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chez la sœur aînée de sa mère. Cette charmante vieille
dame aux cheveux neigeux et aux manières quelque peu
désuètes habitait une rue étroite et tortueuse, non loin de
l’ancien château des Comtes de Provence. Toujours gaie,
un sourire malicieux éclairant son visage, elle refusait de
faire partager sa peine aux autres. Elle avait fait jadis un
mariage d’amour, après avoir pris le temps, racontait-elle,
de tourner la tête à plusieurs jeunes Provençaux. Veuve à
présent, elle était d’autant plus seule qu’elle n’avait jamais
pu avoir d’enfant. Hélène l’aimait beaucoup. Elle lui parla
bien évidemment d’Alexandre.
— Je comprends, répondit la vieille dame. Et je crois
qu’il faut aussi beaucoup de courage à ce jeune homme.
Tu n’es pas seule à souffrir.
Le dernier jour, saisie d’une impulsion brutale, elle
demanda :
— Tante, puis-je téléphoner? Je dois retourner ce soir
au mas. Cassis n’est pas très loin. J’ai envie de faire un
détour. Il faut que je voie Alexandre, tu comprends?
Ce fut lui qui répondit.
— D’où m’appelles-tu?
— Je suis à Brignoles, à quelques kilomètres à peine
de toi. Je t’en supplie, Alexandre, il faut que je vienne. Je
rentre chez moi ce soir.
Elle avait peur de sa réaction, mais elle l’entendit dire