février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
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URBANISME - DESURBANISME<br />
Les constructivistes imaginent aussi la ville : Tchernikhov dans ses "Fantaisies", El<br />
Lissitzky et ses "Etriers des nuages", Malevitch et ses "p r o u n s" étendent leurs<br />
dessins au territoire . Mais, dans la Russie des années 20, la ville doit permettre la<br />
mise en place du nouveau mode de production ainsi que l'expression de relations<br />
sociales nouvelles et d'un style de vie inédit. Orientées vers cet objectif, deux<br />
tendances profondément divergentes s'opposent, la première défendant<br />
"l'urbanisation", la seconde la "désurbanisation".<br />
Pour les "urbanistes", le territoire est uniformément quadrillé d'un réseau de<br />
transports reliant les villes entre elles, chacune regroupant 50 000 à 100 000<br />
habitants. La ville elle-même est organisée à partir de <strong>mai</strong>sons communes où se<br />
déroule la vie collective au sein d'un immense espace vert . Ces idées inspireront le<br />
projet pour la ville nouvelle de Kouznetsk des frères Vesnine (1929-30).<br />
Les "désurbanistes" reprennent les principes de la cité linéaire de Soria y Matta . La<br />
ville disparaît au profit des voies de circulation au bord desquelles se situent<br />
l'ensemble des logements, comme les activités . La distance entre les personnes<br />
disséminées sur l'ensemble du territoire est appelée à se réduire par le<br />
développement des moyens de transports et des télécommunications . Barchtch et<br />
Guinzburg fixent cette idée pour la rénovation de Moscou avec leur projet de "ville<br />
verte" qui visait à déplacer les populations du centre vers la périphérie . Pour<br />
Magnitogorsk (1930), Ivan Léonidov propose une ville rectiligne de 25 km de long<br />
reliant le centre industriel et la ferme d'Etat . Parallèlement, des bandes<br />
fonctionnelles constituent la ville : bande des moyens de transport, bande des<br />
espaces verts, bandes des habitations des lieux culturels.<br />
L'HISTOIRE AUX ORDRES<br />
Parallèlement aux constructivistes, les architectes "traditionnels" poursuivent leur<br />
oeuvre, ainsi Chtchoussev chargé du plan de Moscou (1918-29) ou Goltz qui<br />
aménage les berges de la Moskova.<br />
Avec le concours pour le palais des Soviets (1930-34), les projets constructivistes de<br />
Ladovski, du groupe ARU (avec Krutikow, Lawrow, Popow), de Guinzbourg, des<br />
frères Vesnine, côtoient les dessins néo-classiques et monumentaux de I.<br />
Sholtowski et d'Iofan qui sera le lauréat d'un projet ja<strong>mai</strong>s réalisé <strong>mai</strong>s marquant<br />
l'urbanisme de la ville entière . C'est en effet toute la ville qui devra être tracée<br />
pour converger sur le palais, également mis en valeur par une ponctuation de<br />
tours monumentales en périphérie (1947-1953) . Le concours pour le Narkom<br />
Projekt (Commissariat populaire pour l'industrie lourde) reproduira cette<br />
opposition, symbolisée par les projets de Leonidov, le désurbaniste, et de I .A.<br />
Fomine, qui introduit le style "classique prolétarien".<br />
Marcello Piacentini (1881-1960, véritable interprète du régime fasciste, est<br />
l'architecte de l'EUR (Exposition universelle de Rome) à laquelle collaborent<br />
également Libera, Pagano, Vietti et Pedicconi.<br />
Il est également responsable de la conception de la place de la Victoire à Gênes et<br />
de la Via della Conciliazione à Rome.<br />
Giuseppe de Finetti, qui refuse de s'inscrire au parti fasciste, réintroduit dans ses<br />
projets pour Milan le contexte des rues et des places, l'histoire de la ville<br />
traditionnelle. Son oeuvre s'inscrit dans un urbanisme de la régularisation, attitude<br />
qui est, en dehors de la monumentalité exacerbé, souvent partagée par les<br />
architectes fascistes, à l'exemple d'Aschieri.<br />
L'architecture, en tant que production exposée quotidiennement à la vue de tous,<br />
devient une priorité du programme artistique et de la propagande du nationalsocialisme<br />
. A partir de 1937, des projets "mégalomaniaques" sont établis à<br />
Hambourg, Munich, Berlin. Le plan d'urbanisme de Speer, un croisement d'axes<br />
monumentaux, orientés nord-sud et est-ouest, qui rejoignent une autoroute<br />
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