Pathologie hémorroïdaire. - Hepato Web
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+<br />
Sophie Ribière,<br />
IHP, DES Hépato-gastro.<br />
<strong>Pathologie</strong> <strong>hémorroïdaire</strong>.<br />
13 janvier 2012
+ Anatomie<br />
n Anus = marge anale + canal anal<br />
n Hémorroïdes = formations vasculaires physiologiques ,<br />
provenant principalement de l’artère rectale<br />
supérieure.<br />
n Ligne pectinée<br />
• Classiquement 3<br />
“paquets”<br />
<strong>hémorroïdaire</strong>s : latéral<br />
gauche, antéro-droit et<br />
postéro-droit.<br />
• Variantes anatomiques<br />
fréquentes.<br />
• Rôle dans la continence<br />
fine ?<br />
Anatomie du réseau<br />
<strong>hémorroïdaire</strong><br />
Hépato-gasto-entérologie, JD Zeitoun at al. VG
+ Physiopathologie<br />
n <strong>Pathologie</strong> <strong>hémorroïdaire</strong> : à partir du moment où les<br />
hémorroïdes deviennent symptomatiques.<br />
n 2 théories : mécanique et vasculaire :<br />
n Altération du tissu conjonctif qui ancre les hémorroïdes au<br />
sphincter interne.<br />
n Hypervascularisation artérielle et/ou altération du retour<br />
veineux ?<br />
n Facteurs favorisants :<br />
v Troubles du transit, constipation ++<br />
v Grossesse<br />
v Augmentation P° abdominale (tumeur pelvienne, ascite)<br />
v Niveau socio-économique élevé
+ Epidémiologie<br />
n 1ère cause de consultation en proctologie.<br />
n Épidémiologie mal documentée; maladie souvent méconnue,<br />
sous-déclarée car socialement taboue.<br />
n Pic de fréquence entre 45 et 65 ans.<br />
n Hommes et femmes grossièrement également concernés.
+ Diagnostic clinique<br />
1. Interrogatoire<br />
² Age, ATCD notamment gynéco-obstétricaux chez la femme, prises<br />
médicamenteuses (TAC, AAP), profil du transit intestinal.<br />
² Symptômes précis, gêne réelle<br />
² Ancienneté de la maladie<br />
² Traitements essayés<br />
2. Examen physique<br />
3 temps : inspection et palpation de la marge anale, toucher<br />
anorectal et anuscopie.<br />
Position genu pectorale<br />
Proktos.com
+ Thrombose <strong>hémorroïdaire</strong> externe<br />
n Seule complication des hémorroïdes externes.<br />
n SF : Douleur anale aigue, non rythmée par la défécation, non<br />
insomniante.<br />
n Inspection : tuméfaction bleutée<br />
n TR : éliminer un abcès intra-canalaire<br />
n PEC : antalgiques (paracétamol), AINS PO, topiques contenant<br />
des corticoïdes (proctolog crème),et régularisation du transit.<br />
n Incision ou excision du thrombus peuvent être proposées<br />
d’emblée ou en l’absence d’efficacité du traitement medical à<br />
24-48h :<br />
1. anesthésie locale xylocaïne sous et autour du caillot<br />
2. incision puis excision des berges<br />
3. extraction du caillot<br />
4. nettoyage de la cavité à la curette.
+ n<br />
Evolutions possibles :<br />
Ø Guérison et restitution ad integrum de l’aspect de la marge<br />
anale.<br />
Ø Évacuation spontanée d’un ou deux caillots à l’origine d’un<br />
saignement peu abondant puis cicatrisation.<br />
Ø Formation d’une marisque séquellaire.<br />
n Informer les patients des modes évolutifs possibles.<br />
n Dans tous les cas, et même en l’absence de traitement, la<br />
douleur cède en quelques jours.<br />
n Si THE à répétition : discussion du traitement chirurgical;<br />
hémorroïdectomie classique pédiculaire selon Milligan et<br />
Morgan.
