FÉDÉRATION
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L'arrachage, nécessitant une quarantaine de journées de 12 heures<br />
par hectare occupait un personnel nombreux composé surtout de<br />
femmes et d'enfants (ils étaient payés, l'un et l'autre, 50 centimes<br />
par journée, sous la Restauration (10) ; il se faisait des deux<br />
mains : la lm lancait une solide fourche à deux dents à manche<br />
court, pour soulever la betterave, l'autre l'arrachait de terre pour<br />
la mettre en ligne ; un second ouvrier coupait à la serpe les<br />
feuilles au ras du collet et mettait les betteraves en tas ; elles<br />
étaient chargées à la fourche à dents mouchetées sur de solides<br />
tombereaux à roues cerclées de fer tirés par des bœufs ou des<br />
chevaux (Encart - page II - figure 4).<br />
Elles étaient livrées directement à une usine proche, ou à un<br />
de ses dépôts situé en campagne, dans une gare ou sur un port :<br />
le chef de bascule du d6pôt remettait alors au cultivateur un<br />
récépissé indiquant le poids de sa livraison, sa demit6 et son<br />
pourcentage de terre ; ce dernier était opéré sur le contenu d'une<br />
manne par des femmes dans la baraque de la bascule (où se<br />
propageaient mieux qu'au lavoir communal, et dans un rayon plus<br />
grand, toutes les nouvelles des villages des alentours).<br />
A la fin de l'hiver, après avoir reçu un bon 6pandage de<br />
fumier exgcuté à la fourche, la terre était labourée à 30 centi-<br />
mètres à peine de profondeur, par un attelage de 2 bœufs ou 2<br />
chevaux tirant un >, charrue qui a remplacé l'araire ;<br />
puis elle était travaillée à la herse et au rouleau, et retravaillée à<br />
la herse avant le semis de la céréale qui suit la betterave dans<br />
l'assolement prévu.<br />
Tous ces divers travaux agricoles animaient grandement la<br />
campagne de différentes façons, suivant l'heure et la saison :<br />
- un laboureur émergeant du brouillard matinal des demiers<br />
frimas, derrière ses chevaux aux naseaux fumants ;<br />
- une armée de bineurs courbes vers la plante naissante, aux<br />
premiers et chauds rayons printaniers de midi ;<br />
- des betteraviers pliés en deux, arrachant, tranchant la dernière<br />
ligne avant la pluie des gros cumulus d'automne qui se rappro-<br />
chent ;<br />
- des charretiers s'entraidant avec leur attelage à sortir le lourd<br />
tombereau de l'ornière déjà remplie de glace.<br />
Autant de tableaux, et bien d'autres, qu'un Millet (1814-1875)<br />
pouvait coucher sur son chevalet, un d6licieux paysage agreste en<br />
toile de fond, ou un village et son église dont le tintement de<br />
l'Ang6lus parvenait à ces travailleurs trois fois dans la journée.<br />
Aujourd'hui, toutes ces scènes ont disparu de la campagne !