DANS TOUS SES ÉTATS - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
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SAmEDi 16 OCTObrE 2010 | 20h<br />
rOmÉO & JULiETTE<br />
LA FêTE SYMPHONIquE<br />
PrOKOfiEV | roméo et Juliette, suite pour piano op. 75 (1937) w env. 25’<br />
1. Danse<br />
2. Scène<br />
3. Menuet<br />
4. Juliette petite fille<br />
5. Jeu <strong>de</strong> masques<br />
6. Les Montaigus et les Capulets<br />
7. Frère Laurent<br />
8. Mercutio<br />
9. Danse <strong>de</strong>s jeunes filles antillaises<br />
10. Roméo au chevet <strong>de</strong> Juliette<br />
Vitaly Samoshko, piano<br />
PrOKOfiEV |<br />
roméo et Juliette, suites pour orchestre (1935-1936) (extraits) w env. 35’<br />
Suite n° 2 op. 64 ter N° 1. Les Montaigus et les Capulets<br />
PROKOFIEV<br />
rOmÉO ET JULiETTE AU PiANO (1937)<br />
PLuS RYTHMIquE. L’art <strong>de</strong><br />
l’orchestration et le dosage <strong>de</strong>s timbres<br />
déployés par Serge Prokofiev (1891-1953)<br />
dans le ballet Roméo et Juliette (voir<br />
ci-après), comme dans les suites pour<br />
orchestre, trouvent dans le traitement<br />
du piano <strong>de</strong>s résonances étonnantes.<br />
Réalisées en 1937, ces pièces pour piano<br />
reprennent les principaux moments du<br />
ballet. Il ne s’agit pas pour autant d’une<br />
pure et simple transposition, mais d’une<br />
réadaptation pour le piano, faisant surgir<br />
<strong>de</strong> nouvelles voix, et comme <strong>de</strong> nouveaux<br />
accents. Prokofiev simplifie les voix et<br />
accentue le caractère percussif <strong>de</strong> ses<br />
compositions orchestrales. La ligne<br />
mélodique se <strong>de</strong>ssine plus nettement, et<br />
le relatif appauvrissement du timbre se<br />
voit compensé par une rythmique plus<br />
présente.<br />
N° 2. Juliette jeune fille<br />
N° 4. Danse<br />
RÉINVENTION. Ainsi, les scènes <strong>de</strong> genre<br />
Suite n° 1 op. 64 bis N° 7. La mort <strong>de</strong> Tybalt<br />
que sont la Danse (n° 1), la Scène (n° 2) et<br />
Suite n° 2 op. 64 ter N° 5. Roméo avant la séparation<br />
le Menuet (n° 3) ou la Danse <strong>de</strong>s jeunes<br />
N° 7. Roméo sur la tombe <strong>de</strong> Juliette<br />
filles antillaises (n° 9) semblent retrouver masse orchestrale Prokofiev substitue<br />
leur pureté thématique et, à travers une une tension dans la main gauche et un<br />
Jan Orawiec, concertmeister<br />
scansion rendue à sa lisibilité première, martèlement presque diabolique <strong>de</strong> la<br />
<strong>Orchestre</strong> philharmonique <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> Wallonie Bruxelles<br />
un classicisme certain. Il est intéressant main droite qui réinventent l’espèce <strong>de</strong><br />
George Pehlivanian, direction<br />
que Prokofiev ait choisi <strong>de</strong> transcrire au haine frénétique décrite par ce morceau.<br />
piano les passages les plus « dansants » : Non moins remarquables la <strong>de</strong>nsité lyrique<br />
c’est le rythmicien alors qui supplante le <strong>de</strong> Mercutio (n° 9) mais surtout <strong>de</strong> Frère<br />
coloriste, et fait émerger une ossature Laurent (n° 7) et <strong>de</strong> Roméo au chevet <strong>de</strong><br />
dont on constate qu’elle est en elle-même Juliette (n° 10) : cette fois, c’est le piano<br />
Bien que roméo et Juliette ait été écrit en 1936, durant la pério<strong>de</strong><br />
extrêmement raffinée. Mais qu’advient-il aux<br />
passages qui semblaient tirer <strong>de</strong> l’orchestre<br />
lui-même qui permet <strong>de</strong> produire dans ces<br />
passages <strong>de</strong>s contrastes saisissants dans<br />
stalinienne la plus sombre, cette musique <strong>de</strong> ballet <strong>de</strong> Prokofiev n’a<br />
toute leur personnalité ? Le motorisme actif l’intensité sonore et d’inventer au cœur<br />
cessé d’inspirer publicitaires ou rockeurs : le groupe britannique Muse<br />
du clavier se charge <strong>de</strong> caractériser : ainsi<br />
<strong>de</strong> Juliette petite fille (n° 4), puisant dans le<br />
<strong>de</strong> ces passages un lyrisme original et<br />
pénétrant, percé <strong>de</strong> silences et <strong>de</strong> sous-<br />
ouvre en 2007 sa tournée sur le thème majestueux et puissant <strong>de</strong>s<br />
piano cet ensorcèlement hypnotique qu’on entendus. Avec cette Suite op.75, Prokofiev<br />
Montaigus et <strong>de</strong>s Capulets, tandis que Chanel l’utilise en 1990 dans sa<br />
retrouve dans les sonates <strong>de</strong> Prokofiev, ou<br />
magnifiant la pulsation (Jeux <strong>de</strong> Masques,<br />
réussit à importer dans l’imaginaire<br />
pianistique les mille sortilèges <strong>de</strong> son<br />
publicité pour le parfum « Égoïste ».<br />
n° 5). Emblématique <strong>de</strong> cette adaptation au ballet : <strong>de</strong> là la faveur constante dont ces<br />
génie propre <strong>de</strong> l’instrument est le n° 6, Les pièces ont toujours joui chez les meilleurs<br />
Montaigus et les Capulets. À l’imposante pianistes.<br />
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