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baroque tardif. Le célèbre premier prélude, en ut majeur, ressemble<br />

fort à une improvisation sur le luth : des accords brisés, qui servent<br />

d’ailleurs aussi d’argument aux préludes n° 6 et n° 5. D’autres forment<br />

de véritables études de mécanique (n° et n° 5), ou encore des toccatas<br />

(n° ). Le dixième prélude présente une phénoménale transformation<br />

dans l’esprit de Bach : l’on sait qu’une version préalable existe dans le<br />

Petit livre de Wilhelm Friedemann, mais lorsqu’il le reprend dans le<br />

Clavier bien tempéré, le compositeur ajoute une sublime cantilène à la<br />

main droite, puis termine le morceau par un passage presto entièrement<br />

nouveau, soulignant ainsi que la première version n’était en effet qu’une<br />

simple improvisation. Selon toute évidence, les n° 3, , 3, 4, 7 et<br />

0 témoignent de l’influence des Inventions à deux voix. Quant aux<br />

Sinfonias à trois voix, elles trouvent leur écho dans les préludes n° 9,<br />

8, 9 et 3. C’est du côté de la sonate d’église qu’il faut chercher les<br />

sources des préludes n° 4, 8, 6 et , des arias typiques des mouvements<br />

lents. Enfin, presque tous ces styles et toutes ces techniques – accords<br />

brisés, rappel des Inventions, aria etc. – se trouvent mêlés dans l’étonnant<br />

prélude n° .<br />

Les fugues du Premier livre, avec leur remarquable diversité de<br />

sujets, de texture, de forme, de traitement, constituent une véritable<br />

encyclopédie de toute l’écriture fuguée monothématique. On y retrouve<br />

tour à tour l’ancien Ricercare (n° 4 en ut dièse mineur), les formules<br />

d’inversion de canon et d’augmentation – n° 8 en mi bémol majeur<br />

–, la recherche de la virtuosité instrumentale dans la fugue n° 3 en<br />

ut dièse majeur, et tant d’autres styles encore… Et si la majorité des<br />

fugues sont écrites à trois ou quatre voix, on en trouve une à deux voix<br />

seulement (n° 0) et deux à cinq voix (n° 4 et n° ). Et si la majorité<br />

des thèmes restent fermement ancrés dans leurs tonalités respectives,<br />

certains sujets n’hésitent pas à s’aventurer dans le chromatisme, la<br />

modulation ou l’incongruité thématique tels les n° 7, 9, 5 et 4, sans<br />

oublier celles comportant deux contre-sujets – les n° , 3, 8 et .<br />

Quant à la Fugue n° 5, l’une des préférées des pianistes de tout poil<br />

– écrite dans le style de Haendel –, elle contraste radicalement avec<br />

la précédente n° 4 et son style emprunté à Froberger, un Ricercare à<br />

l’ancienne égrenant de longues notes soutenues. La plus éclatante fugue<br />

en termes d’écriture est sans doute la huitième : Bach combine le sujet,<br />

son inversion, son augmentation et sa double augmentation dans des<br />

strettes d’une complexité diabolique.<br />

Les préludes du Second livre diffèrent considérablement de ceux du<br />

Premier cahier. On n’y trouve qu’une seule pièce en arpèges, le n° 3<br />

dont la seconde partie consiste d’ailleurs en une fugue. Même le n°<br />

évoque plutôt une fugue à trois voix qu’un simple prélude. Mais Bach<br />

ne se limite pas à ce procédé qui consiste à introduire une véritable<br />

fugue grâce à un prélude en fugato : on trouve de riches et foisonnants<br />

préludes, annonçant de riches et foisonnantes fugues puissamment<br />

contrapuntiques (n° et n° 6). De temps à autres, il recourt au genre<br />

du concerto – n° 7 – ou de l’ouverture à la française – n° 3 –.<br />

On peut citer la fugue n° comme exemple d’une structure musicale<br />

abstraite construite à partir d’un matériau minimaliste, tandis que<br />

le Prélude et fugue en fa dièse mineur n° 4 se singularise par une<br />

beauté de thèmes et de proportions. Au même titre que dans ses<br />

fugues pour orgue, chaque sujet présente <strong>ici</strong> une personnalité musicale<br />

immédiatement reconnaissable et spécifique, dont la fugue n’est que<br />

le développement logique. Dans la double fugue n° 4, Bach atteint le<br />

sommet de son art contrapuntique. Enfin, le n° 4 donne l’impression<br />

d’être une sorte de PS à tout le cycle, sous forme d’une danse rococo<br />

insouciante et libre dans laquelle Bach semble avoir absorbé et<br />

transcendé le style musical de la nouvelle génération, représentée par<br />

ses fils Carl Philipp Emanuel et Johann Christian, son cadet.<br />

CD 5 / 6 : Six Partitas pour clavier, BWV 8 5-830<br />

N° en si bémol majeur, BWV 8 5<br />

N° en ut mineur, BWV 8 6<br />

N° 3 en la mineur, BWV 8 7<br />

N° 4 en ré majeur, BWV 8 8<br />

N° 5 en sol majeur, BWV 8 9<br />

N° 6 en mi mineur, BWV 830<br />

Les suites pour clavier de Bach témoignent de l’influence des écoles

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