Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Puis après les quelques banalités d’usage, Lisa avait pris congé et Madame Corlier<br />
était rentrée dans son appartement. Les présentations n’étaient pas pour autant<br />
terminées. La voisine du premier qui habitait sous l’appartement des Beille, Madame<br />
Saraut, rentrait de courses. Elle salua d’un ton poli quoiqu’ un peu sec et ne manqua<br />
pas de détailler Lisa de la tête aux pieds. L’examen devait être satisfaisant, puisqu’elle<br />
la gratifia même d’un sourire quand celle-ci précisa qu’elle allait déménager très<br />
prochainement au-dessus de chez Madame Corlier. C’est arrivés en bas du petit<br />
immeuble que les Beille avouèrent à Lisa en chuchotant, par discrétion, que Madame<br />
Saraut travaillait aux impôts et qu’elle était d’un soutien précieux et très coopératif en<br />
cas de questions pour la déclaration, malgré un abord un peu austère. Lisa apprendrait<br />
par la suite que c’était surtout la délicieuse Mme Cambet, octogénaire habitant sous<br />
l’appartement de Madame Corlier et donc voisine de palier de Madame Saraut, qui<br />
sollicitait régulièrement son aide chaque année quand il s’agissait de remplir sa<br />
déclaration de revenus, surtout depuis que son cher mari l’avait précédée dans l’audelà,<br />
huit ans plus tôt.<br />
Repérer une chorale à proximité de son lieu de travail et de son nouveau domicile<br />
avait heureusement été pour Lisa une opération bien plus aisée. Il lui avait suffi de<br />
consulter les pages jaunes puis le net, pour découvrir les contacts du Chœur Saint<br />
Antoine. Elle avait appelé le numéro indiqué et laissé un message avec ses<br />
coordonnées. Monsieur Jacquin l’avait rappelée le lendemain, au moment de la pause<br />
repas. Le brouhaha dans le self n’était pas propice à la discussion mais Lisa avait pu<br />
néanmoins obtenir quelques informations supplémentaires sur le répertoire –<br />
d’inspiration classique ainsi que le nom du chœur le laissait supposer. Ils avaient<br />
convenu d’une audition avant la prochaine séance qui se tenait le lendemain mercredi<br />
soir de 20h à 22 heures, dans la salle jouxtant l’église éponyme.<br />
Elle s’y était donc rendue le jour dit une demi-heure en avance sur l’horaire de début<br />
des répétitions, afin que Monsieur Jacquin puisse la rencontrer et la faire chanter,<br />
évaluer son niveau, déterminer s’il pouvait l’accepter dans le chœur puis enfin<br />
confirmer le pupitre où elle aurait éventuellement sa place. Monsieur Jacquin était a<br />
priori sceptique sur l’auto-évaluation des candidats et souhaitait faire son propre<br />
diagnostic. Lisa laissa ses affaires dans le réduit qui servait manifestement de vestiaire<br />
puis s’avança dans la salle de répétition. C’était une salle rectangulaire assez vaste,<br />
d’environ huit mètres sur dix. Un piano Steinway & Sons occupait un angle assez<br />
large de la pièce à côté du pupitre que le chef de chœur utilisait pour poser ses<br />
partitions. Des chaises étaient empilées dans un coin à proximité d’autres pupitres à la<br />
disposition des choristes.<br />
Monsieur Jacquin était un homme d’une cinquantaine d’années, peu bavard mais<br />
néanmoins courtois, qui ne supportait pas la médiocrité dans la musique. Lisa allait<br />
vite remarquer le niveau d’exigence qu’il avait vis-à-vis des choristes, du pianiste<br />
mais aussi de lui-même. Le pianiste, elle ne l’avait pas vu tout de suite. Il était<br />
absorbé par le déchiffrage d’une partition et ne leva les yeux que lorsqu’elle se<br />
présenta à Monsieur Jacquin.<br />
- Bonjour, je suis Lisa Carmetti et je viens pour l’audition. Sa voix était claire<br />
mais elle n’était pourtant pas aussi à l’aise qu’elle voulait bien le montrer.<br />
- Bonjour, Claude Jacquin, chef du chœur Saint Antoine, et voici Gianni<br />
Bartello, notre pianiste.<br />
En entendant ce nom à consonance italienne, Lisa avait spontanément souri. Gianni,<br />
jeune homme châtain clair d’une vingtaine d’années, lui avait tout aussi spontanément<br />
rendu un sourire franc et amical, qui l’avait tout de suite mise en confiance.<br />
18