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Demain Sera Bleu

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chauffeur l’adresse de Léa, où Lisa avait décidé de passer quelques heures avant de<br />

réintégrer l’appartement paternel tristement occupé par celle que Lisa surnommait<br />

« l’autre ». Le chauffeur, manifestement étranger et qui se présenta comme un père de<br />

famille nombreuse, avait bien tenté d’objecter qu’il serait peut-être prudent de les<br />

déposer à une clinique au cas où la jeune dame commencerait le travail. Léa l’assura<br />

que tout irait bien s’il se contentait de conduire sans brusquerie jusqu’à destination.<br />

La route se passa effectivement sans encombre et le chauffeur les déposa dans la<br />

ruelle calme où habitait Léa. Lisa insista pour payer le taxi, ce que Léa refusa<br />

catégoriquement, puis elles se firent aider pour décharger les bagages de Lisa. Celle-ci<br />

se préparait psychologiquement à l’idée de devoir affronter les trois étages sans<br />

ascenseur avec sa multitude de bagages, lorsqu’elle vit Léa se pencher et saisir un<br />

gros sac d’une main et trois paquets plus petits de l’autre. Le chauffeur était déjà<br />

reparti et Lisa voulut la dissuader pour éviter tout risque inutile. C’est à ce moment<br />

précis que Léa éclata de rire et se hâta dans le hall d’entrée du petit immeuble, où elle<br />

ouvrit l’imperméable qui la protégeait des intempéries, révélant ainsi aux yeux ébahis<br />

de Lisa le coussin, objet de la supercherie. Lisa, qui était encore dehors, semblait<br />

scotchée dans le décor et pendant quelques secondes demeura immobile sous la fine<br />

pluie qui recommençait à l’instant à tomber. Où Léa allait-elle pêcher ses idées pour<br />

toujours épater les gens ? Lisa était interloquée et hésita entre éclater de rire et<br />

sermonner Léa sur l’inconvenance de certains sujets de plaisanterie. En fait, elle était<br />

surtout vexée de s’être laissée berner une fois de plus par son amie, elle qui était<br />

censée si bien la connaître. C’est de bon cœur qu’elle opta finalement pour le fou-rire<br />

et les rares personnes qui passaient dans la rue constatèrent avec plaisir qu’il y avait<br />

encore du bonheur à partager pour la jeunesse du quartier.<br />

En montant les affaires de Lisa, elles croisèrent la voisine du premier palier qui sortait<br />

avec sa petite fille, une vraie poupée habillée à la mode et coiffée savamment avec<br />

toutes sortes de petites barrettes multicolores dans les cheveux. Un vrai présentoir de<br />

salon de coiffure à elle toute seule, nota mentalement Léa. Lisa trouva l’enfant<br />

adorable et lui adressa un gentil sourire tandis que Léa disait du bout des lèvres<br />

bonjour à la mère, le strict minimum requis pour entretenir les relations de bon<br />

voisinage.<br />

Ce fut un plaisir presque voluptueux de pouvoir prendre à nouveau une douche et<br />

changer de vêtements. Lisa pouvait enfin évacuer de façon définitive ce relent<br />

écoeurant de pseudo-Chanel bon marché et la fatigue de chacun des muscles de ses<br />

membres semblait se laisser absorber par les gouttelettes qui caressaient son corps de<br />

haut en bas avant de s’évanouir dans un glou-glou impatient par la bonde de la<br />

douche. Le parfum de l’adoucissant sur la serviette prêtée par Léa fut une autre<br />

réminiscence de leur complicité passée et toujours intacte. Une culotte et des<br />

chaussettes propres, un jean fait à son corps, puis un T-shirt surmonté d’un sweat-shirt<br />

avaient suffi à lui redonner une sensation de confort maximal. Lisa n’avait pas mis de<br />

soutien-gorge, sa poitrine plutôt menue quoique ferme et joliment modelée appréciant<br />

de temps à autre une liberté de mouvement supplémentaire et la caresse du coton en<br />

contact direct sur sa peau.<br />

Puis Léa et Lisa sortirent jusqu’au petit café du coin, « chez Bernard », où elles<br />

allaient dans le temps siroter un Irish coffee le samedi soir avant de gagner un endroit<br />

plus branché ou de rentrer discuter dans le studio de Léa. Les croissants étaient frais et<br />

servis tièdes. Le beurre fondait au fur et à mesure qu’on l’étalait. Lisa ne voulut pas<br />

de confiture pour mieux apprécier la saveur de la viennoiserie. Mais ce qu’elle<br />

apprécia par-dessus tout ce fut le café serré qu’on lui servit dans une grande tasse.<br />

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