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N'gola N° 18

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S O M M A I R E<br />

N ’ G O L A N ° <strong>18</strong><br />

Editorial<br />

Indépendance nominale<br />

Historique<br />

- Chronologie : de la colonisation à ce jour<br />

- Vingt-cinq ans d'indépendance<br />

Manifestations<br />

- Journées Culturelles sur l'Angola (9-10 Novembre)<br />

- Discours de Son Excellence M. João Filipe Martins, Ambassadeur de l'Angola en Suisse<br />

- Em Substância-matinal - universal da Arte (E. Sanches)<br />

- En aparté avec l'artiste-peintre : (Prof.E.R. de Sá e Sanches)<br />

- Musique : Interview de Tonito, musicien angolais (A. Sadi)<br />

Point de vue<br />

- La mort de Kabila (A. Sadi)<br />

- Plus de peur que de mal (Mankumbani António)<br />

- La reconversion imminente des "butins" de guerre angolais (Mankumbani António)<br />

- Une démocratie tronqué (Eduardo Nanifutazo)<br />

- Quid à la disparité de nos ressources (Eduardo Nanifutazo)<br />

La Vie dans notre communauté<br />

- Un élan de solidarité sans pareil à Boécourt (M. António)<br />

Livre<br />

Poèmes, Conte<br />

On ne peut commencer ce nouveau millénaire sans manifester notre grande joie, d’abord pour<br />

l’accueil positif que le public, dans son ensemble, a réservé à notre précédent numéro de N’gola<br />

n°17, pour le dossier sur l’intégration, et surtout pour la présentation de notre Ambassadeur et<br />

nos représentants en Suisse. Ensuite, la satisfaction d’avoir réussi à rassembler tous les Angolais<br />

lors de la commémoration du 25ème anniversaire de l’indépendance de l’Angola. Ce furent des<br />

grands moments d’émouvantes retrouvailles, des découvertes, des rencontres et l’occasion de<br />

faire connaissance et de se connaître dans ce pays d’exil pour nous autres Angolais de Suisse.<br />

Un heureux événement. C’est aussi pour certains, une occasion de montrer leur attachement à<br />

leur pays, l’Angola, qu’ils n’ont plus revu depuis des lustres. Nous sommes en droit de croire que<br />

notre esprit patriotique est resté intact malgré la belle vie que mènent certains de nos<br />

compatriotes ici en Europe.<br />

La diaspora angolaise est Unie et Indivisible. Que ce soit à Berne, à Genève ou à Zürich, partout<br />

en Suisse, les Angolais gardent la nostalgie et leur attachement au pays. Son excellence<br />

l’Ambassadeur João Filipe Martins, l’a suffisamment évoqué durant les manifestations de la fête<br />

de l’indépendance du pays. «J’appelle la communauté angolaise à plus de tolérance et de<br />

conciliation dans l’intérêt de la réconciliation nationale», a dit M. l’Ambassadeur. Voilà des<br />

mots de paix et d’espoir que tous les Angolais veulent entendre de leurs dirigeants.<br />

Concernant NGola, le premier bilan est positif. Le journal s’est arraché à la sortie des<br />

manifestations, durant la fête, etc. Nous avons donc atteint un premier objectif : faire connaître<br />

cet organe qui doit rester la voix de tous les Angolais, sans distinction. Nous sommes sensibles à<br />

ces félicitations. Et nous remercions tout le monde qui a compris l’effort et les sacrifices que<br />

nous faisons pour maintenir ce journal qui symbolise les liens entre Angolais. Mais franchement,<br />

à quoi sert un tel satisfecis si chaque fois les mêmes problèmes resurgissent, notamment ceux de<br />

1


la collaboration de tous, pour éviter des coquilles, des erreurs de frappes, sans recours à un<br />

correcteur compétent capable de relire les textes, et au besoin, les corriger, avant chaque<br />

publication. Nous sommes peu nombreux pour la confection d’un tel journal ambitieux. Venez<br />

nous rejoindre dans un esprit constructif pour un apport positif dans ce travail de fabrication.<br />

Nous appelons tous ceux qui se croient capables de nous rejoindre(Angolais ou non-Angolais), et<br />

nous savons que vous êtes nombreux. Critiquer, c’est un peu facile. Venez montrer vos talents,<br />

nous savons que vous en avez comme nous tous. Ainsi, nous offrirons au public, à tous les<br />

lectrices et lecteurs, un journal de grande qualité, appréciable et de référence pour défendre<br />

l’image de l’Angola, longtemps méprisé ou inconnu.<br />

A l’approche des fêtes de Noël et de Nouvel An, nous vous souhaitons tous nos vœux, bonnes et<br />

heureuses fêtes.<br />

Alors, encore une fois, Bonne Année 2001, et...bonne lecture ! A. Sadi<br />

Editorial<br />

Indépendance nominale<br />

Le 11 novembre 1975, l’Angola accéda à l’indépendance. Voici déjà 25 ans! Le pays est né dans<br />

la douleur et il a enfanté des drames. Depuis des années, l’Angola fait toujours la «Une» des<br />

journaux, non pas pour des informations heureuses, mais à cause de la guerre. Une situation de<br />

guerre absurde entre les fils d’un même pays, se laissant manipuler par des puissances<br />

extérieures. Aujourd’hui, si on parle de l’Angola, c’est uniquement pour parler de la découverte<br />

de son pétrole, de ses richesses immenses, de ses drames quotidiens et non de sa potentialité. Que<br />

vaut un pays déchiré par la haine et la guerre ?<br />

En Angola, le seul gagnant, s’il en reste, est le peuple angolais. Les hommes politiques passent,<br />

le pays reste. Que comptent-ils laisser comme images pour leur pays ? Un pays ruiné, exploité,<br />

miné ? Un peuple qui meurt de faim dans un pays béni de Dieu ? Un peuple qui n’a qu’un seul<br />

espoir l’exil ou l’errance pour survivre ? Ou plutôt un pays prêt à affronter les dures réalités de<br />

l’économie, qui reste le seul domaine capable de ramener la joie et la prospérité aux citoyens.<br />

Un pays prêt à relever les défis mondiaux dans tous les domaines. Un pays riche capable de<br />

distribuer les richesses nationales.<br />

Quel sens donner à cette indépendance ? Sommes-nous réellement indépendants ? Qui peut avoir<br />

le courage d’avouer que l’Angola est toujours Dépendant ? La liberté s’arrache, disait un<br />

visionnaire de notre époque. Elle n’a pas de prix. Et toute l’Afrique vit<br />

dans cet état de la «dépendance». Quel avenir allons-nous laisser à nos enfants, à la future<br />

génération de ce nouveau millénaire qui débute ? Pour l’Angola, il ne faudrait surtout pas que<br />

nos enfants nous jugent mal. De n’avoir rien fait pour s’en sortir. De n’avoir pas oeuvrer pour la<br />

démocratie.<br />

Lorsqu’au soir du 10 novembre 1975 le drapeau portugais qui flottait dans le pays depuis 400<br />

ans était descendu, les Angolais avaient cru à l’espoir de retrouver la dignité et la prospérité. Un<br />

nouveau drapeau rouge et noir flottait déjà à Luanda. Hélas, dès le lendemain, tout le monde a<br />

compris que cet espoir sera mitigé. Même si au fond de tout un chacun, on a voulu garder cet<br />

esprit de liberté chèrement acquise afin de vivre enfin dans son propre pays. Autant dire que les<br />

acteurs politiques ne manquaient pas. Trois mouvements de libération vont d’entrée de jeu livrer<br />

une guerre sans merci contre les colons portugais. Il s’agit du Mouvement Populaire pour la<br />

libération de l’Angola (MPLA), le Front National de libération de l’Angola (FNLA) ainsi que<br />

l’Union nationale pour l’indépendance Totale de l’Angola (UNITA). Chacun savait où trouver<br />

des amis, des alliances et surtout des Armes destructives. Dès la proclamation de l’indépendance,<br />

2


les armes se sont fait parler d’elles. C’est la guerre. Totale. Impitoyable. Meurtrière. Il ne<br />

s’agissait plus de droit mais de force, à l’image de ce monde où seuls les plus forts dictent la loi<br />

aux plus faibles. C’est pareil dans la vie aussi. Une leçon que les hommes apprennent très vite.<br />

Enfin de tirer profit. Pour l’Angola, c’est une guerre absurde, idéologique et d’intérêts. Entre<br />

Angolais. Par puissances étrangères interposées. Et dans ce jeu de la force qui prime,<br />

logiquement le plus rusé et le plus fort sera le Mpla. C’est lui le vainqueur. Il va progressivement<br />

le faire savoir en éliminant le Fnla et affronter seul l’Unita entrée dans la rébellion et la guérilla.<br />

A Luanda, le Mpla s’est imposé, installé un gouvernement légalisé sur le plan international.<br />

L’ancienne puissance coloniale n’a fait que constater le fait accompli. Le Mpla tient Luanda et<br />

proclame son indépendance. Agostinho Neto, leader incontesté sera le premier président de la<br />

«République populaire de l’Angola», soutenu par Moscou et les pays des blocs de l’Est. Le<br />

monde étant déjà divisé en deux, l’autre camp se chargera de l’opposition pour équilibrer les<br />

choses. Dans ce jeu des alliances et d’intérêts, des blocs entre l’Occident «démocratique» et les<br />

autres (communistes, islamistes, terroristes), bref, de ce monde toujours bipolaire, le Mpla joue<br />

très bien sa carte et conserve le pouvoir et la force. Sans la paix, il lui sera difficile de bâtir un<br />

Etat digne. Le Président José Eduardo dos Santos l’a bien compris. Dans son discours adressé à<br />

la nation toute entière, à l’occasion du 25ème anniversaire de l’indépendance, il a déclaré, que,<br />

«personne mieux que le peuple pourra décider sur notre destin».<br />

En ce jour mémorable du 11 novembre, la réconciliation nationale est plus que jamais un<br />

préalable pour aboutir à la paix. Les Angolais garderont encore longtemps cette date symbolique<br />

et auront toujours les yeux tournés vers l’avenir. Le futur appartient au peuple bien préparé car,<br />

le nouveau millénaire qui commence sera compétitif, avec une ère nouvelle de la liberté, de la<br />

démocratie, et du progrès. La réponse de ces attentes appartient donc aux seuls Angolais.<br />

Alfonso SADI.<br />

Mise au point aux lecteurs de N’Gola<br />

Pour la réalisation de ce Numéro Spécial sur l’indépendance de l’Angola, nous voulons faire<br />

cette observation afin de rassurer les sceptiques qui se posent encore la question sur<br />

l’indépendance du journal «N’Gola», qui, il faut bien le dire, n’est ni un journal du pouvoir, ni<br />

de l’opposition, et encore moins des règlements de compte entre Angolais. Nous savons que<br />

parmi les Angolais règnent une conception bien particulière d’aborder l’aspect politique de<br />

l’Angola. S’exposer comme nous, rédacteurs de N’Gola, afin de tenir ce journal d’information et<br />

d’analyse sur notre pays, n’est pas facile. Nous avons certes nos opinions mais, notre travail est<br />

de servir la communauté angolaise. Mais pas n’importe comment. Il ne s’agit pas de critiquer le<br />

pouvoir de Luanda pour se croire «politicien» ou «opposant». Nous souhaitons plutôt des<br />

analyses constructives pour l’évolution socio-politique de notre pays. Ce qui n’exclut en rien<br />

l’esprit critique, bien entendu. Nous sommes souvent très heureux de recevoir des articles de nos<br />

compatriotes. Ils peuvent écrire tout ce qu’ils veulent. Nous leur demandons tout simplement<br />

d’apprendre à mettre un peu de l’eau dans le vin en écrivant, et un peu plus de recul par rapport<br />

à la passion. «N’Gola» reste le journal de l’Association des Angolais en Suisse. De tous les<br />

Angolais. Quels que soient leurs opinions, leurs mépris de la chose politique angolaise. Ils<br />

peuvent s’exprimer librement. Il n’y a pas de censure. Les Angolais peuvent donner leurs avis,<br />

leurs points de vue, leurs opinions, sans insulter personne, voire cracher une haine sur une<br />

catégorie des gens (ni contre le Mpla, ni contre l’Unita). Nous ne sommes pas une tribune pour<br />

régler des comptes. Il existe des organes pour ce type d’expression. Le problème angolais est<br />

déjà suffisamment difficile pour en ajouter d’autres armes pour s’entredéchirer ou s’entretuer à<br />

nouveau : vingt-cinq ans de guerre, ça suffit !!! Nous voulons construire un pays de Paix. C’est<br />

3


cela l’apprentissage de la démocratie, de la tolérance et de la liberté, en vue d’aboutir à la<br />

réconciliation nationale qui nous fait tant défaut pour reconstruire l’Angola.<br />

Les Angolais ne sont ni des Apatrides, ni des perpétuels réfugiés dans des pays étrangers. Nous<br />

rêvons et préparons notre retour mais, mûris. Pour l’avenir de nos enfants et le bien-être de nos<br />

parents. Nous avons un pays, mieux encore, une patrie, et nous refusons de laisser l’Angola entre<br />

les mains d’une catégorie d'individus (aventuriers, apprentis-politicailleurs, plumitifs<br />

endollardés-des-sottises, brailleurs-aux-belles phrases-alambiquées et académiques, experts en<br />

français châtiés ou «portugais-coloniseurs», étrangers-profiteurs, voleurs, guerriers, lèches...<br />

etc...) Nous savons où nous voulons en venir.<br />

L’Angola appartient à tous les Angolais. Sans exception ni exclusion. Alfonso Sadi<br />

Historique<br />

CHRONOLOGIE : de la colonisation à ce jour de l’indépendance de l’Angola<br />

Les drames angolais commencent avec l’arrivée des colons portugais dès le XVème Siècle.<br />

L’histoire de l’Angola sera scellée. Depuis le pays n’a jamais connu la paix réelle.<br />

Quelques grandes dates de ces événements.<br />

1482 : le navigateur portugais Diègo Cao découvre l’embouchure du fleuve Congo et pénètre en<br />

Angola. Les Royaumes seront tous détruits. C’est le début de la colonisation portugaise.<br />

1575 : Les Portugais créent des comptoirs pour leurs commerces. Les pillages de la richesse du<br />

pays peuvent commencer. Ils fondent des villes tout le long des côtes maritimes angolaises. Des<br />

infrastructures sont mises en place pour permettre l’évacuation de toutes les richesses à piller.<br />

Ainsi sont nées les routes, les chemins de fer, les ports, les immeubles ou buildings pour installer<br />

leurs personnels (missionnaires ou colons). Les équipes d’expéditeurs pénètrent à l’intérieur des<br />

terres pour chasser des animaux et des hommes «sauvages». En même temps, on forme des<br />

interprètes en langue portugaise, on rase des forêts, des villages. La Hollande s’intéresse à<br />

l’Angola.<br />

1617 : Colonisation effective. Création d’une élite capable d’assimiler la culture européenne et<br />

prête à la défendre au besoin. Evangélisation des Noirs. Esclavage. Déportations des populations.<br />

Racisme institualisé. Brassages des peuples venus d’ailleurs. Trafic des Nègres ou des Bois<br />

d’ébène. Commerce triangulaire : Angola-Portugal(Europe)-Brésil. Complicité dans les<br />

commerces avec d’autres pays européens pour l’esclavage.<br />

1685 : Travaux forcés en Angola. Colonie des peuplements européens. Augmentation de la<br />

population métisse dans les villes et dans les campagnes reculés du pays. Les Blancs européens se<br />

reconnaissent comme Angolais et Portugais d’Afrique.<br />

Les Brésiliens filtrent avec l’Angola. Une vague d’émigrés brésiliens en Angola. La guerre. Les<br />

Hollandais quittent presque tous l’Angola pour un autre nouvel eldorado cette fois-ci Sudafricain<br />

<strong>18</strong>22 : Le Brésil obtient son indépendance. En 1500, un portugais nommé Pedro Alvarez Cabral<br />

atteignit la côte du Brésil. Mais le véritable fondateur du Brésil est le portugais Diego Alvarez<br />

Correa qui s’y établit en 1509. L’indépendance fut proclamée en <strong>18</strong>22 par le fils du régent du<br />

4


Portugal Pedro I(ou Pierre 1er). Le Brésil ne sera Une République qu’en <strong>18</strong>89. Le Portugal<br />

contrôle entièrement un territoire angolais de 1.247.600 km2.<br />

<strong>18</strong>85 : Conférence de Berlin. Sans consulter qui que ce soit, les Européens se départagent le<br />

continent africain. Des petits pays se voient du jour au lendemain propriétaires d’immenses terres<br />

et de leurs populations. On coupe, on découpe. On trace suivant les richesses et on se régale...<br />

1912 : Travaux forcés dans les plantations. Insurrection des nationalistes noirs angolais. Guerre.<br />

Exode. Massacres. Génocide sans nom. Politique d’assimilation à la vie européenne.<br />

1922 : Travaux forcés. Deuxième guerre contre les Portugais : lances contre mitraillettes, bombes<br />

et armes lourdes. Nouvel exode pour les survivants vers des pays limitrophes (Congo-Belge,<br />

Congo-Français, Zambie, Sud-Ouest africain ou Namibie).<br />

1940 : Travaux forcés et châtiments corporels. Exploitations des plantations de café, champs de<br />

canne à sucre et autres travaux agricoles. Nouvelles révoltes. Répressions très meurtrières. Exode<br />

rural massif. Exil dans les pays limitrophes.<br />

1950 : La résistance et la naissance de l’esprit indépendantiste. Réveil du nationalisme culturel.<br />

1961 : Insurrection des nationalistes angolais au Nord de l’Angola et à Luanda. Répression<br />

meurtrière, exode vers des pays frontaliers. Naissance du phénomène des réfugiés reconnus par<br />

l’Organisation des Nations-Unies et le Haut-Commissariat aux Réfugiés.<br />

1974 : 25 avril au Portugal. Fin de la dictature de Salazar. Révolution des Oeillets. L’armée<br />

prend le pouvoir. Début du processus de la décolonisation de l’Angola et des autres pays<br />

colonisés par le Portugal.<br />

1975 : Signatures des accords d’Alvor au Portugal, entre le Mpla, le Fnla et l’Unita (15 janvier).<br />

