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Manuel de l'inventeur sans brevet - Canalblog

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<strong>Manuel</strong> <strong>de</strong><br />

l’inventeur<br />

<strong>sans</strong><br />

<strong>brevet</strong><br />

Par un groupe <strong>de</strong> professionnels<br />

avec l’aimable concours <strong>de</strong> :<br />

Emmanuelle ASTAIZA Docteur en droit<br />

François RUCKNER Avocat<br />

Vincent BRAILLARD Avocat<br />

Hermine-Charlotte FOUCHER<br />

Étudiante en Droit<br />

Didier FERET journaliste & auteur<br />

et l’ accord <strong>de</strong>s webmasters du site communautaire<br />

www.canal-invention.com<br />

ainsi que <strong>de</strong> l’ONG IFRACO


Prologue<br />

L’inventeur contemporain a pris conscience du<br />

fait qu’il peut invoquer son droit <strong>de</strong> Propriété<br />

Intellectuelle, avant même d’envisager le dépôt<br />

du moindre <strong>brevet</strong>.<br />

Dans les années passées, le « réflexe <strong>brevet</strong> »<br />

était, pratiquement, la seule démarche connue<br />

du grand public, et son accès paraissait aisé du<br />

fait <strong>de</strong> l’immense notoriété <strong>de</strong> l’organisme<br />

d’État en charge <strong>de</strong> la question : L’Institut<br />

National <strong>de</strong> la Propriété Industrielle. (INPI)<br />

Aujourd’hui, le « réflexe Propriété Intellectuelle<br />

» s’installe chaque jour davantage dans<br />

les mentalités, mais les inventeurs, <strong>de</strong>meurés<br />

conditionnés par les us et coutumes propres au<br />

<strong>brevet</strong> et à ses corollaires, persistent souvent à<br />

rechercher <strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement,<br />

<strong>de</strong>s repères qui leurs soient présumés connus,<br />

et, <strong>de</strong> cette quête, ils retirent un certain trouble.<br />

- 2 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous allons leur apporter ici une somme <strong>de</strong><br />

connaissances, fort simples en réalité, qu’il<br />

leur faut détenir et dont l’absence peut les<br />

laisser dans l’impuissance.<br />

D’abord, il nous est assez plaisant d’approuver<br />

ici l’un <strong>de</strong>s slogans que les professionnels du<br />

<strong>brevet</strong> ont coutume <strong>de</strong> répéter à l’envi, quand<br />

on leur parle du Droit d’Auteur :<br />

« Le <strong>brevet</strong> d’invention et le Droit d’Auteur<br />

ont <strong>de</strong>s objets bien différents »<br />

Certes, il faut être bien ignorant pour ne pas le<br />

comprendre, car, si c’était « la même chose »<br />

on ne voit pas bien pourquoi le législateur<br />

aurait pris la peine <strong>de</strong> promulguer <strong>de</strong>ux lois,<br />

exprimées très différemment, mais qui produiraient<br />

strictement le même effet.<br />

La différence la plus profon<strong>de</strong>, la plus nette,<br />

entre le <strong>brevet</strong> et le Droit d’Auteur est la<br />

suivante :<br />

- 3 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le <strong>brevet</strong> est un titre officiel, qui donne un<br />

label d’État à un objet. On dit « dispositif<br />

<strong>brevet</strong>é »<br />

Le Droit d’Auteur est un droit <strong>de</strong> propriété<br />

que la loi donne à une personne physique, en le<br />

faisant définitivement propriétaire <strong>de</strong> la « création<br />

originale réalisée ».<br />

Dans le cas du <strong>brevet</strong>, la personne <strong>de</strong> l’inventeur<br />

n’a acquis aucun droit, et l’inventeur n’est<br />

considéré que comme « déposant » par l’Administration.<br />

« Inventeur » n’est pas une qualité reconnue<br />

par la loi, n’est pas une profession, ne dispose<br />

pas d’organismes officiels, d’écoles, bref,<br />

d’aucune structure.<br />

L’inventeur, en fait, n’existe pas, et beaucoup<br />

s’en plaignent, qui le ressentent négativement.<br />

De plus, il est souvent conseillé aux « inventeurs<br />

» <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> leur société commerciale<br />

le titulaire d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, ceci à<br />

base d’arguments financiers et fiscaux.<br />

- 4 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Bien <strong>de</strong>s personnes, <strong>de</strong> bonne foi, se croient<br />

« inventeur » et se présentent comme telles alors<br />

qu’elles ne sont même pas « déposantes » à<br />

l’INPI, qui ne connaît que leur structure<br />

juridique commerciale : Une Société. La Propriété<br />

Intellectuelle pure, (le Droit d’Auteur) ne<br />

fonctionne pas du tout ainsi, car aucun titre n’est<br />

délivré, ni à une personne physique, ni à une<br />

société :<br />

Le droit <strong>de</strong> propriété sur « l’invention » est<br />

conféré d’origine à la personne <strong>de</strong> son créateur,<br />

du seul fait même <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> cette<br />

invention. L’inventeur n’a donc pas besoin <strong>de</strong><br />

possé<strong>de</strong>r physiquement un « titre officiel »<br />

délivré par un quelconque Institut en propriété<br />

industrielle.<br />

L’inventeur ignore, en général, qu’il possè<strong>de</strong> bel<br />

et bien tous les droits <strong>de</strong> propriété sur son<br />

invention, et ceci, <strong>sans</strong> avoir effectué aucune<br />

formalité administrative.<br />

Cette ignorance, et l’absence <strong>de</strong> « papier administratif<br />

» ren<strong>de</strong>nt le Droit d’Auteur impalpable,<br />

difficile à cerner, et amènent l’inventeur à<br />

rechercher le <strong>brevet</strong> pour « matérialiser un<br />

droit » sur le papier.<br />

- 5 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Parfois, maladroitement, nous avons tout simplement<br />

déclaré à <strong>de</strong>s inventeurs :<br />

« Vous avez déjà tous les droits <strong>de</strong> propriété<br />

légaux, sur votre invention. Il vous est inutile<br />

d’aller déposer une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong> ».<br />

Bien sûr, les intéressés nous ont rarement cru,<br />

au premier abord, tant la chose leur a paru<br />

« trop belle pour être vraie ».<br />

Nous avons entendu diverses réactions, dont la<br />

plus banale a souvent été :<br />

« Si ce que vous dites là était vrai, çà se<br />

saurait !»<br />

Mais ce ne sont là que <strong>de</strong>s apparences.<br />

La Propriété Intellectuelle protège bien réellement<br />

l’Auteur <strong>de</strong> toute création originale, qu’il<br />

s’agisse d’une œuvre d’art ou d’une invention<br />

bien technique, mais il faut savoir avec<br />

précision « comment çà fonctionne », et notre<br />

ambition, ici, consiste à vous l’expliquer.<br />

- 6 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


1. De quoi se compose<br />

le droit d’auteur <strong>de</strong> l’inventeur<br />

Puisque l’inventeur est habitué au <strong>brevet</strong>, et<br />

que nous voulons ici lui expliquer comment se<br />

constitue, et comment il convient d’utiliser le<br />

Droit d’Auteur, nous serons amenés à faire <strong>de</strong><br />

fréquentes comparaisons entre les <strong>de</strong>ux types<br />

<strong>de</strong> lois dont il s’agit. (Droit d’Auteur et Droit<br />

<strong>de</strong>s Brevets)<br />

D’abord, comme précé<strong>de</strong>mment exprimé : Le<br />

<strong>brevet</strong> est un titre officiel que seul l’État peut<br />

décerner, et sous condition <strong>de</strong> payer <strong>de</strong>s<br />

annuités au titre <strong>de</strong> la protection du <strong>brevet</strong>. Le<br />

<strong>brevet</strong> implique également que l’invention (et<br />

non l’inventeur) présente <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

inventives très précises.<br />

On ne va pas vous dire ici comment rédiger<br />

une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>. Beaucoup d’entre<br />

vous le savent, et vous avez vos Conseils pour<br />

vous gui<strong>de</strong>r sur ce chemin.<br />

- 7 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Par contre, on va vous expliquer ce qu’il vous<br />

faut faire pour invoquer votre Droit d’Auteur.<br />

Soyez très attentifs sur les mots que nous<br />

utilisons :<br />

On dit : « Déposer une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong> »<br />

On dit : « Délivrer un <strong>brevet</strong> »<br />

Cela signifie que l’on est <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong>vant<br />

l’Administration, d’une faveur à laquelle on<br />

prétend avoir droit et que l’Administration<br />

peut nous l’accor<strong>de</strong>r, si elle constate que l’on a<br />

respecté les lois et les règlements qu’elle est<br />

chargée <strong>de</strong> faire appliquer.<br />

Mais on dit « Invoquer le Droit d’Auteur »<br />

Ceci est très différent.<br />

Dans le cas du Droit d’Auteur, on ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

rien à personne. On part du principe qu’on le<br />

possè<strong>de</strong> déjà et on exige <strong>de</strong> s’en servir.<br />

Ce n’est pas l’Administration, ni l’État, qui<br />

« accor<strong>de</strong>nt le Droit d’Auteur ».<br />

- 8 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Personne n’accor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Droit d’Auteur. Il se<br />

crée tout seul, puisque c’est écrit dans la loi.<br />

C’est « la loi » qui le fabrique à votre bénéfice,<br />

<strong>sans</strong> rien vous dire et <strong>sans</strong> rien vous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />

C’est cette nuance là que le public concerné a<br />

parfois du mal à saisir.<br />

Certains inventeurs nous ont <strong>de</strong>mandé où, à<br />

qui, et à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quel formulaire, s’effectue<br />

« une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> » <strong>de</strong> Droit d’Auteur.<br />

C’est un non-sens. Il ne peut exister aucune<br />

« <strong>de</strong>man<strong>de</strong> » qui viserait à obtenir un droit que<br />

l’on possè<strong>de</strong> déjà, et qui est prévu pour nous<br />

être conféré <strong>sans</strong> aucune formalité.<br />

A ce niveau aussi, certains <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt parfois<br />

auprès <strong>de</strong> quel organisme, à quel guichet, il<br />

leur est nécessaire s’adresser.<br />

C’est également un non-sens : Il n’y a pas <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à faire, et cela implique qu’il n’y a<br />

pas besoin d’organisme, pas besoin <strong>de</strong> guichet.<br />

- 9 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Cette simplicité désarçonne l’inventeur, qui a<br />

été habitué à <strong>de</strong>s démarches nombreuses, compliquées<br />

et onéreuses.<br />

C’est l’excès <strong>de</strong> bureaucratie, dans lequel nous<br />

vivons, qui rendrait <strong>de</strong>s avantages existant<br />

d’origine quasi « suspects », car ils ne nous<br />

imposent aucune démarche, n’impliquent<br />

aucune tracasserie, ce qui est perçu comme<br />

anormal.<br />

Pour être sérieux et précis, il nous faut vous<br />

communiquer quelques mots du texte <strong>de</strong> la loi<br />

sur le Droit d’Auteur, grâce à quoi, vous comprendrez<br />

mieux pourquoi et comment s’applique<br />

ce droit. La loi dit :<br />

(le Droit d’Auteur) « est constitué du simple<br />

fait <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong><br />

l’Auteur, même inachevée »<br />

Le grand secret est là.<br />

C’est ce que les juristes appellent le « fait générateur<br />

».<br />

- 10 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est le jour où il débute la fabrication <strong>de</strong> son<br />

prototype que l’inventeur <strong>de</strong>vient propriétaire<br />

<strong>de</strong> tous les droits, non seulement sur le proto<br />

proprement dit (l’objet matériel), mais sur tous<br />

les objets qui pourront être fabriqués par la<br />

suite, en prenant ce proto pour modèle.<br />

On commence à comprendre que ce n’est donc<br />

pas la même chose que pour le <strong>brevet</strong>.<br />

Pour le <strong>brevet</strong>, on est obligé <strong>de</strong> s’approcher <strong>de</strong><br />

la seule autorité habilitée à le délivrer.(INPI).<br />

On est obligé <strong>de</strong> remplir <strong>de</strong>s formulaires. On<br />

est obligé <strong>de</strong> rédiger <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions, <strong>de</strong>s<br />

revendications, <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s plans et <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ssins, dans une forme normalisée, sur un<br />

papier d’un certain format, où tout est réglementé,<br />

jusqu’à la dimension <strong>de</strong>s marges.<br />

On « fabrique » sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, et c’est<br />

un gros travail, un travail <strong>de</strong> spécialistes,<br />

même, et qui se font payer fort cher.<br />

- 11 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Puis, quand la « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> » est prête, il faut<br />

aller la déposer à l’Institut, qui perçoit <strong>de</strong>s<br />

taxes, et revêt la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du sceau <strong>de</strong> son<br />

horodateur.<br />

Ceci (ce qui vient d’être expliqué) ne vous<br />

donne encore aucun <strong>brevet</strong> :<br />

Cela vous fait « déposant d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> », si<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est à votre nom, et cela vous laisse<br />

« inconnu au bataillon », si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est au<br />

nom <strong>de</strong> votre société.<br />

Par la suite, l’autorité habilitée examinera vos<br />

revendications, et vous dira si elle les accepte<br />

telles quelles, ou s’il vous faut les modifier, au<br />

cas où elles existeraient déjà dans d’autres<br />

<strong>brevet</strong>s, antérieurement déposés.<br />

C’est ce que les inventeurs appellent la<br />

« recherche d’antériorité », une formule qui est<br />

absente <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> loi et dont le vrai nom est<br />

« Avis documentaire ».<br />

- 12 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


En réalité, l’Administration « se documente »<br />

pour votre compte (en vous faisant payer son<br />

travail) pour savoir si telle phrase présente dans<br />

un autre <strong>brevet</strong> se recoupe avec vos propres<br />

revendications.<br />

Elle vous communique ensuite son opinion, sur<br />

les ressemblances éventuelles qui peuvent avoir<br />

été détectées, entre votre prose et celle <strong>de</strong>s<br />

tierces personnes, ayant déposé avant vous <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>.<br />

En cas <strong>de</strong> ressemblances, entre votre <strong>de</strong>scription<br />

technique et celle d’autrui, l’Administration<br />

appelle cela une « opposition pertinente » et peut<br />

vous obliger à changer votre écriture et<br />

<strong>de</strong>scription, sous peine <strong>de</strong> vous refuser la<br />

délivrance du <strong>brevet</strong>.<br />

Il suffit que vos revendications soient formulées<br />

différemment par rapport à celles qui existaient,<br />

sur le papier avant votre intervention, pour que<br />

vous puissiez avoir toutes chances <strong>de</strong> voir votre<br />

propre <strong>brevet</strong> délivré.<br />

Tout se joue sur une question <strong>de</strong> « juste formulation<br />

» <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> votre invention. Cela<br />

aura alors la conséquence suivante :<br />

- 13 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Même si votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> porte sur un « dispositif<br />

» fort comparable à un autre, et même si<br />

votre invention risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une concurrence,<br />

par rapport à un « dispositif » <strong>brevet</strong>é<br />

antérieurement, vous pourrez avoir votre<br />

<strong>brevet</strong>.<br />

Vous noterez au passage que personne ne<br />

réclame, à ce niveau, l’existence d’un proto, ni<br />

même d’un début <strong>de</strong> proto.<br />

Le <strong>brevet</strong> est « tout papier » et nul n’exige <strong>de</strong><br />

vous la moindre réalisation.<br />

En fait, un <strong>brevet</strong> est une « recette théorique et<br />

plausible, <strong>de</strong> fabrication » qui doit faire dire à<br />

un ingénieur d’usine qu’il y a là <strong>de</strong>dans une<br />

solution nouvelle, et que l’on peut parfaitement<br />

fabriquer l’objet, avec les moyens normaux<br />

<strong>de</strong> la technique du jour.<br />

Le Droit d’Auteur, <strong>de</strong> son côté, ne s’intéresse<br />

pas à la fabrication, ni à savoir « comment cela<br />

fonctionne », ni même si cela est fonctionnel.<br />

Là n’est pas sa finalité.<br />

- 14 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Sa finalité c’est d’exiger <strong>de</strong> vous que vous lui<br />

fournissiez la preuve <strong>de</strong> ce que vous avez<br />

effectivement réalisé, créé, et <strong>de</strong> lui garantir<br />

qu’il s’agit bien <strong>de</strong> votre création personnelle<br />

originale, et non une copie <strong>de</strong>s travaux d’un<br />

tiers ni non plus d’une réalisation banale et<br />

<strong>sans</strong> originalité.<br />

N’oubliez pas que la loi dit qu’elle vous<br />

déclare propriétaire <strong>de</strong> votre invention, « du<br />

simple fait <strong>de</strong> sa réalisation » et <strong>de</strong> son<br />

originalité.<br />

Le Droit d’Auteur n’est pas un inquisiteur, qui<br />

vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> vos secrets. Ce n’est pas non<br />

plus un magistrat, qui juge <strong>de</strong>s mérites <strong>de</strong> votre<br />

création.<br />

C’est un principe sincère et généreux, qui vous<br />

dit :<br />

« Puisque tu me jures que tu l’as conçu dans ta<br />

tête, et que tu me prouves que tu l’as vraiment<br />

fait, alors, <strong>de</strong> par la puissance <strong>de</strong> la loi, je te<br />

garantis ton droit <strong>de</strong> propriété sur cette chose<br />

là, qui ne pourra être exploitée qu’avec ta<br />

permission »<br />

- 15 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est une autre philosophie juridique, moins<br />

matérialiste que le <strong>brevet</strong>.<br />

En fait, le <strong>brevet</strong>, n’est que « le diplôme<br />

décerné à l’objet », un objet qui a été examiné<br />

<strong>de</strong> près, seulement sur plans, au mépris <strong>de</strong> la<br />

personne, alors que le Droit d’Auteur est<br />

réellement la consécration <strong>de</strong> la qualité juridique<br />

d’un citoyen, qui est <strong>de</strong>venu « Auteur <strong>de</strong><br />

son œuvre », tout comme Victor Hugo fut<br />

l’Auteur <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ses livres.<br />

C’est plus grand, c’est plus fin.<br />

Le Droit d’Auteur donne <strong>de</strong> la dignité à l’inventeur.<br />

Vous avez vu que, pour le Droit d’Auteur, personne<br />

ne tente <strong>de</strong> vous emberlificoter dans <strong>de</strong>s<br />

« oppositions pertinentes », ni <strong>de</strong>s « revendications<br />

»<br />

D’ailleurs, l’Auteur <strong>de</strong> sa propre invention n’a<br />

rien à « revendiquer », notion sujette à controverses,<br />

qui rabaisse l’autorité <strong>de</strong> l’inventeur,<br />

face à une puissante Administration.<br />

L’Auteur <strong>de</strong> l’invention dit :<br />

- 16 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« Je l’ai pensé, j’en ai commencé la réalisation<br />

: C’est à moi ».<br />

L’Auteur d’invention, qui connaît son bon<br />

droit, ne « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> » rien à personne, ne « revendique<br />

» rien contre personne.<br />

L’Auteur d’invention, en toute sérénité, déclare<br />

:<br />

« Voici, en quelques phrases simples, <strong>de</strong> quoi<br />

se compose ma création. Voici en quoi elle est<br />

originale.<br />

(D’ailleurs, elle ne peut qu’être « originale »,<br />

car il s’agit bien <strong>de</strong> mon travail d’origine, et je<br />

peux le prouver). Voici une bonne preuve<br />

comme quoi je suis passé aux actes… ».<br />

C’est tout.<br />

Le moindre artiste se conduit ainsi, <strong>de</strong>puis<br />

toujours, et <strong>sans</strong> se soucier <strong>de</strong> ce que les autres<br />

artistes ont fait avant lui.<br />

- 17 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


L’inventeur, <strong>de</strong> son côté, s’est fait flanquer <strong>de</strong>s<br />

complexes, qui lui viennent, pour beaucoup,<br />

du côté autoritaire et tatillon du <strong>brevet</strong>, dont il<br />

a du mal à s’imaginer, à priori, qu’il peut<br />

parfaitement s’en passer.<br />

Dans tout ceci, on ne vous explique pas encore<br />

comment il faut s’y prendre, pour s’adosser à<br />

la puissance du Droit d’Auteur, à la place <strong>de</strong><br />

celle du <strong>brevet</strong>.<br />

Patience : Nous y viendrons.<br />

Mais avant, puisque l’on compare les caractéristiques<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux systèmes, sur divers<br />

points, il nous paraît indispensable <strong>de</strong> vous<br />

exposer les réels champs d’application <strong>de</strong><br />

chacun, qui ne se recoupent qu’en partie.<br />

D’abord, le <strong>brevet</strong>.<br />

Le <strong>brevet</strong>, c’est connu, ne protège que strictement<br />

et uniquement ce qui est décrit techniquement,<br />

dans votre liste <strong>de</strong> revendications.<br />

- 18 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est bien pour cela que l’on vous « fait<br />

sauter » tout ce qui ressemble à d’autres<br />

revendications, afin que nul ne puisse<br />

reprocher à l’Administration d’avoir délivré le<br />

même texte <strong>de</strong> <strong>brevet</strong> à <strong>de</strong>ux noms différents.<br />

Puisque le <strong>brevet</strong> ne peut être que la « solution<br />

technique nouvelle » apportée à un problème<br />

technique, sa protection peut très difficilement<br />

s’étendre à la totalité <strong>de</strong> ce que vous appelez<br />

« mon invention ».<br />

Pour vous vendre une protection par <strong>brevet</strong>, les<br />

Conseils déploient <strong>de</strong>s trésors d’ingéniosité,<br />

pour trouver, sinon «le point <strong>brevet</strong>able idéal »<br />

du moins, un point <strong>brevet</strong>able plausible, qui<br />

aura <strong>de</strong>s chances d’être considéré comme tel<br />

par l’Autorité.<br />

Il est notoire que, dans certaines inventions<br />

assez complexes, il sera envisagé <strong>de</strong> déposer<br />

plusieurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, pour tenter<br />

d’élargir à maxima les bases d’une protection.<br />

- 19 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Mais il est presque toujours impossible <strong>de</strong><br />

<strong>brevet</strong>er l’ensemble d’une machinerie, qui peut<br />

comporter un ou plusieurs points <strong>brevet</strong>ables,<br />

ainsi qu’un assez grand nombre <strong>de</strong> sous<br />

ensembles, ressortissants du domaine public,<br />

ou non suffisamment techniques pour servir <strong>de</strong><br />

base à <strong>de</strong>s revendications.<br />

Nul ne s’imagine qu’il roule dans « une voiture<br />

<strong>brevet</strong>ée ». Pourtant il existe <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong><br />

<strong>brevet</strong>s, concernant <strong>de</strong> nombreux « dispositifs<br />

