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■t.mimt EXCELSIOR - DIMANCHE ui!iiinniinMnMiiininiiiii!iiiiiiii...i unii..u»>iiiiiiaticiiiFiifiiniiiiii]imiuiiiN ]4 ■■:iiiiiiiiiiiiitiiiii>.iiiiiiifiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!i!iHiiiiiiiifi!iittiii!iiiiiiiii!iiiniiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 "UIIIIIIII 1 B R I C - A - B R A C ÉCHOS ET NOUVELLES DE PARTOUT L'ANNIVERSAIRE DE SARDOU N a rappelé, ces jours-ci, l'esprit endiablé, O les fines reparties, l'entrain, la vivacité de Victorien Sardou, mort voici quinze ans. Et les anecdotes sur le célèbre dramaturge, qui fut un conteur exquis et intarissable, allèrent leur train. En voici une quelque peu connue, mais toujours amusante : Ce soir-là, Sardou dînait chez la belle M me d'Aubernon. Il y dînait et contait, suivant son habitude. Or, quand il contait, la pièce avait toujours cinq actes. Autrement dit, il n'en finissait plus. L excellence d'un canard aux petits pois n arrêta pas le conteur. Alors, Meilhac, qui était de la fête, leva un doigt vers M me d'Aubernon. — Chut I fit celle-ci, vous direz cela tout à I heure. Et Sardou parlait toujours. Au dessert, accalmie. Alors, la belle amphitryonne : — A votre tour, monsieur Meilhac. que vouhez-vous dire ? Et Meilhac, penaud, baissant le front : — Je voulais, madame, redemander des petits pois. Renaissance. LES ILLETTRES AUX ÉTATS-UNIS L résulte d'investigations auxquelles s'est Î livrée la Commission^spéciale nommée par a " National Education Association ", dans le but de s'occuper plus particulièrement des illettrés, que les Etats-Unis ne comptent pas moins de cinq millions d'illettrés avoués, auxquels il faut aiouter, estiment les membres de la Commission, au moins cinq autres millions d'illettrés honteux, c'est-à-dire qui ne reconnaissent pas leur état d'infériorité, et au moins dix millions de semi-illettrés, soit au total vingt millions d'habitants ne sachant pas, ou presque pas lire ni écrire. La Commission estime que I absence de toute législation, avant l'année 1911. en ce qui concerne l'enseignement, et plus particulièrement l'absence de cours pour adultes est responsable de cet état de choses. " Dans de nombreuses villes, dit la Commission, la seule chance que possèdent les adultes illettrés d'apprendre à lire et à écrire, est de s'enrôler dans l'armée ou d'entrer en prison ! ' La "National Education Association" se propose d'entamer une campagne en vue d obtenir des pouvoirs publics qu'ils prennent des dispositions de nature à permettre à tout adulte d'acquérir, s il en a le désir, les premières notions d'un enseignement scolaire. Le Soir (de Bruxelles). journal espagnol a raconté récemment, UN avec documents à l'appui, l'aventure extraordinaire du pâtissier de Madrigal, petite ville de Castille. C était en 1578, au lendemain même de la délaite subie à Alcazar (Maroc) par ie roi Sébastien de Portugal. La conséquence de cette défaite lut de placer le Portugal sous la domination du roi d'Esjjagne Philippe II. Sébastien avait été tué au cours du combat. Ceci ne pouvait faire de doute pour personne. Une telle certitude n'empêcha |>as pourtant un Père augustin |.iortugais, nommé Miguel de los Santos. dans le but de détrôner celui qu'il considérait comme un usurpateur, d'imaginer une comédie pour laire croire que le roi Sébastien était encore en vie et prêt à remonter sur le trône de Portugal. Ce fut un pâtissier de Madrigal, nommé Gabriel Espinosa, qui joua le rôle de roi. Il le joua tant et si bien que le nombre de ses prosélytes devint bientôt considérable. L'astucieux moine sut mettre dans son jeu dona Ana d'Autriche, fille naturelle de Don Juan d'Autriche, le vainqueur de Lepante, et de la Napolitaine Diana de Sorrento. I! lui fit croire que, selon une révélation divine, le ciel la désignait comme future reine de Portugal. Dona Ana, qui était sœur au couvent des Augustines de Madrigal, dont le Père Miguel était vicaire et confesseur, se laissa aisément persuader. Au moment où la supercherie paraissait devoir réussir, celle-ci eut