Création d’un gouvernement de transition. Accords préliminaires fragiles. Début d’affrontements<br />

entre les trois mouvements de libération pour la conquête du pouvoir(mars-juillet). Le<br />

gouvernement de transition n’existe plus. Tous les membres sont chassés ou en fuite, en exil. Le<br />

11 novembre 1975, Proclamation de l’indépendance par Agostinho Neto, chef du Mpla qui<br />

devient le président de République Populaire d’Angola. Le Fnla et l’Unita sont jetés dehors.<br />

Guerre civile. Les pays étrangers s’en mêlent. L’URSS et le CUBA soutiennent le Mpla,<br />

tandis que les Sud-Africains, le Zaïre de Mobutu et les Etats-Unis soutiendront, tour à tour, le<br />

Fnla et finalement, l’Unita.<br />

1976 : Battues lors de leurs incursions en Angola, les forces Sud-Africaines se retirent. Les pays<br />

africains reconnaissent tous le gouvernement de Luanda dirigé par le Mpla. Et le 1er décembre de<br />

la même année, l’Angola devient membre de l’ONU et des plusieurs organismes internationaux.<br />

1977 : Le 8 janvier, l’émission de la nouvelle monnaie nationale, le kwanza. En juillet, contestant<br />

la ligne du parti et l’orientation du gouvernement, Nito Alves tente un coup d’Etat qui échoue. Le<br />

Mpla se radicalise. Au cours du même mois, la guérilla menée par les hommes de Savimbi et<br />

l’Unita s’intensifie au Sud du pays. Tandis que le président Neto est réélu à la tête du parti-Etat le<br />

Mpla.<br />

1978 : Guerre en Angola dès le mois d’avril. Des violents combats opposent l’armée angolaise<br />

appuyée par des Cubains aux rebelles de l’Unita. Le 4 mai, les Sud-Africains bombardent<br />

Cassinga. Du 24 au 25 juin, l’Angola se réconcilie avec l’ex-colonisateur, le Portugal. Le 19 août,<br />

5


en vertu de sa politique des bons voisinages, le Président Neto se réconcilie avec le président du<br />

Zaïre Mobutu. Ils signent ensemble un pacte de non-agression. Le Président Neto supprime les<br />

postes de Premier ministre et limoge M. Lopo do Nascimento (il occupait ce poste depuis 1975).<br />

Il supprime aussi le poste de vice-Premier ministre. Le Président Neto demande le retour des<br />

Angolais exilés au Zaïre. Son appel est entendu par les Angolais qui rentrent en masse dans leur<br />

pays d’origine.<br />

1979 : Relation tendue entre l’Angola et l’Union Soviétique (URSS). Neto prend de plus en plus<br />

de liberté vis-à-vis des Soviétiques. Il devient plus pragmatique que marxiste. La version<br />

officielle annoncera le 10 septembre, dans un communiqué, la mort du président Neto, hospitalisé<br />

à Moscou, « des suites d’une longue maladie...»<br />

Le 20 septembre, le bureau politique du Mpla désigne José Eduardo dos Santos, nouveau<br />

Président, pour succéder au défunt Agostinho Neto.<br />

1980 : Les Sud-Africains attaquent à nouveau l’Angola, entre juin et octobre. La guerre se<br />

poursuit.- Le Mpla reconduit le Président José Eduardo dos Santos dans ses fonctions officielles.<br />

1981 : La guerre s’intensifie au sud du pays. Le Mpla est confronté aux rebelles de l’Unita,<br />

appuyée par l’armée sud-africaine. L’Afrique du Sud espère ainsi réduire les éléments de la<br />

SWAPO namibiens réfugiés et installés en Angola. Raids intensifiés.<br />

1982 : Les Sud-Africains et les Angolais se rencontrent le 8 décembre au Cap-Vert pour des<br />

négociations et tenter de mettre un terme à la guerre civile en Angola, régler le problème<br />

namibien. Espérant ainsi trouver la solution sur la lutte de libération pour l’indépendance de la<br />

Namibie dont l’Organisation des peuples du Sud-Ouest africain, la Swapo, est la seule et l’unique<br />

digne représentante.<br />

1983, 1984, 1985, 1986, 1987 : La guerre. Pas de trêve. L'Afrique du Sud et l'Unita attaquent,<br />

bombardent, occupent des territoires. Des mines antipersonnels sont posés.<br />

1988 : Fort de son succès sur le terrain, l’Unita annonce la formation de son gouvernement<br />

provisoire, le 26 mars.<br />

Le 8 août, un accord de cessez-le-feu est signé à Genève entre l’Angola, le Cuba et l’Afrique du<br />

Sud. Il prévoit le retrait des troupes cubaines en Angola, engagées aux côtés des Faplas(l’armée<br />

du Mpla). Le 22 décembre, un nouvel accord dans le même sens est signé à New-York.<br />

1989 : Le Président Mobutu, pour ses propres intérêts, réussit à réunir Dos Santos et<br />

Savimbi, dans son fief à Gbadolite, au Zaïre, le 22 juin, en vue d’une signature pour un cessezle-feu<br />

et le retrait des troupes cubaines en Angola. Cet accord ne sera jamais respecté. Reprise au<br />

mois de juillet des hostilités entre le Mpla et l’Unita.<br />

1990 : A cause de cette violation, le Cuba suspend son retrait militaire en Angola.<br />

Le 21 mars, la Namibie obtient son indépendance. Sam Nujoma est le président.<br />

Le 24 et le 25 avril, à Evora, au Portugal, le Mpla et l’Unita reprennent les négociations.<br />

1991 : De nouveau, un Accord de Paix est signé à Lisbonne, le 31 mai. Au mois de juillet,<br />

l’Angola a un nouveau premier ministre, M. Fernando José de Franca Dias Van Dunem. Le pays<br />

semble retrouver la paix et rêve d’instaurer la démocratie.<br />

1992 : Du 29 au 30 septembre, Elections présidentielles et législatives en Angola.<br />

Victoire du Mpla sur son principal concurrent Unita. Le Président José Eduardo dos Santos<br />

l’emporte en obtenant 49,57% contre 40% pour Jonas Malheiro Savimbi. Le Mpla obtient 129<br />

6


sièges à l’Assemblée, contre 70 sièges pour l’Unita. Jonas Savimbi conteste les résultats. Et<br />

reprend la guerre.<br />

Le 27 novembre, Marcolino Moco est nommé Premier ministre.<br />

1993 : Massacres de la Toussaint à Luanda. L’Unita s’empare de la deuxième ville du pays,<br />

Huambo. Eté de la même année, les hommes de Savimbi contrôlent plus de 85 % du territoire<br />

angolais. 26 septembre : l’ONU décrète un embargo pétrolier et militaire contre Savimbi et<br />

l’Unita.<br />

Le 6 octobre, l’Unita accepte les résultats des élections de septembre et veut reprendre les<br />

négociations avec le Mpla.<br />

1994 : Négociations à Lusaka et Accords de Paix de Lusaka (Zambie), le 20 novembre, entre le<br />

Mpla et l’Unita.<br />

1995 : L’Union Européenne promet d’aider l’Angola. Violations des accords par l’Unita qui<br />

reprend les hostilités armées. La guerre reprend au Centre et au Sud du pays. Le 8 février, le<br />

Conseil de sécurité de l’Onu décide de l’envoi de 7000 casques bleus, dans le cadre de la Mission<br />

de vérification de l’Onu, UNAVEM II. Savimbi rencontre le Président Dos Santos.<br />

Mise en circulation de la nouvelle monnaie le «kwanza réajusté» (3 juillet). Le <strong>18</strong> juillet, le<br />

président propose la Révision de la Constitution afin de créer deux postes de Vice-présidents dont<br />

l’un sera réservé à M. Jonas Savimbi, dans l’espoir de ramener la Paix et la réconciliation<br />

nationale en Angola. Accord de principe afin d’intégrer les éléments armés de l’Unita au sein<br />

d’une nouvelle armée régulière. Début des opérations de casernement des troupes de l’Unita.<br />

Savimbi refuse de jouer le jeu et cache des armes un peu partout en Angola.<br />

Décembre, reprise des affrontements entre l’armée régulière angolaise et les rebelles armés de<br />

Savimbi. Le président dos Santos supprime le poste de vice-président.<br />

1996 : Dévaluation de la nouvelle monnaie angolaise de près de 80%. M. Fernando Van Dunem<br />

est nommé Premier ministre. Retraits des premiers contingents des casques bleus de l’UNAVEM<br />

III.<br />

1997 : Le Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC) se fait parler de lui en engageant<br />

des affrontements contre l’armée gouvernementale au Nord du pays.<br />

Défections au sein de l’Unita. Création d’un Gouvernement d’unité et de réconciliation nationale,<br />

le GURN. Les Députés de «l’UNITA-renové», élus en 1992, prennent officiellement leurs<br />

fonctions au Parlement angolais à Luanda. Le 30 juin, l’ONU crée une Mission d’observation<br />

(MONUA), succédant à la mission de maintien de la paix, contre l’Unita de Savimbi pour nonrespect<br />

des Accords de Paix. Le gouvernement légalise officiellement l’Unita-rénové qui devient<br />

un parti légal d’opposition non-armée.<br />

1998 : Violents affrontements entre l’armée régulière angolaise et les forces armées de l’Unita de<br />

Jonas Savimbi dans la province de Lunda-Nord qu’elles occupent et où, elles exploitent les<br />

diamants.<br />

Au mois d’août, des troupes angolaises prêtent la main forte au président Laurent-Désiré Kabila,<br />

dans sa nouvelle République Démocratique du Congo menacée par la rébellion armée par les<br />

Rwandais et les Ougandais. En Angola, le Mpla progresse contre l’Unita de Savimbi.<br />

1999 : L’Angola vient au secours du président Denis Sassou-Ngouesso du Congo-Brazzaville,<br />

contre son adversaire Pascal Lissouba et Bernard Kolélas.<br />

Le 29 janvier, le président dos Santos supprime le poste de premier ministre et assume les<br />

pouvoirs de chef de l’Etat et des armées.<br />

7


Octobre : l’armée nationale angolaise mène une grande offensive dans les fiefs de l’Unita et<br />

reprend Andulo, Baïlundo ainsi que toutes les grandes villes du pays. L’Unita se réfugie dans la<br />

brousse et reprend les actions des guérillas.<br />

2000 : Le gouvernement entame une grande politique de réconciliation nationale. Le président<br />

José Eduardo dos Santos prône la paix et annonce les élections présidentielles l’année prochaine,<br />

(2001), si tout va bien<br />

2001 : Attendons pour voir la suite. Alfonso S A D I<br />

Rappel historique<br />

15 janvier 1975 - Accords d’Alvor<br />

- Les trois mouvements de libération :<br />

Agostinho Neto (MPLA) ; Holden Roberto (FNLA) ; Jonas Savimbi (UNITA).<br />

- Composition du Gouvernement de Transition (30 janvier 1975)<br />

Un Collège provisoire :<br />

Haut-Commissaire Rosa Coutinho (Portugal) ;<br />

Lucio Lara (Mpla) ; Johnny Eduardo Pinnok (Fnla) ; Jorge Valentim (Unita)<br />

Rejeté !<br />

Un Collège présidentiel (avec le Portugal) :<br />

José N’Délé (Unita) ; Lopo do Nascimento (Mpla) ; Johnny E. Pinnock (Fnla)<br />

Approuvé !<br />

Premier ministre : José N’Délé (Unita)<br />

Ministre de l’Intérieur : Ngola Kabangu (Fnla)<br />

. Secrétaire d’Etat : Henrique Santos (Mpla)<br />

. Secrétaire d’Etat : Joao Vahekene (Unita)<br />

Ministre de l’Information : Manuel Rui Monteiro (Mpla)<br />

. Secrétaire d’Etat : Jaka Jamba<br />

. Secrétaire d’Etat : Hendrick Vaal Neto (Fnla)<br />

Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale: Antonio Dembo (Unita)<br />

. Secrétaire d’Etat : Cornelio Caley (Mpla)<br />

. Secrétaire d’Etat : Batista Nguvuku (Fnla)<br />

Ministre de l’Economie : Vasco Vieira de Almeida (Portugal)<br />

. Secrétaire d’Etat : Augusto Lopes Texeira (Mpla)<br />

(Industrie/Energie)<br />

. Secrétaire d’Etat : Manuel Alfredo Texeira Coelho (Unita)<br />

(pêche)<br />

. Secrétaires d’Etat : Graça Tavares (Fnla)<br />

(commerce/Tourisme) : Saydi Mingas (Mpla)<br />

Ministre des Finances et au Plan et de la Justice : Diogènes Boavida (Mpla)<br />

Ministre des Transports et des Communications : Albino Antunes da Cunha (Portugal)<br />

Ministre de la Santé et de l’hygiène sociale : Samuel Abrigada<br />

Ministre des Travaux publics, Logements et Urbanisme : Manuel Alfredo Rezande de Oliveira<br />

(Portugal)<br />

Ministre de l’Education et de la Culture : Eduardo Wanga (Unita)<br />

Ministre de l’Agriculture : Mateus Neto (Fnla)<br />

Ministre des Ressources naturelles : Jeremias Kalandula Chitunda (Unita)<br />

Le MPLA forme son gouvernement après le 11 Novembre 1975<br />

COMPOSITION DU GOUVERNEMENT DE LA «République Populaire d’Angola»<br />

8


Président de la République : António Agostinho NETO<br />

*Ministres et Vice-ministres :<br />

. Défense : Commandant Henriques Teles Carreura «IKO»<br />

Vice-ministre Commandant Joao Luis Neto «Xietu»<br />

. Information et Sûreté Nationale (DISA) : Commandant Joao Lopes «Ludi Kissassunda»<br />

. Relations Extérieures : Camarade Paulo Teixeira Jorge<br />

Vice-ministre camarade Venancio da Silva Moura<br />

. Plan : Camarade José Eduardo dos Santos<br />

. Education : Camarade Ambrosio Lukoki<br />

Vice-ministre camarade Artur Pestana «Pepetela»<br />

. Santé : Camarade Domingos Coelho da Cruz<br />

Vice-ministre camarade Antonio José Ferreira Neto<br />

. Justice : Camarade Diogènes Boavida<br />

. Finances : Camarade Ismaël Gaspar Martins<br />

. Commerce extérieur : Camarade Roberto de Almeida<br />

Vice-ministre camarade Paulino Pinto Joao<br />

. Commerce intérieur : Camarade Carlos Alberto Van Dunem<br />

Vice-ministre camarade Florencio Gamaliel, Gaspar Martins<br />

. Travail et Sécurité Sociale : Camarade Noé Saude<br />

. Industrie et Energie : Major Alberto do Carmo Bento, Ribeiro «Kubulu»<br />

Vice-ministre camarade Emilio Guerra<br />

. Pétrole : Camarade Jorge Augusto de Morais «Monty»<br />

. Agriculture : Camarade Manuel Pacavira<br />

Vice-ministre camarade Germano Gomes<br />

. Transports : Camarade Fernando Faustino Muteka<br />

Vice-ministre camarade Julio de Almeida «Juju»<br />

. Pêches : Camarade Antonio da Costa Lopes da Camara<br />

. Constructions et Habitation : Camarade Horacio Pereira Braz da Silva<br />

Vice-ministre camarade Manuel Alves dos Barros Mangueira<br />

*Secrétaires d’Etat<br />

Auprès de président Neto<br />

- Ordre interne : le Commandant Alexandre Rodrigues»Kito»<br />

Auprès du Ministre de la Défense<br />

- Communications : Camarade Ilidio Tomé Machado<br />

- Anciens combattants : Commandant Joao Cesar augusto «Kiluange»<br />

Secrétaires d’Etat Autonomes<br />

- Coopération : Camarade Adolfo Nsikalangu<br />

- Affaires Sociales : Camarada Maria da Assunçao Vahekeni<br />

- Education physique et Sports : Camarade Rui Vieira Dias Mingas<br />

* Gouverneur de la Banque nationale d’Angola : Camarade José Carlos Vitor de Carvalho<br />

(Dossier historique préparé par A. Sadi)<br />

9


Festivités de l'Indépendance<br />

DISCOURS DE SON EXCELLENCE M. JOÃO FILIPE MARTINS,<br />

AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE D’ANGOLA EN SUISSE<br />

PRONONCE LE 11 NOVEMBRE 2000 À L’OCCASION<br />

DU 25 ème ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE<br />

Messieurs les Présidents et Coordinateurs des Associations de la Communauté Angolaise en<br />

Suisse, Chers compatriotes,<br />

Commémorant, en ce jour, le 25ème anniversaire de l’indépendance nationale, (le 11 novembre<br />

1975), c’est un grand honneur pour moi d’être ici en qualité d’Ambassadeur de la République<br />

d’Angola dans la Confédération Helvétique (Suisse), et pouvoir partager avec vous quelques<br />

moments de loisir et d’échange d’idées sur quelques questions concernant le panoramique<br />

politique, économique et social de notre pays.<br />

La date que nous commémorons ici est celle qui marque l’indépendance nationale de notre pays<br />

et de ce fait, doit constituer pour les angolais, un moment de réflexion, d’exaltation des idées de<br />

patriotisme et d’unité en mémoire de tous ceux qui avaient lutté et tombé pour la conquête des<br />

droits fondamentaux du peuple angolais, la liberté et l’indépendance nationale. Pour eux, je vous<br />

invite a observer une minute de silence.<br />

Chers compatriotes,<br />

25 ans se sont écoulés depuis de 11 novembre 1975 que nous sommes devenus indépendants<br />

après cinq siècles de colonisation. Toutefois, la guerre persiste encore à provoquer des victimes<br />

parmi les populations civiles et à détruire le pays, conséquence d’ambitions d’un groupe qui s’est<br />

auto-marginalisé et qui refuse d’adapter la convivialité pacifique par la dispute politique à travers<br />

de processus électoraux périodiques, a choisi la voie militaire, rendant ainsi impossible le<br />

développement harmonieux et dynamique de notre pays.<br />

Il est important d’avoir en compte que durant toute cette période et ajouter aux autres années de<br />

guerre de libération, les angolais se sont entre-tués avec la complicité des intérêts étrangers,<br />

résultant de cette fratricide guerre la mort des milliers d’angolais, des milliers de mutilés et des<br />

citoyens sans abris et autres obligés d’aller en exil. La famine, la misère et la destruction comme<br />

conséquence de la guerre, ont tué et continuent encore de tuer des milliers de compatriotes.<br />