» présents dans une voiture.<br />

Mais « l’objet final » n’est, pour ainsi dire,<br />

jamais « <strong>brevet</strong>é <strong>de</strong> sa personne ».<br />

Bien <strong>de</strong>s inventeurs présentent (par exemple à<br />

l’occasion du prestigieux Concours Lépine)<br />

leur « invention <strong>brevet</strong>ée »<br />

Ils se donnent à eux-mêmes l’illusion que leur<br />

« invention », qu’ils ont construit, avec acharnement,<br />

et souvent à grands frais, pour la<br />

présenter, sous la forme d’un proto, à la face<br />

du mon<strong>de</strong>, est « totalement <strong>brevet</strong>ée ».<br />

- 20 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ceci du simple fait qu’ils détiennent un <strong>brevet</strong>,<br />

souvent rédigé par un professionnel, et, dans le<br />

meilleur <strong>de</strong>s cas, dûment délivré par l’autorité<br />

en place, dans leur seul pays.<br />

Tout cela est d’une gran<strong>de</strong> naïveté.<br />

L’existence d’un point <strong>brevet</strong>é, dans une invention<br />

globalement fonctionnelle, ne constitue<br />

pas une « protection étanche » applicable<br />

à tout le « produit fini » qui, seul, pourra<br />

<strong>de</strong>venir une valeur commerciale.<br />

Nous ne pensons pas, ici, vous faire une<br />

gran<strong>de</strong> révélation.<br />

Même quand vous dites « mon invention est<br />

<strong>brevet</strong>ée », vous savez bien, au fond <strong>de</strong> vousmême,<br />

qu’elle se contente <strong>de</strong> « contenir un<br />

dispositif <strong>brevet</strong>é ».<br />

Le <strong>brevet</strong> est davantage votre argument, votre<br />

reconnaissance officielle, comme quoi il y a<br />

bien « <strong>de</strong> l’invention » dans votre travail,<br />

qu’une « carapace protectrice soli<strong>de</strong> et<br />

étanche ».<br />

- 21 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Et vous vous sentez bien soulagé <strong>de</strong> le détenir,<br />

ce <strong>brevet</strong>, car en son absence, vous vous sentiriez<br />

« <strong>sans</strong> rien », et vous penseriez qu’inévitablement,<br />

votre invention, tôt ou tard, vous<br />

sera volée.<br />

C’est ignorer la gran<strong>de</strong> puissance du Droit<br />

d’Auteur.<br />

Car, contrairement au <strong>brevet</strong>, qui constitue<br />

« l’interdiction <strong>de</strong> contrefaire un dispositif bien<br />

précis, décrit noir sur blanc » mais qui n’interdit<br />

pas <strong>de</strong> fabriquer le même objet, s’il ne<br />

contient pas ce fameux « dispositif », le Droit<br />

d’Auteur fait <strong>de</strong> vous le seul propriétaire légal<br />

<strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> la « chose » que vous avez<br />

créée, que cette chose contienne, ou non, <strong>de</strong>s<br />

points <strong>brevet</strong>ables, ou <strong>de</strong>s points <strong>brevet</strong>és.<br />

Vous le voyez : On vous parle bien <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

choses « très différentes »<br />

Pour le <strong>brevet</strong>, il faut, impérativement, un<br />

point technique nouveau, conçu par vous, et<br />

que les professionnels <strong>de</strong> la spécialité reconnaissent<br />

comme tel.<br />

- 22 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Mais, selon ce dont il s’agit, un « point <strong>brevet</strong>é<br />

» est bien rarement le « point <strong>de</strong> verrouillage<br />

absolu » <strong>de</strong> votre création, qui ne pourrait<br />

pas exister <strong>sans</strong> lui.<br />

Nous avons connu un inventeur qui commercialisait<br />

<strong>de</strong> remarquables structures métalliques,<br />

dont chacune était une véritable pièce<br />

unique, ce qui lui a valu <strong>de</strong> grands succès<br />

commerciaux, mais où il n’existait qu’un seul<br />

point <strong>brevet</strong>é, portant sur une pièce mécanique<br />

mineure conçue par l’intéressé.<br />

La concurrence s’est emparée du sujet, qui a<br />

pu <strong>brevet</strong>er un dispositif différent, et n’a pas,<br />

bien sûr, osé utiliser le <strong>brevet</strong> existant.<br />

Malheureusement pour le véritable créateur,<br />

son succès commercial ne lui venait pas <strong>de</strong> la<br />

partie <strong>brevet</strong>ée, mais bien <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

globales <strong>de</strong> son produit fini.<br />

L’astucieux personnage qui s’est permis <strong>de</strong> le<br />

concurrencer a connu, lui aussi, <strong>de</strong>s succès<br />

commerciaux. Il avait « son » <strong>brevet</strong>, il n’était<br />

pas un contrefacteur, pour la Propriété Industrielle.<br />

- 23 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Du point <strong>de</strong> vue du Droit d’Auteur, il en était<br />

parfaitement un, du fait qu’il s’était emparé <strong>de</strong><br />

la personnalité <strong>de</strong> la création initiale, et qu’il<br />

bénéficiait <strong>de</strong> ses caractéristiques, pour convaincre<br />

une clientèle, mais en ayant su<br />

s’abstenir <strong>de</strong> toucher au <strong>brevet</strong> initialement<br />

déposé par le véritable créateur <strong>de</strong> l’objet<br />

complet.<br />

Le Droit d’Auteur, pour sa part, protège « les<br />

Auteurs <strong>de</strong> toutes les œuvres <strong>de</strong> l’esprit, quel<br />

qu’en soit le genre, le mo<strong>de</strong> d’expression, le<br />

mérite, ou la <strong>de</strong>stination ». (Art L 112-1 du<br />

CPI.)<br />

Alors, au lieu <strong>de</strong> déposer un, ou plusieurs<br />

<strong>brevet</strong>s, l’inventeur a tout intérêt à dire :<br />

« En vertu <strong>de</strong> mon Droit d’Auteur, la totalité<br />

<strong>de</strong> ma création originale constitue mon<br />

« œuvre <strong>de</strong> l’esprit », qu’il y ait, ou non, <strong>de</strong>s<br />

parties <strong>brevet</strong>ables <strong>de</strong>dans »<br />

Dès lors que, <strong>de</strong>vant un magistrat (et tout est<br />

là), le véritable auteur <strong>de</strong> l’invention peut<br />

prouver qu’il est bien celui qu’il prétend être,<br />

- 24 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


qu’il peut prouver que sa création est bien<br />

« d’origine » et issue <strong>de</strong> sa propre conception,<br />

et qu’il peut prouver être passé aux actes, par<br />

<strong>de</strong> vraies réalisations, son Droit <strong>de</strong> propriété<br />

portera sur la totalité du « produit fini » qu’il<br />

commercialisera ou fera commercialiser.<br />

Vous voyez bien que cette protection est beaucoup<br />

plus vaste que celle qui ne couvre qu’un<br />

« dispositif ».<br />

Beaucoup d’inventeurs détiennent, pour leur<br />

compte, ces preuves là :<br />

Création originale, conception, réalisation.<br />

Ils ne savent seulement pas comment s’organiser<br />

pour faire valoir leurs droits, et trop<br />

souvent, ils s’en remettent au seul <strong>brevet</strong>, faute<br />

<strong>de</strong> connaître d’autres solutions.<br />

Vous voyez : Le <strong>brevet</strong> et le Droit d’Auteur<br />

sont bien <strong>de</strong>ux univers différents, et il faut<br />

absolument savoir utiliser à la fois l’un et<br />

l’autre, à condition <strong>de</strong> savoir ce qu’ils sont, et<br />

ce à quoi ils servent, très exactement.<br />

Le <strong>brevet</strong> ne protège qu’un point technique.<br />

- 25 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Parfois, cela ai<strong>de</strong>ra à vous sauver, parfois, cela<br />

vous perdra.<br />

Le Droit d’Auteur protège une conception<br />

complète, même si elle comporte <strong>de</strong> la technique,<br />

mais l’art <strong>de</strong> l’invoquer efficacement n’en<br />

passe pas par l’acquisition d’un « titre officiel<br />

» en vente libre, comme certains voudraient<br />

le laisser croire.<br />

Dans tous les cas, l’inventeur est beaucoup<br />

plus fort, lorsqu’il sait pouvoir exiger l’application<br />

<strong>de</strong> sa qualité <strong>de</strong> propriétaire, sur<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s réalisations issues <strong>de</strong> son génie<br />

créatif, que lorsqu’il est confiné dans la<br />

défense d’une « revendication technique ».<br />

Il est connu qu’un <strong>brevet</strong> est « contournable »<br />

par la concurrence.<br />

Le Droit <strong>de</strong> propriété, lui, est incontournable.<br />

- 26 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


2. Ce que l’inventeur doit savoir<br />

pour invoquer son Droit d’auteur<br />

Si vous avez bien lu ce qui précè<strong>de</strong>, vous<br />

<strong>de</strong>vez avoir compris que, dans une immense<br />

majorité <strong>de</strong> cas, l’inventeur qui a débuté la<br />

fabrication <strong>de</strong> son prototype est « naturellement<br />

» <strong>de</strong>venu titulaire <strong>de</strong> son Droit d’Auteur.<br />

La plupart du temps, il aura le réflexe <strong>de</strong><br />

foncer avant tout sur le <strong>brevet</strong> pour officialiser<br />

l’existence <strong>de</strong> son invention et détenir le sacro<br />

saint « papier » qu’on lui réclamera <strong>de</strong> partout.<br />

Nous n’avons rien contre le « réflexe <strong>brevet</strong> »,<br />

qui peut avoir toute valeur, à certains niveaux,<br />

bien qu’il implique <strong>de</strong>s frais extrêmement<br />

importants. Mais nous savons qu’il y a lieu,<br />

dès le démarrage <strong>de</strong> « l’opération prototype »,<br />

classique chez l’inventeur, <strong>de</strong> préparer le<br />

recours au Droit d’Auteur, qui, lui, n’a rien <strong>de</strong><br />

ruineux et peut s’avérer d’une très gran<strong>de</strong><br />

utilité.<br />

- 27 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Si le <strong>brevet</strong> est, au départ, matérialisé, sous la<br />

forme <strong>de</strong> documents, il n’en va pas <strong>de</strong> même<br />

pour le Droit d’Auteur.<br />

L’Administration n’a pas établi <strong>de</strong> « certificats<br />

d’Auteur » et un tel artéfact ne s’impose pas.<br />

Comme le Droit d’Auteur est constitué gratuitement,<br />

l’État n’a pas à assumer les frais d’une<br />

« matérialisation » <strong>de</strong> ce droit, et d’entretenir<br />

<strong>de</strong>s bureaux et <strong>de</strong>s fonctionnaires pour ce faire.<br />

Ceci peut paraître une lacune, un « vi<strong>de</strong> juridique<br />

», pourtant, ce n’est pas le cas :<br />

Tout existe <strong>de</strong>puis l’origine, qui permet à<br />

l’inventeur d’en venir à la détention <strong>de</strong> « papiers<br />

», en relation avec son Droit d’Auteur, et<br />

lui servant d’instrument pour faire respecter ce<br />

droit.<br />

Le Droit d’Auteur, nous espérons vous l’avoir<br />

bien expliqué, n’est autre que le droit <strong>de</strong><br />

propriété appliqué à une chose complète, et<br />

originale, non pas acquise, mais créée.<br />

- 28 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est un « droit constitutionnel », c’est à dire<br />

un droit détenu par chacun, du moment que le<br />

« fait générateur » a eu lieu.<br />

Ce « fait générateur », c’est la première réalisation,<br />

et cette réalisation n’impose la remise<br />

d’aucun papier à l’intéressé, qui est censé<br />

connaître ses droits.<br />

Dans la pratique, d’ailleurs, le Droit d’Auteur<br />

ne pose pas <strong>de</strong> problème <strong>de</strong> « papier représentatif<br />

» aux artistes, lesquels n’ont pas<br />

l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se faire réclamer <strong>de</strong>s « justificatifs<br />

» à propos <strong>de</strong> leurs œuvres.<br />

Tout au plus, dans les milieux artistiques,<br />

certaines organisations professionnelles, les<br />

galeries d’Art, par exemple, remettent aux<br />

acquéreurs d’œuvres, <strong>de</strong>s « certificats d’authenticité<br />

», affirmant que la chose vendue est<br />

bien une œuvre originale émanant <strong>de</strong> l’artiste,<br />

et non une réplique, encore moins une<br />

contrefaçon.<br />

- 29 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est un autre milieu, une autre pratique, et on<br />

y tient le Droit d’Auteur comme naturel.<br />

Mais, comme il est notoire, pour le moment et<br />

jusqu’à ce que les choses évoluent dans la<br />

mentalité du public, que les gens ne connaissent<br />

<strong>de</strong> l’invention que le mot « <strong>brevet</strong> », il<br />

faut composer avec la réalité et doter l’inventeur<br />

d’un document alternatif au <strong>brevet</strong>,<br />

document légal et crédible, bien entendu.<br />

Ce document existe, c’est la « Déclaration<br />

d’Auteur », <strong>de</strong> son nom développé : « Acte<br />

Déclaratif <strong>de</strong> Qualité d’Auteur » (ADQA).<br />

L’inventeur qui lit ces lignes a pu s’inquiéter<br />

qu’on lui dise qu’en alternative au célèbre<br />

Institut National <strong>de</strong> la Propriété Industrielle,<br />

qui s’occupe du <strong>brevet</strong>, il n’existe aucun<br />

organisme, aucun guichet, où rechercher sa<br />

solution, sous l’autorité du Droit d’Auteur.<br />

Nous avons dit que c’est là une apparence.<br />

- 30 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


En effet, s’il n’y a qu’un seul INPI (relayé par<br />

<strong>de</strong>s Conseils prétendument privés, il est vrai, et<br />

par les Chambres <strong>de</strong> Commerce), il existe,<br />

comme « guichet d’accès » au Droit d’Auteur,<br />

rien moins que l’ensemble <strong>de</strong> la profession<br />

juridique :<br />

Les avocats, les notaires, les huissiers…<br />

Car le Droit d’Auteur étant ce qu’il est, et ne<br />

dépendant que du pouvoir judiciaire (les Tribunaux),<br />

il sera, dans tous les cas, « instrumenté<br />

» par les intercesseurs juridiques officiels<br />

: Tous les professionnels du droit.<br />

En principe, un avocat digne <strong>de</strong> ce nom, est<br />

censé fournir à l’inventeur tous les éléments<br />

nécessaires pour invoquer son Droit d’Auteur.<br />

Dans la réalité, peu d’avocats encore, à l’heure<br />

où s’écrivent ces lignes, ont adopté la ligne <strong>de</strong><br />

conduite « Droit d’Auteur » envers les inventeurs,<br />

et s’en tiennent le plus souvent à la<br />

pratique du <strong>brevet</strong>, plus connue, et où ils ont<br />

acquis une certaine expérience.<br />

- 31 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Heureusement, <strong>de</strong>puis plus d’une dizaine<br />

d’années, déjà, la profession juridique, interpellée<br />

par une certaine mouvance progressiste<br />

chez les inventeurs, a commencé à s’intéresser<br />

à cet aspect <strong>de</strong>s choses et à y voir <strong>de</strong>s possibilités<br />

d’action jusqu’ici négligées.<br />

La cause en est l’évolution, la mondialisation,<br />

l’Internet, et aussi l’effet <strong>de</strong> certaines campagnes<br />

d’information, mouvement dont les auteurs<br />

du présent ouvrage font partie.<br />

En conclusion <strong>de</strong> ce chapitre, nous vous<br />

affirmons que le Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur<br />

existe parfaitement au sein <strong>de</strong> la législation,<br />

qu’il est connu <strong>de</strong>s juristes spécialisés, et que<br />

les magistrats le font respecter lorsqu’il est<br />

invoqué à bon escient.<br />

Le « mouvement en faveur du Droit d’Auteur<br />

<strong>de</strong> l’inventeur », est une réalité <strong>de</strong> nos jours,<br />

réalité vivante et active.<br />

- 32 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Certaines nouvelles associations d’inventeurs<br />

se sont intitulées « Clubs d’Auteurs techniques<br />

» pour inclure la notion « d’Auteur » au<br />

sein <strong>de</strong> leur initiative, et se démarquer <strong>de</strong> la<br />

« monoculture » du <strong>brevet</strong>, <strong>sans</strong> attaquer celuici<br />

pour autant.<br />

Des groupements internationaux se sont aussi<br />

créés, ces <strong>de</strong>rnières années, autour <strong>de</strong> juristes<br />

<strong>de</strong> haut niveau, pour apporter aux inventeurs<br />

toute connaissance et ai<strong>de</strong> souhaitables.<br />

Le recours au Droit d’Auteur, dans le milieu<br />

<strong>de</strong>s inventeurs, constitue une nouvelle forme<br />

<strong>de</strong> culture, qui se structure chaque jour autour<br />

<strong>de</strong> dispositions législatives vieilles <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

siècles, il est vrai.<br />

N’en concluez pas pour autant qu’il s’agit<br />

d’une « guerre au <strong>brevet</strong> », qu’il faut respecter<br />

pour ce qu’il est, et qui conserve son utilité,<br />

dans les domaines où son usage va <strong>de</strong> soi, mais<br />

dont il faut cesser <strong>de</strong> se constituer prisonnier.<br />

- 33 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


A ce propos, nous notons que l’inventeur individuel,<br />

peu fortuné, a tout intérêt à privilégier,<br />

en premier lieu, l’usage du Droit d’Auteur, qui<br />

lui offre une protection juridique réelle, et ne<br />

lui fait prendre aucun risque.<br />

Conclusion :<br />

Pensez à votre Droit d’Auteur, rapprochez<br />

vous <strong>de</strong> ceux qui le connaissent réellement, ne<br />

confiez vos intérêts qu’à <strong>de</strong>s juristes suffisamment<br />

compétents et spécialisés sur la question.<br />

Certains groupements indépendants, à l’instar<br />

<strong>de</strong> la Sacem (Société <strong>de</strong>s Auteurs Compositeurs<br />

et Éditeurs <strong>de</strong> Musique) existent aussi,<br />

auprès <strong>de</strong> qui l’inventeur trouvera beaucoup<br />

d’éléments utiles, auprès d’authentiques spécialistes<br />

et experts.<br />

Nous ne donnerons pas d’adresses ici, pour ne<br />

pas être qualifiés <strong>de</strong> promoteurs d’actes <strong>de</strong> publicité,<br />

mais <strong>de</strong>s recherches sur Internet pourront<br />

vous mettre sur la bonne voie.<br />

- 34 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour être complets, nous voulons attirer votre<br />

attention sur les risques que pourraient vous<br />

faire courir certains réflexes conditionnés, dus<br />

à la notoriété <strong>de</strong>s « choses du <strong>brevet</strong> »<br />

Par exemple :<br />

Il est bien inutile d’aller <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil à<br />

l’Institut National <strong>de</strong> la Propriété Industrielle,<br />

à propos du Droit d’Auteur.<br />

En effet, ceci n’est pas son domaine <strong>de</strong><br />

compétences.<br />

Interroger cette noble Institution sur un pareil<br />

sujet reviendrait à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil à un spécialiste<br />

en avions à hélice, à propos <strong>de</strong>s capacités<br />

d’avions à réaction.<br />

Au mieux, on vous y donnera <strong>de</strong>s renseignements<br />

imprécis, flous et souvent entachés<br />

<strong>de</strong> beaucoup d’inexactitu<strong>de</strong>. Au pire, on vous y<br />

critiquera le Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur,<br />

perçu comme une concurrence intempestive,<br />

voire déloyale.<br />

C’est le facteur humain. Pru<strong>de</strong>nce.<br />

- 35 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il est hors <strong>de</strong> question, pour nous, ici, <strong>de</strong><br />

dénigrer <strong>de</strong>s Institutions en place, mais notre<br />

déontologie d’informateurs professionnels impose<br />

<strong>de</strong> dénoncer toute position <strong>de</strong> nature à<br />

induire le citoyen en erreur.<br />

Notre unique adversaire est l’ignorance, et<br />

nous nous efforçons <strong>de</strong> rétablir la réalité <strong>de</strong>s<br />

faits, face à nos lecteurs, lorsque nous constatons<br />

l’existence <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> renseignements<br />

erronés, ou à l’évi<strong>de</strong>nce subjectifs.<br />

Par exemple, nous avons relevé, dans certaines<br />

publications émanant, directement ou indirectement,<br />

<strong>de</strong> l’Institut National <strong>de</strong> la Propriété<br />

Industrielle, l’affirmation suivante :<br />

« La création <strong>de</strong> caractère industriel ne relève<br />

pas <strong>de</strong> la protection du Droit d’Auteur »<br />

Cette allégation est juridiquement erronée. Elle<br />

procè<strong>de</strong> d’incompétence, et nous ne pouvons<br />

pas éviter <strong>de</strong> relever ce fait, puisque nous détenons<br />

toutes preuves inverses :<br />

Textes <strong>de</strong> loi et jurispru<strong>de</strong>nce.<br />

- 36 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


3. Déclaration d’auteur<br />

Brevet d’invention<br />

Ne pas confondre<br />

Certains inventeurs, avertis <strong>de</strong> leurs possibilités<br />

d’invocation <strong>de</strong> leur Droit d’Auteur et<br />

titulaires par ailleurs d’un <strong>brevet</strong>, sont allés<br />

trouver <strong>de</strong>s spécialistes, <strong>brevet</strong> en mains, en<br />

leur <strong>de</strong>mandant, en toute can<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong> : « Transformer<br />

mon <strong>brevet</strong> en Copyright… »<br />

Pour eux, le <strong>brevet</strong> était <strong>de</strong>meuré leur référence<br />

et il leur semblait simplement qu’il suffisait<br />

<strong>de</strong> « ré enregistrer » ce texte, sous le régime<br />

d’une autre loi, afin d’avoir « <strong>de</strong>ux sécurités<br />

pour le prix d’une ».<br />

Quand l’avocat concerné, Docteur en droit, et<br />

spécialiste <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle, leur a<br />

déclaré, avec ménagement, mais fermement,<br />

que leur <strong>brevet</strong> n’avait strictement aucun<br />

intérêt en matière <strong>de</strong> Droit d’Auteur, et qu’il<br />

n’entendait même pas en lire le contenu, ces<br />

braves gens sont restés un moment pantois, à<br />

la limite du malaise.<br />

- 37 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


L’influence du <strong>brevet</strong> est telle sur les « petits<br />

inventeurs » que lorsqu’on entreprend <strong>de</strong> leur<br />

suggérer « l’autre solution », ils ne peuvent pas<br />

s’empêcher <strong>de</strong> tout ramener à ce qu’ils croient<br />

connaître, en pensant fermement que puisqu’on<br />

vise le même but, en finale, la solution<br />

N°2 ne peut que ressembler à la solution N°1,<br />

comme <strong>de</strong>ux gouttes d’eau, avec comme seul<br />

avantage <strong>de</strong> coûter moins cher !<br />

Eh bien, non. Les choses ne sont pas du tout<br />

ainsi faites.<br />

Tout le travail que représente la mise au point<br />

d’un <strong>brevet</strong> d’invention n’est d’aucune utilité,<br />

pour celui qui s’attaque à la rédaction d’une<br />

Déclaration d’Auteur en bonne et due forme.<br />

Comme nous l’exposons plus haut, la rédaction<br />

d’un <strong>brevet</strong> s’appuie sur la seule <strong>de</strong>scription<br />

technique détaillée d’un objet matériel<br />

à but fonctionnel.<br />

Cette <strong>de</strong>scription est strictement celle d’un<br />

« dispositif » bien délimité.<br />

- 38 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Elle ne permet pas d’englober la totalité d’un<br />

« produit fini » qui sera fabriqué et distribué.<br />

Or, c’est bien ce produit fini que l’inventeur<br />

propose, sur les Foires et Salons, en vue<br />

d’intéresser un public censé être « client » à<br />

l’achat <strong>de</strong> l’objet complet, dont, fréquemment,<br />

une partie seulement peut être « <strong>brevet</strong>ée ».<br />

Dans un <strong>brevet</strong>, il faut écrire :<br />

« Le dispositif, objet <strong>de</strong> l’invention, est caractérisé<br />

par ceci, par cela », etc.<br />

Dans une déclaration d’Auteur, il faut plutôt<br />

écrire :<br />

« La création originale, que j’ai d’abord<br />

conçue, puis dont j’ai débuté la réalisation<br />

concrète, est le fruit <strong>de</strong> mes recherches<br />

intellectuelles, que j’ai pu faire aboutir sous la<br />

forme d’un ensemble matériel, dont voici la<br />

photo. Cet ensemble est inachevé, et je<br />

terminerai <strong>de</strong> le mettre au point…. » etc.<br />

- 39 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


La déclaration d’Auteur est un écrit au moyen<br />

duquel, le premier venu (qui, en général, sera<br />

un juriste, un magistrat) pourra comprendre<br />

clairement <strong>de</strong> quoi il s’agit. C’est tout.<br />

Des phrases simples. On peut en dire beaucoup,<br />

en une ou <strong>de</strong>ux pages.<br />

Cela est nécessaire et suffisant.<br />

Le « travers » courant <strong>de</strong> l’inventeur, qui a<br />

commencé à comprendre qu’il ne rédige pas <strong>de</strong><br />

revendications portant sur un dispositif, consiste<br />

à verser, ipso facto, dans l’argumentation<br />

publicitaire et commerciale.<br />

Là encore, il fait fausse route.<br />

Puisque le Droit d’Auteur protège toutes les<br />

œuvres, quel qu’en soit le genre, le mérite et<br />

la <strong>de</strong>stination, il n’a que faire <strong>de</strong>s « avantages<br />