subitement une issue tragique, le pseudo-roi ayant commis l'imprudence d'aller parader à Valladolid, sous les yeux des sbires de Philippe IL II fut arrêté et condamné au supplice du garrot, tandis que don Miguel était pendu haut et court. Quant à dona Ana, on l'enferma dans un monastère d'Avila. Elle perdit son titre 'd Excellence et fut contrainte de jeûner pendant quatre ans tous les vendredis, n'étant autorisée à manger que du pain et à ne boire que de l'eau I Journal des Débais. ETHNOGRAPHE 'AUTRE après-midi, à la 14 L e ; Me S... laisait passer sous les yeux du tribunal une photo représentant son client banquetant au milieu de Chinois. Me S.... — Cette photographie a été prise au cours du banquet offert à mon client lorsqu'il quitta la Chine. Voyez comme tous ces Chinois ont une physionomie sérieuse et honorable I Le Président, souriant. — Le tribunal ne connaît pas suffisamment le type chinois pour se rendre compte de la respectabilité des convives ! A Quinzaine. SERMON D'ANTAN L y avait, en 1508, à l'église Saint-Jean- I en-Grève, un prédicateur du nom de Maillard dont les sermons étaient d'une brutalité qui ne fut jamais égalée. Il est vrai qu'il parlait en latin. Il disait aux marchands : " Messieurs les marchands, c'est le diable qui vous inspire la fraude dont vous êtes chaque jour coupables. Parlez, marchands de vin, ne vendez-vous pas du vin de votre façon pour de l'Orléans ou de l'Anjou ? Vous, marchands de draps, n'est-ce pas de mauvais drap de Beau vais que vous nous donnez pour du drap de Rouen ?... Et la mesure, grand Dieu, comment la faites-vous ? L'acheteur, qui croit avoir deux aunes d'étoffe, n'en a trouvé qu'une... Vous aussi, Mesdames les marchandes, achetez à la grande mesure et vendez à la petite... On vous a vues, lorsque vous pesez, donner le petit coup de doigt sur le plateau, pour faire descendre la balance du côté de la marchandise. " Oh ! ce frère Maillard, il devait exagérer ! Et que dirait-il des mercantis s'il vivait de nos jours ? Echo municipal. L AUDIENCE DES MITES N îeune avocat parisien s'en lut, l'autre U lour, plaider devant une Cour d'appel de province lorsqu'à l'audience il vit avec stupéfaction les conseillers en robes rouges, alors que cette tenue n est d'usage, à Paris, qu'aux audiences solennelles. — Les magistrats ne portent pas la robe noire ici ? demanda-t-il à son avoué. Ce dernier sourit et répliqua : — Mais si, sauf un jour par semaine, le lundi ; le Premier Président, une fois, devait revêtir la robe de pourpre pour se rendre à un L AUTO DE BÉBÉ N a souvent reproché aux voitures hippo- O mobiles de constituer une entrave à la enterrement.; or. il s'aperçut que cette robe circulation parisienne. Impropres à régler leur était mangée par les mites ; afin d obvier à cet allure sur le rythme de la vie moderne, elles inconvénient, il décida donc de (aire sortir sont, aux yeux des gens pressés, un véritable les robes rouges tous les huit jours pour les anachronisme. Pourtant, un fiacre, un haquet, aérer Et voilà pourquoi cette débauche vesti- si vieille et poussive que soit la rosse qui les mentaire est de rigueur une lois par semaine à u^i audience nommée : l'audience des mites ! tire, peuvent encore prendre le trot de temps en temps pour dégager la chaussée. Mais que Cri de Paris. dire des voitures d enfants ? La nourrice ne connaissait jusqu'ici qu'une allure : le pas, un LE PATISSIER DE MADRIGAL pas majestueux et solennel. Or. cela va changer. A Londres, on a vu, nous dit-on. une voiture d enfant poussée par une nurse, elle-même montée sur une sorte de patinette automobile. Le bébé, qui n est pas de son siècle pour rien, se trouve, paraît-il, fort bien de cette mode nouvelle . les cahots le beirent, et il dort, sans souci du " trafic ". Et ceci nous prouve que le progrès n'est pas un vain mot. NtW'Yorh. Herald. LES PERLES D'ÉLISABETH D AUTRICHE OICI revenu le vingt cinquième anniver- V saire de la mort traeique d Elisabeth de Bavière, impératrice d Autriche, qui tomba en 1898 sous le poignard de I anarchiste Luccheni. Sait-on que, quelques semaines