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Gravures Un voyage dans l'Europe des XVIIe et XVIIIe siècles

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Musée <strong>des</strong> Beaux-Arts de Caen / Service Educatif<br />

gravure en relief n'ont fondamentalement changé depuis lors, à l'exception de l'introduction de nouveaux<br />

matériaux pouvant remplacer le bois, en particulier le linoléum (on parle alors de linogravure).<br />

Le métal avait parfois été employé en remplacement du bois, essentiellement pour la gravure d'ornementation. La<br />

seconde moitié du XVe siècle a vu également fleurir, en France <strong>et</strong> en Allemagne, une technique de gravure sur<br />

métal très spécifique, le criblé, où le relief est cassé par une multitude de p<strong>et</strong>ites bosses obtenues en le<br />

martelant. II en ressort un noir uniforme tach<strong>et</strong>é de points blancs. II faut attendre le cas de William Blake (1757-<br />

1827), exceptionnel <strong>et</strong> sans lendemain (ses procédés, uniques, ne sont pas encore tous élucidés), pour r<strong>et</strong>rouver<br />

une gravure en relief sur métal d'une réelle valeur.<br />

La gravure en creux : le trait<br />

Comme le bois est le médium privilégié de la gravure en relief, le métal est celui de la gravure en creux ou<br />

gravure en taille-douce, du nom de la presse utilisée. Le <strong>des</strong>sin est gravé en creux sur la plaque, d'un trait plus<br />

ou moins large <strong>et</strong> plus ou moins profond qui donnera, à l'impression, <strong>des</strong> tonalités de noir différentes. <strong>Un</strong>e fois le<br />

travail de gravure achevé, on encre la plaque en passant <strong>des</strong>sus une couche uniforme, avant de l'essuyer<br />

soigneusement. L'encre ne reste plus que <strong>dans</strong> le creux du <strong>des</strong>sin. La plaque est alors fixée sur le plateau de la<br />

presse, <strong>et</strong> l'on pose <strong>des</strong>sus une feuille de papier humidifiée, le tout étant recouvert de tissu afin d'atténuer la<br />

pression, très forte, qui s'exerce lorsqu'on fait passer le plateau entre deux rouleaux resserrés entraînant<br />

l'impression du <strong>des</strong>sin encré de la plaque sur la feuille. <strong>Un</strong>e dépression correspondant à la plaque, la cuv<strong>et</strong>te,<br />

caractéristique de l'impression en taille-douce, se forme sur la feuille (dite épreuve après impression). Le rôle de<br />

l'imprimeur est donc essentiel <strong>dans</strong> la création d'une estampe en taille-douce, non seulement <strong>dans</strong> te choix, mais<br />

aussi <strong>dans</strong> le dosage <strong>des</strong> matériaux. On peut ainsi essuyer imparfaitement une planche <strong>et</strong> obtenir <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s<br />

d'encrage particuliers. Le travail est d'ailleurs parfois réparti entre plusieurs spécialistes, qui se partagent<br />

l'encrage, la mise en place de la plaque <strong>et</strong> du papier sur la presse, l'impression, le séchage <strong>et</strong> la découpe<br />

éventuelle <strong>des</strong> épreuves.<br />

Dans l'estampe en creux, le <strong>des</strong>sin n'a été <strong>dans</strong> un premier temps qu'exécuté au trait, obtenu par une attaque<br />

directe ou indirecte de la plaque, généralement du cuivre. On utilise <strong>dans</strong> le premier cas un burin, pointe de métal<br />

taillée en losange, le copeau dégagé étant ensuite enlevé (ou « ébarbé »). Dans le second, la gravure est<br />

mécanique <strong>et</strong> provoquée par le passage de la planche <strong>dans</strong> un bain d'acide, aqua fortis en latin, qui a donné le<br />

terme d'eau-forte. La planche est d'abord recouverte d'une couche de vernis protecteur, résistant à l'acide. Le<br />

graveur <strong>des</strong>sine à la pointe le <strong>des</strong>sin sur le vernis, ce qui laisse apparaître le cuivre. L'acide creusera te métal là<br />

où il a été dégagé. Le vernis enlevé, la plaque présente un <strong>des</strong>sin en creux, différent toutefois <strong>dans</strong> sa<br />

configuration microscopique de celle, beaucoup plus n<strong>et</strong>te, d'un trait au burin. L'apprentissage de celui-ci est long<br />