» offerts aux futurs utilisateurs <strong>de</strong> l’invention,<br />

il ne s’intéresse pas à son côté pratique<br />

ou fonctionnel, ni à son côté économique,<br />

ni à l’usage qui en sera fait.<br />

- 40 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il ne s’intéresse pas non plus à « comment la<br />

chose est faite, à l’intérieur ».<br />

Il veut qu’on lui démontre que l’on est bien en<br />

présence <strong>de</strong> travaux ayant été réalisés à partir<br />

<strong>de</strong> la réflexion profon<strong>de</strong> d’un individu, que ce<br />

sont les recherches menées par celui qui se<br />

présente comme Auteur, qui ont abouti à une<br />

réalisation effective, et que cette réalisation<br />

peut être raisonnablement considérée comme<br />

« originale », d’une manière, ou d’une autre.<br />

Une bonne déclaration d’Auteur, en <strong>de</strong>s termes<br />

autant que possible cohérents et élégants, doit<br />

dire à peu près ceci :<br />

« Un jour, l’idée m’est venue <strong>de</strong> créer un truc<br />

nouveau, que personne n’avait pensé à faire<br />

comme çà ! C’est tout bête, mais, j’y ai pensé<br />

et je l’ai fait… ».<br />

Derrière cela, toute une argumentation, comme<br />

quoi « c’est astucieux », « cela économise l’énergie<br />

», « cela ne coûte pas cher », etc. est<br />

inutile et superflue.<br />

- 41 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le « bon argument », pour le Droit d’Auteur,<br />

est très court et très simple :<br />

« Je me suis creusé les méninges, j’ai trouvé le<br />

joint, et j’ai réalisé l’objet ».<br />

Bien sûr, il faut, pour être sérieux, ajouter :<br />

« Voilà les preuves <strong>de</strong> l’authenticité <strong>de</strong> ce que<br />

je déclare ».<br />

Vous n’avez peut-être pas lu beaucoup <strong>de</strong><br />

jugements <strong>de</strong> Tribunal, dans votre vie, mais si<br />

vous le faites, vous verrez vite que l’on peut<br />

lire très fréquemment, à propos <strong>de</strong> ceux qui se<br />

sont fait débouter <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />

« Untel ne rapporte pas la preuve <strong>de</strong> ceci, <strong>de</strong><br />

cela, en conséquence, il est débouté <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s »<br />

Celui qui dit « Je suis l’Auteur » a tous les<br />

droits mais seulement s’il prouve qu’il est bien<br />

l’Auteur. C’est logique.<br />

- 42 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Une autre manie <strong>de</strong> l’inventeur qui abor<strong>de</strong><br />

pour la première fois la notion <strong>de</strong> son droit <strong>de</strong><br />

propriété intellectuelle, consiste à se conduire,<br />

face à un spécialiste <strong>de</strong> la question, exactement<br />

comme s’il était chez son CPI. (Conseil en<br />

Propriété Industrielle)<br />

Il voudra absolument démontrer les « qualités<br />

fonctionnelles » <strong>de</strong> son invention, celles-là<br />

même dont le Droit d’Auteur n’a que faire, et<br />

il présentera force plans et <strong>de</strong>ssins.<br />

L’inventeur est tout surpris quand on lui dit<br />

que les plans et <strong>de</strong>ssins sont inutiles, car ils ne<br />

prouvent rien en matière <strong>de</strong> réalisation.<br />

On peut comprendre : Un <strong>brevet</strong> est tout en<br />

plans et <strong>de</strong>ssins, avec force Fig. 1 Fig. 2, etc.<br />

Pour la Déclaration d’Auteur, la photographie<br />

d’un objet réalisé par l’inventeur, ou d’un objet<br />

qu’il a fait réaliser, démontre bien qu’il est<br />

« passé aux actes », alors qu’un plan ne prouve<br />

pas cela.<br />

Encore une différence d’importance.<br />

- 43 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est la preuve d’existence du prototype qui<br />

permettra à l’inventeur <strong>de</strong> prouver qu’il « l’a<br />

vraiment fait ».<br />

Toute explication concernant les caractéristiques<br />

internes, les techniques employées, les<br />

fonctionnalités <strong>de</strong> tous ordres, sont inutiles.<br />

C’est vraiment un autre univers, et l’inventeur<br />

a grand besoin d’interlocuteurs qui soient<br />

avant tout <strong>de</strong> bons pédagogues.<br />

Il est vrai que, lorsqu’on explique à l’inventeur,<br />

qu’en matière <strong>de</strong> Propriété Intellectuelle,<br />

son sacro saint <strong>brevet</strong> n’a pas plus d’importance<br />

qu’un article <strong>de</strong> journal, nous paraissons<br />

fort iconoclastes.<br />

Nous voulons espérer que le présent ouvrage<br />

constituera une pierre utile, dans l’édifice <strong>de</strong> la<br />

pédagogie que nous évoquons.<br />

Nous allons maintenant évoquer le type <strong>de</strong><br />

relationnel qui se doit d’exister entre l’inventeur<br />

et son Conseil, qui sera Avocat, et non<br />

« Conseil en Propriété Industrielle ».<br />

- 44 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


4. Qui est le « bon » juriste<br />

en Propriété Intellectuelle<br />

Il est connu que l’inventeur a le droit <strong>de</strong> rédiger<br />

son <strong>brevet</strong> lui-même et d’effectuer seul<br />

toutes les démarches auprès <strong>de</strong> l’Administration.<br />

Il est tout aussi connu que peu d’inventeurs<br />

osent s’y risquer, préférant payer un professionnel,<br />

attitu<strong>de</strong> qui est chaleureusement encouragée<br />

par les milieux concernés.<br />

De la même manière, la Déclaration d’Auteur<br />

peut parfaitement être rédigée par l’Auteur luimême,<br />

et légalisée <strong>de</strong> sa seule autorité, auprès<br />

<strong>de</strong> l’Administration.<br />

En <strong>de</strong>s termes simples, le recours à <strong>de</strong>s professionnels<br />

n’est pas obligatoire.<br />

Mais il est bien raisonnable d’en passer par les<br />

lumières <strong>de</strong> « ceux qui savent ».<br />

- 45 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour le <strong>brevet</strong>, pas <strong>de</strong> difficultés d’accès : La<br />

machine est bien rôdée, et tous les « CPI »<br />

(Conseils en Propriété Industrielle) sont agréés<br />

par l’Institut National.<br />

Ces Messieurs vous déclareront comme un<br />

seul homme, qu’ils sont tous <strong>de</strong>s juristes <strong>de</strong><br />

bonne formation, en matière <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>.<br />

Côté Propriété Intellectuelle, le tableau est plus<br />

flou, car bien <strong>de</strong>s avocats, surtout en France, et<br />

encore plus en Province, n’ayant été formés<br />

que sur le côté « littéraire et artistique » <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle, pourront aller jusqu’à<br />

vous déclarer que l’inventeur n’est pas concerné.<br />

Nous disions plus haut que la « porte d’entrée<br />

» officielle, <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle<br />

se situe au niveau <strong>de</strong>s professionnels du Droit,<br />

et nous le confirmons, bien que la spécialité<br />

dont il s’agit soit encore, à ce jour, peu<br />

représentée, en quantité <strong>de</strong> spécialistes.<br />

- 46 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Traditionnellement, pour les juristes « <strong>de</strong> modèle<br />

courant », dirons-nous, il existe, une<br />

séparation quasi étanche entre la Propriété<br />

Intellectuelle et la Propriété Industrielle.<br />

Dès la Faculté <strong>de</strong> Droit, ils ont été conditionnés<br />

à penser que l’inventeur doit obligatoirement<br />

se tourner vers le <strong>brevet</strong> et que seul<br />

l’artiste, dont les œuvres, par définition, ne<br />

sont pas <strong>brevet</strong>ables parce que non industrialisables,<br />

est « client » du Droit d’Auteur.<br />

Cette situation <strong>de</strong> fait a longtemps agacé les<br />

connaisseurs du Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur,<br />

car elle a, un moment, provoqué <strong>de</strong>s blocages.<br />

Certains conflits s’en sont suivis, et il s’est<br />

même produit <strong>de</strong>s escarmouches assez aiguës,<br />

<strong>sans</strong> conséquences judiciaires, heureusement ;<br />

Chacun campant sur ses positions.<br />

- 47 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Peu à peu, la situation se clarifie et nous connaissons<br />

maintenant, même en France, <strong>de</strong>s<br />

juristes « officiels » qui défen<strong>de</strong>nt le Droit<br />

d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur.<br />

Curieusement, c’est à l’occasion d’un conflit<br />

que les choses ont pris une tournure positive.<br />

Un avocat spécialiste, dont nous tairons le nom<br />

ici, s’est offensé à la lecture <strong>de</strong> certains écrits,<br />

émanant <strong>de</strong> fins connaisseurs <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle, issus <strong>de</strong>s rangs mêmes <strong>de</strong>s<br />

inventeurs.<br />

Ces écrits, peut-être maladroits, mais <strong>sans</strong><br />

doute provocateurs, traitaient « les avocats »<br />

d’incapables et d’incompétents, tout simplement,<br />

en raison <strong>de</strong> leur attitu<strong>de</strong> généralement<br />

négationniste quant au Droit d’Auteur <strong>de</strong><br />

l’inventeur.<br />

L’avocat mécontent n’était pas un imbécile, et<br />

il a accepté, avant toute action, une confrontation<br />

avec les Auteurs <strong>de</strong>s publications qui<br />

l’avaient vexé.<br />

- 48 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


A l’issue <strong>de</strong> ce contact, il est apparu que<br />

l’avocat en question, titulaire d’un doctorat en<br />

Propriété Intellectuelle (spécialité pas vraiment<br />

répandue) travaillait bel et bien sur une clientèle<br />

d’artistes, et n’avait jamais vu un inventeur<br />

<strong>de</strong> tout près.<br />

Quand les inventeurs, Auteurs <strong>de</strong> la publication<br />

explosive, ont expliqué à l’avocat qu’ils<br />

entendaient être traités comme les artistes, sur<br />

la base du Droit d’Auteur qui leur vient <strong>de</strong> la<br />

loi, en raison <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> leurs créations<br />

originales, celui-ci a réagi en disant que,<br />

sur le principe, il n’y voyait pas d’obstacle.<br />

A partir <strong>de</strong> là, l’ambiance s’est détendue, et<br />

<strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> vues aussi positifs qu’approfondis<br />

ont pu avoir lieu.<br />

En fait, l’avocat avait pensé « normal » <strong>de</strong><br />

laisser les inventeurs user du seul <strong>brevet</strong>, et a<br />

découvert à cette occasion qu’il pouvait, aussi,<br />

œuvrer utilement à la défense <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong><br />

créateurs techniques, par l’usage du Droit<br />

d’Auteur.<br />

- 49 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quand on lui a fait observer que la loi, et la<br />

jurispru<strong>de</strong>nce, établissent et confirment la<br />

possibilité d’application du Droit d’Auteur,<br />

aux « inventions », qualifiées « d’œuvres <strong>de</strong><br />

l’esprit », et aux inventeurs, qualifiés « d’Auteurs<br />

techniques », il en a convenu.<br />

Au fil du temps, il a été constaté que cet avocat<br />

n’avait pas été, au cours <strong>de</strong> sa vie professionnelle,<br />

amené à considérer directement le<br />

cas <strong>de</strong>s inventeurs, qui, <strong>sans</strong> doute, n’avaient<br />

jamais, pour leur part, imaginé qu’ils pouvaient<br />

s’appuyer sur ce type <strong>de</strong> spécialiste.<br />

L’avocat nous a bien confirmé que si cet<br />

aspect <strong>de</strong> la question n’est pas enseigné en<br />

Fac, la lecture <strong>de</strong> la loi n’en est pas moins<br />

évi<strong>de</strong>nte.<br />

Aux États Unis, où le moindre avocat sait que<br />

l’on peut, indifféremment, questions <strong>de</strong> moyens,<br />

poser un <strong>brevet</strong>, ou s’en tenir au Droit<br />

d’Auteur, l’aventure a bien fait rire.<br />

Mais nous vivons dans la vieille Europe, et<br />

même dans la « vieille France » où ce qui<br />

paraît évi<strong>de</strong>nt en Amérique peut sembler<br />

« suspect » dans notre pays.<br />

- 50 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Cela tient, avons nous pu comprendre, à certaines<br />

pesanteurs bien françaises.<br />

Ce qui est intéressant, dans ces pérégrinations,<br />

c’est le constat que nous avons pu faire, selon<br />

lequel toute une éducation et toute une culture,<br />

nouvelles se mettent actuellement en place.<br />

Un avocat, précisément, nous disait récemment,<br />

que, <strong>de</strong>vant certaines Cours <strong>de</strong> justice,<br />

particulièrement en Province, il était parfois<br />

opportun <strong>de</strong> faire « un petit cours <strong>de</strong><br />

droit d’Auteur » aux magistrats, à propos d’affaires<br />

dont ils ont peu l’habitu<strong>de</strong>.<br />

De notre côté, ceux d’entre nous qui en ont les<br />

compétences donnent « quelques cours <strong>de</strong><br />

Droit d’Auteur » aux avocats qui veulent bien<br />

en comprendre l’intérêt.<br />

C’est ainsi que les choses avancent.<br />

Pour répondre, à la lumière <strong>de</strong> ce qui vient<br />

d’être dit, à l’interrogation posée dans le titre<br />

du présent chapitre, voici « qui », selon nous,<br />

est un « bon » juriste professionnel pour un<br />

inventeur.<br />

- 51 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Bien sûr, il s’agira d’un avocat qui, connaissant<br />

les principes du Droit d’Auteur, ne<br />

pensera pas systématiquement et exclusivement<br />

« <strong>brevet</strong> », face à un inventeur.<br />

Trop peu d’entre eux, aujourd’hui encore,<br />

répon<strong>de</strong>nt à cela mais, chaque jour, la bonne<br />

information se répand, et on commence à trouver<br />

<strong>de</strong>s Conseils réellement au fait du sujet.<br />

Bien sûr, le « nec plus ultra » <strong>de</strong> la profession,<br />

pour nous, est le docteur en droit <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle, mais ce titre prestigieux<br />

ne peut être exigé systématiquement par<br />

le simple inventeur individuel, qui serait<br />

qualifié d’une exigence extravagante.<br />

Un « filtre » est facile à utiliser :<br />

Il suffit d’échanger quelques propos avec un<br />

« homme <strong>de</strong> loi », en lui disant que, faute <strong>de</strong><br />

moyens financiers, par exemple (ce qui sera<br />

souvent vrai), l’inventeur entend invoquer son<br />

Droit d’Auteur, d’abord et avant tout.<br />

- 52 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


A la réaction du professionnel, on se rend vite<br />

compte <strong>de</strong> sa perception du sujet, et, s’il<br />

affirme que l’inventeur ne peut en aucun cas se<br />

passer <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, on aura compris que, quels<br />

que puissent être ses autres talents et compétences,<br />

ce n’est pas l’homme <strong>de</strong> la situation.<br />

Il est difficile <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s avocats, connaissant<br />

le Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur, en<br />

consultant leurs listings <strong>de</strong> spécialités.<br />

Ce n’est pas comme les mé<strong>de</strong>cins, qui<br />

l’écrivent toujours sur leur plaque. Nul ne<br />

risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ren<strong>de</strong>z vous à un cardiologue,<br />

pour problème <strong>de</strong> vue, ou d’audition.<br />

Chez les avocats, l’affichage clair et net d’une<br />

spécialité est plus rare, et il est presque impossible<br />

à l’inventeur <strong>de</strong> s’entendre prescrire les<br />

services d’un confrère spécialisé, lorsque ce<br />

<strong>de</strong>vrait être le cas, en toute logique.<br />

Tout se passe comme si les avocats laissaient<br />

croire aux clients, qu’ils sont tous excellents,<br />

sur la totalité du champ d’application du<br />

Droit, et que chacun est absolument spécialiste<br />

<strong>de</strong> chaque domaine, apte à passer avec<br />

maestria <strong>de</strong> l’un à l’autre.<br />

- 53 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il faut dire que les inventeurs suscitent ce<br />

genre d’attitu<strong>de</strong>, voulant voir dans l’avocat le<br />

« sachant tout », tous azimuts… « Mon avocat<br />

m’a dit » est parole d’Evangile, pour beaucoup,<br />

et c’est exagéré. L’inventeur est simplement<br />

incapable <strong>de</strong> discerner par lui-même le<br />

spécialiste qui le concerne.<br />

Pour comprendre cette situation, <strong>sans</strong> susciter<br />

<strong>de</strong> polémique, il faut savoir que la profession<br />

juridique est un métier ancestral, où les<br />

structures n’évoluent pas à une vitesse égale.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin spécialiste acquiert toujours <strong>de</strong>s<br />

« diplômes complémentaires » (après le doctorat<br />

en mé<strong>de</strong>cine), afin <strong>de</strong> se spécialiser dans<br />

tel ou tel domaine, « à priori », alors que,<br />

souvent, l’avocat <strong>de</strong>meurera, dans ses<br />

premières années <strong>de</strong> pratique, « généraliste», et<br />

n’en viendra à se spécialiser que « sur la<br />

marche » <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> sa carrière.<br />

Un « spécialiste en divorces » sera celui chez<br />

qui les dossiers <strong>de</strong> divorce traités auront<br />

engendré le plus d’honoraires.<br />

- 54 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans ces milieux, c’est le constat à posteriori,<br />

du chiffre d’affaires traité, qui, souvent, créera<br />

la notion <strong>de</strong> spécialité.<br />

Convenez que c’est quelque peu empirique, et<br />

assez déroutant dans un mon<strong>de</strong> où il n’est<br />

question, chaque jour davantage, que <strong>de</strong> normalisations,<br />

d’homologations <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s classifications.<br />

Dans un tel contexte, les promoteurs du Droit<br />

d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur ont dû rechercher, par<br />

<strong>de</strong>s moyens d’enquêtes personnelles, par le<br />

bouche à oreille, <strong>de</strong> vraies compétences en<br />

Propriété Intellectuelle, d’abord et avant tout,<br />

puis ils ont dû convaincre les intéressés <strong>de</strong><br />

l’intérêt du sujet face à la clientèle <strong>de</strong>s<br />

inventeurs.<br />

Ce fut un travail <strong>de</strong> pionnier, tout semé<br />

d’embûches, et, s’il ouvre réellement <strong>de</strong> grands<br />

espoirs, il n’est pas encore terminé.<br />

Heureusement, les inventeurs disposent déjà <strong>de</strong><br />

« bonnes adresses », et çà commence à se<br />

savoir dans les milieux concernés.<br />

- 55 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


5. Pourquoi le Droit d’auteur<br />

peut protéger l’inventeur<br />

parfois mieux que le <strong>brevet</strong><br />

Nous réaffirmons clairement que <strong>brevet</strong> et<br />

Droit d’Auteur sont <strong>de</strong>ux choses bien distinctes,<br />

et que l’on ne doit pas systématiquement<br />

chercher à utiliser « l’un à la place<br />

<strong>de</strong> l’autre »<br />

Aussi, <strong>sans</strong> chercher obstinément à remplacer<br />

l’un par l’autre, il convient <strong>de</strong> bien comprendre<br />

sur quoi portent les effets <strong>de</strong> l’un et <strong>de</strong> l’autre,<br />

pour utiliser chacun efficacement, et surtout<br />

dans leur domaine <strong>de</strong> prédilection.<br />

L’inventeur ignorant les vertus du Droit d’Auteur<br />

supportera les défauts et les lacunes du<br />

<strong>brevet</strong>, coûte que coûte.<br />

Il voudra un <strong>brevet</strong>, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> « ne rien avoir<br />

du tout », <strong>sans</strong> même se rendre compte un<br />

instant, que son <strong>brevet</strong> ne répond pas vraiment,<br />

et/ou pas toujours à ses besoins réels.<br />

- 56 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour lui : Brevet ou non, c’est « tout ou rien ».<br />

C’est contre cet obscurantisme que nous œuvrons<br />

en professeurs.<br />

Le <strong>brevet</strong> protège la technique et rien que la<br />

technique, c’est son métier, lequel est clairement<br />

posé en ce sens.<br />

Un <strong>brevet</strong> portera obligatoirement sur <strong>de</strong>s<br />

revendications présentant la « solution technique<br />

à un problème technique ».<br />

Nous avons déjà ici survolé l’idée <strong>de</strong> la<br />

différence, énorme, dans les faits qui existe<br />

entre un produit « fini et commercialisable »,<br />

et un « sous ensemble <strong>brevet</strong>é ».<br />

L’inventeur a l’impression que du fait du<br />

<strong>brevet</strong>, la totalité <strong>de</strong>s contours <strong>de</strong> son invention<br />

est dotée d’une sorte <strong>de</strong> « blindage » contre la<br />

contrefaçon. Il se sent « protégé ».<br />

C’est beau la foi du charbonnier. Çà galvanise<br />

parfois l’énergie, mais <strong>de</strong>vant les puissances<br />

<strong>de</strong> l’adversité, çà ne tient pas très longtemps.<br />

- 57 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Breveter un « dispositif », et même plusieurs,<br />

dans un appareil industriel complexe, n’empêchera<br />

guère la concurrence <strong>de</strong> produire un<br />

appareil différent, utilisant d’autres solutions<br />

techniques, en évitant l’usage <strong>de</strong> celles déjà<br />

<strong>brevet</strong>ées et en <strong>brevet</strong>ant ses propres trouvailles.<br />

On aurait envie <strong>de</strong> dire, <strong>de</strong>vant ce genre <strong>de</strong><br />

situation, plus courante qu’il n’y paraît :<br />

« Vache, mais régulier… »<br />

Le <strong>brevet</strong> est ainsi fait qu’il peut tout simplement,<br />

en inspirer un autre.<br />

Souvent, l’inventeur, <strong>de</strong>vant les réalisations <strong>de</strong><br />

gens plus puissants que lui, ayant été inspirés<br />

par ses travaux, criera au scandale et croira dur<br />

comme fer qu’on « lui a volé son <strong>brevet</strong> »,<br />

alors qu’en fait, et en Droit, on lui a volé tout<br />

autre chose :<br />

Le concept <strong>de</strong> sa création.<br />

- 58 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Un <strong>brevet</strong>, correspondant seulement à un point<br />

technique, n’offrira aucune protection contre la<br />

plagiat, la contrefaçon, d’un concept aussi<br />

original qu’inventif mais utilisant <strong>de</strong>s<br />

« dispositifs » différents.<br />

Le créateur <strong>de</strong> structures métalliques évoqué<br />

ci-avant, en a fait la dure expérience.<br />

Il a bien été victime <strong>de</strong> contrefaçon mais cette<br />

contrefaçon a été intelligemment organisée <strong>de</strong><br />

manière à se glisser hors <strong>de</strong>s mailles <strong>de</strong> la loi<br />

sur le <strong>brevet</strong>.<br />

Côté <strong>brevet</strong>, ce contrefacteur là s’est garanti<br />

l’impunité.<br />

C’est là où l’inventeur commence à déchanter,<br />

par rapport au <strong>brevet</strong>, en venant à penser que<br />

c’est peut-être un mal nécessaire mais aussi un<br />

pétard mouillé.<br />

Ceux qui ont appris la vertu du Droit d’Auteur,<br />

ne critiquent pas le <strong>brevet</strong> :<br />

- 59 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ils lui suppléent leur qualité d’Auteur, qui,<br />

elle, est nettement moins aisée à contourner,<br />

qu’une vulgaire liste <strong>de</strong> revendications, ne<br />

portant que sur un point bien matériel, si<br />

ingénieux soit-il.<br />

Car le Droit d’Auteur, lui, porte sur<br />

l’originalité du produit fini.<br />

Comme dit l’INPI : (textuellement)<br />

« la protection conférée par le droit d'Auteur<br />

et celle conférée par le <strong>brevet</strong> d'invention ont<br />

chacune un objet bien spécifique ».<br />

Eh oui : Le Droit d’Auteur protège la totalité<br />

<strong>de</strong> la création originale <strong>de</strong> quelqu’un, que cette<br />

création contienne ou non <strong>de</strong>s points <strong>brevet</strong>ables<br />

ou <strong>brevet</strong>és.<br />

Et là, seule l’invocation pertinente et bien<br />

argumentée, du Droit d’Auteur, permet à l’inventeur<br />

d’assigner en justice un contrefacteur<br />

qui a contourné ses <strong>brevet</strong>s.<br />

A ce niveau, l’inventeur peut adopter l’attitu<strong>de</strong><br />

suivante face au contrefacteur :<br />

- 60 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« Monsieur, vous avez été suffisamment intelligent<br />

pour trouver vos solutions techniques<br />

alternatives personnelles, ce qui vous permet<br />

d’échapper à l’autorité <strong>de</strong> mes <strong>brevet</strong>s, mais<br />