D’autres continuent de mourir chaque jour qui passe. Et seule notre capacité de nous réconcilier<br />

pourra faire revivre l’espoir du peuple.<br />

Par conséquent, nous devons chercher a être tolérants et conciliateurs dans l’intérêt de la<br />

reconstruction nationale, toujours dans l’esprit de la fraternité et de l’unité qui nous caractérise en<br />

tant qu’angolais et africains. C’est avec ce sentiment de tolérance et de réconciliation que le 11<br />

avril 1998 a été formé le Gouvernement d’Unité et de Réconciliation Nationale (GURN), où sont<br />

représentés tous les Partis Politiques qui siègent au Parlement issu des premières élections<br />

législatives réalisées dans le pays en septembre 1992.<br />

Considéré potentiellement comme un des plus riches pays du continent africain, l’Angola est<br />

actuellement le 2 ème producteur du pétrole dans la région sud saharienne après le Nigeria. Mais<br />

d’ici l’an 2001, selon les prévisions, elle pourra occuper la 1 ère position. Sa situation<br />

géographique lui permet d’exporter ce produit à bas prix vers les principaux marchés d’Amérique<br />

du Nord et de l’Europe.<br />

10


Malgré les vicissitudes de la guerre, le Gouvernement de Réconciliation et d’Unité Nationale<br />

(GURN), continue de fournir d’efforts considérables en vue de développer les secteurs<br />

économique et social dans le pays.<br />

Dans ce domaine, il a choisi une stratégie globale et consensuelle pour sortir le pays de la crise<br />

qu’il traverse ceci en vue d’atteindre la stabilité politico-militaire, économique et sociale qui<br />

permettra la relance des secteurs productifs. Une telle stratégie exige une certaine réorganisation<br />

de l’appareil de l’État pour rétablir des équilibres macro-économique, l’assainissement financier<br />

de caisses de l’État, l’accroissement d’offre de biens et services dans le domaine de la production<br />

nationale. Ceci ayant comme point de départ la réhabilitation des infrastructures productives et<br />

sociales de principales entreprises publiques fondée sur une politique cohérente d’alliances qui<br />

permet une plus grande intervention du secteur privé dans notre économie. Tout récemment le<br />

gouvernement a signé avec le Fonds Monétaire International (FMI) un accord pour la mise en<br />

place d’un programme moniteur d’ajustement structurel de l’économie programme supposé<br />

fondamental pour la récupération économique et le développement humain.<br />

Concernant les libertés d’opinion, de pensée et de presse, nous n’avons pas beaucoup à dire car,<br />

plus de cinq (5) journaux hebdomadaires privés sont en circulation en Angola et on observe une<br />

grande adhésion des citoyens dans des Associations Civiles. Bref, nous pouvons dire que la<br />

démocratie et le sens de la vie démocratique sont en pleine implantation de façon sûre et sans<br />

équivoque.<br />

Dans le domaine social, le gouvernement est en train de fournir des efforts pour récolter et puis<br />

offrir des conditions minimum de vie dans les centres urbains aux populations qui sont affectées<br />

par la guerre et réfugiées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, en construisant des maisons<br />

dans des nouveaux quartiers et en les faisant louer à bas prix.<br />

D’autre part, plusieurs écoles et hôpitaux avaient été construits dans des principaux centres<br />

urbains du pays, ce qui représente des investissements considérables faits dans la distribution de<br />

l’électricité et d’eau potable dans le pays et auquel il faut ajouter le coup d’envoi d’une vaste<br />

campagne de déminage dans tout le pays prévue dans les prochains jours ; ce qui va permettre les<br />

populations de développer l’agriculture.<br />

En ce qui concerne la situation politico-militaire dans le pays, le gouvernement angolais fait<br />

preuve d’initiatives qui visent le renforcement de l’autorité de l’État en vue d’assurer la sécurité<br />

nécessaire de population et la reprise des activités quotidiennes, en imposant la loi et l’ordre dans<br />

tout le territoire national, en éliminant la subversion armée, en garantissant le retour de la paix et<br />

la stabilité interne selon les conditions qui correspondent aux valeurs et intérêts nationaux,<br />

décourageant ainsi le terrorisme et le banditisme en même temps que des mesures de natures<br />

socio-économiques et d’intégration sont prises en faveur de tous ceux qu abandonnent leur<br />

comportement marginal et acceptent la voie du dialogue pacifique comme solution aux<br />

revendications politiques et sociales.<br />

Aujourd’hui la guerre est localisée dans des petites zones du territoire où les bandits ont peur de<br />

déclencher des actes terroristes pour massacrer des populations civiles et détruire des<br />

infrastructures économiques et sociales. Pour preuve, il est facile de noter la grande circulation<br />

des personnes et de biens dans tout le pays.<br />

Nous comprenons que beaucoup de nos compatriotes de la diaspora sont frustrés et incrédules<br />

face à l’avenir de notre pays. Mais moi, je ne peux que vous demander d’écarter ce sentiment car,<br />

11


le pays est en pleine croissance et très bientôt il sera pacifié. Pour cela, il aura besoin de l’aide de<br />

tous ses fils et filles pour sa reconstruction.<br />

D’une façon générale, ces réalisations démontrent les efforts que fournis le gouvernement dans la<br />

recherche du bien être général de son peuple. Et au cas où nous pourrions rencontrer la bonne<br />

compréhension de tous nos partenaires internationaux et la bonne volonté de nos concitoyens de<br />

la diaspora dans l’application de cette stratégie, nous aurons alors contribué à la création des<br />

meilleures conditions pour les générations actuelles et futures dans notre pays. Si cela peut être<br />

l’avis de nous tous ici présents, permettez-moi alors de prévoir et programmer un avenir<br />

prometteur pour les angolais.<br />

Comme je l’ai dit hier au cours de la cérémonie de l’inauguration de l’exposition d’objets d’arts<br />

et culture angolais et africain, nous devons faire de la culture un élément d’unité et de force entre<br />

les angolais pour la prospérité de notre pays.<br />

Aujourd’hui, je me permets de réaffirmer ici ce sentiment et en même temps rappeler le fait que<br />

beaucoup de nos compatriotes de la diaspora parlent d’autres langues telles que le français et<br />

l’anglais, ce qui ne doit pas faire d’eux d’être moins angolais que ceux qui parlent portugais. Bien<br />

au contraire car, toutes ces langues doivent être considérées comme un facteur d’enrichissement<br />

de la culture nationale angolaise.<br />

Chers compatriotes,<br />

Dans nos objectifs pour l’année 2001, nous avons prévu la création de la « Maison d’Angola » en<br />

Suisse, et j’espère compter avec l’appui et la collaboration de toute la communauté angolaise<br />

pour l’aboutissement de ce projet, à l’exemple de notre Ambassade, qui est la maison de tous les<br />

angolais en Suisse sans aucune distinction de race, culture, origine, religion. La<br />

« Maison d’Angola » sera un lieu de loisir, d’exaltation de toutes les valeurs culturelles de notre<br />

pays, lequel doit cultiver en nous un sentiment qui transforme tous les angolais en un seul peuple<br />

indivisible.<br />

En dépit de maintenir des rapports très étroits avec nos compatriotes de Suisse, dans le cadre des<br />

activités de l’Ambassade, nous irons dans les prochains jours entreprendre des contacts<br />

périodiques avec les Associations dans tous les cantons où elles fonctionnent.<br />

Certes, nous reconnaissons nos insuffisances au point de vue des aides que nous devrions vous<br />

apporter. Si nous ne le faisons pas, c’est tout simplement parce que les moyens financiers font<br />

défaut, malgré notre bonne volonté. Mais n’empêche, nous allons essayer d’écorcer d’autres<br />

genres d’appuis. Et les portes de l’Ambassade sont ouvertes à tous les angolais pour y aller poser<br />

leurs problèmes et nous chercherons toujours auprès des autorités Suisses, les solutions qu’il faut<br />

pour ceux qui ont des problèmes avec la justice Suisse.<br />

Dans ce cadre, nous avons déjà rendu visite à quelques uns de nos compatriotes qui sont en<br />

prison. Et nous voudrons profiter de cette occasion pour rappeler à tous de faire preuve d’un<br />

comportement ordonné, respecté et respectable vis-à-vis de ce pays (Suisse) afin d’éviter des<br />

problèmes et de faire honneur à l’Angola, notre pays.<br />

Illustres invités et chers compatriotes,<br />

Permettez-moi de terminer mon intervention en lançant un appel à la conscience de tous les<br />

angolais de bonne volonté ici présents et même à ceux qui n’ont pas pu se déplacer, jusqu’ici<br />

12


pour maintenir un esprit d’unité et de solidarité afin d'appuyer les efforts du gouvernement dans<br />

la recherche d’une Paix définitive et de la reconstruction nationale.<br />

Tous unis, nous ferons de l’Angola un Pays meilleur.<br />

Vive le 11 novembre et le 25 ème anniversaire de l’indépendance de l’Angola.<br />

Je vous remercie !<br />

Mot de remerciement du Président de l'Association des Angolais en Suisse<br />

prononcé à l'occasion de la célébration<br />

du 25 ème anniversaire de l'Indépendance de la République de l'Angola<br />

( le11 novembre 2000 à l'hotel Royal Manotel - Genève.)<br />

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,<br />

Distingués invités,<br />

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs,<br />

Très Chers Compatriotes,<br />

Qu’il nous soit permis au nom de toute la communauté angolaise de Suisse, à celui du comité<br />

Exécutif ainsi qu’au notre propre, de remercier son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la<br />

République de l’Angola prés de la Confédération Helvétique qui a daigné parrainer les présentes<br />

festivités.<br />

Excellence Monsieur l’Ambassadeur votre désignation à la tête de la chancellerie angolaise (de<br />

Suisse) constitue pour les Associations angolaises de Suisse un motif de fierté en ce sens qu’elle<br />

répond à nos nombreuses sollicitations formulées à l’endroit du Gouvernement de notre pays.<br />

Aussi, vous prions nous d’être notre interprète auprès de son Excellence Monsieur le Ministre<br />

des Affaires Etrangères en vue de lui faire-part de notre reconnaissance.<br />

Excellence Monsieur l’Ambassadeur, soyez le bienvenu sur le sol helvétique. La grande famille<br />

angolaise de Suisse vous souhaite, par mon entremise, un fructueux mandat en qualité de 1er<br />

Diplomate angolais accrédité auprès de la Confédération Suisse et vous promet sa franche et<br />

sincère collaboration dans l’esprit du respect mutuel des nos convictions respectives.<br />

Nos sentiments de gratitude s’adressent également à :<br />

- notre aîné Monsieur Nobres Dias, Coordinateur de l’Association des Angolais Résident en<br />

Suisse.<br />

- vous toutes et vous tous qui avez accepté de rehausser de votre présence à la présente<br />

manifestation.<br />

- tous les Membres de l’Orchestre qui s’apprêtent à agrémenter la soirée.<br />

- tout le personnel de l’Hôtel Royal pour sa disponibilité ainsi que sa serviabilité.<br />

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,<br />

Distingués invites,<br />

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs,<br />

Très Chers Compatriotes,<br />

Nous ne pouvons clore ce petit mot de remerciements sans avoir au préalable une pensée pieuse à<br />

l’endroit de tous les martyrs de notre indépendance, tous les compatriotes ayant succombé dans<br />

notre pays pour permettre au peuple angolais de jouir pleinement de son indépendance.<br />

13


Puisse Dieu de nos Ancêtres remplir de sa grâce tous les leaders politiques de notre pays, qu’ils<br />

soient de gauche ou de droite, pour qu’ils puissent ensemble rechercher la voie du dialogue, de la<br />

paix et de la concorde. Les Associations Angolaises de Suisse ne ménageront aucun effort afin<br />

de les aider dans cette voie obligée devant finalement aboutir à la réconciliation nationale.<br />

L’occasion nous paraît propice de proclamer haut et fort la neutralité, l’apolitisme, ainsi que<br />

l’ouverture à toutes les sensibilités politiques que prônent les deux Associations Angolaises de<br />

Suisse. Notre principal objectif demeure celui de concourir à ramener au milieu du village tous<br />

les principaux protagonistes au conflit angolais datant d’un quart de siècle.<br />

C’est sur cette note d’espoir que nous terminerons notre propos du jour pas avant d’avoir réitéré<br />

nos vifs et chaleureux remerciements à son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la<br />

République de l’Angola, à notre aîné, le Coordinateur de l’Association des Angolais Résident<br />

en Suisse, au Comité Exécutif de l’Association des Angolais en Suisse, à tous nos Invités, à la<br />

Communauté Angolaise de Suisse réunie dans ce somptueux cadre de l’hôtel Royal Manotel,<br />

aux Musiciens ainsi qu’au Personnel chargé de nous divertir ce soir.<br />

Bonne fête à toutes et à tous.<br />

Je vous remercie. Buanga Pedro A. Kiaku Kiaku Mamona M’Bua, Président.<br />

11 de novembre 2000 – Genebra, Palavras de introdução pelo o Senhor Nobre P. Dias<br />

Peço aos presentes um minuto de silêncio por todos àqueles que tombaram nas guerras de<br />

ocupação, colonial e civil em Angola !…<br />

Muito obrigado !<br />

Sua Excelência Senhor Embaixador da Republica de Angola<br />

Prezados compatriotas,<br />

Honorados convidados,<br />

Minhas senhoras e meus senhores,<br />

A comunidade Angolana, concedeu-me o privilégio de proceder a abertura da segunda fase das<br />

festividades do 25° Aniversário da indepência Nacional.<br />

Serei, realmente muito breve, porque dos acontecimentos vividos no país, tinha de ocupar um<br />

tempo que, concerteza, vos provocaria un certo tédio.<br />

Angola – NGOLA, nome dos seus Reis, viveu de 1482 à 1975, portanto, 493 anos sob a<br />

dominação portuguesa. É uma longa história de gerações !<br />

Minhas Senhoras, meus Senhores<br />

Os angolanos residentes na Suiça, ansearam sempre serem representados por autoridades do seu<br />

país ; hoje temos o grande previlégio de constatar realizado esse sonho.<br />

Senhor Embaixador, Dr. João Filipe Martins,<br />

14


A comunidade Angolana na Suiça, com júbilo, vem respeitosamente apresentar-lhe as boas<br />

vindas com um particular pormenor de ser V. Excia o primeiro Embaixador da República de<br />

Angola na Suiça.<br />

É certo que alguns anos atrás tivemos representantes da Nação Angolana em Missão junto das<br />

Nações Unidas. Queremos afirmar que, dos precedents, o Senhor Ministro Conselheiro,<br />

Leovigildo da Costa e Silva, procurou agregar toda a Comunidade.<br />

Estamos certos de que com a longa experiência de V. Excia, serviços prestados à Nação e com<br />

poderes mais latos, em franca colaboração obter-se-à realizações pelo bem estar dos angolanos<br />

neste país. Bem haja a Vossa presença.<br />

Neste hora importantíssima da nossa terra, gostaria solenemente dirigir-me à todos angolanos da<br />

necessidade imperiosa da nossa unidade.<br />

De Cabinda ao Cunene, da ponto da Ilha de Luanda ao extremo da Lunda, somos todos filhos do<br />

vasto País/Angola. Unidos, seremos para sempre fortes ! Interesses alheios contribuem por vezes<br />

para a nossa divisão.<br />

Há uma frase em Kimbundu que diz : Mukuenu he u kulonga uoua cie kioua ! que se traduz : « se<br />

alguêm lhe ensina uma tolice é você que é tolo. » Num lume para uma panela ferver, é preciso<br />

que a lenha esteja junta. Separada, o fogo apaga-se e a panela não ferve.<br />

Unirmo-nos, é imperativo para a nossa sobrevivência e progresso. A Nação deve estar no centro<br />

das nossas preocupações. As ideas devem convergir ao ideal que é a Nação.<br />

Durão Barroso, adversãrio accérrimo do partido no Governo Português – Orcamento.<br />

“explicação”<br />

Marco Aurélio dizia : Nasci em Roma mas sou cidão do Mundo.<br />

Angolanos, sejamos cidãos do Mundo numa Angola Unida.<br />

Journées culturelles sur l'Angola<br />

Ensaios<br />

Toda a Arte é resulante de percursos intimamente ligados à vida do Homem e dos seus<br />

comportamentos.<br />

Mais velha que a própria História ela revela-nos. É a cosmovisão mais eloquente do estado<br />

evolutivo dos povos. Qualquer povo. Isto não é so relevante em África.<br />

A ARTE é assim um elo privilegiado para a reflexão estética do conhecimento do outro – que<br />

somos nós próprios – como lugar de ensaio e exercício continuo de introspecção.<br />

Sendo por outro lado, e neste caso concreto, a velha África o berço-Mátria comun da<br />

Humanidade, ela é consequentemente, o espaço frontal por excelência, para a pesquisa ainda<br />

inacabada da emergência hominal e das suas manifestações pioneiras.<br />

15


Toda a Arte tradicional africana entronca num “Princípio Vital” ou força telúrica … Centraçãodescentração<br />

das forças elementais da Natureza.<br />

O culto da formas que em algumas peças de escultura atingem níveis de estilização<br />

verdadeiramente notáveis (quer do ponto de vista da sua execução oficinal, quer do seu conteúdo<br />

mítico e religioso), - veja-se por exemplo o mobiliário Tchokwé, a escultura maconde, o tocador<br />

de flauta do antigo Benin … São autênticos documentos mitográficos. Nem sempre de fácil<br />

leitura. A sua desmontagem e interpretação passa necessariamente pelo estudo de códigos<br />

próprios com categorias especificas relacionadas com os muitos objectos e máscaras decifradoras<br />

da condição original da Humanidade, suas ocupações, recreios, lamentações…<br />

Através do longo percurso da Arte que vem desde as civilizações ágrafas de antanho, de tradição<br />

oral, aos ditos « primitivos actuais », às civilizações que utilizaram as mais várias formas de<br />

escrita e representação, há parametros de uma herança cultural muito complexa, de matriz muito<br />

diversa e ao mesmo tempo de motivações coincidentes.<br />

Sincretismo que quer dizer co-ligação é afinal um processo dinâmico imparável de ENCONTRO<br />

