février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
VISIONS URBAINES<br />
CINEMA<br />
Deux cycles de cinéma chercheront ù déployer toutes les facettes des<br />
relations entre la ville et le cinéma<br />
CYCLE CINEMA DE FICTION<br />
Salle Garance<br />
Séances à 14h30, 17h30 et 20h30, tous les jours, sauf le mardi<br />
Tarifs : 25 F et 20 F<br />
Du 23 <strong>février</strong> au 24 <strong>mai</strong> <strong>1994</strong><br />
Le cinéma a partie liée avec la ville . Né de la technique industrielle (voir La sortie<br />
des usines Lumières), il est devenu très vite la distraction favorite des masses<br />
cosmopolites, et les scènes de rue filmées étaient parmi les plus prisées . A la fin des<br />
années 20, la grand-ville trépidante est la matière lyrique des City Symphonies qui<br />
ont donné ses lettres de noblesse au documentaire muet : Rien que des heures d e<br />
Cavalcanti sur Paris, Douro, faina fluvial de Oliveira sur Porto, Berlin, symphonie<br />
d'une grande ville de Ruttmann, L'Homme à la caméra de Vertov sur Odessa.<br />
Cependant, l'optimisme futuriste et sa foi dans le machinisme sont contrebalancés<br />
par une représentation de la ville comme lieu de perdition . En témoigne<br />
singulièrement la production allemande des années 20 : La rue sans joie de Pabst,<br />
Le Dernier des hommes et L'Aurore de Murneau, Asphalt de Joe May, M le maudit<br />
de Fritz Lang . .. Pour la première fois, en 1927, la mégapole est le sujet d'un film de<br />
science-fiction : Métropolis . Ce rêve de la cité radieuse devenue cauchemard<br />
climatisé ou catastrophe sera une des visions les plus fertiles du cinéma de<br />
science-fiction : de Things to corne de Cameron Menzies (1936) à The Element of<br />
Crime de Lars Van Trier, en passant par Blade Runner de Ridley Scott et Brazil de<br />
Terry Gilliam.<br />
Les quartiers populaires de la grand-ville seront, plus que la toile de fond, la trame<br />
dramatique du réalisme poétique français comme du film italien de l'entre-deux<br />
guerres. Et c'est sur les ruines de Rome et Berlin que le néo-réalisme de l'immédiat<br />
après guerre donnera le coup d'envoi du cinéma moderne, inaugurant une vision<br />
de la ville comme espace de plus en plus mental, abstrait, et de moins en moins<br />
physique, au fur et à mesure que l'opposition ville/campagne cèdera la place au<br />
magma urbain et aux friches industrielles . Entre-temps, Tati aura marqué de son<br />
génie comique la naissance du pavillon de banlieue (Mon Oncle) et celle des<br />
buildings de bureaux (Pluytime), anticipant la montée du secteur tertiaire et de ses<br />
tours.<br />
Les années 60 verront se défaire la ville dans la banlieue (2 ou 3 choses que je sais<br />
d'elle de Godard), "la cité" ne désignant plus le centre ville <strong>mai</strong>s le ghetto ! La<br />
beauté ou la force de la ville ne figure plus au présent (la "ville nouvelle" n'est<br />
guère sujet à scénario !) <strong>mai</strong>s dans les quartiers historiques . Partout ailleurs<br />
s'opère la dissolution actuelle de la ville dans le paysage urbain, pressentie par les<br />
espaces vides d'Antonioni, et si bien décrite par les errances wendersiennes . En<br />
même temps, les cinémas eux-mêmes désertent la ville pour rallier la logique<br />
périphérique des grandes surfaces.<br />
Un siècle de cinéma, un siècle d'urbanisme : un travelling en 100 films à travers<br />
les villes d'Europe réelles ou imaginaires, c'est ce que proposera le cycle Visions<br />
urbaines à la salle Garance. Les films déjà cités seront au rendez-vous, ainsi que<br />
ceux de Feuillade, Clair, Carné, Renoir, Rossellini, Fellini, Visconti, Antonioni,<br />
Mankiewicz, Melville, Godard, Truffaut, Tanner, Rivette, Monteiro, Frears,<br />
Greenaway, Kieslowski, Wenders et bien d'autres . . .<br />
51