<strong>de</strong>vant les preuves <strong>de</strong> ma qualité d’Auteur <strong>de</strong><br />

la création dont vous avez réalisé une version<br />

dérivée, le Tribunal vous opposera mon droit<br />

<strong>de</strong> propriété incorporelle sur le concept<br />

industriel que vous exploitez, et qui a été<br />

conçu par moi-même et non par vous ».<br />

Disons, pour utiliser une parabole, que, dans le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la création originale, le <strong>brevet</strong> œuvre<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’un microscope : C’est sa vocation,<br />

mais le Droit d’Auteur va au <strong>de</strong>là, qui permet<br />

<strong>de</strong> reconnaître les contours d’une vaste chose.<br />

Les <strong>de</strong>ux procédés ont chacun leur juste place.<br />

Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins qu’il est suicidaire,<br />

pour un inventeur, <strong>de</strong> ne faire confiance qu’au<br />

seul <strong>brevet</strong>, quand il est plus aisé, et surtout<br />

légitime, <strong>de</strong> s’appuyer aussi sur le Droit<br />

d’Auteur.<br />

- 61 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


6. Le Droit d’auteur n’est pas limité<br />

à <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> créations précises<br />

A l’occasion <strong>de</strong> nos travaux, qui ont duré <strong>de</strong><br />

longues années, pour faire connaître le Droit<br />

d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur, nous avons rencontré<br />

à peu près toutes les corporations qui concernent<br />

le milieu.<br />

Nous venons <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> notre chantier<br />

« avocats », qui en est venu à nous donner<br />

satisfaction, après avoir nécessité <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s<br />

mises au point, mais les avocats ne sont pas les<br />

seuls acteurs dans ce décor.<br />

Fatalement, nous avons eu <strong>de</strong>s contacts avec<br />

les professionnels du <strong>brevet</strong> :<br />

Institut National et Conseils.<br />

Nous avons voulu leur exposer les choses<br />

d’une manière professionnelle, juridique.<br />

- 62 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous leur avons exposé que, comme cela s’est<br />

fait dans d’autres pays, il était utile d’organiser<br />

une harmonisation dans l’usage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

possibilités <strong>de</strong> protection.<br />

De ce côté là, en partie comme chez les<br />

avocats, nous avons découvert que l’univers du<br />

<strong>brevet</strong> se croit seul en place, et qu’il considère<br />

le Droit d’Auteur comme n’étant absolument<br />

pas applicable à l’inventeur.<br />

Deux idées principales ren<strong>de</strong>nt les pros du<br />

<strong>brevet</strong> prisonniers <strong>de</strong> leur seul système :<br />

Leur patron, l’Institut National, affirme ceci :<br />

« La création <strong>de</strong> caractère industriel ne relève<br />

pas <strong>de</strong> la protection du Droit d’Auteur »<br />

et « seul le <strong>brevet</strong> permet d’interdire l’exploitation<br />

non autorisée ».<br />

Nous avons <strong>de</strong>mandé à diverses personnes et<br />

Institutions <strong>de</strong> nous indiquer les textes <strong>de</strong> loi<br />

qui contiendraient ces dispositions restrictives.<br />

- 63 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Bien sûr, nous connaissions la réponse à<br />

l’avance :<br />

Le Droit d’Auteur protège absolument toutes<br />

les créations originales, invention comprise,<br />

puisque le texte <strong>de</strong> la loi prévoit « toutes les<br />

créations, quel qu’en soit le genre »<br />

Ce que nous souhaitions, c’était d’entendre<br />

une argumentation, pertinente, si possible,<br />

basée sur une thèse inverse.<br />

Curieusement, personne, à ce jour, n’a été en<br />

mesure <strong>de</strong> nous citer un seul mot, issu <strong>de</strong> la<br />

législation, qui aille dans un tel sens et malgré<br />

cela, les intéressés persistent à renier l’usage<br />

du Droit d’Auteur, dans le cas d’une invention,<br />

en nous répétant inlassablement que « seul le<br />

<strong>brevet</strong> » est applicable.<br />

Avec les avocats, l’ouverture a été possible,<br />

car, entre eux, et ceux <strong>de</strong>s nôtres qui ont <strong>de</strong>s<br />

compétences juridiques indiscutables, chacun<br />

ayant le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle en<br />

mains, on parle bien le même langage, on<br />

applique bien les mêmes règles.<br />

- 64 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous écrivions, plus haut, la formule « un<br />

avocat digne <strong>de</strong> ce nom » ; Effectivement,<br />

avec ceux-là, une bonne compréhension peut<br />

s’établir, lorsqu’ils découvrent, fût-ce tardivement<br />

dans leur carrière, que l’inventeur est un<br />

créateur comme un autre, égal à l’artiste, pour<br />

le Droit.<br />

Avec les gens du <strong>brevet</strong>, pour le moment, le<br />

blocage semble tenace, et ceux-là refusent <strong>de</strong><br />

considérer une seule ligne du texte <strong>de</strong> la loi.<br />

Ils se réfugient toujours <strong>de</strong>rrière les seules<br />

dispositions légales qui régissent le <strong>brevet</strong>, et<br />

quand on leur parle « Droit d’Auteur », ils<br />

répon<strong>de</strong>nt « Modèle déposé ».<br />

Ils maintiennent un parfait dialogue <strong>de</strong> sourds.<br />

Nous avons voulu croire, un moment, que leur<br />

attitu<strong>de</strong> leur vient d’un malaise, d’une crainte,<br />

<strong>de</strong> se voir « arracher » leur clientèle, et que<br />

leur réaction est une forme <strong>de</strong> protectionnisme.<br />

Mais qui peut espérer « se protéger » en<br />

reniant l’existence <strong>de</strong> la loi écrite ? Absur<strong>de</strong> !<br />

- 65 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


En réalité, le problème n’est pas tant dans les<br />

craintes d’ordre commercial que dans une<br />

gran<strong>de</strong> ignorance, qu’ils compensent par une<br />

attitu<strong>de</strong> autoritaire, ce qui semble les arranger.<br />

Si nous avons découvert que bien <strong>de</strong>s avocats<br />

« n’avaient jamais pensé », dans le passé au<br />

marché <strong>de</strong>s inventeurs, relevant <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle, et que, <strong>de</strong>vant l’évi<strong>de</strong>nce, compétences<br />

bien en mains, ils y viennent <strong>sans</strong><br />

hésitations, nous avons également découvert<br />

que les gens formés au seul <strong>brevet</strong> veulent tout<br />

ignorer du Droit d’Auteur.<br />

Le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle installe<br />

le Droit d’Auteur, comme « Droit <strong>de</strong> propriété<br />

incorporelle inaliénable et opposable à tous »,<br />

d’abord et avant tout, dans les Livres I à III qui<br />

établissent cette législation.<br />

Dans ce corps <strong>de</strong> loi on trouve la définition<br />

parfaite du Droit d’Auteur, qui connaît absolument<br />

toutes les créations, qu’elles soient d’ordre<br />

intellectuel, « artistique » ou « scientifique<br />

».<br />

- 66 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Aucune limitation n’est prévue, qui serait <strong>de</strong><br />

nature à exclure telle ou telle catégorie <strong>de</strong><br />

créations. Le mot « invention » ne figure d’ailleurs<br />

pas dans ce texte.<br />

La loi protège bien « toutes les créations<br />

originales, quel qu’en soit le genre, la forme<br />

d’expression, le mérite, ou la <strong>de</strong>stination ».<br />

C’est clair et net.<br />

Dans « quel qu’en soit le genre » on peut<br />

placer le « genre invention », à côté du « genre<br />

musique », par exemple, création originale,<br />

pour création originale.<br />

Dans « quel qu’en soit la <strong>de</strong>stination », on peut<br />

placer l’invention, « à <strong>de</strong>stination industrielle<br />

».<br />

Donc la formule « la création <strong>de</strong> caractère<br />

industriel ne relève pas <strong>de</strong> la protection du<br />

Droit d’Auteur », ne tient pas une secon<strong>de</strong>,<br />

puisqu’elle prétend qu’un « genre » et une<br />

« <strong>de</strong>stination » d’œuvres seraient entachés<br />

d’une discrimination qui les exclurait du<br />

champ d’application <strong>de</strong> la loi, qui dit l’inverse.<br />

- 67 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est <strong>de</strong>vant ce constat que nous avons dû<br />

nous résoudre à comprendre que le Conseil en<br />

Propriété Industrielle courant n’a pas voulu lire<br />

les Livres I à III du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle, en pensant, <strong>sans</strong> doute, ne pas<br />

être concerné.<br />

Ne connaissant, donc, pas du tout le Droit<br />

d’Auteur, ces spécialistes là vous citent à<br />

l’envi les dispositions <strong>de</strong>s Livres V et VI du<br />

Co<strong>de</strong>, qui, eux, ne traitent pas du tout du Droit<br />

d’auteur, mais exclusivement du Modèle<br />

déposé, et du <strong>brevet</strong> d’invention.<br />

Et voilà comment est architecturé le dialogue<br />

<strong>de</strong> sourds.<br />

Les « gens du <strong>brevet</strong> » sont <strong>de</strong> bonne foi, <strong>sans</strong><br />

doute, en s’appuyant sur les lois qui régissent<br />

leur petit univers bien étanche, mais là où ils<br />

sont sérieusement « à côté » c’est en se<br />

permettant <strong>de</strong> critiquer une chose dont ils<br />

démontrent qu’ils ignorent tout, en laissant à<br />

croire qu’ils détiendraient « la vraie science ».<br />

- 68 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est une attitu<strong>de</strong> « <strong>de</strong> nature à induire le public<br />

en erreur »<br />

Nous, qui acceptons volontiers <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

comment fonctionnent les autres systèmes, par<br />

rapport à celui que nous pratiquons, avons fait<br />

l’effort <strong>de</strong> lire attentivement la loi sur le<br />

Modèle et la loi sur le <strong>brevet</strong>.<br />

Et nous avons bien compris que le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Propriété Industrielle, lui, est bien encadré,<br />

bien délimité, bien restrictif. Tout en obligations<br />

et en interdictions.<br />

Ce n’est pas un univers libéral comme le Droit<br />

d’Auteur, et il faut recourir à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> spécialistes<br />

pour s’y retrouver.<br />

Pourtant, il faut croire que les Conseils en<br />

Propriété Industrielle ne savent vraiment pas<br />

lire, car le premier article <strong>de</strong> la loi sur le <strong>brevet</strong><br />

précise bien que celui-ci n’est qu’une option,<br />

qui prend place loin <strong>de</strong>rrière les dispositions<br />

sur le Droit d’Auteur, dans le Co<strong>de</strong>, et qui ne<br />

se recoupe en rien avec le « Droit <strong>de</strong> propriété<br />

incorporelle, inaliénable et opposable à tous »,<br />

qui est lui un droit majeur du citoyen.<br />

- 69 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le <strong>brevet</strong> ne connaît que la chose directement<br />

technique, concernant la partie technique d’une<br />

création, ce qui, finalement, ne va pas très loin<br />

dans la protection d’une œuvre complète.<br />

Loi sur le <strong>brevet</strong>. Art. L-611.1<br />

« Toute invention peut faire l’objet d’une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> titre <strong>de</strong> Propriété Industrielle…<br />

etc. »<br />

Il est donc bien établi que l’Auteur d’une<br />

création originale dispose du droit <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

un <strong>brevet</strong>, seulement pour <strong>de</strong>s parties<br />

techniques, mais n’en a pas l’obligation.<br />

La loi dit bien « peut faire l’objet », et non pas<br />

« doit faire l’objet », ce qui serait fondamentalement<br />

différent.<br />

Celui qui a fait une invention n’est pas du tout<br />

tenu d’en <strong>brevet</strong>er les divers « dispositifs »<br />

A ce niveau, il est aisé <strong>de</strong> comprendre pourquoi<br />

le législateur n’a pas rendu le <strong>brevet</strong><br />

obligatoire.<br />

- 70 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est très simple :<br />

Comme le terme « invention » ne fait pas<br />

l’objet d’une définition légale, mais qu’une<br />

« invention » qui satisfait aux critères du<br />

<strong>brevet</strong> pour avoir été estimée « solution inventive<br />

», sera d’évi<strong>de</strong>nce dotée d’originalité par<br />

rapport aux choses connues, elle entrera, ipso<br />

facto, dans la catégorie <strong>de</strong>s « œuvres <strong>de</strong><br />

l’esprit », en qualité <strong>de</strong> création originale.<br />

A partir <strong>de</strong> là, « l’inventif » impliquant la<br />

présence d’un <strong>de</strong>gré d’originalité, il n’y aura<br />

plus qu’à se soucier <strong>de</strong> réalisation concrète,<br />

pour entrer <strong>de</strong> plein droit dans le champ du<br />

Droit d’Auteur proprement dit.<br />

C’est ainsi que bien <strong>de</strong>s inventions peuvent<br />

offrir à leur Auteur la faculté <strong>de</strong> se prévaloir<br />

du Droit d’Auteur, en sachant l’invoquer dans<br />

les règles, tout ceci, <strong>sans</strong> nécessité impérative<br />

<strong>de</strong> <strong>brevet</strong>er quoi que ce soit.<br />

Le <strong>brevet</strong> n’est pas le passage obligé auquel les<br />

inventeurs se croient assujettis, et le législateur<br />

l’a bien établi dans ce sens.<br />

- 71 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans la « politique <strong>de</strong> la bourrique » que nous<br />

observons côté CPI, outre les <strong>de</strong>ux arguments<br />

arbitraires que nous venons <strong>de</strong> démolir, on<br />

entend avec constance l’idée suivante :<br />

« Le Droit d’Auteur ne protège pas le contenu<br />

technique… »<br />

Rien que le première partie <strong>de</strong> la phrase est un<br />

non sens, puisque la loi n’a posé aucune limite<br />

catégorielle à la protection du Droit d’Auteur<br />

On entend aussi :<br />

« le Droit d’Auteur ne protège que la forme »<br />

D’abord, aucune notion <strong>de</strong> « forme » n’existe<br />

dans la loi sur le Droit d’Auteur, qui protège<br />

les Auteurs <strong>de</strong> créations originales, <strong>sans</strong> s’occuper<br />

<strong>de</strong> savoir « comment est faite » ni « <strong>de</strong><br />

quoi est faite » la création.<br />

Ensuite, on trouve dans le Modèle déposé, et<br />

seulement là, la référence à la protection <strong>de</strong><br />

« l’aspect » d’un objet.<br />

- 72 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ceci nous explique bien qu’une confusion est<br />

entretenue, entre les exigences propres au<br />

Modèle déposé (Livre V du CPI) et le Droit<br />

d’Auteur (Livres I à III).<br />

Car, pour les « gens du <strong>brevet</strong> », et pour eux<br />

seuls, il est bien réel que seul le <strong>brevet</strong> est<br />

dédié à la technique, et seul le Modèle déposé<br />

est dédié à l’apparence.<br />

Voilà où se tient le hiatus, où se conforte le<br />

dialogue <strong>de</strong> sourds.<br />

Le CPI dira à l’inventeur, <strong>sans</strong> hésiter :<br />

« Le Droit d’Auteur ? Mais, mon pauvre ami,<br />

n’y songez pas. Le Droit d’Auteur, si vous<br />

déposez un Modèle, protègera l’apparence <strong>de</strong><br />

votre objet, mais toute la partie fonctionnelle<br />

qu’il contient ne pourra être protégée que par<br />

<strong>brevet</strong>, et rien d’autre »<br />

Bien <strong>de</strong>s inventeurs nous ont répercuté cela.<br />

S’il n’existait que la Propriété Industrielle, les<br />

CPI auraient raison. Mais ce n’est pas le cas.<br />

- 73 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le CPI entend par « droit d’Auteur » ce qui<br />

concerne la littérature, la musique, etc., mais<br />

dès qu’on lui parle <strong>de</strong> créations comportant <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques techniques, il ne connaît plus<br />

que <strong>brevet</strong> et Modèle, qualifiant le Modèle et<br />

lui seul, d’application du Droit d’Auteur.<br />

Ces personnages, qui traitent d’un domaine<br />

extrêmement spécifique, où la technique est<br />

strictement réservée au <strong>brevet</strong>, croient, ou<br />

feignent <strong>de</strong> croire, que le Droit d’Auteur,<br />

s’agissant « d’inventions », tient tout entier<br />

dans les règles applicables au Modèle déposé.<br />

C’est <strong>de</strong> l’ignorance, car s’il s’avérait qu’une<br />

telle attitu<strong>de</strong> soit volontaire, elle pourrait entrer<br />

dans la notion <strong>de</strong> désinformation.<br />

Quoi qu’il en soit, dès qu’un créateur se<br />

présente comme inventeur, tout se passe, dans<br />

l’univers du <strong>brevet</strong>, comme si sa qualité<br />

d’Auteur d’une œuvre <strong>de</strong> l’esprit originale<br />

avait disparu. On veut l’obliger à abandonner<br />

tout recours au Droit d’Auteur, en le<br />

prétendant uniquement concerné par le <strong>brevet</strong>,<br />

avec éventuellement, une possibilité <strong>de</strong> modèle<br />

déposé en complément.<br />

- 74 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On observe aussi <strong>de</strong> curieuses contradictions<br />

entre les divers arguments qu’utilisent les professionnels<br />

du <strong>brevet</strong>, à divers niveaux, pour<br />

tenter <strong>de</strong> dissua<strong>de</strong>r les inventeurs d’utiliser leur<br />

qualité d’Auteur.<br />

On vient <strong>de</strong> voir que les Conseils refusent<br />

l’usage <strong>de</strong> ce Droit, et tentent <strong>de</strong> le « diminuer<br />

» aux yeux <strong>de</strong> leurs clients.<br />

Et, pour sa part, le « grand patron » <strong>de</strong> la<br />

Propriété Industrielle, qui règne sur le <strong>brevet</strong>,<br />

le modèle et la marque, <strong>de</strong> son côté, affiche<br />

<strong>de</strong>s positions quelque peu paradoxales.<br />

Nous sommes allés visiter le site Internet <strong>de</strong><br />

l’Institut National <strong>de</strong> la Propriété Industrielle,<br />

et nous avons relevé les allusions que l’on y<br />

trouve à propos du Droit d’Auteur.<br />

(Notez au passage que cette organisation officielle<br />

parle là d’un domaine qui n’est pas le<br />

sien, puisque sa mission d’organisme d’État la<br />

confine strictement dans l’application <strong>de</strong>s dispositions<br />

propre au <strong>brevet</strong>, modèle, marque, et<br />

rien d’autre).<br />

- 75 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous avons relevé le propos suivant :<br />

Qu'est ce que la propriété intellectuelle ?<br />

Tout comme les biens matériels, les créations<br />

intellectuelles peuvent faire l'objet d'un droit <strong>de</strong><br />

propriété, d'un monopole. Le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle rassemble toutes les<br />

dispositions législatives et réglementaires qui<br />

s'y appliquent. Ses grands principes remontent,<br />

en France, au Siècle <strong>de</strong>s Lumières.<br />

La protection <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle, qui<br />

s'articule avec la liberté du commerce et <strong>de</strong><br />

l'industrie, a <strong>de</strong>ux fon<strong>de</strong>ments :<br />

> Un fon<strong>de</strong>ment moral<br />

Les créateurs doivent voir reconnue et<br />

protégée leur qualité d'Auteur et en recevoir<br />

une reconnaissance morale et matérielle.<br />

> Un fon<strong>de</strong>ment économique<br />

En garantissant une exclusivité et en assurant<br />

la loyauté dans les relations industrielles et<br />

commerciales, l'Etat favorise la promotion <strong>de</strong><br />

l'exploitation <strong>de</strong>s créations.<br />

- 76 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le droit <strong>de</strong> la propriété intellectuelle récompense<br />

en même temps qu'il encourage la<br />

création dans le domaine littéraire, artistique et<br />

industriel. C'est donc un facteur <strong>de</strong> développement<br />

et <strong>de</strong> progrès.<br />

La propriété intellectuelle recouvre la propriété<br />

industrielle ainsi que le Droit d'Auteur et les<br />

droits voisins.<br />

Nous aurions pu écrire ce texte nous-mêmes.<br />

Si vous doutez <strong>de</strong> nos sources, voici le lien<br />

Internet où vous pourrez vérifier.<br />

http://www.inpi.fr/front/show_rub.php?rub_id=29<br />

En apparence, l’INPI paraît savoir que la<br />

Propriété Industrielle n’est que partie <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle, d’un côté, et que la<br />

qualité d’Auteur, qui n’a rien à voir avec la<br />

qualité <strong>de</strong> « déposant d’un <strong>brevet</strong> », est bien<br />

protégée par la loi.<br />

Pourtant, dans certains « avertissements » publiés<br />

sur ce même site, on trouve <strong>de</strong>s exposés<br />

en parfaite contradiction avec la loi.<br />

Par exemple, on peut lire :<br />

- 77 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« La qualité d’Auteur ne crée aucun droit, sauf<br />

moral, sur une invention ».<br />

Nous avons fait analyser ce propos, sur le strict<br />

plan du droit, par l’un <strong>de</strong> nos spécialistes, en<br />

droit <strong>de</strong> la propriété intellectuelle.<br />

Il en ressort ceci :<br />

Sur la première partie <strong>de</strong> la phrase, on relève<br />

un contresens flagrant :<br />

« La qualité d’Auteur ne crée aucun droit ».<br />

Ce qui est une allégation laissant à penser que<br />

le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle serait<br />

totalement inconnu <strong>de</strong> celui qui a écrit cela.<br />

La formule « sauf moral » laisserait à penser<br />

que la Propriété Intellectuelle porterait <strong>de</strong>s dispositions<br />

<strong>de</strong> démembrement du Droit d’Auteur.<br />

Lequel démembrement accor<strong>de</strong>rait <strong>de</strong>s droits<br />

moraux et patrimoniaux, dans certains cas, et<br />

uniquement <strong>de</strong>s droits moraux, dans d’autres.<br />

- 78 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Or, on trouve ceci, dans le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle :<br />