DE CULTURAS, RELIGIÕES e/ou CRENCAS diversa proveniência. O conceito alargou-se no<br />

tempo e no espaço, por justa posição, composição ou fusão de doutrinas, de ritos, de símbolos,<br />

etc.<br />

Passando embora (Já) por muitos conflitos, os etnodramas vivenciados em várias movimentações<br />

das sociedades rurais, urbanas ou mistas da África e do Mondo, têm nessa mesma génese de<br />

confrontações e sofrimento, ditado o esboço de diálogo das suas inquietações, talvez mesmo o<br />

« DISCURSO DO MÉTODO FILOSOFICO » que há-de materializar o crescimento futuro da sua<br />

/ nossa Humanidade.<br />

Sentimos e pressentimos a emergência e a necessidade de novos modelos. A crise dos paradigmas<br />

coexistentes no Planeta.<br />

Envolve-nos uma malha de registos e relações socias muito tensas : Factores endógenos –<br />

factores exógenos. Não há mais lugar para as sociedades fechadas. É todavia a HERANCA<br />

CULTURAL legada pelos ancestrais que permanece de certo modo inalterável e nos fornece ainda<br />

os instrumentos do velho conhecimento :<br />

- A AVÓ NEGRA da cultura Banto, fundadora das genealogias, ergue-se ainda do coração de<br />

África, metaforicamente, para re-afirmar a sua condição legitimada de MÃE UNIVERSAL.<br />

Por isso o Mundo hoje, ou pelo menos uma grande parte dele ; Ocidental ou trans-continental faz<br />

a colheita de usos, tradições, música, ritos, sons, coreografias, produções e produtos de Arte,<br />

peças artesanais num esforço de análise e de sintese das linguagens multiculturais.<br />

A par disso, temos a ferramenta da comunicação audio-visual. A máquina é a extensão do<br />

Homem nesta Aldeia Global como o disse Mack Luhan. As altas tecnologias e o olho do<br />

computador fazem prospecções e visualizam na Ordem Cósmica a arquitectura mais íntima da<br />

Matéria, quer se trate de Microcosmo ou Macrocosmo. A revelação da geometria dos fractais e a<br />

reconversão das codificações cromáticas e formais da “Ordem”, podem ler-se no “Caos”, na<br />

“Desordem”.<br />

16


Temos já a antevisão comovedora e/ou trágica do destino do Homem, que se torna, (oh<br />

paradoxo!) cada vez mais íntimo e/ou mais afastado da Natureza? A ecologia progride!? Que<br />

futuro para a genética!?<br />

Afinal o problema do Homem continuará a ser o próprio Homem. Ele terá de ser atento, sensível<br />

e aberto à evolução quotidiana do nosso Mundo, à humanização da Ciência e ao resgate da sua<br />

própria (in)-consciência.<br />

Se há mentalidade no SER-HOMEM – toda a mentalidade é composta por elementos<br />

complementares…<br />

Se o desenvolvimento total dos seus atributos, das suas várias inteligências, da ALMA e do<br />

CORPO passam pela Harmonia e pela sua elevação espiritual – o Mito e o Racional sempre<br />

coexistiram um em relação ao outro, sem anterioridade. Valorizemos e desenvolvamos os dois<br />

hemisférios do mesmo universo.<br />

Na realidade o Mundo africano de hoje é muito mais ecléctico, quer queiramos, quer não. Já não<br />

é só empirico, já não é apenas o mundo dos antepassados com o seu imaginário mítico e<br />

envolvente. Mas é também isso que o legitima para ser futuro agora.<br />

Leopold S. Senghor disse com a razão e com o afecto que Portugal era uma Pais mulato !<br />

Culturalmente, biologicamente ?! Naturalmente no sentido lato da miscigenação, pela sua matriz<br />

plural e étnica que enriqueceu ainda mais com a diáspora.<br />

Nativo do Continente Africano, L.S. Senghor disse também, no tempo em que introduziu o<br />

conceito de « Negritude » ou « Africanidade » conjuntamente com Aimé Césaire e Léon Damas :<br />

- « ÁFRICA É RITMO COMO A RAZÃO É HELÉNICA ». Mais recentemente afirmou que aquele<br />

Continente, o seu Continente de Cidadão do Mundo, continua sendo mais MITICO que<br />

REFLEXIVO !… « Se a RAZÃO europeia é ANALITICA, a RAZÃO africana é INTUITIVA por<br />

participação »…<br />

Tenho, para mim, porém, que já tudo se aproximou mais de tudo. Esbateram-se froteiras<br />

ideológicas e políticas, alguns radicalismos redutores. Apesar de tudo, já está em curso um<br />

processo de permutas e recíprocidades, mais humano !?<br />

Constatamos a priori muitos aspectos do « SER AFRICANO » que nos re-aproximam do antigo<br />

pensamento pitagórico :- na música, no número, nas cosmogonias da multiplicação, nas<br />

representações da puisação da matéria, no respeito pelos simbolos, pelas mitologias do sagrado e<br />

do profano e pelo reconhecimento da Alma do Mundo.<br />

Podemos ainda constatar, na Arte dos africanos e/ou dos seus descendentes que guardam a<br />

matriz, a dimensão ética, terapêutica, mágica, oblativa, propiciadora e lúdica : social e/ou<br />

pedagógica que constituem a finalidade interna que toda a ARTE busca e aspira.<br />

O exercício do guerreiro é a luta. Luta no sentido de ascese. Na dimensão escatológica não há<br />

tréguas. Há etapas. Temos de estar vigilantes.<br />

Fruir a ARTE nos espaço plural da LUSOFONIA é dialogar directamente com os artistas de<br />

diversa e qualquer proveniência e que desse espaço fazem parte integrante. Não é preciso estar<br />

fisicamente presente. O Artista está directamente projectado no suporte auto-grafado pela sua<br />

17


ARTE. Tudo é o mesmo. Diferenças e analogias fazem o todo num Universo diverso, eloquente<br />

de complementaridades expressivas ?! Eleutério Sanches<br />

En aparté avec l'artiste-peintre angolais :Prof. Eleuterio Rodrigues de Sá e Sanches<br />

< Très jeune, j’ai toujours eu une passion pour le dessin. Enfant donc, je dessinais sur le sable, à<br />

la plage. A la maison, je ne faisais que des dessins et mes parents ont compris que ce sera ma<br />

vocation. A l’école primaire et au lycée, mon professeur de géographie, M. Cybron, m’a<br />

recommandé de faire les beaux-arts. Déjà à cette époque-là, je participais aux Expositions<br />

scolaires et recevait des Prix de dessins. Je me rappelle encore des encouragements de mes deux<br />

compatriotes Henrique Lopes Guerra et Rodolfo Texeira. D’autant plus que mes dessins étaient<br />

souvent inspirés du paysage urbain de Luanda. Je décrivais la vie des gens dans les<br />

quartiers(muçèques), le vécu quotidien. Ma première exposition en tant qu’artiste-peintre a eu<br />

lieu au Palais du Commerce (l’actuel Ministère des Affaires Etrangères). Devant un public<br />

nombreux venu visiter l’exposition des jeunes artistes angolais de Luanda. J’ai noté que les gens<br />

restaient admiratifs devant mes oeuvres d’art. De même que certains de mes professeurs qui se<br />

trouvaient là et s’intérressaient à mon travail. Je venais à peine de me marier et il fallait bien<br />

entendu subvenir aux besoins de mon jeune foyer. Passionné aussi de musique, je me suis orienté<br />

vers ce domaine-là. J’avoue que la musique est aussi ma vraie passion. Je chantais dans divers<br />

groupes de mes amis musiciens. J’ai même accompagné le groupe «Ngola-Ritmos». Nous<br />

chantions en kimbundu et en créole portugais. C’est ainsi que j’ai effectué des tournées<br />

musicales dans presque toutes les provinces de notre pays. Le «Ngola Ritmo» est un groupe<br />

historique qui interprétait la vie des gens , la souffrance et contestait la présence et la pratique<br />

coloniale portugaises en Angola. Nous avons joué un peu partout. Après toutes ces tournées, j’ai<br />

profité de ces cachets pour économiser un peu d’argent afin de poursuivre mes études. Je suis<br />

allé étudier à l’école des Beaux-Arts de Lisbonne, au Portugal. Je signale en passant qu’en<br />

Angola, il n’existait que deux écoles secondaires des beaux-arts à Luanda et à Lubango. Inscrit à<br />

la faculté de Lisbonne, je réalisais ainsi mon rêve. La passion de la musique ne m’a pas quitté<br />

pour autant. Je jouais avec des copains de temps à autres. J’ai hérité de cette passion de mon<br />

père. Ce dernier m’a transmis ce don musical car, lui-même jouait de la guitare.<br />

Pour moi, musique et art ne font qu’un. Ecorché vif, doté d’une hypersensibilité naturelle, je<br />

ressens les choses et les couleurs de façon extraordinaire. Je suis un Poète. La couleur est une<br />

vibration pour moi. Il existe en somme une dualité entre peinture et musique. Ce qui me permet<br />

de mieux interpréter un dessin. C’est très important pour un artiste. Le support abstrait est aussi<br />

important dans la peinture. Le jeu des couleurs et la lumière sont d’une beauté captivante qui<br />

valorise un tableau. Je suis le poète sensible qui contemple la nature d’un oeil admiratif. Et<br />

j’arrive à mieux les exprimer sur un dessin ou sur un tableau. J’aime la figurine, cette expression<br />

figurative. Toutes mes oeuvres sont liées aux êtres vivants (humains, y compris les animaux). Il<br />

fut un temps où je n’ai pu utiliser les couleurs. Une expérience unique et une dynamique<br />

impressionnante que j’ai réalisées en dessins. Reprenant la couleur, tout est redevenu vie,<br />

magique. C’est le mystère de la peinture. A partir d’une concentration, je suis arrivé à relier<br />

couleur et lumière. Donner la vie à un tableau. Un développement interprétatif qui va de la<br />

figuration à l’art abstrait. La célébration de la matière. Une vision intérieure de cette matière<br />

que je veux faire partager. Ma poésie est liée à la peinture comme à la musique. Les deux pour<br />

moi resteront inséparables.<br />

A partir de la poésie, j’utilise la beauté des mots et fais une réflexion esthétique. Mon recueil de<br />

poésie est traduit en français. Je parle de tout cela là-dedans. ><br />

(Propos recueillis par Alfonso Sadi, avec l’aimable collaboration pour la traduction de M.<br />

Joseph Mputu N’Dongala, conseiller de Presse de l'Ambassade de l'Angola en Suisse ).<br />

<strong>18</strong>


Musique : TONITO, un chanteur de charme des années soixantes à Luanda...<br />

Il fut l’un des meilleurs chanteurs avec d’autres, à Luanda, singulièrement aux côtés des artistes<br />

mythiques tels que «Liceu», ou du groupe «Ngola-Ritmos». C’est dire que c’est vraiment un<br />

rescapé de cette époque-là. De Kinaxixi aux Ingombotas, en passant par Sambizanga, sur la<br />

route de Cuca, là où le «batouque», le «kissange», ou «ngoma», les instruments traditionnels<br />

angolais résonnaient jusqu’à la hauteur des monts Mayanga. Les jeunes luandais se ravissaient<br />

de réentendre cette musique authentique chantée dans la langue locale de kimbundu, se<br />

trémoussant à danser le «kazukuta» dans les bals populaires, Tonito savait y ajouter du<br />

piment(Jindungu)! Ils se retrouvaient pour faire la fête. Les jeunes filles étaient belles comme<br />

aujourd’hui encore, et les garçons toujours les meilleurs pour les épater. Tonito réside<br />

actuellement à Lisbonne, au Portugal. Invité d’honneur pour la fête de l’indépendance, organisée<br />

par la nouvelle Ambassade de l’Angola en Suisse, Tonito s’est déplacé, au grand plaisir des<br />

nostalgiques de la vieille musique angolaise authentique. Il était donc présent dans la grande<br />

salle du Centre oecuménique de Genève, lors de la première journée culturelle sur l’Angola.<br />

Accompagné par un groupe musical des Angolais de Lisbonne, et de son ami Eleutero Sanches,<br />

Tonito a démontré qu’à soixante ans sonnante, il n’a rien perdu de sa voix, de son style, encore<br />

moins de son charme. La performance du groupe fut remarquable. Je ne pouvais pas laisser<br />

passer ce grand artiste que je ne connaissais pas mais, dont j’entendais les chansons à la radio.<br />

Rencontre avec le chanteur.<br />

Interview<br />

N’Gola : Beaucoup de gens dans la salle connaissent vos chansons mais, ils ne vous<br />

connaissent pas. Comment expliquez-vous cela ?<br />

Tonito : Parce que tout simplement mon activité s’est limitée dans l’espace domestique! Je<br />

m’explique. Vous savez, je fais de la musique depuis fort longtemps. Ma carrière, elle, n’a<br />

réellement débuté que le jour où certaines opportunités se sont présentées pour l’enregistrement<br />

de mes chansons dans les années soixante. A l’époque, ce n’était pas évident d’enregistrer un<br />

vinyl. Il n’existait pour ainsi dire aucun studio d’enregistrement. Mise à part la radio. Nous<br />

représentions à l’époque un courant culturel et musical pour défendre notre droit d’existence, le<br />

droit d’existence de la musique angolaise. Croyez-moi, nous avons remué ciel et terre pour nous<br />

faire entendre sur le plan international. Je considère que la musique peut aussi être une forme de<br />

lutte de résistance culturelle. Je ne dissocie point la musique et mon engagement pour la lutte de<br />

l’indépendance de notre pays. Durant l’époque coloniale, faire de la musique relevait du parcours<br />

du combattant tant les instruments étaient rares et qu’il fallait les louer. Avoir une guitare, un<br />

amplificateur, une batterie ou un saxophone, était un luxe pour les musiciens que nous étions.<br />

Alors, on se débrouillait pour les avoir. Et quand on les avait, on faisait la fête dans une ambiance<br />

fantastique.<br />

N’Gola : Comment se présente la situation de la musique angolaise actuelle ?<br />

Tonito : Elle n’a que peu bougée au pays. Je peux dire ça n’a pas changé. Il y a toujours les<br />

problèmes d’instruments, de studios d’enregistrements, de financements des artistes. En gros, le<br />

manque d’infrastructures adéquates. Il faut que le musicien soit reconnu comme un travailleur<br />

comme les autres. En Europe, les artistes vivent de leur musique. Ce n’est pas encore le cas en<br />

Afrique, surtout pas encore en Angola. Le gouvernement devrait encadrer nos jeunes artistes. Il y<br />

en a des très bons. Je mène un combat pour réhabiliter la musique angolaise. Pour cela, notre<br />

musique devrait être étudier dans les écoles. La création d’une académie de musique sera une<br />

bonne chose. Il faut que les jeunes artistes recourent à l’éthno-musical. Comme ce fut notre cas à<br />

une époque. Les musiciens d’aujourd’hui doivent enrichir notre patrimoine culturel sur ce<br />

domaine en le modernisant. J’ai une admiration pour tous les musiciens sans exception. Il nous<br />

faut encore des musiciens comme Carlito, Lamartine, Carlos Sanches, Carlos Burutti, Lourdes,<br />

Kituxi, etc.<br />

19


N’Gola : Vous aimez aussi la musique portugaise ?<br />

Tonito : Certainement. J’ai été particulièrement séduit par un artiste-musicien portugais qui<br />

s’appelle Carlos Peredes. Je trouve qu’il est bon et plein de talents. De toutes les façons, la<br />

musique est universelle. Les influences peuvent être variées. Notre musique n’échappera pas. Y<br />

compris les influences portugaises. Mon souci actuel c’est de redonner vie, une pulsation à un<br />

nouveau courant que j’appelle «la renaissance de la musique angolaise».<br />

(Propos recueillis par Alfonso Sadi)<br />

Activités de l'Association<br />

Jeunesse angolaise, espoir de demain<br />

Au moment où l’impasse persiste dans la résolution du conflit angolais, au moment où le bout<br />

du tunnel est loin d’être perçu par le peuple, au moment où la guerre continue à faire des victimes<br />

au sein de nos populations, particulièrement parmi les jeunes, au moment où les antagonistes<br />

continuent de croire qu’ils trouveront une solution par la voie des armes et que les paramètres<br />

macro-économiques sont au rouge, des pistes des solutions internes mais, efficaces doivent être<br />

mises à contribution aux fins d’extirper à jamais ce mal du siècle.<br />

L’Angola moribond attend désespérément l’intervention musclée d’un médecin - pacifiste sur<br />

son chevet de malade. Cet oiseau rare sur qui tous les espoirs sont fondés et les regards rivés<br />

n’est autre que la jeunesse angolaise.<br />

La jeunesse angolaise, espoir de tout un peuple actuellement en proie au déchirement se trouve<br />

dans une très mauvaise posture. Elle est muselée et marginalisée par la classe politique angolaise<br />

obstinée a l’idée d’imposer sa vision et son règne par la force, foulant ainsi aux pieds les<br />

aspirations de nos populations. Contre son gré, elle est mise hors jeu du processus devant<br />

impérativement déboucher sur la pacification de tout le territoire national.<br />

Aux yeux des non-avertis, la jeunesse angolaise apparaît comme inactive, indifférente voire<br />

complice de principaux prédateurs à la misère du peuple angolais. Son silence, son inertie et aussi<br />

son action sur le terrain ne sont pas de nature à consoler tant soit peu le peuple angolais.<br />

Le dynamisme de notre jeunesse s’amenuise au fil des jours. Elle n’arrête pas de subir les affres<br />

de là guerre que sont : l’analphabétisme, la délinquance juvénile, la prostitution, le chômage, la<br />

famine , la maladie, l’exil etc…. A ce jour, l’Angola détient le record mondial d’illettrés. Pour<br />

