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Schaeffer (1994 : 29-30) souligne que le changement essentiel observé concerne le troupeau bovin. A cette époque, les enquêtes montrent une régression pour moitié de l’effectif bovin par rapport à l’époque précédente (enquêtes Santoir, datant d’avant 1984). Parallèlement, il observe un maintien, voir une légère croissance de l’effectif des petits ruminants, principalement des ovins et plus marginalement de celui des caprins. Les tactiques de reconstitution du cheptel avec du cheptel ovin et caprin fonctionnent, même si la référence sociale relative à la possession d’un cheptel bovin, elle, ne change pas. Le rapport inter-espèce a donc évolué. Thébaud (1994 : 16) précise même que l’effectif ovin représente 2,8 fois l’effectif bovin et caprin ramené à l’unité. A l’époque, il était délicat de distinguer s’il s’agissait d’une tendance lourde ou bien d’une tactique conjoncturelle. En effet, le doute subsistait. Certes, la sécheresse a brouillé les cartes de la référence sociale inscrite dans la possession de bovins. Toutefois, les mêmes enquêtes menées par Thébaud informent sur le fait que 48% des ménages [au sens du galle] maîtrisent simplement 10% des bovins. Une forte différenciation subsiste et structure donc la référence sociale. BOU GAN TAT WID Pourcentage des "galle" et leur propriété de bétail par catégorie et par forage (base: recensements 2006) WOL Ménages Bovin pt.Rum Charr Ménages Bovin pt.Rum Charr Ménages Bovin pt.Rum Charr Ménages Bovin < 10 10 à 39 40 à 89 > 90 catégories de galle en fonction du nombre de bovins pt.Rum Charr 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% 10,0% Les recensements plus récents des troupeaux d’un certain nombre de forages de la zone confirment les mêmes tendances. En moyenne pour les cinq forages, 41% des galle possèdent moins de 10 bovins et au total à peine 2% du cheptel bovin recensé, mais également 34% des 0,0% 34
petits ruminants et 43% des charrettes. De l’autre côté, la catégorie des galle possédant plus de 90 bovins totalise 47% du cheptel bovin et 21% des petits ruminants. Ramené à l’UBT, avec une charrette assimilée à 10 UBT, la répartition des richesses se présente comme suit : Catégorie galle UBT 90 11% 36% Mais il faut revenir à la conduite du troupeau et aux conditions d’abreuvement pour comprendre la faisabilité de telles mutations. L’importance accordée aux petits ruminants a comme corollaire la nécessité d’une maîtrise du transport de l’eau des forages. En effet, l’éloignement de chaque forage et les possibilités directes d’abreuvement sont plus adaptés aux bovins 50 qu’aux petits ruminants. Le transport de l’eau des forages au campement implique la possession d’équipement en chambre à air utilisé comme contenant, en charrette et en animaux de service (équins et asins). L’investissement conséquent dans un élevage de petits ruminants est donc tributaire de ces investissements. Il implique également un gardiennage rapproché de ces animaux car le risque d’égarement ou de vol est bien réel. La comparaison diachronique des troupeaux à deux décennies successives, faite par Tyc (1994), montre que le nombre de bovins par galle est resté particulièrement stable et que celui des petits ruminants a été, lui, multiplié pratiquement par quatre. Il nous rappelle que ce changement n’a été possible que par l’équipement des exploitations en moyens de transport. Il avance qu’à vingt ans d’écart, il est probable que le nombre de charrettes a été multiplié par 10 ou même par 20. Les charrettes en 1994 font parties intégrantes de chaque galle et sont complétées par un équipement en chambre à air de récupération, souvent de forte capacité (400 à 600 litres et même plus). Juul (1996) cite Santoir, en soulignant que le nombre de charrettes a été décuplé : 1 charrette sur 24 foyers en 1975 en regard d’une charrette pour presque un foyer sur 2 en 1991. Le pic d’adoption de cette innovation se situe un à deux ans après la sécheresse de 1984. L’abreuvement des petits ruminants se généralisa alors au campement grâce aux équipements acquis. Ces chambres à air provenaient des camions utilisés sur les grands chantiers sénégalais (infrastructures routières et aménagements sur le fleuve) ou encore des engins de mines de 50 La mobilité des petits ruminants et leur capacité à tolérer un abreuvement espacé sont moindres que pour les bovins (Thébaud, 1994 : 26). 35
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