Calibre 11 Marcel Gozzi - Pitbook.com

Maurice Etcharray.
Le chef d’atelier ne répond pas. Il hoche la tête. Lui, il
les connaît.
Une sonnerie aigrelette retentit. Midi.
Les ouvriers achèvent les opérations en cours, relèvent
les têtes des machines, libèrent les outils, débranchent
les interrupteurs électriques, enlèvent les copeaux sur
les tabliers des machines et se dirigent vers les
vestiaires.
Ils parlent, ils plaisantent et ils rient.
Les plus malins, " toujours les mêmes " fait remarquer
Maurice Etcharray, sont déjà au vestiaire. Ils ont cessé
de travailler et débranché leurs machines, avant tous les
autres, avant même que la sonnerie ne retentisse. Ce
sont des habitués.
Le soir, ils sont toujours les premiers arrivés sous la
douche. " Parfois, dix minutes avant l’heure. "
S’indigne monsieur Etcharray. Tous les jours c’est
pareil. Leurs machines sont arrêtées les premières. " Ils
mordent sur le temps de travail ". Par un concours de
circonstances (évident pour le vieux chef d’atelier) ils
sont aussi les derniers arrivés à leurs postes, le matin.
" Ceux-là, s’insurge le chef d’atelier, ils n’ont pas
inventé le travail. Allez! "
Les moteurs (mobylettes et motos) pétaradent dans la
cour. Le silence tombe. Le grand hall est désert. Un
chef d’équipe, c’est son tour de surveillance, éteint les
lumières et ferme les portes.
Voilà! L’usine devient muette; elle ressemble à une cité
endormie.
Robert Trévans rejoint André Girault.
" Alors! votre impression? " Lui demande le PDG.
Bonne! L’atelier est propre et bien tenu. Le travail est
intéressant, varié. Les ouvriers semblent motivés,