échapper au cercle infernal qu’engendrent tous les maux décriés ci-haut, les jeunes angolais n’ont<br />

pas d’autre choix que de garantir à tout prix leur survie. Certains sont obligés de s’adonner à la<br />

debrouillardise, au petit commerce aux actes de brigandage et à la drogue. Ils passent le clair de<br />

leur temps à organiser des hod up, des enlèvements. Ils créent de l’insécurité sur toute l’étendue<br />

du pays.<br />

On assiste, par conséquent, à la recrudescence de la violence due essentiellement aux actes de<br />

vandalisme perpétrés par la population juvénile.<br />

Plusieurs autres jeunes angolais sont manu militari enrôlés par les forces combattantes en<br />

présence, en vue de servir des chairs à canons. Ils périssent ainsi par milliers gonflant, par là -<br />

même, le taux de mortalité infantile. Ceux qui rentrent du front indemnes sont mutilés, estropiés,<br />

invalides pour tout le reste de leur vie. Ils sont dressés contre les populations civiles qu’ils<br />

dépouillent de leurs biens. Ils sèment la terreur sur leur passage. A cause d’eux beaucoup de<br />

20


compatriotes ont dû quitter le pays après avoir subi des exactions et tortures. Ils croient servir la<br />

patrie, alors qu’ils sont à la solde des individus défendant becs et ongles leurs propres intérêts.<br />

De façon générale, un discrédit est jeté sur la jeunesse angolaise par les leaders politiques. Les<br />

jeunes qui servent sous les drapeaux de deux antagonistes angolais apparaissent aux yeux de leurs<br />

aînés de la population civile comme des bourreaux qui causent la désolation, la terreur et surtout,<br />

la mort. Ils sont à la base du statu quo politique actuel. Il en est de même de la jeunesse civile à<br />

qui est attribuée bon nombre de maux, notamment : le viol, le vol, le meurtre, le sabotage les<br />

pillages, les enlèvements etc.…… A cause d’elle, les habitants des principales villes du pays<br />

vivent dans une psychose indescriptible. La loi du Talion demeure le mode de règlement des<br />

conflits. On se croirait dans une jungle où, l’état n’aurait pas de rôle précis à jouer. Quant à la<br />

jeunesse, elle constitue ni plus ni moins l’opprobre du peuple angolais.<br />

A côte de la jeunesse angolaise demeurée au pays se trouve celle qui vit en exil : aux alentours du<br />

pays (surtout au Congo Kinshasa, au Congo Brazzaville ), en Europe, en Amérique, dans une<br />

moindre mesure, en Asie et en Océanie. Cette frange de la jeunesse n’est nullement épargnée par<br />

les tumultes et les inconvénients de l’acculturation ou du métissage culturel. Malgré les<br />

restrictions de l’intégration auxquelles ils sont soumis en Occident, plusieurs jeunes angolais non<br />

- formés depuis le pays font piètre figure. Une infime minorité se livre à la criminalité. Toutefois,<br />

la majeure partie de la jeunesse de la diaspora fait un apprentissage sérieux du système politique<br />

européen ou américain. Son apport dans le revirement ou le changement du mode de l’exercice<br />

du pouvoir en Angola sera très déterminant.<br />

Il est certain que la conjonction des deux jeunesses angolaises décrites supra ne se fera pas sans<br />

heurts, étant donné les disparités dont elles recèlent. L’importance reste, cependant, que la<br />

jeunesse angolaise dans son intégralité récupère sa place au sein de la société. Elle a tout intérêt à<br />

sortir de sa torpeur, à se réveiller afin de prendre à bras - le corps le destin de son pays. La<br />

situation conflictuelle que vit actuellement l’Angola découle du fait que sa jeunesse s’est<br />

délibérément démarquée du processus politique. Elle doit prendre conscience de l’immensité<br />

ainsi que de la complexité de la tâche qui l’attend pour sortir le pays de l’impasse.<br />

En vue de relever ce défi de la jeunesse, les parents sont invités instamment à la sensibilisation de<br />

la population juvénile dans le cadre restreint de la famille. Les adultes constituent<br />

malheureusement une génération sacrifiée. Il appartient aux jeunes, supposés politiquement<br />

vierges, à redorer le blason longtemps terni de l’Angola. La jeunesse n’a donc droit ni à l’erreur<br />

ni au désespoir. L’avenir de toute une nation dépend de ce qu’elle fera maintenant et tout de suite.<br />

Elle devra tailler son chemin sur le roc, s’il le faut dans le dessein d’espérer un avenir radieux.<br />

C’est elle qui devra aussi négocier le virage devant déboucher sur l’accalmie, la réconciliation<br />

nationale, la paix et le développement de l’Angola.<br />

Au regard de tout ce qui précède, nous croyons que l’état angolais ne peut être en reste dans cette<br />

démarche de sensibilisation et de responsabilisation de la jeunesse. Ne dit - on pas que les<br />

hommes passent mais les institutions demeurent ? Tout doit être mis en œuvre pour garantir la<br />

survie de la Nation angolaise.<br />

C’est dans ce contexte que l’Association des Angolais en suisse envisage organiser des visites<br />

guidées des jeunes angolais résidant en Suisse à travers l’Europe, d’abord et en Angola, ensuite<br />

ce en collaboration avec les Associations angolaises d’Europe et la chancellerie angolaise de<br />

Suisse. L’objectif visé dans cet ambitieux projet est de permettre à nos enfants nés ou grandis en<br />

dehors du pays de palper du doigt les réalités Angolaises, une façon pour nous de les aider à<br />

prendre d’orès et déjà conscience de ce qui les attend demain… BUANGA P. ALVES<br />

21


Une première dans les annales de la démocratie angolaise en Suisse<br />

Une nouvelle ère profile à l’horizon en ce qui concerne les relations entre la chancellerie<br />

angolaise de Suisse et la direction de l’Association des Angolais en Suisse. Comme tout le monde<br />

le sait, un ambassadeur vient pour la première fois d’être officiellement accrédité auprès de la<br />

Confédération Helvétique. Il s’agit de son Excellence Monsieur Joâo Filipe Martins. Pour ce<br />

faire, au nom de l’ensemble de la communauté angolaise de Suisse, de celui du staff dirigeant de<br />

notre association et du notre propre, nous tenons à souhaiter à son Excellence la bienvenue sur le<br />

sol suisse et surtout, un fructueux mandat à la tête de la diplomatie angolaise en Suisse.<br />

Il est certain que la venue d’un Ambassadeur en Suisse soulève des opinions aussi divergentes<br />

que controversées au sein des Membres de l’Association des Angolais en Suisse. On ne cesse de<br />

s’interroger sur la mission principale dévolue à cet homme d’Etat par le régime en place en<br />

Angola. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de diligenter un représentant du<br />

Gouvernement en Suisse ? Quelle est la motivation profonde qui aura incité le chef de l’Etat José<br />

Eduardo do Santos à jeter son dévolu sur la personne de Monsieur Joâo Filipe Martins plutôt que<br />

sur une autre ? Le nouveau diplomate angolais, quelle attitude adoptera-il face au désir insatiable<br />

des services helvétiques chargés de l’asile de débouter le plus grand nombre possible d’angolais<br />

du territoire suisse ? Quelle garantie Monsieur l’Ambassadeur peut-il donner à ses compatriotes<br />

de Suisse concernant leur liberté d’opinions ainsi que leur indépendance d’esprit ? Pour qui va-til<br />

réellement rouler : le Gouvernement angolais (c’est-à-dire le MPLA de qui, il tient sa<br />

légitimité) ou le peuple angolais dans sa diversité ?<br />

Il paraît prématuré de répondre à toutes ces questions et à bien d’autres encore que se posent les<br />

sans voix angolais exilés en Suisse. Qu’à cela ne tienne, l’avertissement vaut son pesant d’or et<br />

Monsieur l’Ambassadeur n’est pas né de la dernière pluie, sinon on ne l’aurait pas choisi de<br />

représenter le peuple meurtri d’Angola auprès de la Confédération Helvétique. Il est sûrement<br />

conscient de la dimension ainsi que de la complexité de la tâche qui l’attend ici en Suisse. La<br />

communauté angolaise de Suisse sera le miroir à travers lequel, il pourrait se miroiter afin<br />

d’évaluer le chemin qu’il aura parcouru dans ses prérogatives futures. Ce ne sont pas de cerveaux<br />

qui manquent dans le camp de ses compatriotes de la Suisse, nonobstant leur appartenance à<br />

différentes sensibilités politiques. Le MPLA ne peut être perçu comme une panacée universelle<br />

détenant, seul, la vérité. Ce parti a fait ses preuves bon an mal an dans la direction des affaires en<br />

Angola. Mais il recèle incontestablement des faiblesses susceptibles d’être corrigées à l’aide du<br />

concours d’autres tendances politiques, singulièrement celui indispensable de son éternel rival<br />

l’UNITA.<br />

« Le nouvel émissaire du Gouvernement angolais en Suisse entend galvaniser la communauté<br />

angolaise de Suisse, telle est la justification de sa mainmise dans l’organisation de la<br />

commémoration du 25ème anniversaire de l’indépendance de la République de l’Angola. »<br />

Ainsi, parlent les sans voix angolais de la Suisse.<br />

Pourvu que les bonnes intentions du début de son Excellence ne soient pas une mascarade pour<br />

inventorier les opposants au régime de Luanda, en vue de leur « élimination » progressive du<br />

territoire helvétique. L’heure est, néanmoins, à l’optimisme auprès du Comité Exécutif de<br />

l’Association des Angolais en Suisse qui tient à entretenir des relations cordiales avec la<br />

chancellerie angolaise, ce, dans l’intérêt bien compris de l’intégralité de la communauté angolaise<br />

sous sa direction… Pleins succès dans vos nouvelles fonctions Excellence Monsieur<br />

l’Ambassadeur et, nos sincères félicitations pour votre brillante nomination !<br />

NANIFUTAZO EDUARDO, SECRETAIRE - GENERAL<br />

22


Chassée-croisée du Comité Exécutif de l'AAS auprès des Sections<br />

Depuis qu’il est aux commandes de l’Association des Angolais en Suisse, le Comité Exécutif de<br />

notre association dirigé des mains de Maître par l’infatigable Président Buanga Pedro Alves ne<br />

cesse de faire sienne la recommandation lui faite par le commun des mortels de rallier au sein de<br />

la grande famille angolaise de Suisse la plupart des compatriotes jusqu’ici indécis et demeurant<br />

aux antipodes de la convivialité légendaire qui caractérise le peuple angolais.<br />

Il ressort des informations concordantes émanant des membres de l’Association des Angolais en<br />

Suisse disséminés à travers plusieurs sections la présence ponctuelle et impromptue du staffdirigeant<br />

qui tient, d’une part, à s’assurer de l’effectivité des activités menées par leurs<br />

collaborateurs chargés d’animer la base et, d’autre part, de rapprocher et ramener au bercail ceux<br />

de nos compatriotes encore dans la perdition. Nous osons croire que les concernés ne garderont<br />

pas un silence de cimetière face aux sollicitations des représentants de l’association.<br />

Certes, la mission dévolue au Comité Exécutif de ramener au bercail la quasi-totalité des<br />

compatriotes de la diaspora suisse n’est pas du tout aisée. En effet, il existe par-ci par-là des<br />

clivages entre concitoyens angolais, lesquels débouchent indéniablement sur des foyers de<br />

tensions ayant pour toiles de fond le complexe d’infériorité (ou de supériorité), la jalousie, la<br />

haine, et l’esprit de vengeance. Cette situation est imputable à la détérioration du tissu<br />

économique du pays et du climat d’insécurité qui y règne à la suite d’une guerre civile<br />

interminable. De ce fait, les populations angolaises désertent villes et villages pour chercher<br />

refuge à l’étranger.<br />

La situation conflictuelle apocalyptique à laquelle bon nombre d’angolais s’adonnent oblige le<br />

staff dirigeant de l’Association des Angolais en Suisse de se livrer à une véritable gymnastique,<br />

une chassée-croisée à travers différents cantons de la Suisse. Hier, c’était le canton de Zurich où,<br />

certaines mesures ont été prises dans le but de sauvegarder l’entente et la concorde au sein de la<br />

section, après certains différends opposant les responsables. Demain viendra le tour des cantons<br />

de Tessin et Saint Gall, deux importantes sections qui ne cessent de connaître une descente aux<br />

enfers pour des querelles intestines entre certains concitoyens.<br />

Dans un de nos précédents articles paru il y a quelques mois dans cette même revue N’Gola, nous<br />

avons tiré la sonnette d’alarme concernant l’impérieuse nécessité du ralliement au sein de<br />

l’Association des Angolais en Suisse de la quasi-totalité de nos compatriotes résidant en Suisse<br />

alémanique de même qu’en Suisse italienne. Notre joie aujourd’hui est de constater que l’appel<br />

lancé à la haute hiérarchie de notre communauté angolaise de Suisse a été entendu. Il appartient,<br />

dès à présent, à nos compatriotes encore indécis de saisir cette opportunité, afin de ne pas rater le<br />

train mis en marche par la grande famille angolaise de Suisse depuis 1983, année de la création<br />

de l’Association des Angolais en Suisse.<br />

Entre-temps, le staff dirigeant de l’Association des Angolais en Suisse poursuit inexorablement<br />

son bâton de pèlerin. Les réunions mensuelles du Comité Exécutif sont régulièrement tenues dans<br />

des sections, une manière pour les dirigeants de notre association d’aller palper du doigt<br />

personnellement les réalités de leur base, écouter les sans-voix. A ce jour, les sections ci-après<br />

ont déjà bénéficié de la visite du staff dirigeant de l’Association des Angolais en Suisse. Il s’agit<br />

de Lucerne, Jura, Neuchâtel, Genève, Fribourg, Vaud, Zurich, valais et probablement Tessin. Les<br />

membres de la section St Gall ont sollicité et obtenu du staff-dirigeant de l’AAS le report de sa<br />

visite de travail initialement prévue le 21 octobre 2000. C’est un signe révélateur et promoteur<br />

tendant à la normalisation des rapports entre une frange de concitoyens ayant eu jadis quelques<br />

divergences de vues. Mankumbani Antonio, St Gallen.<br />

23


Point de vue<br />

"RDCongo" : KABILA dérangeait les affaires(business), Il en est mort...<br />

Un pays naturellement aussi riche en minerais comme la république démocratique du Congo ne<br />

peut connaître la paix. C’est le constat depuis son indépendance obtenue le 30 juin 1960, mettant<br />

fin à la colonisation belge.<br />

Dès juillet de la même année déjà, les militaires de la Force Publique (l’armée coloniale),<br />

appuyés par les officiers coloniaux belges, déclenchent une mutinerie.<br />

Le premier président de cette nouvelle république indépendante, M.Joseph Kasa-Vubu, flanqué<br />

de son charismatique premier ministre, M. Patrice-Emery Lumumba, sont surpris de cette révolte.<br />

C’est Lumumba, véritable homme politique responsable, qui réagit très rapidement, en prenant<br />

les choses bien en main, nommant de ce coup un très jeune caporal de l’ancienne Force Publique,<br />

Joseph Mobutu, colonel et commandant en chef de l’armée, chargé de mâter cette rébellion et<br />

remettre de l’ordre.<br />

Le colonel Mobutu a trente ans. C’est un personnage ambitieux que Lumumba pris dans son<br />

cabinet. Il avait tâter dans le temps un peu de journalisme dès qu’il s’était libéré des obligations<br />

militaires. Etudiant-stagiaire en Belgique, Mobutu s’est noué des relations douteuses avec<br />

certains services spéciaux étrangers (CIA, services secrets belges, Police secrète, etc). Lumumba<br />

ignorait tout cela et lui a tout de même fait confiance. Nationaliste, un peu naïf, Lumumba faisait<br />

plus confiance à ses compatriotes. Oubliant que l’ennemi du Noir c’est le Noir. Il va le payer très<br />

cher.<br />

En Septembre 1960, le colonel Mobutu, profitant de la confusion politique entre le président et le<br />

premier ministre, tente un coup de force, un coup d’Etat en règle, neutralisant les deux hommes.<br />

S’alliant à Kasa-Vubu, il fait arrêter Lumumba un mois plus tard, trahissant celui-là même qui l’a<br />

façonné. Il va le livrer à ses pires ennemis du Katanga, avec l’aide de la Belgique et de la CIA<br />

américaine qui ont juré de l’éliminer. Le premier ministre faisait des déclarations trop<br />

nationalistes. L’esprit «MacCartiste» aidant, on le traitera de «communiste». Lumumba sera<br />

assassiné le 17 janvier 1961.<br />

Quatre ans plus tard, ayant finalement l’appareil de l’armée entre ses mains, nommé Lieutenant-<br />

Général Joseph-Désiré Mobutu, celui-ci prend le pouvoir le 25 novembre 1965, après un coup<br />

d’Etat militaire, écartant sans vergogne le mou-président Kasa-Vubu. Devenu chef de l’Etat d’un<br />

Congo sorti à peine d’une rébellion armée des «gendarmes katangais» et à l’Est du pays, avec les<br />

Soumialot, Ngbenyé, Pierre Mulele et un certain Laurent Kabila tous des «marxisants» soutenus<br />

par la Chine ou l’Union Soviétique, Mobutu en anti-communiste primaire, devient le «dictateur»<br />

et, pour l’exemple, il fait pendre en 1966, quatre supposés opposants sur la place publique.<br />

Applaudit en Occident , Mobutu est désormais l’homme fort que l’on peut compter. Il devient<br />

immensément riche en pillant le pays, le Congo, qu’il débaptise, en 1971, «Zaïre». Et c’est l’ère<br />

de son idéologie, le «mobutisme». En clair, une certaine façon d’aliénation à l’africaine.<br />

«Heureux le peuple qui rit et qui danse», dit-il au monde.<br />

L’exotisme revisité par Mobutu devient «authenticité». L’Occident (dite aussi la «communauté<br />

internationale», «monde libre», etc.) ferme les yeux sur les dérapages du dictateur zaïrois. On lui<br />

déroule le tapis rouge car il sait défendre les intérêts de l’Occident chrétien. Alors, les crimes de<br />