Nature du droit d'Auteur<br />

Art. L 111-1. - L'Auteur d'une œuvre <strong>de</strong> l'esprit jouit<br />

sur cette œuvre, du seul fait <strong>de</strong> sa création, d'un<br />

droit <strong>de</strong> propriété incorporelle exclusif et opposable<br />

à tous.<br />

Ce droit comporte <strong>de</strong>s attributions d'ordre<br />

intellectuel et moral ainsi que <strong>de</strong>s attributs<br />

d'ordre patrimonial, qui sont déterminés par les<br />

livres Ier et III du présent co<strong>de</strong>.<br />

Nulle part, la loi ne dispose d’une attribution<br />

séparée <strong>de</strong> droits uniquement moraux, ou<br />

d’une absence, conditionnellement établie, <strong>de</strong><br />

droits patrimoniaux.<br />

En conséquence, affirmer que la Propriété<br />

Intellectuelle pourrait, dans certains cas, ne<br />

conférer, au titre <strong>de</strong> la qualité d’Auteur d’un<br />

citoyen, que <strong>de</strong>s droits exclusivement moraux,<br />

entre en contradiction avec les textes.<br />

Quant à la fin <strong>de</strong> la phrase « sur une invention<br />

», elle ne correspond pas non plus aux<br />

dispositions du Droit d’Auteur, qui ne connaît<br />

- 79 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


pas particulièrement les « inventions », mais<br />

qui établit les droits <strong>de</strong>s Auteurs <strong>de</strong> toutes<br />

œuvres originales.<br />

Nul droit d’Auteur, ni moral ni patrimonial, ne<br />

peut être conféré à « une invention », mais bel<br />

et bien à « l’Auteur » d’une création, même<br />

dite « invention ».<br />

Un « <strong>brevet</strong> » ne peut être décerné qu’à une<br />

invention, et seulement à une invention, dont<br />

l’Auteur, dans ce cas, n’a, au mieux, que la<br />

qualité <strong>de</strong> « déposant »<br />

Il y a, dans ces exposés, une gran<strong>de</strong> confusion<br />

entre notions <strong>de</strong> droit, qui laisse <strong>de</strong>s doutes, sur<br />

les compétences juridiques <strong>de</strong> leurs Auteurs.<br />

Comme chez les CPI, on distingue, non pas<br />

obligatoirement une volonté d’altérer la réalité,<br />

mais une conviction profon<strong>de</strong>, quoique non<br />

fondée, quant à une prépondérance perçue<br />

comme « naturelle » du <strong>brevet</strong> pour ce qui<br />

concerne la création qualifiable d’invention.<br />

A propos <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> forme :<br />

- 80 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« le droit d’Auteur protège la forme originale<br />

(arbitraire) d’une œuvre <strong>de</strong> l’esprit ».<br />

Là encore, on cherchera en vain une telle<br />

disposition, dans la loi sur le Droit d’Auteur.<br />

Cette phrase a un côté pervers, face à <strong>de</strong>s personnalités<br />

non instruites <strong>de</strong> la moindre notion<br />

juridique.<br />

Fondamentalement, prise isolément et hors <strong>de</strong><br />

tout contexte, elle n’est pas mensongère.<br />

Puisque le Droit d’Auteur protège les droits<br />

<strong>de</strong>s Auteurs <strong>de</strong> toutes créations originales, la<br />

« forme » <strong>de</strong> l’objet construit en fonction <strong>de</strong> la<br />

conception <strong>de</strong> l’Auteur <strong>de</strong> l’œuvre sera partie<br />

intégrante <strong>de</strong> sa facture globale, donc, sera<br />

protégée par la loi.<br />

Mais l’affirmation, telle qu’elle est posée, dans<br />

<strong>de</strong>s « avertissements » au public, induit bien la<br />

notion comme quoi ce serait seulement la<br />

forme, limitativement, qui serait protégée, et<br />

cela n’est pas exact, juridiquement.<br />

- 81 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« le Droit d’Auteur permet d’interdire aux<br />

tiers <strong>de</strong> reproduire la forme protégée, à<br />

l’exclusion du contenu technique, qui lui est, le<br />

cas échéant, associé »<br />

Voilà encore un exemple d’erreur lour<strong>de</strong>, sur<br />

le fond, et <strong>de</strong> contradiction flagrante avec le<br />

slogan mille fois répété, comme quoi « seul le<br />

<strong>brevet</strong> permet d’interdire… »<br />

Que quelqu’un nous extraie du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle, dans ses Livres I à III<br />

qui établissent le Droit d’Auteur, la formule :<br />

« contenu technique… »<br />

Par contre, la phrase suivante (la nôtre) nous<br />

paraît correcte, quant à sa signification.<br />

« le Modèle déposé permet d’interdire aux<br />

tiers <strong>de</strong> reproduire la forme protégée, à<br />

l’exclusion du contenu technique, qui lui est, le<br />

cas échéant, associé ».<br />

Il y a, dans tout cela, un mélange hirsute <strong>de</strong><br />

notions diverses où l’inventeur a <strong>de</strong> quoi<br />

perdre son latin.<br />

- 82 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Toutefois, il en ressort une volonté <strong>de</strong> présenter<br />

le Droit d’Auteur comme grevé <strong>de</strong><br />

diverses limitations, ce qui est totalement faux.<br />

En fin <strong>de</strong> document, on relève l’élément suivant<br />

:<br />

« En cas <strong>de</strong> doute, n’hésitez pas à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong>s informations complémentaires auprès <strong>de</strong><br />

l’INPI ou à consulter un conseil en propriété<br />

industrielle, qui pourra vous indiquer <strong>de</strong><br />

manière personnalisée si votre création est une<br />

œuvre originale, relevant du droit d’Auteur, ou<br />

une invention protégeable par <strong>brevet</strong> ».<br />

Bien sûr, on ne vous dit pas qu’une invention<br />

protégeable par <strong>brevet</strong> peut parfaitement entrer<br />

dans la qualification <strong>de</strong>s œuvres originales et<br />

bénéficier <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux catégories<br />

<strong>de</strong> dispositions juridiques.<br />

Le raisonnable aurait été <strong>de</strong> conseiller le<br />

recours au savoir d’un spécialiste du Droit <strong>de</strong><br />

la Propriété Intellectuelle, alors qu’ici, on a la<br />

nette impression que l’Institut se présente<br />

comme détenteur <strong>de</strong> la « science universelle »<br />

- 83 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Enfin, <strong>de</strong>rnier argument, nettement d’ordre<br />

commercial :<br />

« Si votre création est protégeable par le<br />

<strong>brevet</strong> d’invention, vous <strong>de</strong>vez procé<strong>de</strong>r à un<br />

dépôt auprès <strong>de</strong> l’INPI… ».<br />

Non, Messieurs !<br />

Selon les termes <strong>de</strong> votre propre loi, il faut<br />

dire :<br />

« Vous pouvez procé<strong>de</strong>r… »<br />

La formulation « vous <strong>de</strong>vez », induit au public<br />

la notion d’obligation, alors que la loi ne la<br />

contient pas.<br />

C’est <strong>de</strong> l’abus d’influence.<br />

A ce niveau, nous vous rappelons les<br />

dispositions <strong>de</strong> la loi française dite « Co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la Consommation », et plus particulièrement<br />

son article L 121-1.<br />

« Est interdite toute publicité comportant, sous<br />

quelque forme que ce soit, <strong>de</strong>s allégations,<br />

indications, ou présentations, fausses, ou <strong>de</strong><br />

nature à induire en erreur… ».<br />

- 84 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


La signature <strong>de</strong> ces publications est la suivante :<br />

« Document émis par la Direction juridique <strong>de</strong><br />

l’INPI ».<br />

Or, d’une part, nous faisons toutes réserves,<br />

quant au niveau <strong>de</strong> compétences, qui règne au<br />

sein <strong>de</strong> cette « Direction juridique », et d’autre<br />

part, nous déplorons qu’un organisme officiel<br />

fasse usage <strong>de</strong> l’autorité que lui confère son<br />

statut, en démontrant manifestement l’ignorance<br />

<strong>de</strong> la loi sur plusieurs points.<br />

Source :<br />

http://www.inpi.fr/ressources/documents/actu/<br />

avertissement_<strong>brevet</strong>DA.pdf<br />

De tout ceci, il ressort clairement la notion<br />

suivante :<br />

Le Droit d’Auteur est accessible à tout Auteur<br />

d’invention réalisée, qui peut également<br />

rechercher à <strong>brevet</strong>er un ou plusieurs points<br />

techniques, en prenant ses responsabilités sur<br />

le plan financier.<br />

- 85 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


7. Établir une bonne<br />

déclaration d’auteur<br />

Vous avez compris que la « résistance » <strong>de</strong>s<br />

milieux du <strong>brevet</strong>, à l’usage du Droit d’Auteur<br />

est un phénomène naturel, qui tient pour<br />

beaucoup au facteur humain, à l’ignorance, et<br />

au corporatisme.<br />

Cette attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> certaines personnes et organisations<br />

n’empêche en rien la bonne connaissance<br />

<strong>de</strong> se propager.<br />

C’est le phénomène <strong>de</strong> mondialisation qui a<br />

poussé les inventeurs à rechercher <strong>de</strong>s moyens<br />

<strong>de</strong> protection alternatifs au <strong>brevet</strong>, par l’émergence<br />

d’une nouvelle donne économique.<br />

Depuis plus <strong>de</strong> dix ans déjà et avec l’envahissement<br />

d’Internet, toute une classe nouvelle<br />

d’inventeurs est apparue, disposant <strong>de</strong> nouveaux<br />

moyens d’information, et la notion<br />

d’invocation du Droit d’Auteur est <strong>de</strong>venue<br />

d’actualité.<br />

- 86 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Maintenant que la profession juridique nous a<br />

emboîté le pas, après notre œuvre initiale d’information<br />

sur les principes, l’heure est venue<br />

d’abor<strong>de</strong>r le « comment faire ».<br />

Nous évoquons plus haut qu’en raison <strong>de</strong> la<br />

« culture <strong>brevet</strong> », l’inventeur ordinaire qui<br />

veut « passer » au Droit d’Auteur voudra le<br />

voir comme une sorte <strong>de</strong> « mutation » <strong>de</strong> son<br />

<strong>brevet</strong> vers <strong>de</strong>s lois plus favorables.<br />

Il ne faut pas le voir ainsi.<br />

En réalité, l’inventeur du passé attendait <strong>de</strong>ux<br />

choses <strong>de</strong> son <strong>brevet</strong> :<br />

1. La détention d’un « papier officiel »<br />

qui lui serve <strong>de</strong> « coupe-file » à divers<br />

niveaux (essentiellement) ;<br />

2. L’espoir d’une véritable protection,<br />

face à la contrefaçon.<br />

Sur ce <strong>de</strong>rnier point, vous avez compris que la<br />

Propriété Intellectuelle se charge toute seule et<br />

gratuitement, <strong>de</strong> vous donner tous les droits<br />

qu’il vous faut pour vous faire respecter.<br />

- 87 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Mais le « mo<strong>de</strong> d’emploi » courant du Droit<br />

d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur, n’a rien à voir avec le<br />

mo<strong>de</strong> d’emploi d’un <strong>brevet</strong>.<br />

C’est là où il vous faut encore plus d’infos, que<br />

celles que nous venons <strong>de</strong> vous transmettre<br />

pour que vous ne tombiez pas dans une série<br />

<strong>de</strong> pièges, par ignorance, une fois <strong>de</strong> plus.<br />

Donc, puisque le Droit d’Auteur vous est<br />

donné gratuitement et « <strong>sans</strong> papiers », et<br />

quand bien même vous souhaitez détenir, <strong>de</strong>s<br />

« papiers » (car le <strong>brevet</strong> vous a habitué à<br />

cela), voici ce qu’il faut savoir.<br />

Le « papier » que vous pouvez utiliser, si vous<br />

vous passez <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, ne partira pas d’une<br />

« <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l’Administration » (INPI), mais<br />

d’une « déclaration à l’Administration » (Dépôt<br />

légal)<br />

La démarche est très différente.<br />

D’un côté, vous « <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z » quelque chose,<br />

que l’on peut vous accor<strong>de</strong>r moyennant finances,<br />

ou vous refuser.<br />

- 88 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


De l’autre, vous utilisez votre propre autorité,<br />

en disant :<br />

« Puisque je suis l’Auteur d’une invention sur<br />

laquelle j’ai tous les droits par définition, je<br />

veux faire une déclaration officielle, pour que<br />

les autorités, et ensuite le reste du mon<strong>de</strong>, le<br />

sachent ».<br />

C’est à vous <strong>de</strong> mettre sur le papier (aidé <strong>de</strong><br />

spécialistes, si nécessaire), la <strong>de</strong>scription du<br />

concept <strong>de</strong> votre création originale.<br />

Attention :<br />

Nous disons bien « du concept <strong>de</strong> la création<br />

originale ». Il ne s’agit pas du tout d’une « liste<br />

<strong>de</strong> revendications ».<br />

Vous ne « revendiquez » rien du tout face aux<br />

tiers :<br />

Vous savez que vous êtes déjà propriétaire <strong>de</strong><br />

tous vos droits, moraux et patrimoniaux, sur<br />

votre création, et vous le faites savoir.<br />

- 89 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Votre <strong>de</strong>scription ne porte pas <strong>de</strong> phrases qui<br />

diraient « le dispositif, objet <strong>de</strong> l’invention, est<br />

caractérisé comme ceci, comme cela… »<br />

Elle dit :<br />

« Je suis le créateur d’une nouveauté, que j’ai<br />

commencé à réaliser après que j’en aie eu<br />

l’idée, et je vous explique <strong>de</strong> quoi il s’agit ».<br />

De quoi il s’agit, et pas « comment c’est fait »<br />

ni « comment çà marche », ni (encore moins)<br />

« quelle forme cela revêt ».<br />

La Déclaration d’Auteur est une déclaration<br />

d’existence d’une création qui vient <strong>de</strong> vous,<br />

pas une « recette <strong>de</strong> fabrication ».<br />

On ne dit pas « la technique que j’ai mise au<br />

point » mais « le système original que j’ai<br />

créé.. ». On abandonne le mot « dispositif ».<br />

Il y a toute une gamme <strong>de</strong> finesses, dans la<br />

rédaction d’une Déclaration d’Auteur, où toute<br />

forme d’écriture qui rappelle le <strong>brevet</strong> est un<br />

danger.<br />

- 90 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il vous faut bien comprendre que, s’agissant <strong>de</strong><br />

se prévaloir d’une loi différente, il faut utiliser<br />

les arguments adaptés.<br />

On ne met pas d’essence dans un moteur<br />

diesel : Cela le détruirait.<br />

Là, c’est pareil : On ne décrit pas une technique,<br />

pas une pièce ni un « dispositif », ni une<br />

forme fonctionnelle, ni une forme arbitraire.<br />

On dit : « J’y ai pensé, je l’ai fait ».<br />

On dit (oui : on se répète, mais c’est à cause <strong>de</strong><br />

notre expérience) :<br />

« Je suis l’Auteur d’un système nouveau, que<br />

les autres n’avaient pas fait comme cela avant,<br />

et je vous explique seulement ce que c’est,<br />

mais pas comment je l’ai fait ».<br />

Surtout : Pas <strong>de</strong> plans, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins, <strong>de</strong> « figures<br />

». Pas <strong>de</strong> dimensions, pas <strong>de</strong> couleurs, pas<br />

<strong>de</strong> référence à la qualité <strong>de</strong> matériaux.<br />

- 91 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On dit : (par exemple)<br />

« Je suis l’Auteur d’un nouveau système <strong>de</strong><br />

pinceaux, pensés par mes soins, pour peindre<br />

au plafond, <strong>sans</strong> laisser tomber une goutte <strong>de</strong><br />

peinture ».<br />

« Voici la photo d’un pinceau, qui est le<br />

prototype que j’ai fabriqué, et qui est basé sur<br />

le principe original que j’ai conçu ».<br />

« Mon proto m’a permis <strong>de</strong> faire divers essais,<br />

mais il ne représente pas à lui seul ma<br />

création achevée, car j’en ferai d’autres, qui<br />

évolueront, se perfectionneront, auront d’autres<br />

dimensions, d’autres proportions, mais<br />

qui seront les applications du système dont je<br />

suis le créateur ».<br />

De cette manière, vous « déclarez » bien que<br />

vous êtes l’Auteur d’une « chose originale »,<br />

et, avec la photo, vous prouvez que vous l’avez<br />

réalisée concrètement, ce qui est indispensable<br />

puisque la loi dit qu’elle vous confère vos<br />

droits « du simple fait <strong>de</strong> la réalisation, même<br />

inachevée ».<br />

- 92 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Et pas du fait <strong>de</strong> la simple conception, dans<br />

votre tête, ce qui a été votre effort intellectuel,<br />

mais qui n’aura <strong>de</strong> valeur juridique qu’une fois<br />

qu’il aura été fixé dans la matière.<br />

Il y a d’autres notions à connaître, pour élaborer<br />

une Déclaration d’Auteur complète,<br />

comme par exemple, d’écrire, bien précisément,<br />

les articles <strong>de</strong> loi auxquels vous vous<br />

référez, et même <strong>de</strong> citer <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong><br />

jurispru<strong>de</strong>nce.<br />

« En vertu <strong>de</strong> l’Article xxx <strong>de</strong> la loi, qui<br />

dispose que : [xxxx], j’ai pratiqué <strong>de</strong> telle<br />

manière. En conséquence <strong>de</strong> quoi, j’invoque<br />

mon Droit d’Auteur, notamment au vu <strong>de</strong> tel<br />

arrêt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Cassation, où il a été jugé<br />

que…. »<br />

Ceci peut vous paraître bien compliqué, à<br />

première vue, mais c’est surtout « différent ».<br />

En fait, une Déclaration d’Auteur ressemble<br />

beaucoup plus à un Acte notarié, qu’à un <strong>brevet</strong><br />

d’invention.<br />

- 93 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C’est <strong>de</strong> la littérature plutôt juridique que<br />

technique.<br />

Ce n’est jamais un ingénieur d’usine qui<br />

appréciera le contenu <strong>de</strong> l’Acte, mais un<br />

magistrat, qui ne connaît rien à l’industrie,<br />

mais qui connaît parfaitement la loi.<br />

Vous voyez que l’on ne peut pas prendre le<br />

texte d’un <strong>brevet</strong> et le passer au Dépôt légal.<br />

Rien à voir.<br />

De toutes manières, dans la rédaction d’un<br />

<strong>brevet</strong>, rien ne prouve que l’objet décrit ait<br />

jamais été construit ni même ébauché.<br />

Un <strong>brevet</strong>, même dûment délivré, ne donne<br />

donc pas à lui seul la qualité d’Auteur.<br />

Il existe, à notre connaissance, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong><br />

<strong>brevet</strong>s qui ont été délivrés et payés par les<br />

inventeurs, mais qui n’ont jamais causé la<br />

fabrication d’un seul prototype.<br />

Leurs « déposants » n’ont donc jamais acquis<br />

la qualité d’Auteur.<br />

- 94 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le <strong>brevet</strong> est un « acte théorique », la Déclaration<br />

d’Auteur est le constat d’une réalisation<br />

réelle.<br />

A propos <strong>de</strong> constats, certains inventeurs ont<br />

eu l’idée <strong>de</strong> faire faire un constat d’huissier, <strong>de</strong><br />

la réalisation <strong>de</strong> leur prototype.<br />

Ce n’est pas une mauvaise idée, car un constat<br />

d’huissier apporte la preuve que l’inventeur est<br />

passé aux actes, ce qui est l’une <strong>de</strong>s constituantes<br />

<strong>de</strong> base du Droit d’Auteur.<br />

Mais un constat d’huissier n’invoque pas le<br />

Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle, et ne se<br />

réfère pas aux traités internationaux sur le<br />

Droit d’Auteur.<br />

Au mieux, c’est une pièce au dossier, qui peut<br />

avoir beaucoup d’intérêt, notamment pour<br />

donner une date, mais qui ne servira réellement<br />

que s’il se trouve dans un dossier<br />

complet, qui doit contenir tous les autres<br />

éléments juridiques utiles.<br />

- 95 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


De plus, les constats d’huissier que certains<br />

inventeurs nous ont montrés, sont tous <strong>de</strong>s<br />

constatations bien fidèles <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong><br />

pièces bien fonctionnelles, bien industrielles<br />

telles qu’on les décrit dans un <strong>brevet</strong>.<br />

Car l’inventeur est un indécrottable technicien,<br />

qui croit, et encore plus sous l’influence <strong>de</strong><br />

l’univers du <strong>brevet</strong>, qu’il lui faut décrire « sa<br />

technique », alors que pour le Droit d’Auteur,<br />

il doit décrire « l’originalité <strong>de</strong> sa réalisation »<br />

Il nous est arrivé <strong>de</strong> déconseiller à certains<br />

inventeurs l’intégration <strong>de</strong> constats d’huissier<br />

« trop techniques », dans une déclaration d’auteur,<br />

au bénéfice d’une simple photo.<br />

Le <strong>brevet</strong> est une liasse <strong>de</strong> papiers, où on écrit<br />

et on <strong>de</strong>ssine ce qu’on veut, du moment qu’on<br />

le fait dans les normes imposées.<br />

Sur un <strong>brevet</strong> d’invention proprement dit, il<br />

n’y a pas l’i<strong>de</strong>ntité détaillée ni la signature <strong>de</strong><br />

l’Auteur, tant il a peu d’importance.<br />

C’est le « dispositif » qui compte.<br />

- 96 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Une Déclaration d’Auteur, surtout élaborée par<br />

<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s professionnelles, a une toute<br />

autre allure.<br />

C’est un jeu <strong>de</strong> formulaires pré imprimés, où<br />

on peut lire <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> lois, dans plusieurs<br />

langues, où on peut prendre connaissance <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>scription, émanant <strong>de</strong> l’Auteur, où l’on voit<br />

<strong>de</strong>s preuves (par tous moyens, même un article<br />

<strong>de</strong> journal), <strong>de</strong> ses réalisations.<br />

Dans les cas les plus aboutis, la déclaration<br />

portera un visa d’expert (qui peut être un<br />

avocat ou un autre professionnel) et qui<br />

garantit qu’une certaine procédure a été<br />

respectée dans l’élaboration <strong>de</strong> l’Acte.<br />

En finale, l’Acte sera légalisé, signé <strong>de</strong> l’Auteur<br />

en personne, et <strong>de</strong>viendra « recevable <strong>de</strong>vant<br />

les Tribunaux »<br />

Cette déclaration est un écrit au contenu très<br />

sérieux et très précis, voire même nettement<br />

plus complet que peut l’être un <strong>brevet</strong>.<br />

- 97 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


S’il est vrai que la loi permet à chaque<br />

inventeur <strong>de</strong> faire sa Déclaration d’Auteur luimême,<br />

même écrite à la main, sur papier libre<br />

comme on fait un testament, on ne saurait<br />

conseiller cette façon <strong>de</strong> faire, trop empirique.<br />

N’oublions pas qu’une Déclaration d’Auteur<br />

sert à « représenter matériellement » le droit <strong>de</strong><br />

l’inventeur, sur le papier, et qu’à ce titre, outre<br />

qu’elle doit avoir un sens, par rapport à la loi,<br />

elle doit être crédible <strong>de</strong>vant tous.<br />

Pour ces raisons, divers spécialistes, ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, ont conçu et mis au point <strong>de</strong>s<br />

systèmes complets <strong>de</strong> Déclarations d’Auteur<br />

qui garantissent aux usagers un professionnalisme<br />

indispensable. (« Système expert »).<br />

Vous pouvez, sur Internet, détecter <strong>de</strong>s professionnels<br />

et <strong>de</strong>s groupements privés d’inventeurs<br />

qui vous gui<strong>de</strong>ront pour que vous<br />

puissiez, en finale, déposer <strong>de</strong>s Déclarations<br />

d’Auteur « impeccables »<br />

- 98 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Et, puisque, fatalement, nous évoquons Internet,<br />

nous voudrions attirer votre attention sur<br />

certaines initiatives relativement récentes, qui<br />

proposent <strong>de</strong>s « dépôts en ligne ».<br />

Rien n’interdit <strong>de</strong> décrire votre invention sur<br />

Internet, pas plus qu’il ne vous est interdit <strong>de</strong><br />

faire un constat d’huissier, exprimant votre<br />

technique, ou mieux : votre réalisation originale.<br />

Mais attention : Ces pratiques ne vous feront<br />

jamais détenteurs d’un Acte juridique recevable<br />

<strong>de</strong>vant les Tribunaux, ce qui est le but<br />

principal <strong>de</strong> la Déclaration d’Auteur légalisée.<br />

Peu <strong>de</strong> gens, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s professionnels du<br />

