février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou
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DES VILLES ET DES NUITS<br />
Galerie de la BPI, 2e étage<br />
9 <strong>février</strong> - 30 <strong>mai</strong> <strong>1994</strong><br />
Entrée libre<br />
Cette exposition présente l'un des aspects les plus originaux de la thématique<br />
urbaine : la nuit qui transforme les êtres et les choses, redessine les contours<br />
et accueille les personnages les plus insolites.<br />
Qu'il s'agisse de déambuler dans les rues, de lever les yeux vers les enseignes<br />
lumineuses qui, peu à peu, recouvrent les murs de la ville, ou de participer aux<br />
multiples fêtes au cours desquelles les personnages se découvrent et les<br />
masques tombent, la ville devient toujours à la tombée de la nuit un espace de<br />
métamorphoses. La vie se rejoue à la lueur des réverbères ou dans la chaleur<br />
d'un café ; le rêve s'inscrit en lettres incandescentes sur les devantures des<br />
magasins, tandis que, dans l'ombre, rôdent des silhouettes furtives.<br />
Le parcours de l'exposition entraîne le visiteur du crépuscule à l'aube, dans<br />
plusieurs villes européennes : Naples, Rome, Stockholm, Barcelone, Liège,<br />
Moscou, Lausanne . . . et se prolonge jusqu'à New York, ville mythique . C'est à<br />
Paris néanmoins que la halte est la plus longue.<br />
Le Paris d'avant-guerre, dont les nuits furent percées par René-Jacques ou<br />
Brassaï. Si le premier aime les espaces libres, comme le cirque ou les gares,<br />
occasionnellement inoccupés, le second s'attache aux quartiers chauds, aux<br />
personnages interlopes qu'il photographie longuement sans tricher . Sa<br />
technique est efficace : un temps de pose pour enregistrer l'arrière-plan puis<br />
un coup de flash au magnésium pour préciser le tableau . "Je n'aime pas<br />
l'instantané qui donne au visage une expression fugitive . C'est l'immobilité<br />
qui exprime véritablement la personne".<br />
Pierre Jahan, de la même génération, formé par la publicité, épris lui aussi de<br />
la capitale, s'en fait l'illustrateur sa vie durant.<br />
Dans les années 50, Sabine Weiss, qui se sert d'une pellicule très peu sensible,<br />
regarde les lueurs de la ville à l'oeil nu . "La seule lumière que je ne maîtrise<br />
pas est celle du soleil" affirme-t-elle tranquillement . Elle construit une oeuvre<br />
de clair-ôbscur et sa préférence, comme celle de Doisneau, va vers le Paris des<br />
humbles et des sans-grades.<br />
Aujourd'hui, Bernard Descamps, Michel Jacquelin, Jeanne Hilary, Jean-<br />
Christian Bourcart, Hervé Sellin voyagent dans le Paris nocturne toujours à la<br />
recherche de son mystère . Descamps le trouve dans la couleur. Le jour, les<br />
villes sont grises ; la nuit, les éclairages publics et les enseignes colorient à<br />
leur fantaisie le paysage urbain. Une pose suffisamment longue gomme de la<br />
pellicule les rares passants qui se risquent à faire partie de la scène.<br />
Michel Jacquelin, photographe de théâtre, voit la nuit comme une grande<br />
créatrice de décors inédits et devient volontiers l'explorateur des espaces<br />
infinis du dehors.<br />
Jeanne Hilary, quand à elle, découvre que les secrets les mieux gardés sont sur<br />
les bords de Seine et dans quelques bars délaissés, là où la lumière trouve<br />
refuge dans l'ombre maîtresse des lieux.<br />
Gladys se promène dans un monde à la Lewis Caroll et Bourcart évoque avec<br />
réalisme une société décadente qui parfois s'amuse, enfin, Sellin, armé de son<br />
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