Télécharger ce livre au format PDF

corde leur barque remplie de poissons. Il aurait suivi du
regard les vieilles femmes puisant de l’eau à la noria,
vêtues de longues jupes plissées, les épaules couvertes
d’un petit châle à franges et coiffées d’un foulard en pointe
noué sous le menton. Il aurait compris que le costume
sévère n’était pas porté pour faire « couleur locale », mais
reflétait un attachement profond à la tradition, à la terre, au
ciel et à la mer qui les avaient vues naître. Oui, voilà ce
qu’aurait pensé Alexandre. Hélène, parfois, avait
l’impression de s’être coulée dans sa peau, de penser
comme lui. Et c’est à travers lui qu’elle savourait
l’ibicenco que parlaient encore les vieux.
Luc et elle passèrent toute une journée sur l’aride
petite île de Formentera, qui est la plus sauvage mais
surtout la plus belle des Baléares.
Ils visitèrent les marais salants de San Francisco, la
mola de Formentera aux magnifiques escarpements
rocheux en haut desquels se dressait un phare. Luc
plongea plusieurs fois des rochers, sous l’œil un peu
effrayé d’Hélène, puis se sécha au soleil, les yeux fermés.
La jeune femme commençait à s’ennuyer. Elle se
sentait seule, malgré cet homme vivant à ses côtés.
Un après-midi, n’y tenant plus, elle laissa Luc à ses
plaisirs, revint à l’hôtel et composa le numéro du
presbytère.