avant sa mort, l'impératrice avait envoyé à Corfou un incomparable collier de perles, qui lui avait été donné aux premiers temps de sor mariage par François-Joseph. Vers 1895, les perles magnifiques avaient commencé à perdre un peu de leur orient et de jour en jour elles semblaient se flétrir davantage. L'impératrice se désespérait : elle avait en vain consulté les bijoutiers les plus experts, nul ne s'était chargé de rendre aux perles leur éclat primitif. Un vieux "juif, cependant, un beau matin, indiqua à Elisabeth le remède désiré ; elle n'avait qu'à plonger les perles pendant quelques mois dans la mer. et le collier retrouverait sa magnificence primitive. C était en mai 1898: l'impératrice se laissa convaincre ; elle envoya son collier à un moine corfiote en qui elle avait toute confiance et lui écrivit ce qu'elle attendait de lui. Le II juin, par une nuit claire et une mer tranquille, le moine, aidé par un pêcheur grec dont l'histoire n'a pas conservé le nom, alla accrocher le collier dans un creux de rocher sous-marin, au pied du fameux Achilleion. Il pensait aller le retirer six mois après. Le 2 août suivant, le moine disparaissait mystérieusement, en allant porter secours à une vieille femme qui expirait d ailleurs le même jour. En septembre, l'impératrice fut assassinée. Le pêcheur qui avait accompagné le moine dans son expédition nocturne se noyait à la fin de novembre de la même année 1898. La légende affirme cependant qu'il avait confié son secret à un vieux Corfiote qui, ajoute-t-on, vivait encore, mais dont nul n'a jamais pu préciser le nom. Depuis mai 1898, les perles sont toujours sous l'eau. Qui saura les retrouver ? RÉGIME SEC Eclair. L a suffi de quelques semaines, après le I départ des alliés, pour rendre Constanlinople méconnaissable. L établissement du régime sec a fermé 4.250 cafés, bars et cabarets. Péra, qui était une ville fort gaie, est plongée maintenant dans une morne tristesse. Plus d orchestre dans les restaurants, plus de dancings — et Dieu sait s'ils étaient nombreux et bien achalandés I — plus de iazz-band. Chacun ciaint les trente coups de bâton distribués libéralement par la police aux buveurs qui voudraient prendre du " thé froid ", c'est-àdire boire à l'heure de l'apéritif un " douzico " (sorte d anisette ou d'absinthe qui était I apéritif national) servi dans une vulgaire tasse à tne. Europe nouvelle. UN ORIGINAL I en France il y avait encore, l'année S dernière, quelques personnes qui n'avaient pas entendu Phi-Phi. il y a d'autre part en Amérique un Américain qui n'a jamais entendu de radio-concert. Ce n'est pas un sourd ; c'est le célèbre auteur dramatique et conférencier Israélite Israël Zangwill, dont Excelsior-Dimanche a publié, il y a peu de temps, une remarquable nouvelle d'action. M. Israël Zangwill, donc, n'a jamais entendu de radio-concert — c'est, du moins, ce qu'il a affirmé aux journalistes qui 1 interviewaient, à son retour d'Angleterre. Mais, après tout. M. Israël Zangwill n'est-il pas aussi un humoriste ? Rad io- Magaz ine. UN FAUX FAMEUX ES dernières découvertes de faux au Louvre, L où ils abondent encore, remettent en mémoire les faits oubliés aujourd hui et qui, en leur temps, eurent un retentissement au moins égal. Entre autres, cette aventure, dont s esclafla toute la presse du Second Empire et dont Rochefort s'empressa de tirer parti. Un antiquaire de Florence, M. Frappa, avait acheté pour 350 francs une terre cuite faite par son ami, le sculpteur Brastar.ini. Il la vendait quelques mois plus tard à M. de Nolivos 700 francs. Le modèle était un très modeste ouvrier de la manufacture de tabac de Florence, appelé Bonainti, qu'on avait coiffé, pour la pose, à la mode du XVI e siècle. En 1865, lors d'une rétrospective de l'Union Centrale des Beaux-Arts, on s enthousiasma pour un buste de terre cuite de la renaissance italienne, représentant le poète Bemvuni, auteur d odes religieuses, né à Florence en 1453. pièce principale de la collection d'un riche amateur. M. de Nolivos. L exposition terminée, l'œuvre lut mise en vente à I hôtel