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DANS TOUS SES ÉTATS - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

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LE PIANO, TOUTE UNE hiSTOirE…<br />

L’invention du piano remonte au XVIII e<br />

siècle et résulte vraisemblablement <strong>de</strong><br />

la tentative <strong>de</strong> combiner les qualités du<br />

clavicor<strong>de</strong> (instrument à cor<strong>de</strong>s frappées<br />

qui permettait déjà d’obtenir <strong>de</strong>s contrastes<br />

sonores intéressants mais malgré tout<br />

trop confi<strong>de</strong>ntiels) et celles du clavecin<br />

(instrument à cor<strong>de</strong>s pincées à la sonorité<br />

forte et brillante mais non modulable).<br />

Vers 1709, le Florentin Bartolomeo<br />

Cristofori (1665-1731) invente ce qu’il<br />

appelle un gravicembalo col piano e<br />

forte, c’est-à-dire un « clavecin avec les<br />

nuances douces et fortes ». Cet instrument<br />

comporte déjà tout ce qui fera la spécificité<br />

du piano : un « échappement », dispositif<br />

permettant au marteau <strong>de</strong> revenir en<br />

arrière immédiatement après avoir frappé<br />

la cor<strong>de</strong>, la laissant ainsi libre <strong>de</strong> vibrer,<br />

et un « étouffoir », feutre retombant sur la<br />

cor<strong>de</strong> dès le relèvement <strong>de</strong> la touche.<br />

Un peu plus tard, <strong>de</strong>s expériences sont<br />

menées dans le même sens dans d’autres<br />

pays. En France, Jean Marius soumet en<br />

1716 à l’Académie un « clavecin à maillets »<br />

du même genre que celui du piano et, en<br />

Allemagne, Christoph Gottlieb Schröter<br />

présente <strong>de</strong>s modèles analogues à la<br />

cour <strong>de</strong> Saxe en 1721. Ces inventions sont<br />

toutefois nettement inférieures au modèle<br />

italien : sur le modèle français, les sons<br />

sont trop longs (absence d’étouffoirs), et<br />

sur le modèle allemand, les sons sont<br />

trop courts (car étouffés <strong>de</strong> manière<br />

incontrôlable dès la percussion du<br />

marteau).<br />

soumet au jugement <strong>de</strong> Johann Sebastian<br />

Bach. Ce <strong>de</strong>rnier l’offense quelque peu en<br />

attirant son attention sur la lour<strong>de</strong>ur du<br />

toucher et la faiblesse <strong>de</strong>s notes aiguës.<br />

Par la suite, Bach aura l’occasion <strong>de</strong> louer<br />

la qualité d’autres instruments du même<br />

facteur — toujours <strong>de</strong>s pianos à queue —,<br />

essayés notamment lors <strong>de</strong> sa visite en<br />

1747 à la cour <strong>de</strong> Frédéric II <strong>de</strong> Prusse.<br />

En Angleterre, l’arrivée en 1762 <strong>de</strong> Johann<br />

Christian Bach provoque un intérêt <strong>de</strong><br />

tous les facteurs <strong>de</strong> clavecin pour le<br />

pianoforte. Ces tentatives concernent<br />

toujours le grand instrument, jusqu’à ce<br />

que Zumpe, un Allemand émigré à Londres<br />

et employé quelque temps chez le facteur<br />

d’origine suisse Tschudi (ou Schudi), ne<br />

construise <strong>de</strong>s petits « pianos carrés »<br />

(en réalité rectangulaires), <strong>de</strong> la forme et<br />

<strong>de</strong> la taille <strong>de</strong>s virginaux, sortes <strong>de</strong> petits<br />

clavecins. Le musicologue Charles Burney<br />

a relaté l’engouement inouï suscité par cet<br />

instrument élaboré en Allemagne vers 1740<br />

et importé en Angleterre :<br />

« En raison <strong>de</strong> leur prix bas et <strong>de</strong><br />

leur forme pratique ainsi que<br />

<strong>de</strong> leur pouvoir expressif,<br />

ces instruments ont<br />

soudain connu un tel<br />

engouement que<br />

pratiquement toutes les maisons du<br />

royaume où il n’y avait pas encore<br />

d’instrument à clavier se sont enrichies<br />

<strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s pianofortes <strong>de</strong> Zumpe dont la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> était aussi gran<strong>de</strong> en France<br />

