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programme de salle - Florent Siaud

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qu’un goût mesuré pour la polémique. D’où, par la même occasion, une<br />

façon <strong>de</strong> jouer avec les clichés qui n’est qu’une variation sur ce qu’on dit<br />

déjà <strong>de</strong>s femmes chez Virgile ou La Bruyère : inconstantes, légères, frivoles –<br />

on connaît le refrain. D’où, aussi, un dénouement qui rejoue presque La<br />

Colonie, pièce écrite par Marivaux en… 1729 : après s’être emparées du<br />

pouvoir, <strong>de</strong>s femmes se résignent à rentrer au foyer. Bien conventionnel<br />

retour à un ordre qui n’est que celui <strong>de</strong>s hommes.<br />

Quand un valet vaut bien un maître…<br />

« Vous vous êtes donné la peine <strong>de</strong> naître, et rien <strong>de</strong> plus » : chez<br />

Beaumarchais, la pique que Figaro adresse au comte Almaviva (1778) ouvre<br />

la voie à l’épée par laquelle le Ruy Blas <strong>de</strong> Victor Hugo transpercera<br />

« l’infâme » Don Salluste. Tandis que le premier a su se faire l’égal <strong>de</strong> son<br />

maître, le second en fera « un <strong>de</strong> (ses) gens ». C’est dire si, au moment où<br />

Da Ponte écrit le livret <strong>de</strong> la Capricieuse corrigée, les valets sont en train <strong>de</strong><br />

conquérir <strong>de</strong> haute lutte leurs galons <strong>de</strong> maîtres. Les idéaux <strong>de</strong>s Lumières,<br />

l’ascension <strong>de</strong> la bourgeoisie et l’instabilité politique qui conduiront à 1789,<br />

sont autant <strong>de</strong> jalons dans cette quête <strong>de</strong> reconnaissance. Cependant, du<br />

succès <strong>de</strong>s zannis <strong>de</strong> la commedia <strong>de</strong>ll’arte au laquais sublime <strong>de</strong> Hugo, du<br />

début du XVIII e à celui du XIX e , le chemin est long.<br />

Qu’ils soient fourbes ou balourds, ingénieux ou naïfs, les valets sont<br />

les artisans indispensables <strong>de</strong>s intrigues comiques. Contrairement aux<br />

confi<strong>de</strong>nts – leurs doubles tragiques – le rapport qui les lie à ceux qu’ils<br />

servent dépasse le simple faire-valoir. Le couple maître et valet prime<br />

à l’occasion sur celui <strong>de</strong>s jeunes amants : les plaintes <strong>de</strong> Sganarelle<br />

n’émeuvent-elles pas autant que les soupirs d’Elvire ?<br />

Polie sous les plumes <strong>de</strong> Molière, Marivaux et Goldoni, la figure du<br />

valet s’affine : en tombant le masque, il dévoile un visage plus humain.<br />

Hérités <strong>de</strong> la comédie latine, la cupidité, l’appétit, l’indolence et ses autres<br />

traits les plus grossiers s’effacent peu à peu. Ainsi le personnage <strong>de</strong> Fiuta n’at-il<br />

d’autre souci que d’agir, comme le revendiquait déjà le Scapin <strong>de</strong>s<br />

Fourberies, en « ouvrier <strong>de</strong> ressorts et d’intrigues ». Notre valet se trouve<br />

obligé <strong>de</strong> se comporter en maître, et <strong>de</strong> remédier aux hésitations <strong>de</strong> Bonario<br />

en lui dictant sa conduite. Par un amusant jeu <strong>de</strong> reflet inversé, la sottise <strong>de</strong><br />

l’un souligne la ruse <strong>de</strong> l’autre et c’est paradoxalement par sa fidélité et ses<br />

loyaux services que Fiuta prouve qu’un valet vaut bien un maître.<br />

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