+ Quelques photos…<br />
Thrombose<br />
<strong>hémorroïdaire</strong> externe<br />
gastroenterologiadomicol
+ Quelques photos…<br />
marisques<br />
gastroenterologiadomicol
+ <strong>Pathologie</strong> hemorroïdaire interne<br />
1. Saignements : émissions indolores de sang rouge<br />
vif, survenant après la défécation éclaboussant la cuvette.<br />
n !! Rechercher une autre étiologie si :<br />
ü Saignements en dehors des selles<br />
ü Âge supérieur à 40-45 ans<br />
ü Anémie par carence martiale<br />
ü AEG<br />
ü Douleurs abdominales diarrhée<br />
Il peut s’agir d’une MICI, d’un cancer colorectal…
+ 2. Prolapsus<br />
Prolapsus : extériorisation de la muqueuse du canal anal<br />
recouvrant le tissu <strong>hémorroïdaire</strong>, contemporaine des efforts<br />
de poussée lors de la défécation le plus souvent.<br />
n Classification de Goligher<br />
I Hémorroïdes internes congestives sans prolapsus<br />
II Prolapsus spontanément réductible<br />
III Prolapsus manuellement réductible<br />
IV Prolapsus permanent et irréductible
+ Goligher<br />
Hémorroïdes grade I<br />
Prolapsus <strong>hémorroïdaire</strong> de grade IV
+ Symptomes et manifestations plus<br />
rares :<br />
n Pertes de mucus : muqueuse glandulaire au contact avec le<br />
milieu extérieur (en raison du prolapsus) irritée.<br />
n Douleurs : thrombose ? pathologie associée ?<br />
n Thrombose hémorroidaire interne : soit non prolabée (TR :<br />
nodule ferme), soit prolabée (diagnostic évident à<br />
l’inspection).<br />
n Prurit anal
+ Quelques diagnostics différentiels de la<br />
pathologie <strong>hémorroïdaire</strong> à évoquer de<br />
principe :<br />
n THE<br />
n Prolapsus <strong>hémorroïdaire</strong><br />
n Rectorragies<br />
n Marisque<br />
n Abcès de la marge<br />
n Prolapsus rectal<br />
n Tumeur du rectum<br />
n Condylome<br />
Prolapsus rectal
+ PEC de la pathologie<br />
<strong>hémorroïdaire</strong> interne<br />
n 4 attitudes se discutent :<br />
1. L’abstention thérapeutique<br />
2. Les RHD +/- traitement médical<br />
3. Traitements instrumentaux<br />
4. Traitement chirurgical<br />
n Dépend de la gêne fonctionnelle et du grade de la<br />
pathologie.<br />
n En l’absence de plainte fonctionnelle majeure : abstention<br />
thérapeutique.
+<br />
Algorithme de<br />
stratégie<br />
thérapeutique<br />
de la<br />
pathologie<br />
<strong>hémorroïdaire</strong><br />
Zeitoun JD, Lehur PA, Atienza P Hépato-gasto 2011
+ RHD & traitement médical<br />
n Aucune des nombreuses RHD proposées n’a fait ses preuves.<br />
n Augmentation de l’apport en fibres et éviction des efforts<br />
excessifs de poussée lors de la défécation peuvent limiter<br />
les symptômes.<br />
n Régularisation du transit avec laxatifs ou ralentisseurs.<br />
n Topiques (pommade, crème, suppositoire), principes actifs<br />
variables : anesthésiques, corticoïdes, antiseptiques… Pas<br />
d’usage au long cours.<br />
n Veinotoniques, effet bénéfique suggéré par une métaanalyse<br />
récente…
+ Traitements instrumentaux :<br />
n Sclérose<br />
n Photocoagulation infrarouge<br />
n Ligature élastique<br />
Ø Objectif : induire une fibrose<br />
cicatricielle supposée rétracter et<br />
fixer la muqueuse anale prolabée au<br />
plan musculaire sous-jacent.<br />
Ø Plusieurs paquets hémoroïdaires<br />
peuvent être traités à chaque séance.<br />
Ø Séances peuvent être renouvelées à 4<br />
semaines d’intervalle.<br />
Réalisation d’une injection<br />
de produit sclérosant au<br />
sommet d’un paquet<br />
<strong>hémorroïdaire</strong> au cours<br />
d’une anoscopie. snfge
+ Ligature élastique<br />
Appareil de ligature<br />
élastique<br />
permettant de<br />
positionner un<br />
anneau élastique<br />
(noir) à la base de la<br />
muqueuse aspirée<br />
dans le cylindre de<br />
l'appareil.<br />
