PRIX ENcRE D'ASIE 2011 - Lycée français de Singapour
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- J’ai trouvé ses photos d’enfance et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> clonage. J’ai même découvert son<br />
journal. C’est pourquoi j’ai accepté <strong>de</strong> choisir cette université <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine. Maman,<br />
je t’aime beaucoup. Et je sais que tu ne peux pas l’oublier. Mais tu dois la laisser partir.<br />
Si tu restes comme ça, il te restera beaucoup <strong>de</strong> souffrances, à Kléryn, et à moi aussi.<br />
Je t’en prie. Oublie le passé et vis pour le futur. Maintenant, j’ai fini tes volontés. Laissemoi<br />
vivre ma vie. Je continuerai à étudier à l’université <strong>de</strong>s Beaux Arts. Je t’appellerai<br />
le plus régulièrement possible. N’oublie jamais que je t’aime pour toujours maman. »<br />
Je lui donnai mon diplôme, posai un baiser d’au revoir sur son front plié <strong>de</strong> souffrances,<br />
ma valise à la main et m’en allai.<br />
Pour la première fois, je la vis souffrante et pitoyable. Je voulais revenir mais si je<br />
revenais, je ne pourrais jamais partir. Je l’appelais très régulièrement pour la soulager.<br />
Une soirée, alors que je travaillais, elle m’appela. Je décrochai mon téléphone portable.<br />
« Oui maman, je t’écoute.<br />
- Kléryn, ma chérie, <strong>de</strong>main, ce sera ton anniversaire. Joyeux anniversaire. Je t’ai<br />
envoyé un ca<strong>de</strong>au.<br />
- Maman, je pensais que mon anniversaire avait eu lieu il y a trois mois ? Ce n’est pas<br />
le 15 janvier ?<br />
- Non…le 15 janvier, c’est le jour <strong>de</strong> mort <strong>de</strong> ta sœur, l’autre Kléryn. Mais le 5 avril, c’est<br />
le jour où je t’ai reçue <strong>de</strong> l’hôpital. »<br />
Je me souvins que, chaque année le 15 janvier, ma mère revenait avec un bouquet<br />
<strong>de</strong> chrysanthèmes blancs, son visage couvert d’ une profon<strong>de</strong> tristesse. Peut-être<br />
revenait-elle du cimetière… Tout à coup, ma mère m’appela, me tira vers la réalité :<br />
« Tu es encore là, Kler ? »<br />
Brusquement, je compris que ma mère avait changé. Elle me considérait comme sa<br />
<strong>de</strong>uxième fille, comme si elle m’avait donné naissance. C’était le plus beau jour <strong>de</strong><br />
ma vie :<br />
« Oui maman ! Je reviendrai <strong>de</strong>main et passerai mon anniversaire avec toi. L’année<br />
prochaine, nous rendrons visite à ma sœur, d’accord maman ? »<br />
Elle ne répondit pas. Mais j’entendis, clairement, son hoquet, étranglé, touché et<br />
heureux.<br />
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