Droit, savent qu’un document ne <strong>de</strong>vient un<br />

Acte juridique que s’il a été enregistré <strong>de</strong>vant<br />

l’Administration.<br />

Les dépôts sur Internet, où ils vous est <strong>de</strong>mandé<br />

une participation financière symbolique<br />

(5 à 15 € en moyenne) ne produisent pas<br />

l’effet d’une déclaration légalisée, ni <strong>de</strong>vant un<br />

avocat, ni encore moins <strong>de</strong>vant un magistrat.<br />

- 99 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans tous les cas, que l’on en passe par le<br />

guichet <strong>de</strong> l’INPI, ou par un autre guichet<br />

officiel, c’est le seul recours aux services <strong>de</strong><br />

l’Administration <strong>de</strong> l’État qui vali<strong>de</strong>, juridiquement,<br />

un document, et en aucun cas<br />

Internet.<br />

Comme toujours, lorsqu’une voie nouvelle<br />

commence à s’ouvrir, divers prédateurs, plus<br />

ou moins sérieux, s’y engouffrent, et tentent<br />

d’en tirer avantage, avec plus ou moins <strong>de</strong><br />

scrupules.<br />

Puisqu’il s’agit <strong>de</strong> « matérialiser » votre Droit<br />

d’Auteur, qui est d’origine « impalpable » il ne<br />

faudrait pas le faire d’une manière qui vous<br />

rajouterait <strong>de</strong>s difficultés pour le faire valoir.<br />

Vous rencontrerez assez d’adversité <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> l’obscurantisme général et <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />

professionnels du <strong>brevet</strong>, jusqu’à ce qu’ils<br />

aient enfin compris que nul ne peut s’opposer à<br />

l’application <strong>de</strong>s lois en vigueur, <strong>sans</strong> rajouter<br />

<strong>de</strong>s difficultés par <strong>de</strong>s maladresses.<br />

- 100 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans le même ordre d’idées, évitez soigneusement<br />

<strong>de</strong> qualifier votre Déclaration <strong>de</strong> « Copyright<br />

», comme le font certains.<br />

Bien sûr, on peut en Français traduire ce mot<br />

anglais par « Droit d’Auteur », c’est correct<br />

sur le fond, mais les lois anglo-américaines lui<br />

donnent un sens qui n’est pas, en Europe,<br />

adapté à nos mœurs et à nos lois.<br />

Le logo du Copyright est bien connu © car on<br />

le voit dans les livres, les journaux, le cinéma,<br />

l’Internet et l’informatique.<br />

Mais, si l’inventeur a parfaitement le droit <strong>de</strong><br />

l’utiliser sur tous ses documents, administratifs<br />

et commerciaux, il faut le décrire en disant :<br />

« J’ai effectué un dépôt légal, aussi je préviens<br />

les tiers que ma création est protégée par la<br />

loi ».<br />

Face à <strong>de</strong>s juristes, à <strong>de</strong>s industriels, bref, en<br />

public, on a intérêt à dire « mon dépôt légal »,<br />

« ma création protégée », et pas <strong>de</strong> mot<br />

anglais. (Surtout en France)<br />

- 101 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


8. Savoir bien gérer<br />

une déclaration d’auteur<br />

Comme beaucoup <strong>de</strong> choses mo<strong>de</strong>rnes, la Déclaration<br />

d’Auteur est une notion relativement<br />

nouvelle dans l’univers <strong>de</strong> l’inventeur.<br />

L’influence <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s venues du <strong>brevet</strong> est<br />

telle que beaucoup d’inventeurs ont l’impression<br />

d’avoir, dirons nous, « changé <strong>de</strong> crémerie<br />

», mais <strong>sans</strong> changer réellement <strong>de</strong> comportement.<br />

« L’Auteur d’invention », par rapport à l’ancienne<br />

formule du « déposant <strong>de</strong> <strong>brevet</strong> »,<br />

n’est plus exactement le même homme.<br />

Comme il a dû s’adapter à l’ordinateur et à<br />

l’Internet, il lui faut s’adapter à l’utilisation du<br />

Droit d’Auteur.<br />

- 102 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il lui faut être sûr <strong>de</strong> lui, sur cette voie, et ne<br />

pas « mélanger les genres »<br />

La résurgence <strong>de</strong> « l’esprit <strong>brevet</strong> » est encore<br />

gran<strong>de</strong>, et il ne faut pas s’auto piéger.<br />

Utiliser le vocabulaire du <strong>brevet</strong>, en matière <strong>de</strong><br />

Droit d’Auteur, a un côté aussi ridicule que le<br />

garagiste qui parlerait à son client <strong>de</strong> bougies<br />

d’allumage, à propos d’un moteur diesel.<br />

A ce propos, nous en avons entendu <strong>de</strong> sévères<br />

au fil <strong>de</strong>s années.<br />

Un brave homme est venu un jour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

un professionnel, comment il <strong>de</strong>vrait « faire<br />

une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, pour le Copyright <strong>de</strong> son<br />

<strong>brevet</strong>… ».<br />

Pour « ceux qui savent », cela laisse rêveur, et<br />

donne la mesure <strong>de</strong>s efforts qu’il reste à<br />

accomplir pour éduquer le public.<br />

L’usage <strong>de</strong> la Déclaration d’Auteur permet à<br />

l’inventeur, en toute réalité, <strong>de</strong> faire valoir son<br />

droit <strong>de</strong> propriété sur son invention.<br />

- 103 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour y parvenir, l’inventeur doit imposer cette<br />

façon d’agir à son environnement humain.<br />

Par exemple, pour signer une licence d’exploitation<br />

<strong>de</strong> son invention à un industriel,<br />

l’inventeur doit lui proposer un contrat qui sera<br />

une « Licence <strong>de</strong> savoir-faire », élément juridique<br />

<strong>de</strong>s plus courants, qui n’a strictement<br />

rien à voir avec une licence <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>.<br />

Il doit réellement se conduire en propriétaire<br />

<strong>de</strong> l’invention, et non en simple manipulateur<br />

d’un objet dit « <strong>brevet</strong>é ».<br />

Nous avons, ces <strong>de</strong>rnières années, eu connaissance,<br />

en détails, <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> cas où les<br />

inventeurs « <strong>de</strong> nouvelle génération » ont été<br />

tout surpris, dans les premiers temps, d’être<br />

parfaitement reçus et respectés sur base du<br />

Droit d’Auteur.<br />

On a fait cette constatation : Plus l’industriel<br />

est important plus il dispose, parmi ses collaborateurs,<br />

<strong>de</strong> services juridiques recelant <strong>de</strong><br />

hautes compétences.<br />

- 104 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le service juridique d’un grand groupe multinational<br />

ne voit aucun problème à traiter sur<br />

base <strong>de</strong> Droit d’Auteur, là où d’autres traitent<br />

sur base <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>.<br />

Les « grands » préfèrent, semble-t-il, cette formule,<br />

où ils trouvent la protection mutuelle,<br />

inventeur – industriel plus établie.<br />

Nous en détenons la preuve, à propos d’affaires<br />

qui ont été faites par un « petit inventeur<br />

» <strong>de</strong> nos relations, avec l’Oréal.<br />

Et avec d’autres gran<strong>de</strong>s sociétés qu’il n’est<br />

pas opportun <strong>de</strong> citer dans cet ouvrage.<br />

Il est vrai que le Droit d’Auteur évacue la hantise<br />

<strong>de</strong>s opérateurs, que représente la toujours<br />

possible « déchéance du titre » (<strong>brevet</strong>).<br />

Le Droit d’Auteur ne tombe strictement jamais<br />

dans le domaine public, puisqu’il est attribué à<br />

vie à une personne et se transmet à ses<br />

héritiers, pour un <strong>de</strong>mi siècle minimum.<br />

- 105 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Les plus gran<strong>de</strong>s difficultés, pour proposer<br />

l’usage du Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur, passé<br />

la mise en place avec les avocats, se sont rencontrées<br />

auprès <strong>de</strong>s PME.<br />

Là, généralement sous l’influence <strong>de</strong>s CPI, on<br />

écoute les soi-disant arguments comme quoi le<br />

Droit d’Auteur ne protègerait pas ceci, et pas<br />

cela, et on reste parfois réticent.<br />

Heureusement, dans ces milieux, les avocats<br />

sont très présents et nous savons orchestrer<br />

certaines mises à niveau « entre bon Maîtres »,<br />

là où l’analyse restrictive en provenance d’un<br />

CPI ne pèse plus bien lourd.<br />

Les « nouveaux inventeurs » se structurent,<br />

lentement, mais sûrement, et l’utilisation du<br />

Droit d’Auteur, qui faisait figure d’idée « marginale<br />

» il y a encore quelques années, est en<br />

passe <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une « classique ».<br />

Des initiatives privées se sont créées, en<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute considération mercantile, qui<br />

sont d’une bonne ai<strong>de</strong> aux « nouveaux<br />

inventeurs » et leur distillant inlassablement<br />

une information sincère et authentique.<br />

- 106 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Par exemple, une ONG « IFRACO » (que vous<br />

saurez détecter par Internet), propose aux<br />

inventeurs <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> bonnes formules <strong>de</strong><br />

déclaration, nommées « Acte Déclaratif <strong>de</strong><br />

Qualité d’Auteur », <strong>de</strong> contacter <strong>de</strong>s avocats<br />

réellement compétents en la matière et <strong>de</strong><br />

trouver d’autres éléments utiles et sérieux.<br />

Par exemple, le contrat <strong>de</strong> licence <strong>de</strong> savoirfaire<br />

que distribue IFRACO gratuitement, a été<br />

mis au point avec <strong>de</strong> « vrais » spécialistes, et a<br />

été validé par un avocat en droit <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle.<br />

Certains salons privés d’inventeurs, reçoivent<br />

<strong>sans</strong> état d’âme les créateurs techniques <strong>sans</strong><br />

<strong>brevet</strong>, car ils ont accepté <strong>de</strong> vérifier le bien<br />

fondé <strong>de</strong> cette pratique, et s’en portent bien.<br />

Bien sûr, il reste encore toute une arrière gar<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> personnages rétrogra<strong>de</strong>s, qui ne veulent<br />

connaître que le <strong>brevet</strong>, et qui traînent <strong>de</strong>s<br />

pieds, mais nous avons constaté que ceux là<br />

sont en perte <strong>de</strong> vitesse.<br />

- 107 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Un salon d’inventeurs relativement notoire,<br />

que nous n’aurons pas l’indélicatesse <strong>de</strong> nommer<br />

ici, a publié, récemment, sur son site<br />

Internet, une info comme quoi ledit salon<br />

n’aura pas lieu, cette année, faute d’avoir réuni<br />

suffisamment d’inventeurs…<br />

Vous vous doutez que les dirigeants <strong>de</strong> ce<br />

salon là sont <strong>de</strong> ceux qui ne veulent pas<br />

entendre parler d’inventeurs invoquant le Droit<br />

d’Auteur.<br />

Nous l’écrivons plus haut :<br />

L’introduction <strong>de</strong> l’usage du Droit d’Auteur <strong>de</strong><br />

l’inventeur est un grand chantier, qui dure<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, qui donne satisfaction à ses<br />

promoteurs et à ses usagers, et qui n’est pas sur<br />

le point d’être clôturé.<br />

- 108 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


9. Droit d’auteur <strong>de</strong> l’inventeur<br />

une petite révolution <strong>de</strong> mœurs<br />

L’installation, chez l’inventeur individuel, <strong>de</strong><br />

l’invocation du Droit d’Auteur, au moyen d’un<br />

simple Acte déclaratif, a causé une on<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

choc, qui a révélé une matière à réflexion très<br />

<strong>de</strong>nse sur bien <strong>de</strong>s points restés obscurs, <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong>s temps immémoriaux.<br />

Le <strong>brevet</strong> s’est installé, <strong>de</strong>puis le XIX e et a<br />

connu une carrière <strong>de</strong> dictateur.<br />

Il a été longtemps considéré par l’ensemble <strong>de</strong><br />

la population, comme « la voie normale » et<br />

nul n’avait, auparavant, cherché réellement à<br />

savoir s’il constituait bien le seul moyen dont<br />

l’inventeur <strong>de</strong>vait absolument se munir.<br />

Une cloison étanche a existé, pendant <strong>de</strong>s<br />

décennies, dans la psychologie <strong>de</strong>s personnes<br />

concernées, à tous les niveaux.<br />

- 109 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


La Propriété Intellectuelle, « Propriété Littéraire<br />

et Artistique », et le célèbre logo ©,<br />

semblaient l’apanage <strong>de</strong>s artistes, exclusivement<br />

réservés aux créateurs <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong><br />

l’Art pur, et même le terme « Auteur »<br />

semblait contenir à lui seul la notion<br />

« d’Auteur littéraire », et rien d’autre.<br />

Il paraissait saugrenu, à première vue, <strong>de</strong><br />

déclarer que le simple inventeur est « Auteur »<br />

<strong>de</strong> sa création, comme Victor Hugo est Auteur<br />

<strong>de</strong> ses ouvrages littéraires, ni plus, ni moins,<br />

pour la loi.<br />

C’est pourtant bien exact et la pression <strong>de</strong>s<br />

événements, causés par l’évolution du mon<strong>de</strong><br />

actuel, a révélé cette réalité, relativement<br />

brutalement.<br />

C’est pourquoi personne n’a été étonné <strong>de</strong> la<br />

réaction agressive <strong>de</strong>s professionnels du<br />

<strong>brevet</strong>, qui ont vu arriver une forme <strong>de</strong><br />

concurrence qu’ils n’imaginaient pas et qui ont<br />

pris peur, tant pour leurs (confortables)<br />

chiffres d’affaires, que pour l’avenir <strong>de</strong><br />

l’hégémonie <strong>de</strong> fait dont ils ont longtemps<br />

bénéficié.<br />

- 110 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Toute action entraîne une réaction, c’est vrai<br />

dans la physique, comme dans la politique.<br />

Mais, certaines réactions sont <strong>de</strong>s révélateurs,<br />

et se retournent parfois contre ceux qui les<br />

manifestent.<br />

Les promoteurs du Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur<br />

n’ont jamais agi dans le but <strong>de</strong> détruire<br />

le <strong>brevet</strong> d’invention, auquel ils reconnaissent<br />

son utilité, lorsqu’il est appliqué à une « vraie<br />

clientèle », qui en a réellement l’emploi<br />

La volonté <strong>de</strong>s « nouveaux inventeurs »<br />

consiste à mettre un peu d’ordre dans les<br />

priorités <strong>de</strong> leurs préoccupations, et à hiérarchiser<br />

le plus rationnellement possible leurs<br />

dépenses et investissements.<br />

Quand l’inventeur actuel constate que la<br />

dépense indispensable à exposer, pour déposer<br />

et vali<strong>de</strong>r un <strong>brevet</strong>, dépasse le prix <strong>de</strong> sa<br />

maison, il prend peur.<br />

- 111 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quand on lui démontre, face à cela, que le<br />

recours à l’invocation du Droit d’Auteur ne lui<br />

coûtera, au plus, et une fois pour toutes que le<br />

prix d’une ou <strong>de</strong>ux consultations d’avocat, il<br />

voit comme on dit, « midi à sa porte ».<br />

Un individu normalement luci<strong>de</strong>, une fois<br />

instruit <strong>de</strong> la réalité, côté législation, et une<br />

fois extrait <strong>de</strong>s divers conditionnements qu’il<br />

subissait à son insu, n’hésite pas.<br />

Il utilise sa qualité d’Auteur, guidé et soutenu<br />

par <strong>de</strong> vrais professionnels.<br />

C’est si vrai que nous avons assisté à un afflux<br />

d’inventeurs individuels, d’abord par centaines,<br />

et maintenant par milliers, avi<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

savoir et prêts à se commuer en « Auteurs<br />

techniques » <strong>sans</strong> recours forcé au <strong>brevet</strong>.<br />

Tous ceux qui ont « sauté le pas » s’en sont<br />

félicité, et nombreux sont ceux qui sont<br />

parvenus à signer <strong>de</strong>s licences d’exploitation<br />

<strong>de</strong> leur invention avec <strong>de</strong>s industriels, sur la<br />

base d’un contrat <strong>de</strong> savoir-faire, adossé à leur<br />

Droit <strong>de</strong> propriété intellectuelle.<br />

- 112 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On constate que le Droit d’Auteur est parvenu<br />

à convaincre « ses clients » inventeurs.<br />

On constate également que les juristes établis,<br />

accoutumés au <strong>brevet</strong> <strong>de</strong>puis toujours, qui ont<br />

bien voulu vérifier la bonne adéquation <strong>de</strong><br />

l’invocation du Droit d’Auteur, face à une<br />

œuvre <strong>de</strong> l’esprit, même <strong>de</strong> caractère industriel,<br />

apportent leur concours à la clientèle<br />

d’inventeurs concernés, tout naturellement.<br />

On constate aussi que les Tribunaux n’ont pas<br />

attendu ces « mouvements » pour rendre <strong>de</strong>s<br />

jugements, en matière <strong>de</strong> Droit d’Auteur, en<br />

milieu technique, accordant aux « vrais<br />

Auteurs » le bénéfice <strong>de</strong> leurs vrais droits, <strong>sans</strong><br />

état d’âme, par rapport au <strong>brevet</strong>.<br />

Ce tableau peut paraître idyllique et nous<br />

<strong>de</strong>vons reconnaître, nous, les promoteurs du<br />

Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur, que nous<br />

sommes assez satisfaits.<br />

Disons que nous avons ouvert une certaine<br />

boîte <strong>de</strong> Pandore et que le génie qui en est<br />

sorti, agit en harmonie avec nos objectifs.<br />

- 113 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On n’entend plus guère l’objection <strong>de</strong> base,<br />

jadis rituelle : « Si c’était vrai, çà se saurait ».<br />

Car, « çà s’est su ».<br />

Maintenant, on nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plutôt<br />

« Comment cela fonctionne » et on attend <strong>de</strong><br />

nous la « marche à suivre ».<br />

Pour ces raisons, <strong>sans</strong> oublier, ni négliger notre<br />

rôle premier d’informateurs publics, nous nous<br />

sommes, peu à peu, adjoint un second rôle,<br />

d’éducateurs.<br />

Car, si nous sommes satisfaits d’avoir porté<br />

une certaine « révélation » au grand jour, il ne<br />

serait pas positif <strong>de</strong> s’en tenir là et<br />

d’abandonner à leur sort ceux qui nous ont<br />

écoutés, qui ne manqueraient pas d’être<br />

victimes d’une nuée d’opportunistes et <strong>de</strong><br />

prédateurs prenant pour argument un soi disant<br />

« manque <strong>de</strong> suivi » <strong>de</strong> notre part.<br />

- 114 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Aussi, l’inventeur doit connaître quelques<br />

notions indispensables à son bon fonctionnement<br />

lorsqu’il est l’heureux détenteur d’un<br />

Acte déclaratif.<br />

D’abord, et comme nous l’avons déjà évoqué,<br />

s’il s’est bien rendu usager d’une solution<br />

« alternative » par rapport aux anciens usages<br />

courants, il ne détient pas un « <strong>brevet</strong> bis », et<br />

encore moins une « baguette magique »<br />

Dans aucun domaine <strong>de</strong> l’activité humaine, il<br />

n’existe <strong>de</strong> « solution miracle » ni <strong>de</strong> « panacée<br />

universelle ».<br />

N’en déplaise à certains inconditionnels du<br />

<strong>brevet</strong> qui nous ont traités <strong>de</strong> « marchands <strong>de</strong><br />

rêve » qui « agiteraient le Droit d’Auteur, sous<br />

le nez <strong>de</strong>s inventeurs » dans le but d’en tirer<br />

profit, mais <strong>sans</strong> réelle contrepartie. Nous<br />

allons vous démontrer ici que les « marchands<br />

<strong>de</strong> rêve » sont peut-être plutôt ceux qui nous<br />

jettent cette formule à la face.<br />

- 115 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quelle « garantie » le <strong>brevet</strong> donne-t-il à<br />

l’inventeur, qui puisse assurer ce <strong>de</strong>rnier que<br />

son « titre » est l’arme absolue contre la<br />

contrefaçon ?<br />

La réponse est connue <strong>de</strong> tous : Aucune.<br />

C’est le célèbre « SGDG », (<strong>sans</strong> garantie du<br />

gouvernement) que l’on ne voit guère plus<br />

écrit directement, mais qui est toujours là.<br />

La formule française contemporaine est plus<br />

« technique », pour ne pas dire plus hypocrite.<br />

« Un <strong>brevet</strong> est laissé à la seule appréciation<br />

<strong>de</strong>s tribunaux »<br />

La signification est bien claire :<br />

« Nous, l’État, à travers notre organisme<br />

spécialisé, te délivrons bien un titre officiel,<br />

mais en te prévenant que nous ne sommes en<br />

rien responsables <strong>de</strong> ses effets, et que c’est le<br />

pouvoir judiciaire qui, seul, pourra dire s’il<br />

vaut quelque chose, dans tes mains, ou rien du<br />

tout »<br />

- 116 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Désolés, si nous paraissons un peu « hard »<br />

dans notre perception <strong>de</strong> cette réalité, mais<br />

notre opinion est la suivante :<br />

L’État fait payer bien cher son « coup <strong>de</strong><br />

tampon sur un papier », dans la mesure où il<br />

n’en garantit absolument pas les effets.<br />

Un <strong>brevet</strong> donne essentiellement à l’inventeur<br />

un « papier officiel » à faire vali<strong>de</strong>r par un<br />

magistrat… guère plus.<br />

Là, quelque part, on vend bien là une dose <strong>de</strong><br />

rêve…<br />

Dans ce décor, nous préférons l’avertissement<br />

qui figure sur les <strong>brevet</strong>s délivrés par l’État<br />

belge, qui a le mérite <strong>de</strong> la clarté.<br />

Voici :<br />

« Ce <strong>brevet</strong> est délivré <strong>sans</strong> examen préalable<br />

<strong>de</strong> la <strong>brevet</strong>abilité <strong>de</strong> l’invention, <strong>sans</strong><br />

garantie du mérite <strong>de</strong> l’invention, ou <strong>de</strong><br />

l’exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> celle-ci, et<br />

aux risques et périls du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur ».<br />

- 117 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Tous les <strong>brevet</strong>s du mon<strong>de</strong> sont délivrés,<br />

assortis <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> « garantie » (…).<br />

