février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
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L'artiste face à la ville moderne<br />
L'exposition donnera à voir une multitude de réactions à l'égard de la ville, de la<br />
fascination à la répulsion, de la quotidienneté à l'engagement militant . Le<br />
parcours chronologique couvre six générations d'artistes . Il révèle des oppositions<br />
notoires entre ceux qui dénoncent (tel Gustave Doré) et ceux qui exaltent un<br />
système de valeurs dont ils deviennent soit les pionniers (ainsi les Futuristes qui<br />
font l'éloge de la frénésie urbaine <strong>mai</strong>s aussi de la guerre moderne) soit les<br />
manipulateurs (ceux dont la production est proche de la propagande politique).<br />
L'exposition rassemble évidemment aussi les nombreux artistes stimulés par le<br />
phénomène urbain et qui s'engagent ainsi dans une création artistique novatrice,<br />
en initiant un changement radical du regard porté sur le monde . On trouve<br />
également dans ce panorama des témoignages des diverses prémonitions de<br />
l'artiste quant à l'imminence de phénomènes ou d'événements qui vont fortement<br />
affecter les métropoles. Ainsi Meidner, dès 1913, ou Picasso en 1937, annoncent la<br />
tragédie des "apocalypses urbaines" liées aux deux guerres mondiales . L'exposition<br />
réunit aussi des oeuvres projetant sur la ville des fantasmes oniriques, érotiques,<br />
sexuels, métaphysiques et autres, détournant les réalités urbaines pour pratiquer<br />
une ironie tonique ou désespérée, faisant appel à la mémoire collective face au<br />
mensonge et à l'amnésie. Aujourd'hui, des artistes tentent même de réinventer la<br />
ville en détournant les "outils traditionnels" — maquettes ou plans — des<br />
architectes . Dans la diversité des pratiques et des supports, ce vaste répertoire<br />
d'attitudes artistiques, pourtant à peine ébauché, constitue un fascinant parcours<br />
de découvertes.<br />
Pourquoi les villes d'Europe ?<br />
L'Europe est notre terroir. La ville européenne — un des modèles urbains les plus<br />
aboutis — est aujourd'hui menacée par une évolution qui tend à ignorer ses<br />
spécificités non seulement urbanistiques <strong>mai</strong>s aussi socio-politiques et culturelles.<br />
Pour réagir, il faut prendre conscience de ses particularismes modelés par la<br />
modernité des XIXe et XXe siècles, en évaluant les atouts ou enjeux en présence,<br />
afin de mieux définir les objectifs réalistes qui concilient les exigences<br />
contemporaines et la prise en compte d'une identité vitale indispensable . La<br />
synthèse proposée ici permet de comprendre comment, sur une longue durée —<br />
plus d'un siècle — les forces culturelles représentées par les artistes et les<br />
architectes ont appréhendé la ville moderne. Ce travail d'investigation n'avait<br />
ja<strong>mai</strong>s été tenté à l'échelle de la grande Europe . En se limitant aujourd'hui à celleci,<br />
territoire d'expériences dèjà immense, on pourra plus tard envisager des<br />
expositions complémentaires explorant les spécificités des métropoles nordaméricaines,<br />
celles des agglomérations coloniales et du Tiers-Monde, de la ville en<br />
Extrême-Orient ou des cités du monde arabe . Il faudra, pour cela, collaborer avec<br />
d'autres institutions telles que le "Centro de Cultura Contemporania" de Barcelone,<br />
qui coproduit déjà avec le <strong>Centre</strong> <strong>Georges</strong> <strong>Pompidou</strong> l'exposition "La Ville, art et<br />
architecture en Europe 1870-1993" . Cette institution nouvelle, inaugurée au coeur<br />
de la capitale catalane en même temps que notre exposition, sera la première au<br />
monde à focaliser toutes ses activités sur le thème fédérateur de la ville.<br />
Quelle muséographie ?<br />
Du fait même de leur qualité, leur force et leur diversité, les quelques 600 oeuvres<br />
présentées ne nécessitent pas de substitut scénographique, ni de "supplément<br />
d'âme" théâtralisé . La conception d'une muséographie intimiste et chaleureuse<br />
assurera, aussi bien aux oeuvres qu'au public, un sentiment de confort par<br />
l'espace, les couleurs et les lumières. Elle transposera clairement, dans la structure<br />
et l'enchaînement des salles, l'esprit du scénario et donnera une cohérence à un<br />
parcours très complexe et riche, d'abord chronologique (car structuré en trois<br />
grandes séquences : 1870-1918, 1919-1945, 1946-1993) <strong>mai</strong>s aussi thématique dans le<br />
regroupement des oeuvres (30 thèmes) .<br />
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