qu’en Angleterre. Il n’était pas en mesure<br />

<strong>de</strong> les produire assez vite pour satisfaire<br />

la soif du public. Pohlman, dont les<br />

instruments étaient inférieurs quant à<br />

la sonorité, en a fabriqué une quantité<br />

presque incalculable pour compenser<br />

ceux que Zumpe n’était pas en mesure <strong>de</strong><br />

fournir. »<br />

Grâce à John Broadwood (1732-1812), le<br />

piano carré <strong>de</strong> Zumpe connaîtra à son tour<br />

<strong>de</strong>s améliorations. Cette vogue effrénée<br />

s’exportera même aux États-Unis — au<br />

point <strong>de</strong> donner naissance à <strong>de</strong> nouveaux<br />

ateliers <strong>de</strong> fabrication à Phila<strong>de</strong>lphie —<br />

mais s’essoufflera à partir du milieu du XIX e<br />

siècle. L’instrument connaîtra alors une fin<br />

peu glorieuse : dépourvu <strong>de</strong> mécanisme<br />

et <strong>de</strong> cor<strong>de</strong>s, il servira par exemple <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>sserte, <strong>de</strong> coiffeuse ou, un peu plus tard,<br />

<strong>de</strong> bar !<br />

Le piano droit, dans lequel les cor<strong>de</strong>s sont<br />

disposées verticalement, a vu le jour en<br />

Autriche, en Allemagne et en Angleterre.<br />

Sa mise au point date <strong>de</strong> 1800 et est le<br />

fait d’Isaac Hawkins à Phila<strong>de</strong>lphie et<br />

<strong>de</strong> Matthias Müller à Vienne. En 1811,<br />

le facteur anglais Robert Wornum<br />

fait breveter un piano droit inspiré <strong>de</strong><br />

l’instrument <strong>de</strong> Hawkins, qu’il perfectionne<br />

encore en 1829. Grâce à diverses<br />

améliorations, le piano droit supplante<br />

progressivement le piano carré dès 1850.<br />

En France, Sébastien Érard (1752-1831)<br />

construit son premier instrument en 1777,<br />

un piano carré imitant les instruments<br />

anglais. Adoptant d’abord les mécanismes<br />

<strong>de</strong> ses confrères, il élabore rapi<strong>de</strong>ment un<br />

nouveau système permettant la répétition<br />

rapi<strong>de</strong> d’une même touche : c’est le double<br />

échappement. Par cette seule invention, le<br />

piano à queue actuel doit peut-être plus à<br />

Érard qu’à aucun autre artisan. Beaucoup<br />

plus tard, la maison Pleyel fusionnera<br />

avec la maison Érard. De nos jours, les<br />

pianos français sont réputés pour leur<br />

sonorité plus délicate, claire et colorée,<br />

alors que les facteurs allemands et anglais<br />

recherchent davantage <strong>de</strong> résonance,<br />

considérant la plénitu<strong>de</strong> et la ron<strong>de</strong>ur<br />

du son comme les principaux critères <strong>de</strong><br />

perfection.<br />

Les cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s plus grands pianos à queue<br />

peuvent exercer une traction <strong>de</strong> 20 tonnes.<br />

Pour résister à cette sollicitation énorme et<br />

améliorer la tenue <strong>de</strong> l’accord, <strong>de</strong>s facteurs<br />

américains ont eu l’idée <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s<br />

cadres entièrement métalliques. Si les<br />

premières tentatives remontent<br />

aux années 1820, c’est bel<br />

et bien en 1855 que la<br />

maison Steinway & Sons<br />

<strong>de</strong> New York apporte<br />

les améliorations les<br />

plus décisives sur un<br />

instrument carré.<br />

L’année suivante,<br />

elle réalise<br />

la même<br />

opération<br />

C’est au célèbre facteur d’orgues<br />

La facture viennoise a donné naissance à<br />

un type particulier <strong>de</strong> pianoforte, pourvu<br />

et <strong>de</strong> clavecins allemand Gottfried<br />

d’un mécanisme différent, d’un toucher<br />

Silbermann (1683-1753) que revient le<br />

plus léger et d’un son moins puissant. Les<br />

mérite <strong>de</strong>s premiers perfectionnements<br />

cor<strong>de</strong>s et la table d’harmonie étaient plus<br />

<strong>de</strong> l’instrument. Ayant lu en 1725 une<br />

Pianoforte<br />

fines que sur le modèle anglais. La sonorité Pianoforte<br />

<strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’invention <strong>de</strong> Cristofori,<br />

Longman-<br />

était délicate, mais claire et distinguée. Tomkison<br />

Silbermann se lance un an plus tard dans Clementi & co<br />

Thomas<br />

la construction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pianofortes qu’il (Londres,1798-99).<br />

(Vienne 1820).<br />

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