En fait, l’inventeur n’achète que le droit<br />

d’aller, un jour, s’expliquer <strong>de</strong>vant un juge,<br />

muni d’un document certes « officiel », à<br />

propos duquel l’État lui a dit :<br />

« Je prends acte <strong>de</strong> ton dépôt. Même si tes<br />

revendications paraissent plausibles, ce sont<br />

les tiennes, sous ta seule responsabilité, et tu te<br />

chargeras <strong>de</strong> les défendre comme un grand ».<br />

Quand on voit la conviction, pour ne pas dire<br />

la ferveur, dont témoigne l’inventeur, à propos<br />

<strong>de</strong> l’effet « défensif » qu’il attend du <strong>brevet</strong>,<br />

franchement, il nous fait peine.<br />

Face à cela, celui qui a effectué le Dépôt légal<br />

d’une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> son œuvre, rédigée en<br />

fonction <strong>de</strong>s dispositions propres à la Propriété<br />

Intellectuelle, détient également un papier dont<br />

il pourra défendre le contenu en justice, si<br />

nécessaire.<br />

- 118 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous n’avons jamais prétendu que la Déclaration<br />

d’Auteur aurait « plus <strong>de</strong> valeur intrinsèque<br />

» qu’un <strong>brevet</strong>.<br />

Les professionnels qui gui<strong>de</strong>nt les inventeurs<br />

sur ce chemin, ne leur ont jamais vendu <strong>de</strong><br />

garanties illusoires et encore bien moins <strong>de</strong>s<br />

polices d’assurances.<br />

Nos arguments sont clairs, honnêtes, et respectueux<br />

<strong>de</strong>s lois :<br />

- la Déclaration d’Auteur implique<br />

infiniment moins <strong>de</strong> frais que le <strong>brevet</strong>.<br />

- la Déclaration d’Auteur n’est pas un<br />

titre national, qu’il faut acheter fort<br />

cher pays par pays, mais la matérialisation,<br />

sur le papier, d’un droit reconnu<br />

mondialement.<br />

- Aucune disposition légale ne prévoit la<br />

déchéance du Droit d’Auteur, qui ne<br />

peut « tomber dans le domaine public »<br />

- 119 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


- La Déclaration d’Auteur, en forme<br />

d’acte juridique recevable <strong>de</strong>vant les<br />

tribunaux, donne à l’inventeur un accès<br />

à l’univers judiciaire, à l’instar du<br />

<strong>brevet</strong>.<br />

Nous dépendons tous, <strong>de</strong>vant un tribunal, <strong>de</strong><br />

l’état <strong>de</strong> notre dossier, <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong><br />

notre cause, du talent <strong>de</strong> nos avocats, et, en<br />

finale, <strong>de</strong> la décision d’un juge.<br />

Pourquoi payer très cher la faculté d’ester en<br />

justice, si l’on peut y parvenir à moindre coût ?<br />

Et pour ce qui est <strong>de</strong> la « pertinence du dossier<br />

», l’inventeur se sentira nettement plus<br />

fort, en défendant sa place au soleil sur la base<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> sa création complète, à<br />

laquelle il n’est <strong>de</strong>mandé qu’originalité et<br />

réalisation, que sur la base d’un point <strong>de</strong> détail,<br />

sujet à <strong>de</strong>s « antériorités » et même à <strong>de</strong>s<br />

« postériorités » sur le plan commercial.<br />

La Déclaration d’Auteur n’ayant pas à être<br />

publiée, n’est pas un « appel à la concurrence »<br />

comme le <strong>brevet</strong>, qui tombe dans le domaine<br />

public en cas d’annuités impayées.<br />

- 120 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


10. l’invention protégeable<br />

la notion d’Arts Appliqués.<br />

L’ensemble <strong>de</strong>s exposés <strong>de</strong> notre ouvrage vous<br />

amène à bien sentir que nous sommes certains,<br />

à l’examen <strong>de</strong> la législation et <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce,<br />

que, pratiquement, toutes les inventions<br />

confèrent à leur Auteur la protection du Droit<br />

d’Auteur.<br />

Les conditions qu’un créateur doit impérativement<br />

réunir pour qu’il soit bien considéré,<br />

au regard <strong>de</strong> la loi, comme « Auteur » sont<br />

simples, à la base :<br />

- Il faut avoir conçu une création<br />

originale, que le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété<br />

Intellectuelle appelle « œuvre <strong>de</strong><br />

l’esprit » et être en mesure d’en faire<br />

apprécier l’originalité.<br />

- 121 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


- Il faut être passé en phase <strong>de</strong> réalisation<br />

matérielle <strong>de</strong> la création, initialement<br />

issue <strong>de</strong> votre recherche intellectuelle.<br />

Ces conditions sont bien souvent réunies, par<br />

les inventeurs qui ont réalisé leur premier<br />

prototype.<br />

C’est à ce niveau, que les négationnistes<br />

interviennent, avec leurs arguments comme<br />

quoi la présence d’un « caractère industriel »<br />

barrerait la route au Droit d’Auteur, en lui<br />

laissant la portion congrue <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong><br />

« l’apparence » <strong>de</strong> la chose inventée.<br />

Ils ajoutent que si l’invention se situe au<br />

niveau <strong>de</strong> formes « fonctionnelles », elle serait<br />

également extraite, <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong> la protection<br />

du Droit d’Auteur et ne pourrait attendre son<br />

salut que d’un <strong>brevet</strong>.<br />

Certains puissants exégètes ont également<br />

introduit, dans cet ordre d’idées, et pour nous<br />

contrer, la notion <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> l’Art, qui, en<br />

fait, est favorable aux inventeurs.<br />

- 122 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Si on les suivait, on en arriverait à subodorer<br />

un schisme <strong>de</strong> fait, entre la création purement<br />

artistique, c’est à dire absolument dénuée <strong>de</strong><br />

toute fonctionnalité, et la création purement<br />

industrielle, c’est à dire présumée dénuée <strong>de</strong><br />

toute caractéristique créative, au sens d’une<br />

esthétique, notamment.<br />

C’est <strong>sans</strong> doute dans cet ordre d’idées que se<br />

place l’INPI, en conseillant à l’inventeur <strong>de</strong><br />

chercher à savoir si sa création peut être protégeable<br />

par un <strong>brevet</strong>, OU par le Droit<br />

d’Auteur.<br />

Un certain manichéisme.<br />

Ce gens là disent « <strong>brevet</strong> OU Droit d’Auteur<br />

» comme on peut dire « noir ou blanc »,<br />

ou encore, « répon<strong>de</strong>z par oui ou par non »<br />

Sur le terrain, les choses ne peuvent pas être<br />

ainsi classifiées, pas d’une façon si primaire.<br />

La Convention <strong>de</strong> Berne (le traité mondial sur<br />

le Droit d’Auteur), dispose que les œuvres <strong>de</strong>s<br />

« Arts Appliqués » entrent <strong>de</strong> plein droit dans<br />

le champ <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> la loi.<br />

- 123 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Une œuvre <strong>de</strong>s « Arts Appliqués » sera, par<br />

définition, considérée comme relevant dans<br />

tous les cas du domaine artistique, et personne<br />

ne discutera son inclusion dans l’univers du<br />

Droit d’Auteur, à ce titre.<br />

Mais « Arts Appliqués » ouvre la porte à<br />

l’introduction d’œuvres certes pourvues d’un<br />

<strong>de</strong>gré d’art, mais pouvant également être le<br />

siège <strong>de</strong> formes matérielles leur conférant <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques fonctionnelles.<br />

Il s’agira d’œuvre hybri<strong>de</strong>s, androgynes, quant<br />

à leur rapport à l’art et à la fonction.<br />

Alors, œuvres d’art ou créations <strong>de</strong> caractère<br />

industriel ?<br />

Voici une perception <strong>de</strong> ce point sensible, que<br />

nous donne Hermine-Charlotte FOUCHER, <strong>de</strong><br />

l’Université Paris 10, dans son étu<strong>de</strong> sur le<br />

concept <strong>de</strong>s Arts Appliqués :<br />

- 124 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« La double nature <strong>de</strong>s Arts Appliqués révèle les<br />

limites <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> son acceptation en droit <strong>de</strong> la<br />

propriété intellectuelle et artistique.<br />

L’art y est défini pour ce qu’il est ; il trouve sa<br />

signification dans l’acte même <strong>de</strong> la création, « l’art<br />

pour l’art ».<br />

Les Arts Appliqués repoussent cette conception,<br />

l’esthétisme <strong>de</strong> l’objet ne pouvant être dissocié <strong>de</strong><br />

sa finalité.<br />

R. Loewy disait « la lai<strong>de</strong>ur se vend mal » et ce<br />

n’était qu’affirmer cette interaction entre esthétisme<br />

et utilitarisme.<br />

L’un ne fonctionne pas <strong>sans</strong> l’autre.<br />

On peut prendre l’exemple d’une chaise, objet<br />

courant et fonctionnel.<br />

Cette chaise acquiert une dimension tout autre si<br />

elle est créée par le <strong>de</strong>signer Starck.<br />

Il ne se contente pas <strong>de</strong> fabriquer un meuble, il<br />

effectue un véritable travail <strong>de</strong> création :<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s formes, <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong> la matière.<br />

Bien que <strong>de</strong>meurant utilitaire, la chaise se<br />

distingue <strong>de</strong> toutes les autres.<br />

- 125 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Elle suscite une émotion chez l’individu ; elle ne se<br />

laisse pas réduire à un simple objet.<br />

Dès lors, les Arts Appliqués <strong>de</strong>vraient pouvoir<br />

bénéficier d’une protection sur mesure prenant en<br />

compte leur caractère ambivalent.<br />

Source :<br />

http://m2b<strong>de</strong>.uparis10.fr/blogs/dpi/in<strong>de</strong>x.php/post/2007/01/21/Le-concept<strong>de</strong>s-arts-appliques-au-travers-<strong>de</strong>-sa-protection-en-droitfrancais-et-allemand-par-Hermine-Charlotte-FOUCHER?pub=0<br />

Laissons ses appréciations à Hermine-Charlotte<br />

FOUCHER.<br />

Nous noterons au passage que le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Propriété Intellectuelle ne prévoyant pas <strong>de</strong><br />

protection « sur mesure », une chaise « <strong>de</strong>sign<br />

» est bien un objet fonctionnel, et pour<br />

peu qu’elle intègre <strong>de</strong>s parties mobiles, voire<br />

articulées, elle peut même contenir un<br />

dispositif <strong>brevet</strong>able.<br />

Dans tous les cas, elle est « androgyne » au<br />

regard <strong>de</strong>s distinctions que l’on peut faire entre<br />

l’art pur et la technique pure.<br />

- 126 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Elle constitue bien une création originale, une<br />

œuvre <strong>de</strong> l’esprit, et nonobstant la présence<br />

d’un caractère industriel, du fait <strong>de</strong> la<br />

fonctionnalité <strong>de</strong> l’objet, elle entre <strong>sans</strong><br />

conteste dans les définitions du Droit<br />

d’Auteur.<br />

Bien <strong>de</strong>s inventions, créées par les inventeurs<br />

contemporains, contiennent, comme la «chaise<br />

<strong>de</strong>sign », <strong>de</strong>s caractéristiques artistiques et <strong>de</strong>s<br />

caractères industriels. Ce sont <strong>de</strong>s œuvres<br />

« <strong>de</strong>s Arts Appliqués ».<br />

Il est établi que l’œuvre <strong>de</strong>s Arts Appliqués est<br />

appelée à receler une part « d’industriel ».<br />

En conséquence, puisque la Convention <strong>de</strong><br />

Berne et les lois nationales (Propriété Intellectuelle)<br />

instaurent la protection <strong>de</strong> ces œuvres,<br />

la preuve est faite que la présence du « caractère<br />

industriel » n’est pas un critère d’exclusion.<br />

Hermine-Charlotte FOUCHER parle <strong>de</strong> la<br />

« double nature » <strong>de</strong> ces créations.<br />

C’est évi<strong>de</strong>nt.<br />

- 127 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Alors, puisque l’on constate que les œuvres<br />

dotées d’une « double nature » sont accueillies<br />

d’origine au sein <strong>de</strong> la protection du Droit<br />

d’Auteur, cela démontre une reconnaissance<br />

explicite <strong>de</strong> la protection par Droit d’Auteur, à<br />

une création dotée d’un « caractère industriel »<br />

Ce simple constat vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout son sens l’allégation<br />

<strong>de</strong>s négationnistes :<br />

« La création <strong>de</strong> caractère industriel ne relève<br />

pas <strong>de</strong> la protection du Droit d’Auteur ».<br />

En conclusion, on peut être bien certain que le<br />

critère <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>abilité, et la présence <strong>de</strong> la<br />

« caractéristique industrielle », au sein d’une<br />

création originale, n’ont aucun effet sur sa<br />

qualité d’œuvre <strong>de</strong> l’esprit, admissible à la<br />

protection du Droit d’Auteur.<br />

Quiconque débute une affirmation par l’idée<br />

suivante :<br />

« Le Droit d’Auteur ne protège pas… » ne peut<br />

en aucun cas être crédible.<br />

- 128 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


La reconnaissance formelle du Droit d’Auteur,<br />

en matière d’Arts Appliqués constitue une<br />

garantie juridique, quant à l’existence <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> nombre d’inventeurs.<br />

Voici maintenant un « billet », sous la plume<br />

d’un juriste professionnel qui s’exprime librement<br />

sur Internet sous un pseudonyme, et qui a<br />

manifesté la volonté <strong>de</strong> conserver l’anonymat.<br />

Nous avons échangé avec cette personne<br />

quelque dialogue par voie <strong>de</strong> « commentairesréponses<br />

», et si l’intéressé ne nous a manifesté<br />

aucun accord formel, quant à nos positions et<br />

développements, nous avons pour notre part,<br />

estimé ses manières <strong>de</strong> voir fort concordantes<br />

par rapport à nos vues.<br />

Vous pourrez lire ci-<strong>de</strong>ssous en citation, un<br />

extrait <strong>de</strong> la prose <strong>de</strong> cet Auteur volontairement<br />

anonyme, qui recoupe nos approches.<br />

- 129 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« Suite aux interrogations légitimes qui sont<br />

apparues au fil <strong>de</strong>s commentaires, quant à la<br />

matière traitée sur ce blog, l'idée m'est venue <strong>de</strong><br />

résumer les grands principes qui régissent le droit<br />

d'Auteur, en recourant aux avantages du blogging.<br />

Ainsi, ce billet débute une courte série, ayant<br />

l'ambition d'établir - je l'espère avec votre collaboration<br />

- une sorte <strong>de</strong> foire aux questions, en<br />

commençant par l'objet même du droit : l’œuvre.<br />

Dispersons tout malentendu, il ne s'agit pas ici<br />

d'évoquer ce qu'est une oeuvre d'art "dans<br />

l'absolu", mais seulement celles <strong>de</strong>s créations<br />

auxquelles la loi reconnaît une protection juridique.<br />

Pour qu'une telle protection existe, il faut que l'on<br />

soit en présence d'une création <strong>de</strong> l'esprit<br />

pourvue d'originalité.<br />

Les juristes ayant l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s<br />

concepts par d'autres, reste à déterminer ce qu'est<br />

cette fameuse "création originale".<br />

Une oeuvre <strong>de</strong> l'esprit formelle<br />

Le siège <strong>de</strong>s exigences légales rési<strong>de</strong> dans l'article<br />

L. 112-2 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propriété intellectuelle :<br />

- 130 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


"L’œuvre est réputée créée, indépendamment <strong>de</strong><br />

toute divulgation publique, du seul fait <strong>de</strong> la<br />

réalisation, même inachevée, <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong><br />

l'Auteur"<br />

Une création intellectuelle.<br />

Le processus créatif a ceci <strong>de</strong> séduisant qu'il est le<br />

même pour tous.<br />

Dans un premier temps, une idée surgit.<br />

Elle se développe ensuite, jusqu'à <strong>de</strong>venir une<br />

conception, siégeant dans notre for intérieur : les<br />

parents inventent l'histoire qu'ils racontent à leur<br />

enfant ; le passant siffle un air qu'il a en tête ; le<br />

peintre, observant son modèle, imagine le <strong>de</strong>ssin<br />

qu'il en fera sur sa toile ; bref, l'esprit <strong>de</strong> la plupart<br />

d'entre nous crée à peu près tout le temps.<br />

L'invention d'une histoire, l'élaboration d'une<br />

musique, les grands traits d'une esquisse constituent<br />

la conception d’œuvres qui sont, <strong>de</strong> ce fait,<br />

en gestation.<br />

Si la création ainsi conçue transite entre les <strong>de</strong>ux<br />

hémisphères <strong>de</strong> notre cerveau, s'imprègne <strong>de</strong><br />

l'âme qui l'héberge, diront les plus romantiques, il<br />

est en revanche strictement impossible qu'un tiers,<br />

quel qu'il soit, en ait connaissance.<br />

Autrement dit, à ce sta<strong>de</strong>, la création ne peut<br />

matériellement pas être communiquée à un public.<br />

- 131 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Or, le droit d'Auteur n'ayant - précisément - <strong>de</strong><br />

raison d'être que par la relation qui existe entre le<br />

créateur et le public, le premier va <strong>de</strong>voir réaliser<br />

son oeuvre, c'est-à-dire lui donner forme, pour se<br />

voir reconnaître <strong>de</strong>s droits.<br />

Une création formalisée.<br />

Une fois suffisamment élaborée, la conception va<br />

être exprimée sous une forme, par l'entremise d'un<br />

savoir-faire.<br />

Pour reprendre les exemples précé<strong>de</strong>nts, les<br />

parents racontant l'histoire qu'ils ont inventée, le<br />

promeneur sifflant la mélodie qu'il avait en tête, ou<br />

le peintre <strong>de</strong>ssinant l'esquisse sur sa toile, donnent<br />

forme - ce faisant - à leur création.<br />

Cette forme pourra être purement sensible, c'est-àdire<br />

perceptible par l'un <strong>de</strong>s cinq sens.<br />

Il pourra également s'agir <strong>de</strong> formes qui, par<br />

convention, offrent un accès à la création.<br />

L'écriture ou les partitions en sont les exemples<br />

topiques : les caractères permettent, pour qui sait<br />

les lire, <strong>de</strong> prendre connaissance <strong>de</strong> l’œuvre.<br />

En définitive, la seule exigence <strong>de</strong> la loi est que la<br />

forme soit intelligible [1], c'est-à-dire qu'elle puisse<br />

être - au moins potentiellement - communiquée au<br />

public.<br />

- 132 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


En d'autres termes, peu importe la forme, pourvu<br />

qu'elle existe [2]. Grâce à elle, le public reconstitue<br />

la conception exprimée par l'Auteur, en la modifiant<br />

selon son intelligence et sa sensibilité. Ce sont<br />

donc autant la forme que la conception qu'elle<br />

traduit qui peuvent être protégées.<br />

Une forme intelligible, c'est-à-dire d'une conception<br />

réalisée, est donc l'élément nécessaire à la<br />

protection juridique <strong>de</strong>s créations intellectuelles par<br />

le droit d'Auteur.<br />

Nécessaire, certes, mais pas suffisant, car toute<br />

forme intelligible n'est que protégeable.<br />

Pour <strong>de</strong>venir protégée, la jurispru<strong>de</strong>nce exige<br />

qu'elle répon<strong>de</strong> à une condition supplémentaire :<br />

l'originalité.<br />

Une forme originale [3].<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la notion d'originalité démontre combien<br />

le droit peut, parfois, manquer <strong>de</strong> rigueur, tant ce<br />

concept essentiel est fluctuant, au gré <strong>de</strong>s<br />

créations auxquelles les juges l'appliquent.<br />

L'empreinte <strong>de</strong> la personnalité.<br />

Dans une acception traditionnelle, l'originalité<br />

s'apprécie au travers d'un prisme exclusivement<br />

subjectif : l'empreinte <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong><br />

l'Auteur, révélée par l’œuvre.<br />

- 133 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ainsi, le premier chapitre du traité <strong>de</strong> Desbois [4]<br />

témoigne <strong>de</strong> la considération que la matière, sous<br />

la plume <strong>de</strong> cet Auteur éminent, porte à l'individu.<br />

L'originalité, subjective - par opposition à la<br />

nouveauté, objective - est illustrée par Desbois<br />

d'un exemple <strong>de</strong>venu légendaire :<br />

"Voici <strong>de</strong>ux peintres, qui, <strong>sans</strong> s'être concertés et<br />

se promettre un mutuel appui, fixent, l'un après<br />

l'autre, sur leurs toiles, le même site, dans la<br />

même perspective et sous le même éclairage.<br />

Le second <strong>de</strong> ces paysages n'est pas nouveau au<br />

sens objectif du mot, puisque, par hypothèse, le<br />

premier a pour sujet le même site.<br />

Mais le défaut <strong>de</strong> nouveauté ne met pas obstacle à<br />

la constatation <strong>de</strong> l'originalité : les <strong>de</strong>ux peintres,<br />

en effet, ont déployé une activité créatrice, l'un<br />

comme l'autre, en traitant, indépendamment l'un <strong>de</strong><br />

l'autre, le même sujet. (...)<br />

Elles [les toiles] constituent l'une et l'autre <strong>de</strong>s<br />

oeuvres absolument originales, si bien que celui<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux artistes, qui aura planté son chevalet le<br />

second, échappera aux remontrances du premier :<br />

il ne pourra encourir aucun reproche, du fait qu'il<br />

n'aura pas sollicité l'autorisation <strong>de</strong> son <strong>de</strong>vancier ;<br />

il n'aura commis aucune contrefaçon et ne sera<br />

envers lui tributaire d'aucune re<strong>de</strong>vance.<br />

- 134 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


C'est seulement si, au lieu d'avoir puisé son<br />

inspiration directement <strong>de</strong> la nature, il avait recouru<br />

à la toile préexistante comme modèle, qu'il<br />

encourrait le blâme et une condamnation"<br />

...<br />

Et oui, à partir du moment où le critère est<br />

subjectif, la recherche <strong>de</strong> son existence l'est tout<br />

autant.<br />

Or, le contrôle <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Cassation sur<br />

l'originalité ne porte que sur <strong>de</strong>ux points :<br />

le fait que les juges se soient bien prononcés sur la<br />

question <strong>de</strong> l'originalité <strong>de</strong> l'œuvre lorsqu'ils y sont<br />

invités ;<br />

l'existence d'éléments caractérisant cette originalité...<br />

selon eux.<br />

Le contrôle ne porte donc pas sur ces éléments<br />

eux-mêmes, qui relèvent <strong>de</strong> "l'appréciation<br />

souveraine <strong>de</strong>s juges du fond".<br />

Dès lors, tenter <strong>de</strong> rechercher un ou plusieurs<br />

critères révélant dans l'absolu l'originalité <strong>de</strong><br />

n'importe quelle oeuvre est un vœu pieux.<br />

Tout au plus certains indices pourront mettre le<br />

juge sur la voie, dont le premier sera... la<br />

nouveauté. En effet, dans bien <strong>de</strong>s cas, l'œuvre<br />

sera originale parce que nouvelle [5].<br />

- 135 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


D'autres éléments pourront entrer compte, en<br />

fonction <strong>de</strong> l’œuvre soumise à l'examen <strong>de</strong>s juges,<br />

et du talent <strong>de</strong>s avocats <strong>de</strong> l'Auteur - ou <strong>de</strong> son<br />

adversaire - pour déceler au sein <strong>de</strong> la création<br />

le(s) détail(s) révélant - ou excluant - la<br />

personnalité <strong>de</strong> son Auteur.<br />

En pratique, en ce qui concerne les oeuvres d'art<br />

"pur" [6], il faut bien admettre que le débat sera<br />

souvent limité à la seule question <strong>de</strong> l'existence, ou<br />

non d'antériorités [7] : afin <strong>de</strong> contester l'originalité<br />

<strong>de</strong> la création en cause, il sera <strong>de</strong> bon ton <strong>de</strong><br />

rapporter la preuve <strong>de</strong> créations antérieures et<br />

similaires.<br />

Effort personnalisé et apport intellectuel<br />

Les tribunaux ont eu un peu plus <strong>de</strong> difficultés à<br />

déceler l'empreinte <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong>s<br />

créateurs d’œuvres utilitaires, c'est-à-dire issues<br />

<strong>de</strong>s Arts Appliqués (<strong>de</strong>sign, architecture, mo<strong>de</strong>,<br />

etc.).<br />

Rechercher un élément à ce point personnel dans<br />

un plateau <strong>de</strong> cuisine, un pull torsadé, ou le co<strong>de</strong><br />

source d'un logiciel a pu en effet sembler<br />

saugrenu, sinon impossible.<br />

Au gré <strong>de</strong>s créations en cause, les tribunaux<br />

retiennent ainsi "la marque <strong>de</strong> l'apport intellectuel<br />

<strong>de</strong> leur Auteur",<br />

- 136 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


lequel résulterait d'un "effort personnalisé allant au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la simple mise en œuvre d'une logique<br />

automatique et contraignante", ou encore l'existence<br />

d'un "effort <strong>de</strong> créativité".<br />

Cette définition au rabais <strong>de</strong> l'originalité ouvre donc<br />

les portes du Droit d'Auteur à presque toutes les<br />

créations, pourvues qu'elles soient nées <strong>de</strong> l'esprit<br />

humain.<br />

D'aucuns me feront remarquer alors qu'en ce qui<br />

concerne les créations utilitaires, finalement, la<br />

condition d'originalité n'existe pas, puisque la<br />

notion <strong>de</strong> forme intelligible correspond déjà à une<br />

création <strong>de</strong> l'esprit humain.<br />

Je leur répondrai <strong>sans</strong> hésiter par l'affirmative, et<br />

ce d'autant que la loi interdit au juge <strong>de</strong> prendre en<br />

compte le mérite <strong>de</strong> l’œuvre, son genre, ou sa<br />

<strong>de</strong>stination, pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sa protection par la loi<br />

