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février / mai 1994 Centre Georges Pompidou - Centre Pompidou

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LA VILLE SELON LES ARCHITECTES<br />

DEUXIEME PARTIE<br />

1918-1945<br />

L'ORDRE MODERNE<br />

La pensée de la ville dans l'entre-deux-guerres est celle de la constitution d'un<br />

urbanisme lié à l'architecture moderne, empruntant la plus grande partie de ses<br />

modèles dans la période antérieure. 11 s'agit moins d'inventer que de donner une<br />

doctrine lisible, simplifiée, médiatisable. En réponse à la ville-catastrophe, les<br />

utopistes et les architectes vont tenter de remettre de l'ordre . Cette reprise en <strong>mai</strong>n<br />

est un projet moral et politique, social-démocrate parfois, extrémiste souvent . Les<br />

difficultés du quotidien sont résolues sur le mode imaginaire dans un envol du réel.<br />

Les projets urbains de Le Corbusier sont ici essentiels . Cet urbanisme s'appuie sur<br />

le logement et son orientation pour développer une architecture de "barres"<br />

indépendantes du tissu urbain environnant . Il donnera lieu, dans l'après-guerre,<br />

aux grands ensembles. En Allemagne, Bruno Taut publie des projets de villes<br />

utopiques, tandis que les constructivistes russes deviennent des désurbanistes.<br />

Mais c'est un tout autre projet d'ordre qui s'installe avec la venue au pouvoir des<br />

régimes totalitaires, celui d'un retour monumentalisé à l'histoire et à la ville<br />

classique.<br />

FONCTIONS<br />

Les projets d'urbanisme de Le Corbusier ont été annoncés par les inventions des<br />

architectes de son siècle, qu'il reprend dans une synthèse ja<strong>mai</strong>s dépassée . Proche<br />

en cela des utopistes, Le Corbusier pense inverser le caractère qu'il croit<br />

irrémédiablement mauvais de la ville actuelle . Contrairement à la modernité<br />

futuriste, Le Corbusier ne reconnaît pas la métropole moderne . A Manhattan, la<br />

ville ratée qu'il faut refaire, il oppose le gratte-ciel cartésien, transparent, espacé<br />

tous les 400 mètres.<br />

Les projets de Le Corbusier désignent la crise d'un savoir qui répond, en terme de<br />

forme, à un monde de flux dont la croissance est trop rapide et qu'il ne saurait être<br />

question de stopper ni de canaliser un monde trop complexe pour être enfermé<br />

dans une forme ou soumis à un projet unique.<br />

"[ . . .] du haut de sa tribune, écrit F. de Pierrefeu, Le Corbusier parle à l'ensemble des<br />

constructeurs d'Europe et d'Amérique : architectes, entrepreneurs, chefs<br />

d'industrie, urbanistes . .." Au final, Le Corbusier proposera ses solutions au monde<br />

sur le mode d'une narration, chaque projet devenant une fiction littéraire.<br />

Ludwig Karl Hilberseimer théorise dans une métropole anonyme et dense, réduite<br />

à la stricte fonctionnalité, à sa pure vie économique, le développement inévitable<br />

et impitoyable du phénomène urbain des temps nouveaux, "suite naturelle de<br />

l'industrialisation du monde".<br />

L'architecture n'offre plus que des cubes précis et identiques d'une extrême<br />

sécheresse, aux ouvertures banalisées, au sein d'un damier . La réduction — ou la<br />

répression — des formes architecturales du logement de masse à la clarté la plus<br />

essentielle doit faire éclore un sentiment objectif, et démultiplier l'énergie et la<br />

tension de la vie collective. En 1924, il dessine en deux perspectives d'une<br />

inquiétante sobriété, proche des tableaux de Grosz, une ville verticale faite d'une<br />

villle d'habitation superposée à une ville commerciale et travailleuse, limitant<br />

ainsi les déplacements quotidiens à un trajet d'ascenseur.<br />

Le Berlin des années 20 développe son urbanisme dans deux directions principales:<br />

la réorganisation du centre de la ville et l'aménagement des cités de logements.<br />

Reprenant des idées issues du concours de 1910, Hans Poelzig et d'autres architectes<br />

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