Mobutu...bof!<br />

En 1978, la rébellion reprend à l’Est. Soutenu par l’occident (monde libre et capitaliste), Mobutu<br />

parvient à vaincre les rebelles. On entend à nouveau parler de Kabila. Mais qui est ce Laurent-<br />

Désiré Kabila ?<br />

Dans son aventure dans la jungle congolaise dans les années soixantes, Ernesto Che Guevara, le<br />

mythique révolutionnaire et idéaliste bolivien de la Sierra Mestra cubaine, donne un portrait, dans<br />

son carnet, des gens qu’il a rencontré à l’Est du Congo. Il écrit : « Je tenais vraiment à combattre<br />

au Congo et je craignais que mon offre ne provoque des réactions vives et que certains Congolais,<br />

24


ou même le gouvernement ami, ne me demandent de m’abstenir d’entrer dans la bagarre(...) Mes<br />

appréciations étaient négatives. Ces gens se consacraient aux femmes et à la boisson. Toujours<br />

hors du Congo, entre Kigoma et Dar-es-Salaam, ils se la coulaient douce. Ils n’étaient pas<br />

réellement motivés par la lutte de libération. Le gouvernement tanzanien m’avait montré la liste<br />

des dépenses pour tout le mouvement de libération. C’était un chiffre élevé à cause de l’alcool et<br />

des bordels.(...) Kabila avait la parole facile. Je tenais personnellement Soumialot pour un<br />

menteur...» Pour que Che Guevara puisse brosser un tel portrait il faut qu’il soit réellement déçu<br />

des personnages congolais qu’il a côtoyés. Il a noté le manque de combativité des Congolais,<br />

l’absence d’organisation et surtout le comportement douteux des dirigeants en exil. Mais le Che<br />

va changer d’avis en voyant que Kabila connaissait la mentalité de ses hommes. Vif et agréable,<br />

Kabila savait leur parler et avec l’aisance de prendre rapidement les choses en mains. Mulele<br />

avait déclenché une guerre révolutionnaire dans le Kwilu, tandis que Soumialot prenait le<br />

contrôle de l’Est du congo. La personnalité de Kabila dévoilait un certain charisme.<br />

Né à Moba, au Katanga, en 1939, Laurent-Désiré Kabila a fait ses études à Paris et en Allemagne<br />

de l’Est. Se réclamant de la pensée de Lumumba, il se lance dans la politique et participe à la<br />

guerre de libération du Congo à l’Est. Il vit dans les pays de la Région des Grands-Lacs. Il<br />

disparaît de la scène politique dans les années 70 et 80, pour ne réapparaître qu’en 1996, vers la<br />

fin de règne du maréchal Mobutu.<br />

Leader de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), Kabila,<br />

appuyé par plusieurs pays de la région, notamment le Rwanda et l’Ouganda, il n’aura aucun mal à<br />

faire tomber le régime de Mobutu aux abois (mai 1997) et passer comme le «libérateur de la<br />

dictature de Mobutu». Très vite, les choses vont se précipiter. Prenant ses distances de ces deux<br />

pays protecteurs, Kabila affiche son nationalisme et s’impose comme le seul chef du pays. Il va<br />

payer cher cette audace ou trahison pour les autres. Une guerre ouverte commence entre le<br />

Congo, le Rwanda et l’Ouganda. Pour se protéger, Kabila fait appel à l’Angola, la Namibie et le<br />

Zimbabwé. C’est l’armée angolaise qui prend le dessus et soutient le régime de Kabila et lui<br />

permet de chasser les forces d’occupations rwandaises et ougandaises. L’implication de plusieurs<br />

pays dans les affaires congolaises n’est pas un hasard. L’occident qui suit de près ce conflit sait<br />

aussi compter sur certains pays. L’Angola s’est impliqué pour des raisons stratégiques. Le<br />

gouvernement de Luanda veut en finir avec la rébellion de l’Unita de Savimbi qui fait souvent<br />

des incursions à partir du territoire congolais ou zambien. Le président angolais José-Eduardo dos<br />

Santos sait qu’en contrôlant les frontières congolaises, l’Angola coupe la base arrière de l’Unita<br />

et du coup, lui permet de le priver d’occuper le Nord de l’Angola où l’Unita s’approvisionne en<br />

diamant. En soutenant le Congo-Brazzaville de Sassou-Ngouesso, l’Angola coupe les rebelles du<br />

Flec(Front de libération de Cabinda, enclave angolais riche en pétrole). Pour toutes ces raisons,<br />

l’Angola peut être en mesure de mieux maîtriser sa propre sécurité intérieure, autant<br />

qu’extérieure.<br />

La personnalité de Kabila dérange les affaires de certaines compagnies exploitantes des matières<br />

premières congolaises. Les mines du Katanga, l’or de Kivu, de l’Equateur ou de deux kassaï, sont<br />

trop importantes pour les laisser dans d’autres mains. La Belgique n’a jamais digérée son<br />

écartement dans les affaires économiques du pays au détriment des Etats-Unis, dont Kabila ne<br />

cache pas la préférence. La France, qui a toujours des ambitions culturelles pour l’Afrique noire,<br />

cherche par tous les moyens de maintenir ce grand pays francophone dans son giron ou espace<br />

culturel. Derrière tout cela profile le contrôle de la richesse de cet immense pays, véritablement<br />

un scandale géologique. Alors Kabila est-il vraiment l’homme qu’il faut pour ce pays ? Dès sa<br />

prise de pouvoir, Kabila a évincé certaines compagnies qui exploitaient les mines au Congo. On<br />

ne lui pardonnera jamais cette décision. Comble de hasard, le pays est confronté à une rébellion à<br />

l’Est, et qui risque la partition du pays.<br />

Le mardi 16 janvier 2001, le président Laurent-Désiré Kabila est assassiné. Par qui ? Pourquoi ?<br />

Comment ? Toutes ces questions sont inutiles dans la mesure où l’homme Kabila se savait<br />

menacé et dérangeait. A la tête d’un pays riche et prometteur, Kabila ne pouvait pas faire des<br />

25


concessions juste pour satisfaire les occidentaux. L’Afrique entre dans un nouveau millénaire.<br />

Continuer les erreurs du passé qui consistait à vendre le pays pour des ambitions égoïstes au<br />

détriment de l’Afrique de demain, est dangereux. Les hommes politiques africains doivent le<br />

savoir.<br />

A sa mort, succède son fils, le général Joseph Kabila, 32 ans, hier encore inconnu de la scène<br />

politique du pays. Saura-t-il tenir les rênes du pouvoir et surtout redonner confiance aux<br />

congolais en instaurant la démocratie et la paix ? Seul l’avenir, encore assombri, nous le dira un<br />

jour. En attendant, les Congolais ont grand besoin de croire encore à leur destin.<br />

Alfonso Sadi<br />

Plus de peur que de mal<br />

La nouvelle afférente à l’affectation d’un Ambassadeur plénipotentiaire près de la Confédération<br />

Helvétique par le Gouvernement de la République de l’Angola ne cesse de défrayer la chronique<br />

et d’alimenter les débats au sein de la grande famille angolaise de Suisse. Il est de bon aloi de<br />

rappeler à ceux de nos compatriotes qui ont la mémoire courte que cette démarche aujourd’hui<br />

concrétisée par l’état angolais ne nous est pas tout à fait étrangère. Elle répond aux aspirations<br />

de quelques uns parmi nous, singulièrement au vœu longtemps exprimé par nos compatriotes<br />

détenteurs d’un permis de séjour.<br />

Nul n’ignore, en effet, que dans un passé récent, il n’était pas facile à certains de nos concitoyens<br />

d’obtenir des documents officiels susceptibles de leur permettre de sortir de la Suisse pendant les<br />

vacances. De même qu’il fallait parfois faire venir de Bonn en Allemagne un diplomate du<br />

gouvernement angolais pour décider sur le sort d’un citoyen angolais dont l’identité venait à être<br />

mise en doute par les services compétents suisses chargés de l’asile. Sur place en Suisse,<br />

personne ne pouvait valablement plaider la cause de requérants d’asile angolais.<br />

Le vide vient d’être ainsi comblé ; ce qui n’est pas sans susciter d’autres interrogations. Il est<br />

vrai que le nouvel Ambassadeur est un envoyé spécial du régime de Luanda. Vu sous cet angle,<br />

sa mission première consiste à réaliser les objectifs lui assignés par sa famille politique. Quoi de<br />

plus normal ! Cependant, le champ d’action de ses activités demeure la Suisse, un pays<br />

pratiquant une démocratie exemplaire. Le locataire de l’avenue de Lausanne n° 45 à Genève est<br />

sans ignorer que ses administrés appartiennent à toutes les sensibilités politiques imaginables au<br />

pays. Cela étant, il est appelé à se dépasser, à œuvrer dans l’impartialité et l’objectivité, en vue<br />

de résoudre moult problèmes auxquels sont confrontés ses compatriotes de la Suisse.<br />

Pour avoir nous - même eu le privilège de participer aux festivités marquant la célébration du<br />

25ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale organisées,<br />

tour à tour, à l’Hôtel Royal Manotel le samedi 11 novembre et à l’Hôtel Hilton le 13 novembre, à<br />

Genève, nous pouvons nous permettre de livrer d’ores et déjà nos premières impressions sur<br />

l’Homme. Cette description n’engage que nous même, compte tenu du fait qu’elle est dépourvue<br />

de toute démonstration mathématique. Néanmoins nous ne sommes pas du tout naïf car, en<br />

diplomatie voire en politique, la ruse, l’utopie et la démagogie font, de fois, bon ménage.<br />

L’habit ne fait donc pas le moine. Et, il est presque impossible de percer le for intérieur d’un<br />

individu. Mais il est vrai aussi qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des<br />

années. Avant de juger par les actes le patron de la chancellerie angolaise de Suisse, quiconque<br />

aura rehaussé de sa présence les cérémonies susmentionnées retiendra à son corps – défendant<br />

les quelques qualités suivantes : l’intelligence, l’expérience, la modestie et la tolérance. Il ne<br />

26


nous revient pas d’épiloguer sur ce constat de façade, surtout pas à ce stade. Notre jugement ne<br />

se fonde que sur une appréciation subjective dénuée des considérations politiques.<br />

L’allocution prononcée par cet homme d’état aura également focalisée l’attention des<br />

participants. Certes, son contenu ne nous aura nullement subjugué, en ce sens qu’il reprend le<br />

même refrain longtemps psalmodié sur de hautes tribunes internationales par les grands orateurs<br />

du MPLA. Une spécificité, cependant, l’Ambassadeur n’a pas caché la vérité en reconnaissant la<br />

continuation de la guerre civile en Angola , laquelle guerre décime encore des populations<br />

actives tout en désarticulant l’ensemble de l’économie du pays. Il n’existerait, selon lui, que<br />

certaines poches de la résistance des «terroristes ». Nous croyons, quant à nous, que cet aveu<br />

mérite d’être salué. Ainsi, a-t-il émis le vœu de voir tous les Angolais, y compris ceux en exil,<br />

concourir dans la recherche du dialogue aux fins de parvenir à la réconciliation nationale,<br />

passage obligé pour la reconstruction et le développement de l’Angola.<br />

De ce fait, nous invitons tous nos compatriotes résidant en Suisse d’œuvrer dans le sens<br />

d’accorder au nouveau venu la chance d’atteindre les objectifs lui assignés, dont certains<br />

rencontrent notre assentiment à tous ; particulièrement la voie conduisant vers la paix des<br />

esprits pour que cesse définitivement la guerre dans notre chère patrie. Sous la bannière de<br />

l’Association des Angolais en Suisse qui prône l’apolitisme, la neutralité et l’ouverture à toutes<br />

les sensibilités politiques, amenons progressivement la classe politique angolaise à taire ses<br />

antagonismes actuels fondés sur des radicalismes idéologiques et des intérêts égoïstes, en vue<br />

de se mettre résolument au service de la Nation en recourant impérativement au dialogue, à la<br />

cohésion ainsi qu’à la cohabitation pacifique. Monsieur l’Ambassadeur fera œuvre utile, en ce<br />

qui le concerne et ce, au nom de l’intérêt national, d’aider les principaux protagonistes au conflit<br />

angolais de toutes les tendances politiques confondues à desserrer leur étau, à négocier<br />

directement entre eux, à faire des concessions les uns vis-à-vis des autres pour que triomphent,<br />

en dernier ressort, l’unité nationale et la paix tant recherchée.<br />

Eu égard à certains motifs évoqués ci-dessus et à tant d’autres encore, notamment à la psychose<br />

d’une éventuelle organisation d’un voyage aller simple au pays des requérants d’asile angolais<br />

appartenant aux sensibilités politiques autres que celle des tenants du pouvoir en Angola,<br />

plusieurs compatriotes ne cachent pas leur inquiétude et leur mécontentement à l’idée de voir un<br />

Ambassadeur plénipotentiaire désigné pour représenter la République de l’Angola auprès de la<br />

Confédération Helvétique. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? Seul l’avenir nous le dira. Nous<br />

croyons, toutefois, que la dimension et la complexité des prérogatives dévolues au diplomate<br />

angolais de Suisse sont de nature à l’inciter à rechercher l’étroite collaboration de tous les<br />

compatriotes pour leur accomplissement harmonieux. En attendant, que chacun puisse vaquer<br />

sereinement à ses occupations quotidiennes, afin que les brebis soient bien gardées.<br />

Mankumbani António, St-Gallen.<br />

Opportunité d’une mobilisation tous azimuts<br />

Diaspora anglaise, qu’as-tu fait pour soulager tant soit peu la misère de ton peuple meurtri<br />

durant ton long séjour à l’étranger ? Telle est l’inévitable question à laquelle, chacun de nous<br />

devra répondre une fois revenu au pays après son exil forcé, à cause généralement des affres de la<br />

guerre fratricide qui ne cesse de semer la terreur sur tout le territoire national et de décimer de<br />

centaines de vies humaines innocentes. Cette interrogation accablante illustre parfaitement, à elle<br />

seule, l'étendue et la complexité de la tâche qui nous attend demain, lorsqu’il s’agira surtout de<br />

participer activement à la reconstruction du pays. Entre temps, le conflit angolais perdure avec<br />

comme conséquence néfaste, l’explosion du nombre de réfugiés d’une manière exponentielle.<br />

27


Mais, en dépit de la misère noire et du mode de vie comparable à celui de l’animal auxquels sont<br />

soumis actuellement nos parents, la plupart d’entre eux, sinon tous arrivent bon gré mal gré à<br />

sortir leurs rejetons du pays, afin de les épargner l’oppression et la violence résultant des actes<br />

barbares souvent perpétrés sur terrain par les fractions militaires en combat. Les innombrables<br />

sacrifices que consentent nos proches pour nous faire évader de l’hécatombe méritent, si pas une<br />

réparation urgente mais tout au moins, une reconnaissance de notre part. Cependant, Dieu seul<br />

sait si tous les bénéficiaires de cette sollicitude parentale prennent conscience de leur dette morale<br />

à l’endroit de ces bienfaiteurs restés au pays. Certaines voies s’élèvent, d’ailleurs, pour fustiger<br />

l'attitude de quelques uns parmi nous qui s’acharnent sur leurs parents, après les avoir assisté<br />

financièrement. Ils leur exigent des comptes voire des bénéfices découlant du commerce leur<br />

imposé à partir de la dotation octroyée.<br />

De toute évidence et dans une large proportion, nos compatriotes ayant hérité de l’assistance au<br />

pays ne rendent pas du tout ou très peu l’ascenseur à leurs proches, pourtant misérables. Bien au<br />

contraire, ils mettent à profit leur longue présence à l’étranger pour chercher vainement à<br />

masquer le milieu austère dont ils sont issus. Il y en a qui ne cessent de changer de voitures, à tort<br />

ou à raison, d’accumuler de « vêtements griffés » et de jolies nanas; une façon pour eux de se<br />

donner l’illusion d’ avoir une conscience tranquille. Or, quoique certains se targuent d’aider assez<br />

souvent les leurs demeurés en Angola, la réalité véridique dans la quasi-totalité des cas est toute<br />

autre. Il est certain que d'aucuns ont eu l’occasion de diligenter au pays de façon sporadique qui,<br />

un véhicule d’occasion qui, une somme d’argent quelconque. Mais, de telles interventions ne sont<br />

pas monnaie courante et surtout, elles concernent une infime minorité de destinataires.<br />

Nous partons de ce constat malheureux pour nous interroger sur le sort de ceux de nos parents qui<br />

ne possèdent aucun soutien ni au pays ni à l’étranger, de même que tous les sinistrés, les<br />

nécessiteux, les mutilés, les estropiés, les vieillards etc… Aussi, croyons-nous impérieux<br />

d’étendre sinon, avant tout d’instaurer un processus susceptible de sensibiliser et de mobiliser<br />

toutes les angolaises et tous les angolais pour le démarrage d’une vraie assistance à nos<br />

populations, concomitamment aux actes individuels pouvant être menés dans le cadre familial par<br />

les tiers. Ce faisant, il appartient désormais à l’A.A.S de forger la volonté ainsi que la<br />

magnanimité de tous ses membres aux fins de colmater les brèches dans ce secteur vital.<br />

L’initiative doit fuser de notre association qui a apparu, récemment et fort heureusement, comme<br />

le fer de lance dans la création de la Fédération des Associations Angolaises d’Europe, F.A.A .E<br />

en sigle, bien que les réalisations de cette institution soient jusqu’ici lettres mortes.<br />

En clair et sans ambages, nous suggérons au staff dirigeant de l’A.A.S. de se réunir, toutes<br />

affaires cessantes, en vue d’examiner la possibilité de la création d’un fonds spécial destiné, par<br />

exemple, à tous les sinistrés de notre pays. Tous les angolais de la diaspora sans distinction<br />

aucune seront impérativement invités à fournir des dons en nature ou en argent pour soulager la<br />

misère d’une portion de la population angolaise, choisie en vertu des critères à définir au<br />

préalable. Des séances de conscientisation et d’explications à la communauté angolaise de Suisse,<br />

précéderont la mise en chantier de ce projet, qui devra vraisemblablement reposer sur une étude<br />

de faisabilité ad hoc. Par ailleurs, des mécanismes et stratégies mûrement réfléchis devront être<br />

mis à contribution, de façon à permettre à la commission qui présidera aux destinées de cette<br />

action humanitaire d’atteindre l’intégralité des couches indigentes et pourquoi pas, les victimes<br />

de différentes catastrophes survenant régulièrement en Angola, à la suite de la guerre civile.<br />

