre <strong>de</strong><br />
bombar<strong>de</strong>r l’usine. Un gigantesque incendie embrasa les bâtiments industriels tandis que les obus<br />
détruisaient une partie <strong>de</strong>s maisons. La population civile fut évacuée peu après. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la<br />
Gran<strong>de</strong> Guerre, la ville-usine d’Ourscamp n’était plus que ruines. La totalité <strong>de</strong>s bâtiments industriels<br />
étaient détruits (Fig. 46).<br />
L’outil <strong>de</strong> travail étant<br />
inutilisable, le conseil<br />
d’administration décida<br />
<strong>de</strong> vendre en 1923 les<br />
dommages <strong>de</strong> guerre<br />
aux Nouvelles Sucreries<br />
Réunies qui installaient<br />
une nouvelle industrie à<br />
Eppeville. Un gigantesque<br />
chantier <strong>de</strong> démolition<br />
s’ouvrit alors, le métal<br />
étant récupéré et vendu<br />
au poids, la pierre étant<br />
réemployée dans <strong>de</strong><br />
nouvelles constructions.<br />
Quelques bâtiments<br />
<strong>de</strong>meurent encore<br />
<br />
Fig. 46 - La filature d’Ourcamp après le bombar<strong>de</strong>ment et l’incendie du 15 février 1915.<br />
<strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong><br />
<strong>industrielle</strong>, notamment<br />
<strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s<br />
habitations, <strong>de</strong>s granges. Le palais abbatial, les ruines <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> église et l’actuelle chapelle<br />
survécurent à cet acharnement militaire et aux <strong>de</strong>structions consécutives, mais l’ancien cloître et<br />
quelques autres bâtiments conventuels ont disparu. L’installation en 1941 <strong>de</strong> la Congrégation <strong>de</strong>s<br />
Serviteurs <strong>de</strong> Jésus et Marie dans ces ruines permit à ces rares vestiges d’exister encore aujourd’hui<br />
dispersés çà et là sur un domaine ayant retrouvé sa vocation première : un pan <strong>de</strong> mur près <strong>de</strong>s<br />
ruines du chœur <strong>de</strong> l’ancienne église, la maison <strong>de</strong>s contremaîtres dans le parc, le bureau <strong>de</strong> poste<br />
sur la place Saint-Eloi, la faça<strong>de</strong> d’une gran<strong>de</strong> maison formant mur d’enceinte et <strong>de</strong>ux immeubles<br />
<strong>de</strong> la cité blanche… le temps est passé sur un siècle d’histoire <strong>industrielle</strong>. Si, <strong>de</strong>s décombres <strong>de</strong><br />
l’usine, il ne reste que peu <strong>de</strong> vestiges, le souvenir <strong>de</strong> la manufacture d’Ourscamp <strong>de</strong>meure encore<br />
très vivace dans les familles qui y ont travaillé. Une page d’histoire <strong>industrielle</strong> se tourne avec la<br />
disparition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers témoins, mais la mémoire conservera longtemps le renom <strong>de</strong> la fabrique<br />
<strong>de</strong> velours d’Ourscamp, <strong>de</strong> même que l’on se souviendra <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité entourant cet<br />
établissement mais aussi <strong>de</strong>s répercussions <strong>de</strong>s conflits sociaux qui s’y sont déroulés.