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Hélène raccrocha, tellement anéantie par cette réaction
violente que son désespoir s’était envolé. Que penser de
cet être qui tour à tour semblait vouloir la rendre heureuse,
puis la faisait souffrir? Qui lui recommandait de se donner
à un autre, pour ensuite le lui reprocher? Pendant quelques
jours, elle espéra un signe de lui. Un mot d’excuse, de
regret. Mais non. Rien. Rien.
Elle finit par passer des journées entières à pleurer,
couchée près du téléphone ou guettant le facteur. Elle ne
dormait plus. Bientôt, n’importe où, elle se mit à perdre
brusquement conscience : le malaise affectif dans lequel
elle se débattait avait sans doute réveillé une spasmophilie
latente, décréta le médecin qu’elle consulta enfin. Les
médicaments qu’elle prenait à présent la rendaient encore
plus égarée.
Finalement, Alexandre téléphona. Qui donc pouvait
l’avoir prévenu? pensa Hélène. Christiana, qui était au
courant de tout? Qu’importe! Leurs appels reprirent, leur
dialogue se fit de nouveau amical, avec à peine une
certaine gêne qui subsistait.
Un jour, Hélène demanda :
— Que penses-tu du mariage, Alexandre?
— C’est l’impossibilité des êtres à se prendre en
charge individuellement.
—À se prendre en charge?