Nous présumons que notre idée pourra être étoffée et même extrapolée par la haute instance de<br />

l’A.A.S, aux fins de voir son application non seulement sur le sol helvétique mais, à posteriori au<br />

niveau européen ce, grâce, nous l’espérons, à la mainmise des Responsables de la F.A.A.E. Nous<br />

croyons dur comme fer que si, une telle initiative parvenait à être exploitée à bon escient, notre<br />

28


association bénéficierait du concours de plusieurs organismes internationaux siégeant à Genève,<br />

lesquels n’attendent que pareilles occasions pour se manifester. Et toute la fierté nous reviendra, à<br />

nous angolais résidant en Suisse car, nous aurions de prime abord jeté des jalons à cette<br />

entreprise. Dès lors, l’élan de solidarité dont pourrait bénéficier notre peuple aussi bien de la part<br />

de notre pays-hôte que des organismes non gouvernementaux constituera un plus dans notre<br />

détermination de sortir notre pays de l’impasse.<br />

Il va s’en dire que la communauté angolaise de Suisse dispose d’un atout majeur, en ce que la<br />

présidence de la F.A.A.E. est assurée par un de ses ressortissants. Ce fils du pays pourrait jouer<br />

un rôle prépondérant dans la vulgarisation de cet ambitieux et noble projet à travers toute<br />

l’Europe. D’ailleurs, ces efforts seraient faciliter par notre bulletin d’information et d’analyse :<br />

« N’GOLA ». Cette revue aurait, dans ce cas, la prérogative de galvaniser toutes les<br />

communautés angolaises réparties sur le vieux continent. Il n’est pas impossible d’atteindre la<br />

grande majorité de la diaspora par l’entremise des média. En somme, ce n’est ni la volonté ni les<br />

moyens encore moins la disponibilité qui manquent à bien de nos concitoyens pour souscrire à<br />

une contribution capable de secourir nos frères et sœurs demeurés au pays contre vents et marées.<br />

L’important est d’enclencher le mécanisme y afférent, en garantissant du mieux que l’on peut un<br />

suivi sérieux, d’une part et d’autre part en préconisant des gardes-fous sûrs pour éviter les<br />

éventuels abus, surtout au niveau du pays. Mankumbani António<br />

La reconversion imminente des “butins de guerre” angolais<br />

La guerre civile angolaise qui remonte à l’accession du pays à sa souveraineté internationale en<br />

1975 fut d’abord et avant tout une guerre d’agression et de conquête militaire menée par deux<br />

fractions représentant chacune un soi-disant projet de société et surtout, un courant idéologique<br />

bien défini. Cette lutte fratricide angolaise a fait plus de deux millions de morts, estropié des<br />

centaines des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes, chassé de chez eux des milliers des<br />

gens, ravagé des régions entières, rasé complètement des villes et villages, condamné tout un<br />

peuple à la misère noire, à l’humiliation, à la honte, à l’analphabétisme, au chômage, à l’exil.<br />

Mais, au-delà de cette lutte sans merci que se livrent les deux frères rivaux commandités par des<br />

puissances occidentales, une guerre non moins importante fait également rage sur toute l’étendue<br />

du territoire angolais. Comparée aux opérations militaires, aux mutilations, aux viols, aux<br />

pillages, aux massacres, aux déportations, aux villes et villages réduits en cendres, cette autre<br />

guerre paraît peu visible. Néanmoins, elle est plus meurtrière car, présentant des conséquences<br />

hautement plus néfastes pour le devenir même de toute la nation angolaise. C’est la guerre<br />

minière ou le trafic frauduleux institutionnalisé de nos ressources minières. Elle est l’œuvre de<br />

ceux qui croient détenir à eux seuls le dernier mot pouvant réguler le destin de l’Angola, comme<br />

si le peuple tout entier était muselé et absent du débat.<br />

Le bradage des richesses du sol et du sous-sol angolais laisse peu de traces au travers des<br />

documents, voire des statistiques officielles. Pays en voie de développement ou mieux, pays sousdéveloppé,<br />

l’Angola ne dispose pas d’industrie d’armements. Pourtant, les forces armées<br />

angolaises du MPLA (FAA) de même que les combattants de l’UNITA détiennent l’armement le<br />

plus lourd et le plus sophistiqué de l’Afrique centrale ainsi que d’une partie de l’Afrique australe.<br />

Pour acquérir des armes qui anéantissent les populations angolaises, les deux principaux<br />

protagonistes doivent régler leurs factures en devises et, plus encore, en diamant ou en pétrole.<br />

Entre-temps, l’inflation et le chômage font rage à Luanda. La famine ravage les campagnes où,<br />

les paysans ne peuvent plus cultiver. Tandis que dans les villes de l’arrière-pays, déplacés<br />

intérieurs et autochtones dépendent de l’aide alimentaire émanant de l’étranger.<br />

29


L’interminable guerre civile se trouve à l’origine de plusieurs dégâts causés au pays. Tous ces<br />

préjugés commis à l’endroit du peuple angolais méritent réparation urgente ; à moins que les<br />

deux éternels rivaux décident mutatis mutandis de déterrer leur hâche de guerre pour ensemble<br />

fumer le calumet de la paix. Mais, face à l’orgueil affiché jusqu’ici par les deux camps et, tenant<br />

compte de leur détermination à saigner à blanc l’économie du pays en vue d’assurer un<br />

surarmement injustifié à leurs hommes pendant que les populations broient du noir, des<br />

mécanismes et stratégies doivent être imaginés aux fins d’extirper de la scène politique angolaise<br />

la gangrène qui empêche le déroulement du processus de paix et de réconciliation nationale.<br />

Une fois, l’actuelle classe politique angolaise déclarée solennellement non portant, le moment<br />

sera enfin propice pour le peuple libéré d’enclencher la reconstruction du pays. De ce fait, la<br />

reconversion « des butins de guerre » - entendez toutes les armes acquises par différentes<br />

sensibilités politiques et autres biens découlant de l’argent sale - s’avèrera impérieuse. Une<br />

redistribution de la richesse nationale s’en suivra dans le but d’accélérer le développement<br />

harmonieux du pays. Nous n’en sommes pas encore là, l’heure étant présentement à la recherche<br />

des voies et moyens susceptibles de ramener la paix et la concorde par l’entremise de ces mêmes<br />

leaders politiques, actuellement principaux acteurs des atrocités résultant de la guerre fratricide.<br />

Ceux-ci doivent saisir la dernière chance que le peuple angolais leur accordera lors des<br />

prochaines élections. Il faut qu’ils arrivent à raccorder leurs violons pour parvenir véritablement<br />

au partage équitable et équilibré du pouvoir entre diverses tendances politiques, singulièrement<br />

avec celles ayant des assises réelles dans le pays.<br />

N’en déplaisent aux principaux acteurs du conflit angolais, l’interminable guerre civile datant de<br />

plus de deux décennies ne connaîtra ni vainqueur ni vaincu. Le peuple angolais meurtri continue<br />

à payer les frais de la sottise et de la cupidité de certains de ces fils qui sont manipulés par des<br />

lobbys étrangers avides des richesses dont regorge notre pays. Il ne va plus tarder le jour où les<br />

frères ennemis ainsi que leurs acolytes - de qui dépendent malheureusement des millions d’âmes<br />

angolaises - seront appelés à s’expliquer tant sur leur génocide que sur des crimes économiques<br />

perpétrés sur l’ensemble du territoire angolais au nom d’un soi-disant patriotisme. L’antagonisme<br />

outré cèdera la place inéluctablement à la coexistence pacifique de moult opinions politiques<br />

fondées sur des projets de société cohérents. Il est plus que temps de faire l’AMOUR et non la<br />

GUERRE en Angola. Wait and see ! Mankumbani Antonio, St Gallen.<br />

Une démocratie tronquée…<br />

La démocratie est la forme de gouvernement dont l’action repose essentiellement sur la diversité<br />

des opinions des partis politiques qui le composent. S’agissant de l’Angola, notre chère patrie,<br />

nul n’ignore le fait que le M.P.L.A. y règne en maître pratiquant une Politique sans partage.<br />

D’aucuns ont voulu légitimer ce mode de pouvoir. Mais au fil des années, la nécessité de<br />

changement s’est imposée à tous. Du communisme introduit en Angola par l’Union Soviétique,<br />

on est passé au Néocolonialisme caractérisé par la présence massive des combattants Cubains<br />

sous l’instigation des Portugais et des Russes. Nonobstant le démantèlement des troupes<br />

Cubaines grâce à la clairvoyance de Monsieur Jonas Savimbi, l’Angola est demeuré à la solde de<br />

l’Empire rouge.<br />

Aujourd’hui, signe de temps, il apparaît opportun et même impérieux de recourir à une vraie<br />

démocratie fondée sur la coexistence de diverses opinions, c’est-à-dire, un Gouvernement<br />

organisé sur le modèle d’une Démocratie Libérale. Le système politique mis sur pied par le parti<br />

au pouvoir depuis plus de deux décennies a montré ses failles et ses limites. Plutôt que de<br />

30


s’appuyer sur une Démocratie de facette, il vaut mieux faire participer véritablement toutes les<br />

forces vives de la Nation (la classe politique s’entend) à l’exercice du pouvoir. La paix et la<br />

réconciliation nationale passent forcement par la réorganisation de notre système politique.<br />

On nous dira certainement qu’il existe au sein du Parlement Angolais une alliance entre différents<br />

Partis politiques. Pourtant, ces sensibilités politiques, à l’exception du M.P.L.A. et de<br />

l’U.N.I.T.A. sont principalement des bureaucraties greffées sur des réseaux électoraux. L’Angola<br />

compte une centaine des Partis Politiques. Mais la capacité de mobilisation de la plupart de ces<br />

Partis est quasi nulle. Parmi les tendances politiques existantes, moins de cinq possèdent une<br />

dimension nationale et, deux seuls Partis exercent véritablement une influence dans tout le pays.<br />

Il n’existe présentement aucun parti majoritaire au sens précis du terme. Par conséquent, il<br />

convient, à notre avis, d’imaginer une coalition réelle à partir de cette donne.<br />

Il y aurait beaucoup à dire sur les possibilités de la cessation de la guerre civile angolaise et du<br />

retour à une paix véritable et durable. Le parti au pouvoir est appelé à se lancer dans la négoce<br />

avec, aussi bien son opposant éternel l’U.N.I.T.A que d’autres Partis Politiques ayant une certaine<br />

obédience sur le territoire national. Il n’y a ni mal ni honte à cela. Selon toute évidence, le<br />

M.P.L.A. ne peut plus ou mieux ne doit plus se dérober devant l’action, lorsque celle-ci peut être<br />

utile à la cause de la paix. A l’heure où pointe à l’horizon la tenue des élections Présidentielles et<br />

législatives, un climat de confiance mérite d’être instauré en vue de faire participer toutes les<br />

Sensibilités Politiques à la définition des règles du jeu et, plus tard, au partage équitable et<br />

équilibré du pouvoir en Angola. Eduardo Nanifutazo<br />

Quid à la disparité de nos ressources…<br />

L’Angola réalise plus de 80% de ses revenus d’exportation grâce à des matières premières. Il<br />

constitue véritablement un scandale géologique. Cependant, il existe au niveau de l’Etat aucune<br />

planification économique rationnelle. Par ailleurs, la guerre fratricide qui décime nos populations<br />

depuis bientôt un quart de siècle constitue à n’en point douter, le principal prétexte utilisé par nos<br />

leaders politiques de gauche ou de droite pour brader des richesses minières de notre chère patrie.<br />

Au jour d’aujourd’hui, nos concitoyens sont atteints par le même ennemi : la sous- alimentation<br />

ou la maladie, la misère ou la haine, l’analphabétisme ou la fuite des cerveaux ; bref, la honte que<br />

les hommes politiques infligent à la majorité. Plutôt que d’être fier de sa nation, l’Angolais en<br />

exil se sent comme un apatride. Il n’est pas certain de retourner dans son pays où, il se sentira à<br />

jamais persécuté pour ses opinions voire son appartenance dans un parti politique autre que le<br />

M.P.L.A.<br />

Sur une population de plus de 11millions d’habitants, il n’est pas exagéré de dire que l’Angola<br />

compte près de 10 Millions : hommes, femmes et enfants- soit 90% de la population active- qui<br />

croupissent dans une misère indescriptible. L’Etat concentre ses investissements dans les<br />

raffineries de pétrole. Quant à l’UNITA, elle met à profit l’insécurité qui règne sur le territoire<br />

national pour s’adonner au trafic du diamant. L’un et l’autre monopolisent la production des<br />

richesses minières disponibles en vue de se réarmer. La pauvreté du peuple est ignorée par les<br />

deux protagonistes.<br />

Pour comprendre dans son ampleur et sa diversité la fuite de nos ressources naturelles, il faut<br />

simplement s’en référer à la capacité de deux antagonistes de s’approvisionner en armes<br />

sophistiquées et lourdes de la dernière fabrication, à l’état de délabrement du tissu économique<br />

national, au produit national brut par habitant, à l’absence de la scolarité auprès des jeunes, à la<br />

31


modicité des salaires des travailleurs, à la fuite considérable des cerveaux de même qu’à la<br />

famine qui touche les 2/3 du territoire national sous contrôle soit du M.P.L.A. soit de l’U.N.I.T.A.<br />

Nous pensons sincèrement que l’instauration de la paix en Angola pourrait permettre aux filles et<br />

fils du pays de jouir des richesses de leur sol et sous - sol. L’unique façon de freiner l’hémorragie<br />

sera de fumer le calumet de la paix (faire une offre de réconciliation). La redistribution des<br />

richesses de l’Angola ne s’opérera que le jour où la concorde sera acquise.<br />

En attendant, le pays est pillé à blanc par ceux-là mêmes qui prétendent agir au nom du peuple<br />

Angolais meurtri. Mais, nos ancêtres ne tarderont pas à débouter tous ces hommes politiques qui<br />

se complaisent à affamer les Angolais. A moins que cessent immédiatement les hostilités au<br />

profit de la réconciliation nationale… Eduardo Nanifutazo<br />

N.B. Réflexions recueillies du documentaire sur l’Angola, suivit à la chaîne Planète.<br />

Racisme<br />

Chronique judiciaire :<br />

Bagarre dans une usine. Jeune fille victime du laxisme de son employeur ?<br />

Les devoirs de l’employeur ne se limitent pas seulement à rentabiliser son entreprise ou tout<br />

simplement à s’occuper de payer ses salarié(e)s, mais aussi de les protéger. La protection de la<br />

personnalité de son travailleur ou travailleuse fait aussi partie de son devoir. Il ne doit pas non<br />

plus s’abstenir lui-même de porter atteinte à sa personnalité, plus encore, il doit veiller afin que<br />

des supérieurs ou collaborateurs du travailleur ou travailleuse s’abstiennent de telles atteintes.<br />

Sont considérés comme bien protégés, la vie et l’intégrité corporelle, la santé, l’honneur<br />

personnel et surtout professionnel, le domaine secret et le domaine privé, de même que la<br />

considération et la liberté d’exprimer son opinion dans l’entreprise, ainsi que la liberté d’adhérer<br />

à un organisme, par exemple, son affiliation à un syndicat ou à une autre organisation<br />

professionnelle, afin de préserver ses droits.<br />

Ainsi, cette affaire de non-assistance à personne en danger, qui est arrivée à une jeune Algérienne<br />

dans une usine de la région lémanique. Embauchée depuis peu, elle s’est réjouie de trouver un<br />

job, en tant qu’ouvrière de fabrique de pièces, consciente de la chance qu’elle a, dans une<br />

conjoncture économie morose, avec la crise et le chômage, le marché de l’emploi devenant rare.<br />

Elle fait tout pour garder sa place. Son travail est exécuté sans problème. Ses relations avec ses<br />

collègues de travail sont bonnes. Elle s’est faite même une meilleure copine. Autant dire que la<br />

jeune fille est une travailleuse consciencieuse, courageuse et sympathique, bref une personne sans<br />

histoire. Mais hélas, sa vie va basculer ce jour-là au sein même de cette usine. En effet, elle est<br />

témoin d’une altercation suivie d’une rixe entre sa copine et une autre femme. Elle essaye de les<br />

partager. Un homme qui suivait la scène, sans même savoir ce qui se passe, lance un coup de<br />

poing à la jeune Algérienne, puis la roue des coups. Elle se retrouve par terre et blessée au visage.<br />

Pendant qu’elle se tord de douleur et crie, personne ne semble lui prêter secours ! Encore moins<br />

son patron. Sa mère, S..., que nous avons contacté, relate et commente l’affaire : « Ma fille n’est<br />

pas quelqu’un d’agressive. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi cet homme l’a frappé ! Cette<br />

personne n’a même pas pitié de frapper une petite fille. C’est une réaction d’une brute. L’homme<br />

est costaud, alors que ma fille n’a qu’une frêle corpulence. Lui balancer comme un coup de poing<br />

à la figure est incompréhensible. Lorsque je l’ai vue le visage ensanglanté et tuméfié, c’est là que<br />

nous avons décidé de porter plainte contre lui et surtout contre son employeur qui n’a même pas<br />

réagi dans cette affaire de la bagarre au sein de son entreprise !»<br />

32


Bien entendu, une plainte a été déposée auprès du Tribunal Pénal. Il est à noter que s’il se produit<br />

un accident, une rixe, au sein du lieu de travail, l’employeur sera, en cas de faute, tenu de verser<br />

des dommages-intérêts et, suivant les cas, une indemnité pour tort moral. Affaire à suivre. A.Sadi<br />

Si vous aussi êtes témoins ou victimes d’une injustice, contactez l’adresse suivante :<br />

