Quelques enseignements sur l'économie sociale et ... - ECO Consult

2.3. Les troupeaux
2.3.1. La structure des troupeaux : effectifs, composition et races
Une allusion contenue dans l’ouvrage Les Peul du Sénégal de Cheikh Ba (1986 : 134), citant
les résultats d’une enquête effectuée par Receveur en 1965 44 , illustre à la fois la catégorisation
des effectifs animaux et la composition des troupeaux de l’époque :
Du point de vue de la taille et toujours en zone sylvopastorale une enquête de Receveur établissait, en
1965, les chiffres suivants :1) Troupeaux de moins de 30 têtes : 30% 2) Troupeaux de 30 à 45
têtes : 30% 3) Troupeaux de 50 à 75 têtes : 25% 4) Troupeaux de plus de 75 têtes : 15% 5) Les
troupeaux de plus de 100 têtes sont exceptionnels. (Ba Cheikh ,1986 : 134)
La notion de troupeau minimal de bovins est bien en de ça de 25 têtes. Les troupeaux
présentant des effectifs de plus de 100 têtes de bovins sont jugés exceptionnels. Par ailleurs, il
n’est pas fait allusion aux autres espèces, les petits ruminants en particulier. Cela traduit bien
le désintérêt à l’époque pour ces espèces là. En effet, le bovin traduit l’identité Peul. Il
symbolise, en quelque sorte, une valeur étalon de la mesure sociale. Ceci est aisément
compréhensible à l’évocation, par Dupire 45 , du mythe fondateur de ce peuple. La complicité
entre l’humain et le bovin est au centre de ce mythe.
La composition d’un troupeau reflète un grand nombre d’enseignements qui traduisent
notamment l’exploitation qui en est faite. Cheikh Ba (1986 : 133) note que les troupeaux de
bovins ont presque toujours la même composition 46 . Au-delà de la valeur sociale des bovins, la finalité
productive des troupeaux demeure le lait. Ce produit, lui aussi hautement symbolique, et ses
dérivés (caillé et beurre) se consomment, s’offrent, se vendent ou se troquent. La vente
d’animaux -perçue comme une séparation- n’est faite qu’en dernier ressort, décidée suite à un
44 Receveur, P. Définition d’un programme d’aménagement hydro-pastoraux dans la zone sylvo-pastorale, Dakar, DEIA,
Rapport de mission, 1965, 69 p.
45 Un extrait du résumé du mythe fondateur est présenté par Dupire : La femme de Ukubu était partie un jour
au fleuve, pour se purifier après la période menstruelle. En revenant, un esprit, appelé Kaanaba, sortit de l’eau et la
posséda. Elle engendra de lui un fils Haku, qui fut l’ancêtre des Hanagamba (nom local des Bororos nomades). […] Elle
lui [à Haku] dit : « va au fleuve, un vendredi, au coucher du soleil ». […] Alors des vaches et des bœufs, sortirent de l’eau
[…] et suivirent le jeune homme […] le berger […] vit sortir de l’eau un taureau à sept cornes […] toutes les vaches le
suivirent en brousse… (Dupire, 1996 : 32-33)
46 Nous aboutissons à cette composition moyenne en zone sylvopastorale : 1) Vaches : 58%, dont plus de 10 ans 6%, stériles
3% 3) Mâles adultes 10%, dont taureaux 3 ans et plus 4%, Bœufs 6% 3) Jeunes de moins de 3 ans : 32% dont 12%
de mâles et 20% de femelles (Ba Cheikh ,1986 : 133 )
32