<strong>et</strong> délicat, le buriniste, à l'habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> à la technicité reconnue, n'est souvent l'homme que de son seul métier. II en<br />

va différemment de l'aquafortiste, le <strong>des</strong>sin à la pointe sur le vernis ne requérant pas une très longue formation.<br />

Aussi, jusqu'au XIXe siècle, le burin a-t-il été généralement l'affaire de spécialistes (avec <strong>des</strong> connexions <strong>dans</strong> le<br />

milieu <strong>des</strong> orfèvres), <strong>et</strong> l'eau-forte le procédé privilégié par les peintres graveurs, comme Rembrandt. Les<br />

premières gravures sur métal, <strong>des</strong> burins, ont été imprimées en Allemagne peu avant le milieu du XVe siècle,<br />

avant que la technique ne se répande rapidement <strong>dans</strong> toute <strong>l'Europe</strong>. L'attaque par l'acide, d'abord employée<br />

pour la décoration <strong>des</strong> armures, ne trouva son application <strong>dans</strong> l'estampe que plus tard, l'eau-forte la plus<br />

ancienne précisément attestée, due à Urs Graf, datant de 1513. Travail au burin <strong>et</strong> eau-forte furent les seules<br />

techniques de gravure en taille-douce pratiquées durant la Renaissance, avec ta pointe sèche, variante du burin<br />

où for emploie une fine pointe d'acier qui incise à peine le métal, <strong>et</strong> où on laisse de chaque côté du trait les fines<br />

griffures de métal ainsi produites. L'encre se fixe <strong>dans</strong> ces barbes, <strong>et</strong> ron obtient ainsi une impression de velouté,<br />

malheureusement limitée à quelques épreuves, te passage sous la presse finissant par les écraser. Remarquons<br />

que tous ces procédés, comme ceux dont il va être question, peuvent être employés de façon concomitante sur<br />

une même plaque.<br />

La gravure en creux : la teinte<br />

Dans tous les cas, le graveur ne <strong>des</strong>sine que <strong>des</strong> traits. Aussi rechercha-t-on d'autres techniques pour obtenir<br />

<strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s de teinte dès le XVlle siècle, la plupart <strong>des</strong> procédés n'étant cependant mis au point <strong>et</strong> abondamment<br />

pratiqués qu'au XVllle. Le premier d'entre eux, la manière noire ou mezzotinte, fut inventé par un Allemand,<br />

Ludwig von Siegen, en 1642, perfectionné peu après puis diffusé par le prince Rupert de Nassau. Le graveur<br />

prépare sa plaque en la quadrillant de lignes constituées de grains réguliers au moyen d'un outil spécial, le<br />

berceau. Si on tirait alors une épreuve de la planche, elle présenterait une surface d'un noir uniforme, dont la<br />

qualité dépend de celle du grainage initial. C'est de ce noir que le graveur obtient ensuite son suj<strong>et</strong>, en dégageant<br />

progressivement, avec <strong>des</strong> instruments adaptés, les blancs <strong>et</strong> les gris à partir du noir. Il inverse donc le schéma<br />

habituel de l'estampe en taille-douce, qui consiste au contraire à dégager le noir du blanc. La mezzotinte devint<br />

rapidement une spécialité britannique (on pariait couramment de « manières anglaises ») <strong>et</strong> resta, pendant près<br />

d'un siècle, le seul procédé de teinte, avant d'être concurrencée par l'aquatinte, la gravure au pointillé <strong>et</strong> les<br />

différents procédés d'imitation du <strong>des</strong>sin. L'aquatinte, variante de l'eau-forte, attestée au <strong>XVIIe</strong> siècle, n'a été en<br />

réalité exercée qu'après sa « réinvention », en 1768. (…) On emploie, en guise de vernis, <strong>des</strong> grains de résine,<br />

résistant eux aussi à l'acide, que l'on fait adhérer à la plaque par chauffage. L'acide creuse le métal autour de<br />

chaque grain, l'eff<strong>et</strong> produit à l'impression étant analogue à celui d'un lavis uniforme. II est possible d'en varier la<br />

Dossier pédagogique : Voyage <strong>dans</strong> l’Europe <strong>des</strong> XVII ème <strong>et</strong> XVIII ème <strong>siècles</strong>, choix de gravures de la collection Mancel. 6

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