Deux ligatures ont été réalisées au<br />
sommet de paquets <strong>hémorroïdaire</strong>s<br />
procidents lors d'une anuscopie.<br />
Snfge.org
+ Comparaison des principaux traitements<br />
instrumentaux :<br />
v Sclérose<br />
n Injection sousmuqueuse<br />
d’un<br />
produit sclérosant à<br />
la base du paquet<br />
hémorroidaire<br />
n HI grade I-II<br />
v Photocoagulation<br />
Infra rouge<br />
n Application d’une<br />
lampe à halogène<br />
délivrant des<br />
rayons IR sur la<br />
base du paquet.<br />
n HI grade I-II<br />
v Ligature élastique<br />
n Application d’un<br />
anneau élastique à<br />
la base du paquet<br />
hémorroidaire à<br />
l’aide d’un<br />
dispositif<br />
spécifique<br />
habituellement à<br />
aspiration.<br />
n HI grade I-II-III
+ Traitements instrumentaux :<br />
n Contre-indications :<br />
- maladie proctologique associée (fissure, fistule, tumeur)<br />
- ID ou cardiopathie valvulaire (CI relative)<br />
- traitement anticoagulant ou AAP (CI relative)<br />
- MICI<br />
n Complications :<br />
• douleur post procédure,<br />
• THE/prolapsus thrombosé,<br />
• hémorragie souvent retardée par chute d’escarre (J5 à J20), +<br />
fréquente après ligature,<br />
• sepsis pelvien (très rare)
+ Traitements chirurgicaux<br />
n 3 techniques chirurgicales :<br />
1. L’hémorroïdectomie tripédiculaire, classique, de<br />
référence, les plaies sont laissées ouvertes selon la<br />
technique décrite par Milligan et Morgan. Aux USA, les<br />
plaies sont généralement fermées (technique décrite par J<br />
Ferguson)<br />
2. L’hémorroïdopexie ou technique de Longo.<br />
3. La ligature sous contrôle doppler des artères<br />
hémorroïdales.
+ Hémorroïdectomie<br />
n Indications spécifiques :<br />
v HI grade IV<br />
v Marisques hypertrophiques<br />
v <strong>Pathologie</strong> <strong>hémorroïdaire</strong> associée à une autre pathologie<br />
proctologique : fissure, condylome…<br />
n Exérèse des 3 paquets <strong>hémorroïdaire</strong>s principaux avec<br />
ligature haute de leur pédicule vasculaire.<br />
n Suites postopératoires plus lourdes et souvent douloureuses.
+ L’hémorroïdectomie selon la technique de Milligan et Morgan.<br />
Triangle d’exposition Aspect des plaies en fin<br />
d’intervention<br />
Zeitoun JD, Lehur PA, Atienza P Hépato-gasto 2011
+ 2) Hémorroïdopexie ou technique<br />
de Longo<br />
n Concept : repositionner les paquets <strong>hémorroïdaire</strong>s dans<br />
le canal anal à l’aide d’un dispositif spécial et en même<br />
temps interrompre partiellement la vascularisation.<br />
² Très bons résultats en terme<br />
de douleurs post op et de<br />
reprise précoce de<br />
l’activité .<br />
² Technique difficile<br />
² Complications rares mais<br />
graves : douleurs anales<br />
chroniques, urgences<br />
fécales, fistule rectovaginale,…
+ Hémorroïdopexie vs hémorroïdectomie<br />
n Taux de complications postopératoires similaire.<br />
n Hémorroïdopexie associée à :<br />
Ø Durée opératoire plus courte<br />
Ø Suites moins douloureuses<br />
Ø Hospitalisation plus courte<br />
Ø Reprise plus précoce du travail et de l’activité normale<br />
n Hémorroidectomie :<br />
Ø Efficacité à long terme supérieure, moins de réinterventions<br />
Ø Seule possibilité pour les prolapsus de grade IV
+ 3) Ligature sous contrôle doppler<br />
des artères hémorroïdales<br />
n Concept : ligature des artères cheminant dans la paroi du bas<br />
rectum en direction des HI après repérage à l’aide d’un<br />
rectoscope dédié muni d’un transducteur doppler.<br />
Technique :<br />
Sous anesthésie locale, péridurale,ou<br />
générale.<br />
Dilatation du canal anal, et insertion<br />
du transducteur environ 2 cm au<br />
dessus de la ligne pectinée.<br />
Localisation des branches de l’art<br />
rectale et sutures.
