Calibre 11 Marcel Gozzi - Pitbook.com

société avait résilié ton contrat, mais consenti une
contrepartie financière avantageuse. Les ASSEDIC
subvenaient à tes besoins immédiats.
Mais, l’argent ne remplaçait pas le travail ni le
sentiment d’être inutile, rejeté.
L’allocation mensuelle de chômage ne compensait pas
le sentiment de l’exclusion, de l’inutilité. Tu éprouvais
de la honte, du dégoût. Tu estimais que la société était
absurde qui payait des gens à ne rien faire et ne leur
offrait pas d’emplois et enfin, quand arrivait l’échéance
administrative, cessait de subvenir à leurs besoins.
Pourquoi tant d’injustice?
Parfois, une réponse favorable te redonnait confiance,
Robert Trévans. Le cycle de l’espérance restaurée
reprenait. Tous les jours, tu " épluchais " selon une
terminologie empruntée au langage culinaire, les
annonces du journal " Le Monde ". Tu étudiais les
feuillets mensuels de l’APEC, mais hélas, souvent leurs
offres d’emploi étaient déjà pourvues, sinon sur le point
de l’être. Tu étudiais les bulletins de l’association des
anciens élèves de ton école d’ingénieurs et aussi des
revues achetées dans des kiosques.
Un passe temps, la lecture des annonces? Drôle de
hobby!
La recherche d’un emploi était une occupation à temps
plein. Un vrai métier.
Deux fois par mois, tu visitais l’antenne locale de
l’APEC, à Toulouse.
Quand tu " montais " à Paris, tu allais au siège de
l’association des anciens élèves de ton école, pour
glaner un renseignement, une recommandation ou
demander qu’on te téléphonât dès qu’on aurait une
offre intéressante. Les " camarades " étaient pleins de
bonne volonté, mais les postes étaient rares.
Le profil du poste idéal ressemblait à un puzzle