Comité de soutien<br />

C.P. 141 Genève (Suisse)<br />

Fax : (0041 22). 320. 49. 08<br />

Prochainement : Comment la justice suisse divorce les Africains Noirs...<br />

(Vous pouvez nous envoyer vos témoignages par écrit ou nous contacter)<br />

La vie dans notre communauté<br />

La famille NANIFUTAZO Eduardo, Secrétaire Général de l’AAS a failli manquer le passage du<br />

cap du troisième millénaire le jeudi 28 décembre 2000 vers 3 heures du matin, suite à un<br />

mystérieux incendie survenu dans sa nouvelle demeure située sur la rue du Stand 19 à Boécourt<br />

dans le canton de Jura. Cet incident déplorable s’est produit au rez-de-chaussée, alors que toute la<br />

famille était plongée dans un profond sommeil au premier niveau du domicile.<br />

Sept personnes au total (dont votre serviteur) ont frôlé la mort et ont eu la vie sauve grâce<br />

à l’alerte donnée in extremis par Laetitia, l’une des deux filles de M. Nanifutazo au bord de<br />

l’asphyxie. La plupart des rescapés ont dû sauter à travers les fenêtres, étant donné d’une part, le<br />

spectre des flammes provenant d’en bas et d’autre part, la présence d’une abondante fumée noire<br />

qui s’y dégageait.<br />

Vingt cinq sapeurs-pompiers du Service du feu de la localité assistés de quinze autres<br />

hommes émanant de Délémont sont venus finalement à bout de l’incendie ce, après un combat<br />

acharné de près de deux heures. Les flammes ont fortement endommagé le rez-de-chaussée où se<br />

trouvaient cuisine, salon, garage, magasin et buanderie. Le premier étage a subi les dégâts de la<br />

fumée. Rien de significatif n’a pu être récupéré par les sinistrés.<br />

De l’avis des experts diligentés sur le lieu, l’origine présumée de l’incendie serait<br />

l’obsolescence du dispositif électrique dont l’installation remonte à un peu plus d’une décennie.<br />

Les dégâts matériels et pertes subies résultant de cette tragédie sont très importants. Néanmoins,<br />

sur ordre de M. Pierre LOVY, le maire de Boécourt, toute la famille a pu être relogée dans le<br />

village plutôt que d’être reléguée à la protection civile.<br />

Il découle de ce sinistre un élan de solidarité digne d’éloges de la part de tous les habitants<br />

de Boécourt, à l’endroit de l’unique famille africaine de ce village. Celle-ci se joint se joint à moi<br />

pour remercier du fond du cœur les personnalités dont les noms suivent ayant fait preuve<br />

d’attention, de sympathie, de disponibilité et de sollicitude à notre égard. Il s’agit de la famille<br />

Pierre LOVY, M. Serge FREIN, M. Martin SANGSU, M. Sébastien SANGSU, M. Philippe<br />

MOUTAVONT, M. Marco CHATELAT de même que sa chère maman.<br />

Il importe, par ailleurs, de rendre hommage à deux dignes fils du pays qui n’ont ménagé<br />

aucun effort pour nous venir en aide ; à savoir M. Manuel NKOSI, le Président de la Section de<br />

Jura venu à deux reprises le matin même du drame en vue d’une part, de s’enquérir de la situation<br />

de visu et d’autre part, de nous apporter du linge susceptible de nous protéger contre le froid. M.<br />

António LUBANZADIO, Président de la Section de Vaud accouru à notre rencontre quelques<br />

jours seulement après l’incendie.<br />

Que toutes celles ou tous ceux qui, de loin ou de près, nous ont assisté moralement ou<br />

matériellement au terme de ce désastre daignent bien trouver ici l’expression de notre sincère<br />

gratitude. Nous réitérons nos vifs et chaleureux remerciements à l’égard de tous les habitants de<br />

Boécourt. Chapeau bas, Monsieur le Maire ! Mankumbani António.<br />

33


Livre<br />

«Allah n’est pas obligé» d’ Ahmadou Kourouma (Ed. du Seuil, 240 pages)<br />

un roman sur la guerre en Afrique. Un commentaire d’Alfonso Sadi.<br />

La guerre? C’est facile à faire. Il suffit de fabriquer une cause quelconque, haranguer la foule,<br />

recruter quelques personnes désœuvrées, avoir des armes…et beaucoup d’argent. Où trouver de<br />

l’argent ? Facile. Les sous-sols des pays africains sont des vraies cavernes d’Ali-Baba, avec tous<br />

les trésors qu’on veut. Pourquoi la guerre ? On s’en fout. On ne se pose même pas la question.<br />

Tout ce qu’il faut, c’est de se faire parler de lui. Attention, il faut aussi un minimum<br />

d’intelligence qu’on reçoit à l’école des Blancs, (avec des diplômes : certificat primaire,<br />

baccalauréat, maturité, brevet, certificat de formation professionnelle, licence, agrégation,<br />

doctorat). Et dans la vie, dans l’armée, un peu de couille, ou du courage, et te voilà un<br />

«intellectuel», un «Sage de l’Afrique», ou mieux, un «chef des rebelles», un «guide éclairé»,<br />

un"démocrate", ou un «guérillero» ou un «guerrier» de la «bonne cause». Alors, pour tout ça, il<br />

faut tuer des gens ? Bien sûr qu’il faut tuer pour se faire respecter. Ah, bon! Et la vie dans tout ça<br />

? T’as rien compris. Ecoute, mon gars. En Afrique, il y a du pognon et des gens très cons. Et des<br />

crétins. Si tu veux faire un bon «business», fais de la «politique». Tu vas gagner beaucoup<br />

d’argent. Sinon, va en Europe ou en Amérique, fais n’importe quel job pour gagner du fric. Les<br />

Blancs, euh...les occidentaux, euh pardon, tous ces gens-là qui ne pensent qu’à l’argent, quoi!<br />

Dès que tu critiques la politique des Africains, tu leur racontes n’importe quoi, que l’Afrique est<br />

foutue, la misère, les dictateurs, les maladies, le sida chez eux, et que c’est le bordel partout, tu<br />

fais l’affaire. Ils adorent entendre ça. On t’approche pour que tu foutes vraiment le bordel dans<br />

ton propre pays. Pendant ce temps, ce qui les intéressent c’est la richesse de ton pays, le pétrole,<br />

les diamants, l’or, et autres choses dont les Africains ne se servent même pas. Tant ils se fichent<br />

comme une guigne et qu’on pille leur pays. Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre ! Après tu partages<br />

les magots avec eux, les multinationales américaines, européennes, russes ou israéliennes, arabes,<br />

etc. Tu dis seulement que tu es de leur côté, tu les aimes, quoi. Ils vont te couvrir. Après, tu<br />

deviens «président de la république», «une république bananière» quoi, juste pour amuser la<br />

galerie. T’auras plein de gonzesses à baiser, plein de pognons à ne pas savoir quoi foutre avec.<br />

Tous les Blancs vont te fréquenter sans te faire réellement confiance. Tu possèderas des villas en<br />

Europe, des maisons de campagne, avec piscine, tout dedans, du whisky, de la champagne et du<br />

vin bon cru, et tout et tout, le luxe quoi. Un vrai produit de la culture américaine. Comme on voit<br />

à la télévision. Le rêve américain, quoi. Tu planques tes frics dans les banques en Europe, ton<br />

pognon, c’est plus sûr. Tu montres à tout le monde que tu bosses pour ton pays. Tu parles culture<br />

africaine, culture du pays. Même si tu ne crois plus à ces histoires de culture africaine. Tu fais<br />

semblant de rédiger des discours, en bon français, ou en portugais, anglais ou espagnol, pourquoi<br />

pas en arabe aussi, histoire de prouver que tu n’es pas si con. Et pour faire plus joli, tu récites les<br />

passages de la Bible ou du Coran, tu te convertis à n’importe quelle religion, juste pour montrer<br />

que tu es un «bon» croyant, homme de paix, de Dieu ou d’Allah. Un Africain raisonnable, pas<br />

comme tous les autres Nègres haineux, vengeurs, anti-colonialistes, qui détestent les Blancs, les<br />

Européens, les racistes. Toi, tu es pour le métissage culturel, la mondialisation, la fraternité. Tu<br />

formes un gouvernement-bidon, on te montre à la télé. Tu voyages dans le monde entier pour<br />

planquer ton magot quelque part, pour le jour où, dans le cas où ça va barder chez les négros (tes<br />

frères barbares), tu fous le camp vite fait avant que ces négros ne t’attrapent, et...et...Dis donc,<br />

attends un peu, mec. Dis voir. T’as pas répondu à ma question : il faut tuer pour arriver à tout ça ?<br />

T’es con ou quoi ! Tu fais pas exprès, j’espère, de ne rien piger. Je te dis que les Noirs, c’est de<br />

la merde. Tous des cons. Bien sûr qu’il faut tuer des gens, des Africains, surtout. Le truc, c’est<br />

qu’il faut faire vrai, quoi. Pour cela, tu prends des petits jeunes qui ne foutent rien, pas d’école et<br />

tout ça, tu les drogues un peu pour qu’ils soient un peu gaga et ne pas savoir ce qu’ils font, tu les<br />

endoctrines avec des slogans de merdeux, tu leur donnes des armes, tu les montres comment s’en<br />

34


servir. Tu as entendu parler des « Children-soldiers» ? Non? Décidément, t’es nul. Tu speak<br />

nada, zéro, tu comprends rien de merde ! Tu t’exprimes mal en français, en portugais. Et même<br />

dans ta propre langue. t’es quoi, en fait. Moi, je suis élevé avec la culture française, portugaise.<br />

Tu piges ? Je te cause des jeunes enfants qui font la guerre. Des enfants-soldats, bon dieu. Putain!<br />

Tuer? C’est facile. On te donne un fusil, (n’importe lequel avec des vraies balles), tu vises un<br />

connard devant toi, tu appuies sur la gâchette et voilà. Plus rien. Le type est mort ! Silence total.<br />

Il ne gueule plus. La vache. Et voilà le travail. Du propre. La vie d’un Nègre, tu parles! Mon cul,<br />

oui! Ils ne se respectent même plus entre eux, ils s’entretuent. La vie, tu rigoles? Ils s’arnaquent,<br />

je te dis.<br />

Ces propos, aussi choquants soient-ils, reflètent bien la trame de ce nouveau roman de l’écrivain<br />

ivoirien, Ahmadou Kourouma intitulé «Allah n’est pas obligé». Un vrai brûlot. Qui dénonce le<br />

degré de la décadence politico-business en Afrique des guerres tribales et autres stupidités. Cela<br />

peut se passer dans n’importe quel pays d’Afrique. En Angola ou ailleurs. L’auteur ( âgé de 73<br />

ans ! Un vieux, comme on dit) a visé juste. Utilisant un français «petit-nègre» pour mieux passer<br />

son message.<br />

Le narrateur est un jeune enfant de la guerre. A qui la vie a mal tourné. Les parents sont pauvres,<br />

handicapés, et n’ont pas de moyens d’assurer son avenir. De bande en bandit de grand chemin, il<br />

est recruté par un aventurier africain qui ne pense qu’à l’argent, devenir très riche, détruire la vie<br />

et son pays. On lui offre un fusil «kalachnikov» pour faire la guerre, tuer des gens. «C’était facile,<br />

raconte-t-il, il suffisait d’appuyer sur la détente, et ça faisait tralala...Et ça tuait, ça tuait, les<br />

vivants tombaient comme des mouches». Pour lui, c’était comme un jeu. Il raconte la cruauté des<br />

adultes, les jeunes filles-soldats plus cruelles et vicieuses pendant cette saleté de guerre dite<br />

tribale. Les abus sexuels, la pédophilie, le viol, les sévices corporelles, les scènes difficilement<br />

explicables dans cet article! Une scène plus saisissante que le monde entier a vu, la mort en direct<br />

d’un ancien chef de l’Etat, que son ennemi l’a méchamment mutilé, pièce par pièce, pour se<br />

venger. Puisque la rumeur racontait que ce dernier mangeait de la chair humaine, il fallait lui faire<br />

voir ! « C’est toi le président du Libéria qui fais la guerre pour rester président, toi un homme du<br />

démon ! ...Mon Seigneur Jésus!» Il le prit par l’oreille, le fit asseoir: Il lui coupa les oreilles,<br />

l’oreille droite après l’oreille gauche...Plus le sang coulait, plus Johnson riait aux éclats, plus il<br />

délirait. Prince Johnson commanda qu’on lui coupe les doigts. Le supplicié hurlant comme un<br />

veau, il lui fit couper la langue...s’acharnait sur les bras, voulant couper les jambes, l’ex-président<br />

Samuel Doe rendit l’âme. On enleva le cœur, et pour paraître encore plus cruel, plus féroce, plus<br />

barbare, plus inhumain, un des officiers de Johnson mangeait, oui, mangeait de la vraie chair<br />

humaine. Le cœur du dictateur-président fut réservé à cet officier qui en fit une brochette délicate<br />

et délicieuse.(page 145). La suite, on lui arracha le sexe et le lui fourra dans la bouche ! Je passe<br />

sous silence d’autres horribles scènes...<br />

Jean-Paul Sartre, le philosophe français, préfaçant le livre "Les damnés de la terre", écrivit :<br />

«L’élite européenne entreprit de fabriquer un indigénat d’élite ; on sélectionnait des adolescents,<br />

on leur marquait sur le front, au fer rouge, les principes de la culture occidentale, on leur fourrait<br />

dans la bouche des bâillons sonores, grands mots pâteux qui collaient aux dents ; après un bref<br />

séjour en métropole, on les renvoyait chez eux, truqués. Ces mensonges vivants n’avaient plus<br />

rien à dire à leurs frères.(p.37). Le résultat est là. Ces malades qui nous gouvernent. Ou qui<br />

veulent nous gouverner. Cette «Afrique noire mal partie» dont parlait René Dumont, est<br />

véritablement malade de ses intellectuels, de ses soldatesques, sans scrupules, souvent<br />

démissionnaires, arnaqueurs, voleurs, préférant vivre en exil doré que de se sacrifier pour leur<br />

pauvre Afrique. Là-bas, on te juge selon ton degré d’assimilation. Autrement dit, selon tes études,<br />

le mythe de tes diplômes. Le roman de Kourouma est une dénonciation courageuse, avec des<br />

phrases qui font mal. Même si l’auteur a voulu ajouter un peu d’humour, son livre ne prête pas à<br />

rire. Il faut plutôt en pleurer. De mal et de honte. Alfonso Sadi<br />

35


Poèmes<br />

Angola libre ?<br />

Sous les applaudissements... (à l’occasion de l’indépendance)<br />

Ils ont dit «Indépendance»<br />

On a dansé la-dessus. On riait. On jubilait. On se congratulait.<br />

Indépendance cha...cha...<br />

On était pourtant sur un chemin tortueux<br />

Sous les applaudissements amusés des moqueurs et des badauds.<br />

Il y avait là trois places vides pour Une<br />

Fallait se battre pour poser ses fesses noires<br />

Les chars arrosaient la fête à la place du champagne<br />

Crachant le feu de la mort et les bombes explosaient, tuaient<br />

Sous les applaudissements amusés des moqueurs et des badauds.<br />

En croire, que ce jour-là, vingt-cinq ans déjà! la liberté n’était pas là<br />

Ne dégageait pas ce soleil du rire du matin<br />

Des hommes armés ont occupé tout le pays avec les armes des assassins<br />

Ils allaient faire voir comment on gagne la guerre lorsqu’on est payé pour ça<br />

Sous les applaudissements amusés des moqueurs et des badauds.<br />

Les larmes se sont succédées aux bombes les plus sophistiquées, des stingers<br />

Qui détruisaient les avions qui larguaient des bombes et des mines au ciel<br />

Dans un bruit assourdissant ne faisant pas semblant de s’amuser mais de la guerre<br />

La vraie qui vaille la peine pour un peu plus détruire les Angolais et leur terre<br />

Sous les applaudissements amusés des moqueurs et des badauds. A. Domingos Pirès<br />

Quatrième poème d’un chant d’accusation<br />

Sur la terre<br />

il y a 50.000 morts que personne n’a pleurés<br />

sans sépulture<br />

Sur la terre, 50.000 morts, personne ne les a pleurés<br />

Mille Guernica et la parole des pinceaux d’Orozco et de Siqueiros<br />

Un silence aux dimensions de la mer<br />

comme si tombaient des pluies de sang<br />

comme si des cheveux drus se dressaient herbes hautes<br />

comme si les bouches condamnaient<br />

au moment précis de leurs 50.000 morts<br />

tous les vivants de la terre<br />

Sur la terre<br />

il y a 50.000 morts que personne n’a pleurés<br />

personne…<br />

Les Héros d’Angola tombèrent avec les enfants Fernando Costa Andrade<br />

« Anthologie de la Poésie africaine d’expression portugaise ».<br />

36


Le Chemin des étoiles<br />

Suivant le chemin des étoiles<br />

le long de la courbe agile du cou de la gazelle<br />

sur la vague<br />

sur le nuage<br />

avec les ailes printanières de l’amitié<br />

simple note musicale<br />

atome indispensable à l’harmonie<br />

particule<br />

germe<br />

couleur<br />

dans la combinaison multiple de l’humain<br />

précis et inévitable<br />

de même que l’inévitable passé d’esclavage<br />

à travers les consciences<br />

de même que le présent<br />

Non abstrait<br />

incolore<br />

parmi les idéaux sans couleur<br />

sans rythme<br />

parmi les arythmies de l’irréel<br />

inodore<br />

parmi les forêts dés aromatisées<br />

de troncs sans racines<br />

Mais concert<br />

vêtu du vert<br />

de l’odeur nouvelle des forêts après la pluie<br />

de la sève de l’éclair du tonnerre<br />

les mains abritants la germination du rire<br />

sur les champs de l’espoir<br />

La liberté dans les yeux<br />

Ecoutant la rumeur<br />

des mains avides sur la peau du tombeau<br />

dans un rythme précipité et clair<br />

de Zaïres Kalahari montagnes lumière<br />

rouge des feux infinis dans les champs d’herbes<br />

violontés<br />

harmonie spirituelle de voix tam-tam<br />

dans un rythme clair d’Afrique<br />

Tel est<br />

Le chemin des étoiles<br />

le long de la courbe agile du cou de la gazelle<br />

par l’harmonie du monde.<br />

Agostinho Neto « Espérance Sacrée ».<br />

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