Diouol et adjugée à M. le comte de Nieuwertiertie, directeur général des Musées impériaux du Louvre. Et ce pour la coquette somme de 13.600 lrancs. Quelques jours après seulement, des bruits venus d'Italie commencèrent à circuler, et un journal italien le Ditlo, par la plume du docteur Foresi, narra tout au long l'histoire. Ce fut une belle bataille, qui dura jusqu en 1868. Les officiels ne, voulurent pas s'avouer vaincus. Mais, quand l'affaire fut oubliée, le buste disparut insensiblement des collections du Louvre et on l'y chercherait vainement aujourd'hui. Les Hommes du Jour. m DU POÈTE AU POÈTE E poète — on a l'habitude de faire suivre L ou précéder ce nom d'un qualificatif choisi : bon, exquis, harmonieux, mais ici nous dirons le poète, et cela suffit, puisque ce poète est Tristan Derème — a chanté la pipe et l'escargot dans la Verdure dorée : Je veux bourrer ma pipe et fumer en silence A l'ombre des rosiers que l'air tiède balance. Le soleil a plongé dans le soir d'écarlate Comme une abeille en or dans un coquelicot : Et la lune déià, comme un laune escargot, A quitté la colline et glisse au ciel d'automne. Or, étant l'autre jour dans l'antre où Tristan assemble les Muses et lie avec elles commerce, nous avisâmes- un exemplaire du Passé vivant, d'Henri de Régnier, édition pré-originale, puisqu'elle est formée de la réunion des chapitres pris dans la Revue de Paris en 1904- 1905. Sur la page de garde, on peut lire ces vers : Comme vous, Tristan Derème, Je suis poète, car i aime Le feu l'eau, I air et le vent. L'escargot et la. tulipe. Le tabac qui brûle en la pipe, L'amour et le passé vivant HENRI DE RÉGNIER, N'est-ce pas charmant, ce geste de poète à poète, à travers ce qu'on appelle faussement 1 " abîme des générations " ? LE FAUTEUIL REFUSÉ C Paris- Journal. EST d'un lauteuil académique qu il s agit, et le cas, on le devine, ne date pas d'hier. I! est d ailleurs unique dans les annales de ! Académie. Gageons que les heureux vainqueurs du scrutin dernier ne le renouvelleront pas. Quand Perrault mourut, l'illustre Compagnie élut, pour le remplacer, le 18 juin 1703, le président de Lamoignon. Voici ce qui s était passé : Chaulieu, lavori de la Cour, s'était présenté au fauteuil de Perrault et racontait partout qu'il allait être des Quarante. Cette candidature officielle et les ragots de Chaulieu avaient indisposé 1 Académie et surtout son directeur, M. de Tourreil, qui, le iour du scrutin, annonça qu'il serait convenable de ne pas oublier Lamoignon, alors à l apogée de sa renommée. Le président passa d emblée. Mais Chaulieu, ne se tenant pas pour battu, fit " conseiller ' par la cour au président de refuser le lauteuil. Lamoignon s inclina. Alors, I Académie élut le coadjuteur- de Strasbourg, lutur cardinal de Rohhn. qu elle savait encore mieux vu à Versailles que Chaulieu ; et son choix lut, en effet, approuvé par Louis XIV. Opinion. LE RENARD A LA PL.UTARQUE voici une histoire de chasse... Elle ne ET nous vient pas du Midi, mais d'Angleterre. Un renard avait été pris dans un piège, pris par une palte. L'animal fut assez robuste et assez énergique pour décamper en traînant après lui l'appareil enfoncé dans ses chairs. Des chasseurs s'aperçurent de cette fuite, dont l'héroïsme ne les émut pas ; ils suivirent le renard à sa trace sanglante. Le renard, se voyant poursuivi (?), gagna des montagnes escarpées — nous affirme la dépêche que nous avons sous les yeux — mais bientôt il comprit que tout effort était inutile et qu il allait être cerné. Alors ce renard, courageux comme un lion, par une détermination .digne d'un héros de Plutarque, décida de se suicider et se jeta dans un précipice où il alla s'abîmer, ... C'est une histoire de chasse... Elle ne nous vient pas du Midi, mais du Nord-Ouest... Gaulois.
■iiiiiiiiiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 "'m»i»"»>"imiiiiiic»iiiiniMiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiMmiiiE ■■■■■■■iiiiiiiiiiiiiiiumimi 15 •■■•» iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii^» EXCELSIOR-DIMANCHE uii«« LE MYSTERIEUX TUEUR D'AUTRUCHES (Suite du texte de la page 7.) L'homme essayait de repasser la palissade, mais Ikoto l'attendait là. J'entendis un brait de lutte, puis la voix du brave Hova, qui répétait avec indignation : — Sakaiza manody ! (Ah ! faux ami, traître !) ■ Quelques secondes plus tard, nous l'avions rejoint. Un indigène gisait sanglant sur le sol, la poitrine trouée d'une balle. Son corps nu était frotté d'huile, comme ceux des voleurs nocturnes, pour glisser plus facilement entre les mains de ses agresseurs. — Je ne m'étais pas trompé, dit Badoual, c'est bien Ratsimanosy, mon ancien employé, f Hé oui ! C'était l'ami d'Ikoto, disparu depuis plusieurs semaines. Il vivait encore. Crespel et le Hova le transportèrent dans la case. Le père Guillemot, ahuri, nous jj attendait. — J'ai entendu un coup de feu. Nous gommes attaqués ? — Oui, ricana Badoual... Sans vous, papa, nous étions fichus. * A ft QUAND Ratsimanosy fut couché sur une natte, je le fis boire, et, après bien des supplications d'Ikoto, Û consentit à parler : — Je suis né au commencement de la lune à\'Alak\aosy, dit-il, c'est-à-dire en des jours néfastes, et, bien que mes parents aient pris la précaution de me faire couper le petit doigt ■ de la main gauche pour conjurer le mauvais sort, j'étais mahery vintana. — Mahery vintana /... interrompit Ikoto avec horreur. Ah ! les blancs ne comprennent pas cela... Ratsimanosy était voué à tuer le souverain ou ses parents... Son nom, du reste, est l'un de ceux que l'on donne aux enfants dont le destin est redoutable. J'aurais dû le remarquer. — Oui, reprit le blessé, mais il n'y a plus de souverain. Ce sont les blancs qui gouvernent et je craignais de tuer un jour mon père ou ma mère... " Un sorcier très savant m'a vendu une fois un sampy (fétiche) en or pour me protéger contre mon destin... Sa bouche se tordait de souffrance. Il continua : ... — Dans le parc des autruchons, j'ai laissé tomber mon sampy. L'un des oiseaux l'a mangé, alors... Badoual, comme inspiré, se frappa le front.' — Parbleu ! voilà l'explication du mystère. J'avais chassé Ratsimanosy. Il ne pouvait plus retrouver son porte-veine et il l'a cherché dans l'estomac des pauvres bêtes que je vous ai vendues. C'est cela, n est-ce pas ? — Oui, dit faiblement le mourant. J'étais maudit. La preuve, c'est que le blanc m'a tué. Ikoto, très croyant comme tous les Hovas, dissimulait mal son émotion, et je me sentais envahir moi-même par une sorte de remords. J'avais tué un ignorant, non un criminel. — Ce qui m'a mis sur la piste, expliquait Badoual, c'est cette .prédilection de l'inconnu pour les oiseaux d'une même couvée et aussi cette habitude certaine qu'il avait d'approcher les autruches. Puis, quand j'ai vu l'empreinte de cette main gauche privée d'auriculaire, je n'ai plus eu de doute sur la personnalité de l'éventreur. Mais ce que je n'aurais jamais deviné seul, c'est le but étrange qu'il poursuivait. Ratsimanosy mourut dans la nuit, et Ikoto lui rendit les derniers devoirs. Philosophe, il est encore persuadé aujourd'hui qu'étant mahery vintana, son camarade devait finir tragiquement. A quelque temps de là, en nettoyant le parc de l'autruchon, Ikoto trouva sur le sol une bizarre et grossière petite statuette d'or. C'était le gris-gris du pauvre Malgache, déformé par suite de son séjour dans l'estomac de la bête, où il avait voisiné avec des cailloux. Aujourd'hui, notre parc, peuplé de plus de quarante autruches, est en pleine prospérité, et l'étrange petite breloque d'or, qui pend à ma chaîne de montre et intrigue mes amis, est tout ce qui me rappelle l'étonnante aventure du mystérieux éventreur de Tulléar. JACQUES CÉZEMBRE. Le Gérant H. LE PAGE. Paris. — HEMERY, imprimeur, 18, rue d'Enghien. VOULEZ-VOUS AVOIR UN Ravissant APPARTEMENT moderne ? Grâçe aux pochoirs de l'artiste Rapp. vous transformerez vous-même votre home, très facilement et à peu de frais. Pochette SÉRIE MURALE n° I et instructions contre mandat de 12 (r. 60 à < POCHOIRS-DÉCORATION », 32, rue Saint-Marc, Paris (2
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