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CHAPITRE 3 – BIENVENUE A FRIC CITY<br />
Après avoir contacté la personne que ses anciens responsables de stage à New-York<br />
lui avaient indiquée, Lisa avait réussi à décrocher un entretien pour la semaine<br />
suivante. Ce traitement accéléré n’avait été possible que grâce à certaines<br />
recommandations et intercessions dont Lisa avait fait l’objet mais qu’elle ignorait<br />
totalement.<br />
Elle se présenta le jour dit, vêtue sobrement d’une jupe droite noire qui cachait ses<br />
genoux et d’une veste sombre de coupe classique. Seul son chemisier vert amande<br />
donnait une note plus fraîche et juvénile à sa mise.<br />
Crédit-Fians, branche française de la PBC, occupait deux étages dans un immeuble<br />
du quartier de la finance. Les locaux étaient assez spacieux et bien éclairés par la<br />
lumière du jour. Seules les salles d’archives, les photocopieuses, les toilettes et les<br />
coins cuisine où les employés pouvaient préparer du café et réchauffer leur repas ne<br />
bénéficiaient pas d’éclairage naturel.<br />
L’emploi du temps de cette journée allait être chargé pour Lisa. Elle devait attaquer<br />
dès neuf heures avec le responsable des ressources humaines. Elle savait que malgré<br />
la qualité du travail qu’elle avait pu réaliser lors de son stage à New-York et les<br />
félicitations qu’elle avait reçues, cela n’avait pu servir qu’à décrocher ce rendez-vous<br />
et tout restait à faire pour qu’elle puisse obtenir un poste ici en France. Elle devrait<br />
refaire connaissance avec une équipe, montrer ses compétences et afficher son sangfroid,<br />
convaincre de sa motivation et laisser affleurer l’étendue de ses possibilités,<br />
dans un milieu où seuls comptent les résultats, le rendement et les idées qui peuvent<br />
faire rapporter toujours plus.<br />
Mr Dairtal n’était pas à proprement parler un homme séduisant qui incitait à ce qu’on<br />
se livre ouvertement pendant les entretiens. Au-delà de son physique qu’il avait plutôt<br />
ingrat, le regard qui s’échappait de ses yeux plissés indiquait l’acuité de l’attention<br />
avec laquelle il détaillait ses interlocuteurs, tout en dégageant un air vaguement<br />
malsain qui incitait à la prudence. Il avait sûrement des qualités d’analyse et de<br />
discernement essentielles pour sa fonction de recruteur, néanmoins Lisa ne put<br />
s’empêcher d’éprouver une sensation désagréable face à cet homme. Après avoir<br />
brièvement accueilli Lisa et lui avoir demandé de se présenter, il commença à poser<br />
une série de questions sur son parcours, ses ambitions et ses projets autant<br />
professionnels que privés. Lisa se rendit assez vite compte que tous ses propos étaient<br />
repris et reformulés de façon à dégager une impression négative de ce qu’elle venait<br />
d’exprimer. Elle prit soin systématiquement de re-phraser à son tour chacune de ses<br />
réponses afin de mettre en évidence ce qui avait été détourné de son sens initial et de<br />
le redire d’une façon positive qui ne pourrait être utilisée contre ses intérêts.<br />
Finalement, au bout d’une heure de cet entretien qui se déroula de bout en bout<br />
suivant le même schéma, Mr Dairtal sembla satisfait de leur discussion et lui annonça<br />
la suite des réjouissances. Trois autres entretiens avaient été initialement prévus. Le<br />
grand patron Monsieur Sens n’était finalement pas disponible mais Lisa verrait ses<br />
deux adjoints principaux.<br />
Mme Mélinda Begals était responsable du service des contentieux. Elle avait par<br />
ailleurs fait partie des personnes à avoir anticipé le développement du Net et avait mis<br />
en place une équipe spécialisée sur le traitement des litiges puis de toutes les autres<br />
demandes de financement par Internet. Elle se montra particulièrement intéressée par<br />
le projet que Lisa avait mené à terme pour l’agence de New-York. Il s’agissait d’un<br />
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