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Non sa che sia dolore, BWV 09, pour l’anniversaire d’un<br />
professeur<br />
Amore Traditore, BWV 03<br />
La Cantate Schwingt freudig euch empor (Brandissez bien haut<br />
joyeusement), BWV 36c, écrite au printemps 7 5 et <strong>ici</strong> présentée<br />
pour la première fois dans sa conception originale, a servi à rien<br />
moins que cinq réadaptations successives, dont la Cantate de l’Avent,<br />
BWV 36 portant le même titre : aucune autre cantate n’a à tel point<br />
servi de « mine » pour le recyclage. La présente version devait célébrer<br />
l’anniversaire d’un professeur.<br />
En dehors de l’allusion à l’âge mûr du professeur en question et de sa<br />
chevelure (« Mit höchsten Ehren den Silberschmuck des Alters tragen<br />
kann » : « Qui peut porter avec honneur l’ornement argenté de l’âge »),<br />
le texte ne fait aucune allusion à son identité qui reste inconnue jusqu’à<br />
ce jour. En accord avec la structure du texte, la musique suit la symétrie<br />
du plan de base, de sorte que l’aria de basse « Der Tag, der dich vordem<br />
gebar » paraisse en position centrale. Cette puissante aria, accompagnée<br />
par des cordes d’une écriture très fournie, est flanquée de deux arias<br />
conçues plus légèrement et par deux chœurs, le tout étant relié par<br />
des récitatifs secco. Les troisième et septième mouvements offrent des<br />
parties obligées, respectivement pour le hautbois d’amour et la viole<br />
d’amour. Ces instruments typiquement baroques, à la sonorité douce,<br />
semblent parfaitement adaptés pour exprimer les « doux pas » et les<br />
« tendres voix » auxquels fait référence le texte.<br />
Le livret de la Cantate Non sa che sia dolore (Il ne sait pas ce qu’est<br />
le chagrin), BWV 209 reprend en partie les vers italiens de Giovanni<br />
Battiste Guarini (Partita dolorosa) utilisés par Pietro Metastasio dans<br />
son opéra Semiramide riconosciuta de 7 9. Il y est fréquemment<br />
question de voyages en mer, de vents et de vagues ; la destination du<br />
présent voyage est Ansbach, une ville de Franconie, mais comme il<br />
n’est pas réellement aisé de naviguer de Leipzig à Ansbach, les allusions<br />
doivent être considérées comme allégoriques et poétiques. Le voyageur<br />
quittant Leipzig est un jeune universitaire au début de sa carrière. Cette<br />
dernière remarque va à l’encontre de l’hypothèse longtemps admise<br />
selon laquelle Bach aurait écrit la cantate pour le départ de Johann<br />
Matthias Gessner, le futur recteur de l’école Saint-Thomas, de Weimar<br />
pour Ansbach en 7 9. Considérant qu’il avait déjà 38 ans à l’époque,<br />
il semble plus plausible que Bach avait un autre personnage à l’esprit,<br />
éventuellement Lorents Mitzler, l’un de ses proches collaborateurs, qui<br />
avait obtenu son diplôme de maîtrise en 734 ; il était alors âgé de 3<br />
ans et au seuil d’une grande carrière. Etant donné que l’on reconnaît<br />
dans l’œuvre les caractéristiques de ses travaux les plus murs, on peut<br />
conclure qu’elle date plutôt de 734 que d’une époque plus lointaine.<br />
Qui plus est, la Sinfonia d’ouverture en si mineur, avec sa partie de<br />
flûte concertante, rappelle naturellement la Suite en si avec laquelle<br />
elle présente de nombreuses parentés, et qui date précisément de cette<br />
époque. Considérant le style très concertant, il se peut fort que cette<br />
Sinfonia ait été adaptée d’un concerto désormais perdu. Les arias sont<br />
elles-mêmes dominées par la flûte en solo qui confère une atmosphère<br />
papillonnante à tout l’ouvrage : un charme magique assez unique dans<br />
la production de Bach.<br />
La Cantate Amore Traditore (Amour traître), BWV 203 faisait<br />
originalement partie d’un volume de compilation, aujourd’hui perdu,<br />
contenant plusieurs cantates italiennes, parmi lesquelles des œuvres de<br />
Heinichen, Conti, Telemann et d’autres, ainsi qu’une pièce intitulée « n°<br />
Cantata a voce solo e Cembalo obligato di Giov. Seb. Bach ». On a<br />
perdu la trace de ce précieux volume à Munich en 86 . Disposée en<br />
trois mouvements, l’œuvre n’existe que sous forme de copie ; elle fut<br />
reprise dans l’ancienne Edition Bach.<br />
Sans aucun doute, Bach avait joué des cantates et arias italiennes du<br />
genre que devait contenir le volume, au cours de l’époque de Cöthen<br />
( 7 7- 7 3), ne serait-ce que pour la simple raison que le prince de<br />
Anhalt-Cöthen les affectionnait particulièrement, au point d’en chanter<br />
lui-même les parties de basse ; sans parler de l’effet de mode, toute<br />
chose musicale italienne étant alors considérée comme une admirable<br />
nouveauté. Le texte, composé de vers amoureux italiens assez<br />
quelconques, reste anonyme, et aucun autre compositeur ne semble<br />
l’avoir jamais mis en musique.<br />
Il est curieux de noter que les deux premiers mouvements ne<br />
comportent qu’une ligne de continuo alors que le troisième a été réalisé