+ Suivi précoce et à 3 ans de 100 patients consécutifs traités par ligature<br />
doppler.<br />
n Technique facile à pratiquer et à maitriser : 3 à 5 procédures requises<br />
n Moins invasif, moins de douleurs postop<br />
n Temps opératoire moyen de 28 minutes.<br />
n 79 patients sortis le jour même de l’hopital, les patients sortis à J1 ou J2 :<br />
raisons sociales ou procédure associée à la ligature doppler.<br />
n 6 patients ayant présenté complications précoces ou tardives : douleur<br />
anale, thrombose et fissure.<br />
n Est indiqué à tous les stades de Goligher (discuté ++)<br />
n 12 % de récidive à un délai moyen de 12,6 mois (taux de succès de 78 à<br />
97 % dans la littérature) mais les patients peuvent alors etre traités par<br />
hémorroidectomie, hémorroidopexie ou nouvelle tentative de ligature<br />
doppler.<br />
n Mais période de suivi relativement courte et essai non randomisé.<br />
Faucheron at al, 2008
+ Plusieurs études sur la ligature sous contrôle<br />
doppler :<br />
Faucheron at al, 2008
+ n 170 patients opérés de ligature doppler +/- mucopexie<br />
n Évaluation post op : à 1 semaine,1 et 3 mois puis à 1 an.<br />
n 2 patients (1,2%) : saignements post-opératoires nécessitant<br />
hémostase chirurgicale.<br />
n 4 patients (2,3%) : thrombose <strong>hémorroïdaire</strong><br />
n 18 patients (10,5%) : Prolapsus <strong>hémorroïdaire</strong> modéré<br />
n Contrôle post-op des saignements : 159 patients (93,5%)<br />
n Contrôle du prolapsus : 152 patients (89,5%)<br />
n Récurrence de la maladie <strong>hémorroïdaire</strong> avec 2ème chirurgie : 7<br />
patients (4,1%)<br />
n Conclusion : option thérapeutique peu invasive et efficace.<br />
Necessité d’études comparatives avec les autres procédures. Il<br />
reste à définir les indications adéquates.<br />
Ratto et al, 2010, Diseases of the colon and rectum.
+ En résumé :<br />
n La pathologie <strong>hémorroïdaire</strong> est la 1ère cause de<br />
consultation en proctologie.<br />
n Physiopathologie complexe: facteur mécanique et vasculaire.<br />
n Les hémorroïdes externes se compliquent sous la forme de<br />
thromboses qui sont à l’origine de douleurs anales aigues<br />
non rythmées par les selles.<br />
n Les manifestations cliniques les plus fréquentes des<br />
hémorroides internes sont le prolapsus et les saignements.<br />
n Diagnostic est purement clinique, seul examen à discuter : la<br />
coloscopie, en cas de rectorragies après 40 ou 45 ans afin<br />
d’éliminer une lésion colorectale.
+<br />
n La stratégie de la PEC d’une maladie <strong>hémorroïdaire</strong> est guidée<br />
par les constatations cliniques et par la gêne exprimée par le<br />
patient.<br />
n En cas de prolapsus de grade I-III si RHD et le traitement<br />
médical sont inefficaces, on peut proposer traitements<br />
instrumentaux.<br />
n L’hémorroïdectomie reste la technique de référence mais<br />
l’hémorroïdopexie est une alternative valable moins<br />
douloureuse en dépit de récidives plus fréquentes à long terme.<br />
n La ligature-doppler des artères hémorroïdales est prometteuse<br />
et doit trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique.
+ Références :<br />
n Stratégie de prise en charge de la pathologie <strong>hémorroïdaire</strong>, J-D<br />
Zeitoun et V Parades, Presse médicale Octobre 2011.<br />
n <strong>Pathologie</strong> <strong>hémorroïdaire</strong>, ou en sommes nous en 2011?, JD<br />
Zeitoun, PA Lehur, P Atienza, V de Parades, Hépato-gastro et<br />
oncologie digestive, mars-avril 2011.<br />
n L’hémorroïdectomie selon la technique de Milligan et Morgan, V<br />
de Parades, C Parisot, P Atienza.<br />
n Evaluation of transanal hemorrhoidal dearterialization as a<br />
minimally invasive therapeutic approach to hemorrhoids. Ratto et<br />
AL<br />
n Prospective randomised multicentre trial comparing the clinical<br />
efficacy, safety and patient acceptability of circular stapled<br />
anopexy with closed diathermy haemorroidectomy,G Brisinda, S<br />
Vanella, P Mazzeo et al. GUT 2010<br />
Remerciements : Jean-David Zeitoun.