Calibre 11 Marcel Gozzi - Pitbook.com

compétente, mais elle s’efforçait de faire de son mieux.
André Girault déçu n’avait pas osé la licencier. Il
craignait de peiner son " papa " lequel faisait merveille
auprès des administrations locales: armée, police,
douane et fisc. Rémi Princesse y rencontrait ses
semblables, docteurs ès paperasses. Ces gens là
éprouvaient de la jouissance, sans doute, à remplir des
formulaires en multiples exemplaires. Ils s’estimaient
satisfaits (sinon comblés) quand les liasses, revêtues
des cachets adéquats, s’en allaient reposer, étiquetées,
répertoriées, agrafées et rangées dans des piles au
dessus des bureaux ou au fond des coffres hermétiques
qu’ils refermaient le soir avec des précautions d’avare.
Ces hommes liges jouissaient de la confiance de leurs
patrons. Ils étaient les gardiens des clés et du chiffre du
coffre. Ainsi Rémi Princesse, homme dévouée à André
Girault, conservait-il jalousement sur lui la clé du coffre
de l’usine.
Enfin, le " patron " arrive.
André Girault est un homme intelligent, cultivé et fin,
plutôt petit de taille, avec une once de corpulence et
réplétion. Son regard est vif, mobile. Son sourire de
commande (comme celui des boutiquières stylées qui
reprennent vite une mine sévère pour s’adresser à leur
personnel dès que les clients ont franchi la porte)
s’efface. Il entre sans hâte. Il embrasse d’un regard
circulaire la scène et les acteurs. C’est un homme au
coup d’œil assuré. Il paraît tranquille et à l’aise. D’un
geste ample, il invite Robert Trévans à le suivre. Lui
aussi porte un imperméable. " Décidément, dans ce
pays.. " Pense Robert Trévans. Dehors, le ciel est bleu,
bleu azur.
André Girault salue son nouveau collaborateur d’une
double poignée de main, diplomatique et chaleureuse:
" Avez vous fait bon voyage? Je suis content que vous