Calibre 11 Marcel Gozzi - Pitbook.com

Le pont Saint-Esprit domine, à marée basse, un
alignement de quais, d’immeubles aux persiennes
colorées, de pontons, de grues et de barques de
pêcheurs ensablées dans le lit bas du fleuve. L’air iodé
apporte des relents de marée. Les effluves de l’océan
emplissent les narines. Les quilles des barques de pêche
poinçonnent la vase. Les oiseaux marins s’abattent sur
le rivage desséché: mouettes rieuses, goélands et sternes
à pieds de canards qui volètent et piaillent.
La ville est oiselière.
Robert Trévans roule au pas, ouvre ses yeux, ses
oreilles et ses narines. Il capte les bruits, les rumeurs,
les images et les parfums venus du large. La cité trempe
ses pieds dans l’eau. C’est cela Bayonne.
Le disque du soleil est à la démesure du paysage. Il
domine l’horizon et il ensanglante le ciel. Demain, il
fera beau. Des nuages légers flottent sur l’océan, nacres
ouverts comme des huîtres béantes. Ils entourent la
fleur pourpre du soleil au dessus de l’arc brumeux où se
confondent l’eau et le ciel.
A l’hôtel de " l’Adour et de la Nive ", Robert Trévans
dépose ses bagages. Comme il lui reste un peu de temps
avant la nuit, il prend la route des plages, pousse
jusqu’à Biarritz, longe le port et revient par le B.A.B,
boulevard ainsi nommé parce qu’il dessert Bayonne,
Anglet et Biarritz.
Le soleil meurt et embrase l’océan. Le feu et l’eau se
rejoignent dans un grand déploiement de couleurs. Les
pins ouvrent leurs parasols sur la dentelle des plages.
Les mimosas et les cytises dont les fleurs embaument
au printemps, poussent en bosquets. Les camélias
arbres, s’alignent le long des boulevards. Des hortensias
envahissent les jardins et les pelouses. C’est beau.
Ce pays est un paradis de verdure, doucement vallonné.