[8].<br />

Le mérite vise tout à la fois le talent <strong>de</strong> l'Auteur et<br />

le goût du juge. Ce <strong>de</strong>rnier ne peut donc pas<br />

refuser la protection à une création du seul fait<br />

qu'elle lui semblerait "moche", ou que son Auteur<br />

serait mauvais lorsqu'il pratique son art.<br />

Par exemple, une mélodie parfaitement dissonante<br />

ne peut être écartée <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> ce seul<br />

fait.<br />

- 137 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le genre correspond à la fois aux formes<br />

d'expressions artistiques (littéraire, musical,<br />

graphique, audiovisuel, etc.) et aux classifications<br />

qui sont faites en leur sein (polar, comédie<br />

sentimentale, rock... ).<br />

Un jugement qui refuserait la protection du Droit<br />

d'Auteur à une oeuvre du seul fait qu'elle serait<br />

numérique reviendrait à raisonner par genre, dans<br />

le premier sens du terme.<br />

De même, refuser <strong>de</strong> reconnaître la protection<br />

d'une création pornographique par principe serait<br />

raisonner à nouveau par genre, mais dans le<br />

second sens <strong>de</strong> ce mot.<br />

La <strong>de</strong>stination est l'expression du principe dit<br />

<strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> l'art, selon lequel il convient <strong>de</strong> ne<br />

pas distinguer entre les oeuvres à vocation<br />

utilitaire et les créations pures [9].<br />

Notes<br />

[1] L'expression est du Professeur Gaudrat.<br />

[2] C'est ce que rappelle l'article L. 112-1 du co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la propriété intellectuelle, en énonçant que ses<br />

dispositions "protègent les droits <strong>de</strong>s Auteurs sur<br />

toutes les oeuvres <strong>de</strong> l'esprit, [quelle qu'en soit] (...)<br />

la forme d'expression''.<br />

- 138 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


"Accessoirement", lorsqu'elle est tangible, la forme<br />

permet à l'Auteur <strong>de</strong> prouver le contenu <strong>de</strong> ce qui a<br />

été créé, ce qui est tout <strong>de</strong> même plus pratique.<br />

[3] Sur l'ensemble <strong>de</strong> la question, cf. A. Lucas,<br />

Juris-Classeur Propriété littéraire et artistique,<br />

Fasc. 1135.<br />

[4] Le droit d'Auteur en France, Dalloz, 3ème éd.,<br />

1972. Desbois est majoritairement considéré<br />

comme le père <strong>de</strong> la propriété littéraire mo<strong>de</strong>rne.<br />

[5] P.-Y. Gautier.<br />

[6] C'est-à-dire celles n'ayant aucune utilité<br />

[7] Ce qui est la version négative <strong>de</strong> la condition <strong>de</strong><br />

nouveauté.<br />

[8] Art. L. 112-1 précité.<br />

[9] Ce principe - qui est à l'origine <strong>de</strong> l'excroissance<br />

<strong>de</strong> la Propriété Littéraire et Artistique - est né suite<br />

aux revendications <strong>de</strong> l'industrie, et fut consacré<br />

par le législateur au début du XXe siècle. Sur son<br />

origine, cf. B. E<strong>de</strong>lman in Juris-Classeur Propriété<br />

littéraire et artistique, Fasc. 1112, n°64 et s.<br />

Source : http://www.p-s.fr<br />

- 139 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Bien sûr, ce distingué juriste en Propriété<br />

Intellectuelle, aussi compétent qu’anonyme, ne<br />

saurait, en l’état actuel <strong>de</strong>s choses, s’abaisser à<br />

traiter directement le sujet <strong>de</strong>s « inventeurs »,<br />

toutefois, ses développements, quant au<br />

critères à partir <strong>de</strong>squels la haute magistrature<br />

apprécie l’existence du Droit d’Auteur, confirment<br />

en tous points ce que nous en savons<br />

pour notre compte.<br />

A l’écouter, dans son tout <strong>de</strong>rnier paragraphe,<br />

on comprend qu’il n’y a pas lieu <strong>de</strong> distinguer<br />

entre les œuvres à vocation utilitaire et la<br />

création pure.<br />

Dans sa note <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page [9] il apporte<br />

encore <strong>de</strong> l’eau à notre moulin, à propos <strong>de</strong> ce<br />

qu’il dénomme « l’excroissance <strong>de</strong> la Propriété<br />

Littéraire et Artistique » et nous confirme que<br />

les « prétentions <strong>de</strong> l’industrie » n’ont pas été<br />

suivies par le pouvoir judiciaire.<br />

En conséquence, il paraît évi<strong>de</strong>nt que la<br />

vocation utilitaire <strong>de</strong> l’invention ne l’exclut en<br />

rien du bénéfice du Droit d’Auteur, lorsqu’elle<br />

satisfait à ses exigences clairement posées.<br />

- 140 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il dit aussi (p. 137, paragraphe 1 (souligné))<br />

que la notion <strong>de</strong> « forme intelligible » constituant<br />

une création en soi, lui paraît constitutif<br />

du Droit d’Auteur.<br />

Rien que ces <strong>de</strong>ux considérations sont remarquables,<br />

d’un point <strong>de</strong> vue d’inventeur, puisqu’un<br />

prototype constitue bien une « forme<br />

intelligible » et que la vocation utilitaire ne fait<br />

pas obstacle au Droit d’Auteur.<br />

Il nous rejoint également, à propos <strong>de</strong> la notion<br />

d’Arts Appliqués.<br />

Vous voyez que le recours au Droit d’Auteur,<br />

quand on se dit « inventeur » n’a rien d’extravagant,<br />

et que les « prétentions <strong>de</strong> l’industrie »<br />

ne sont qu’une volonté, démunie <strong>de</strong> tout appui,<br />

dans les univers juridique jurispru<strong>de</strong>ntiel et<br />

judiciaire.<br />

- 141 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il nous plaît <strong>de</strong> constater que <strong>de</strong>s professionnels,<br />

même laissant transparaître un certain<br />

mépris pour nos mo<strong>de</strong>stes travaux (fonction <strong>de</strong><br />

leur perception subjective), savent exprimer<br />

avec justesse <strong>de</strong>s positions basées sur le Droit,<br />

qui s’harmonisent parfaitement avec ce que<br />

nous exposons pour notre propre compte.<br />

Un autre point, également, paraît intéressant<br />

pour rassurer les inventeurs, toujours inquiets<br />

<strong>de</strong> se voir opposer les travaux <strong>de</strong>s autres :<br />

L’anecdote <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux peintres, ayant chacun, <strong>de</strong><br />

bonne foi, créé son propre tableau, élaboré<br />

selon l’art <strong>de</strong> chacun, à partir <strong>de</strong> la même<br />

matière.<br />

Nous sommes là aux antipo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s élucubrations<br />

<strong>de</strong>s négationnistes obstinés.<br />

Heureusement, ceux là, vu leurs qualités et<br />

fonctions, ne se rencontrent jamais dans les<br />

prétoires, et, en tous cas, n’y disposent d’aucune<br />

autorité.<br />

- 142 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


11. Psychologie et fantasme<br />

<strong>de</strong> l’inventeur<br />

Les Auteurs du présent ouvrage connaissent à<br />

fond le milieu <strong>de</strong>s inventeurs.<br />

Certains d’entre eux sont inventeurs euxmêmes,<br />

et ils ont, tout à la fois, déposé <strong>de</strong>s<br />

<strong>brevet</strong>s et enregistré <strong>de</strong>s Déclarations d’Auteur<br />

Car on ne saurait traiter <strong>de</strong> la protection<br />

juridique nécessaire, en matière <strong>de</strong> création<br />

originale, <strong>sans</strong> disposer d’un recul suffisant.<br />

Par exemple, le <strong>brevet</strong> est limité à une pério<strong>de</strong><br />

maximum <strong>de</strong> vingt ans et il convient <strong>de</strong> savoir,<br />

par la pratique, ce qu’il peut advenir <strong>de</strong>s<br />

intérêts <strong>de</strong> l’inventeur à l’issue <strong>de</strong> cette<br />

pério<strong>de</strong>, ce qui est notre cas.<br />

La perception du temps est subjective, en<br />

fonction <strong>de</strong> l’âge d’un humain.<br />

- 143 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour celui qui vient juste d’accé<strong>de</strong>r, à dix huit<br />

ans, à la majorité légale, une durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

décennies paraît une éternité, car elle est plus<br />

longue que la totalité du temps qu’il vient <strong>de</strong><br />

vivre.<br />

Pour celui qui a atteint l’âge <strong>de</strong> la retraite, une<br />

durée <strong>de</strong> vingt ans paraît moins énorme, mais<br />

l’amène à penser que, vingt ans plus tard, il ne<br />

sera certainement plus guère en mesure <strong>de</strong> se<br />

soucier d’affaires.<br />

Dans cet ordre <strong>de</strong> choses, nous nous sommes<br />

placés dans une perspective médiane, et avons<br />

pu connaître, et observer <strong>de</strong> près, les pérégrinations<br />

d’inventeurs, <strong>de</strong>puis le jour initial<br />

où ils ont créé l’invention, jusqu’aux jours où<br />

le <strong>brevet</strong> qu’ils ont alors déposé, est tombé<br />

« naturellement » dans le domaine public.<br />

Peu d’inventeurs, à propos <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />

durée, savent que le <strong>brevet</strong> d’invention, qui est<br />

l’apanage <strong>de</strong> l’Institut National <strong>de</strong> la Propriété<br />

Industrielle, existe <strong>de</strong>puis la fin du XIX e en<br />

tant que disposition juridique, mais que<br />

l’Institut qui en détient le monopole, n’a été<br />

créé qu’en 1951.<br />

- 144 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ceci veut dire que, l’âge <strong>de</strong> l’Institut fait que<br />

ce <strong>de</strong>rnier n’a pas encore pu voir aboutir plus<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>brevet</strong>s, qui auraient été déposés « en<br />

séquence », l’un après l’autre.<br />

C’est en juin 2011 seulement que le « troisième<br />

<strong>brevet</strong> », virtuellement, viendra à échéance.<br />

Nous parlons <strong>de</strong> durée, <strong>de</strong> recul.<br />

L’un <strong>de</strong>s Auteurs du présent ouvrage a déposé,<br />

pour son compte, un <strong>brevet</strong> en 1977,<br />

précisément, qui est venu à échéance le 26<br />

septembre 1997.<br />

Cette même personne a créé sa première<br />

« œuvre <strong>de</strong> l’esprit », en 1954, et ses droits,<br />

tant moraux que patrimoniaux, sur la création<br />

en question, sont toujours en vigueur.<br />

C’est dire que l’on est en mesure d’analyser les<br />

choses dans une perspective inaccessible à<br />

bien <strong>de</strong>s générations actuelles, qui se trouvent<br />

plongées dans la mondialisation <strong>sans</strong> en avoir<br />

guère connu la genèse.<br />

- 145 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Tout ceci pour vous faire part <strong>de</strong> constats<br />

divers que nous avons pu faire chez les inventeurs<br />

actuels, et qui nous ont révélé diverses<br />

limites dans <strong>de</strong> leur façon <strong>de</strong> penser.<br />

Pour l’inventeur, le <strong>brevet</strong>, et son « Institut »<br />

paraissent <strong>de</strong>s références soli<strong>de</strong>ment établies,<br />

quasiment « ancestrales », et semblent distiller<br />

une aura, une autorité quasi mystiques.<br />

Cela leur semble être « LA » référence, à partir<br />

<strong>de</strong> laquelle tout s’articule, <strong>de</strong>puis toujours,<br />

s’agissant <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>voirs du créateur<br />

concerné par l’industriel.<br />

Cette polarisation sur le <strong>brevet</strong> est rémanente,<br />

et les choses commencent tout juste à se<br />

relativiser, par l’introduction <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />

Droit d’Auteur.<br />

Imaginez vous que, dans les années récentes,<br />

certains inventeurs, fraîchement convertis à la<br />

pratique <strong>de</strong> l’invocation <strong>de</strong> leur Droit<br />

d’Auteur, ont posé à certains <strong>de</strong>s nôtres, la<br />

question suivante :<br />

- 146 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« Maintenant que j’ai effectué mon dépôt<br />

légal, et que j’ai signé une licence, sous la<br />

protection <strong>de</strong> mon Droit d’Auteur, quelle va<br />

être ma position, à l’INPI ? »<br />

C’est dire combien l’Institut leur paraît doté <strong>de</strong><br />

pouvoirs administratifs, <strong>de</strong> nature à obliger<br />

l’inventeur à certaines démarches, avec un<br />

risque éventuel <strong>de</strong> sanctions.<br />

L’inventeur semble croire qu’il existe un<br />

« dossier » à son nom, dans cet organisme,<br />

comme il en existe vraiment un à la Sécurité<br />

Sociale, et à l’Administration <strong>de</strong>s Impôts, qu’il<br />

est tenu <strong>de</strong> gérer, sous peine <strong>de</strong> déclencher<br />

contre lui les foudres <strong>de</strong> diverses lois répressives.<br />

C’est ce fantasme, qui constitue l’une <strong>de</strong>s<br />

forces du <strong>brevet</strong>, face aux inventeurs individuels,<br />

croyant que l’existence <strong>de</strong> leur invention<br />

les place sous une sorte <strong>de</strong> tutelle.<br />

L’INPI paraît un monarque omnipotent.<br />

Quand, parfois, nous avons déclaré :<br />

- 147 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« Oubliez tout cela, car, face à vous, l’INPI<br />

n’a pas plus d’autorité qu’un bureau <strong>de</strong><br />

poste », nous avons été perçus comme <strong>de</strong>s<br />

iconoclastes invétérés.<br />

On peut admettre que l’inventeur lambda soit<br />

un brave homme qui, faute <strong>de</strong> connaissances<br />

suffisantes, se dote <strong>de</strong> fausses obligations,<br />

mais l’attitu<strong>de</strong>, qui est la nôtre, consistant à<br />

ramener l’Institut à ses véritables proportions,<br />

choque d’autres classes <strong>de</strong> personnes.<br />

Nous ne nous en étonnons plus, tant nous<br />

avons compris la force <strong>de</strong> la puissance psychologique<br />

dont il s’agit.<br />

Par exemple, certains avocats, qui sont censés<br />

être instruits du Droit, et qui facturent leur<br />

science à honoraires, paraissent, eux aussi, voir<br />

l’Institut plus grand qu’il n’est, et s’insurgent<br />

contre notre façon <strong>de</strong> mettre les choses au<br />

point, et ceci en mélangeant diverses notions.<br />

Voici un commentaire, pêché sur Internet, en<br />

réaction à un article, publié par l’un <strong>de</strong>s<br />

nôtres :<br />

- 148 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


…Voilà qui est clair : le concept d’invention<br />

existe bien en propriété intellectuelle.<br />

L'article (critiqué ici) énonce ensuite que les<br />

activités <strong>de</strong> l’INPI ne s’appuient sur aucune<br />

assise légale :<br />

« L'INPI n'est qu'un vague collecteur <strong>de</strong> taxes,<br />

<strong>sans</strong> aucun pouvoir. A la lecture <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong><br />

constitution <strong>de</strong> l'INPI on constate qu'il s'agit<br />

d'un organisme <strong>de</strong> documentation, essentiellement,<br />

dénué <strong>de</strong> tout pouvoir exécutif, et<br />

dépendant du Ministère <strong>de</strong> l'Industrie.<br />

L'INPI n'a aucun pouvoir, ignore tout du Droit<br />

d'Auteur, et n'est pas habilité à en traiter. »<br />

Ce serait encore une fois oublier les<br />

dispositions du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle<br />

et méconnaître toutes les attributions<br />

<strong>de</strong> l’INPI. L’insinuation selon laquelle l’INPI<br />

n’a qu’un pouvoir <strong>de</strong> documentation est<br />

erronée.<br />

Par exemple, l’article L. 411-1 du CPI donne<br />

pour mission à l’INPI.<br />

- 149 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


« D'appliquer les lois et règlements en<br />

matière <strong>de</strong> propriété industrielle », ce qui dote<br />

bien cet établissement public d’une parcelle du<br />

pouvoir exécutif.<br />

L. 611-11 ajoute que « Toute invention peut<br />

faire l'objet d'un titre <strong>de</strong> propriété industrielle<br />

délivré par le directeur <strong>de</strong> l'Institut National<br />

<strong>de</strong> la Propriété Industrielle qui confère à son<br />

titulaire ou à ses ayants cause un droit exclusif<br />

d'exploitation ».<br />

En d’autres mots, un droit <strong>de</strong> propriété<br />

industrielle tel que le <strong>brevet</strong> ne peut être<br />

reconnu sur une invention que par un dépôt<br />

auprès <strong>de</strong> l’INPI.<br />

On voit que notre contradicteur, choqué par<br />

nos propos, ne propose guère d’autres arguments<br />

que les nôtres, et, quand nous exposons<br />

que l’Institut n’a aucun pouvoir sur les<br />

personnes ni sur l’application du Droit<br />

d’Auteur, il le confirme, en fait, en ramenant<br />

tout au <strong>brevet</strong>.<br />

- 150 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Un autre juriste, lors d’un débat similaire, toujours<br />

sur Internet, a écrit :<br />

« Enfin, je n'ai jamais caché que ce qui me<br />

dérange le plus, au-<strong>de</strong>là du débat technique,<br />

est que vous dénonciez une forme <strong>de</strong> complot<br />

<strong>de</strong> l'INPI ».<br />

En fait le « complot » (terme que seul le commentateur<br />

cité ci-<strong>de</strong>ssus a employé), que nous<br />

dénoncerions, procè<strong>de</strong>, selon nous, d’une<br />

forme d’influence abusive, exercée par l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s milieux du <strong>brevet</strong>, INPI en tête,<br />

laquelle influence amenant les inventeurs à se<br />

placer spontanément dans la dépendance <strong>de</strong><br />

certaines Institutions et entités, alors que les<br />

intéressés, en fait, n’en ont nulle obligation.<br />

Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que ceux qui<br />

distillent une information (exacte et vérifiable)<br />

comme quoi l’Auteur technique n’est pas<br />

placé, du simple fait <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> sa<br />

création, sous le pouvoir d’une quelconque<br />

autorité, sont souvent perçus comme tenant <strong>de</strong>s<br />

propos scandaleux.<br />

- 151 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Heureusement, les iconoclastes que nous<br />

sommes, restons dans le droit fil <strong>de</strong>s lois, et<br />

nul, même en le souhaitant très fort, n’a pu<br />

nous mettre au cause, à raison <strong>de</strong> prétendus<br />

agissements répréhensibles.<br />

Même l’honorable Répression <strong>de</strong>s Frau<strong>de</strong>s, un<br />

moment alertée, et s’étant cru tenue d’interpeller<br />

l’un <strong>de</strong>s nôtres, a dû reconnaître le bien<br />

fondé <strong>de</strong> nos actions, leur légalité, et a été<br />

amenée à reconnaître officiellement sa propre<br />

incompétence face aux matières que nous traitons.<br />

Oui, notre initiative engendre une « révolution<br />

<strong>de</strong> mœurs » et elle ne choque, en finalité, que<br />

l’ignorance <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres.<br />

Pendant <strong>de</strong>s décennies, l’inventeur a été « captivé<br />

» par diverses puissances, qui lui ont occulté<br />

certaines <strong>de</strong> ses possibilités d’ordre<br />

juridique. C’est un fait avéré.<br />

Aujourd’hui, nous informons, nous tentons<br />

d’éduquer, et les tenants <strong>de</strong> « positions dominantes<br />

» y voient malice.<br />

- 152 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quoi <strong>de</strong> plus naturel ?<br />

Pour autant, nous le répétons :<br />

Notre seul ennemi est l’ignorance, et nous l’attendons<br />

<strong>de</strong> pied ferme, cet ennemi là, s’il lui<br />

prenait la velléité <strong>de</strong> nous « faire un procès ».<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s inventeurs, nos pairs, ils<br />

nous rejoignent en nombre croissant et c’est,<br />

comme on dit, « le but du jeu ».<br />

Nous souhaitons longue vie au <strong>brevet</strong>, face à<br />

sa vraie clientèle : les gran<strong>de</strong>s entreprises, les<br />

multinationales, où il joue à merveille son rôle<br />

d’instrument financier <strong>de</strong> haut niveau.<br />

Mais, nous persistons et nous signons : les<br />

« petits » inventeurs ne sont guère concernés<br />

par les quelques avantages qu’il peut parfois<br />

leur procurer, contre <strong>de</strong> réels inconvénients.<br />

Ceux là auront plus <strong>de</strong> bonheur, en qualité <strong>de</strong><br />

simples Auteurs, Auteurs techniques, et<br />

Auteurs <strong>de</strong>s Arts Appliqués.<br />

- 153 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


12. Précisions en vrac<br />

Pour nous autres, qui « savons », <strong>de</strong> façon<br />

irréfutable, que l’invocation du Droit d’Auteur<br />

est une ressource avérée <strong>de</strong> l’inventeur, tout ce<br />

qui nous parvient en forme <strong>de</strong> polémique et <strong>de</strong><br />

controverse a un côté agaçant, c’est humain.<br />

La tentation nous appellerait aisément, ici, <strong>de</strong><br />

publier un « bêtisier », tant nous en entendons.<br />

Mais nous resterons sérieux, et les éléments<br />

qui suivent voudront plutôt être un « anti<br />

bêtisier ».<br />

Voici donc un vrac <strong>de</strong> considérations, qui vous<br />

donneront à réfléchir, en vous apportant peutêtre<br />

quelques réponses utiles, au passage.<br />

- 154 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


L’état d’esprit <strong>de</strong>s usagers du Droit d’Auteur<br />

<strong>de</strong> l’inventeur laisse à comprendre que le coût<br />

du <strong>brevet</strong> est prohibitif, or, sortir <strong>de</strong> l’INPI<br />

avec une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dûment déposée ne coûte<br />

qu’une somme relativement symbolique.<br />

Le dépôt initial d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne constitue<br />

pas « un <strong>brevet</strong> ». L’inventeur ne détiendra un<br />

<strong>brevet</strong>, et sur un seul pays, que seulement à<br />

dater du jour <strong>de</strong> sa délivrance officielle.<br />

Un <strong>brevet</strong>, même simplement national, coûte<br />

déjà plusieurs centaines d’euro, au jour <strong>de</strong> sa<br />

délivrance, et parfois plusieurs milliers, si l’on<br />

y intègre <strong>de</strong>s honoraires <strong>de</strong> Conseils.<br />

Mais cela n’arrive quand même pas au « prix<br />

d’une maison », argument qui est utilisé dans<br />

ce livre.<br />

Pour en arriver à la délivrance d’un <strong>brevet</strong><br />

national, en effet, cela ne coûte pas le prix<br />

d’une maison, au bout <strong>de</strong> la première, ni même<br />

<strong>de</strong> la cinquième année d’annuités.<br />

- 155 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Mais, aujourd’hui, l’inventeur ne peut en aucun<br />

cas s’en tenir au dépôt d’un seul <strong>brevet</strong><br />

national.<br />

Rien qu’à raison <strong>de</strong> l’Union Européenne, où 27<br />

frontières ont déjà été abolies, le <strong>brevet</strong> national<br />

doit nécessairement être redéposé dans<br />

<strong>de</strong> nombreux pays, avec traductions à la clé.<br />

Multipliez déjà, pour commencer, le coût lié<br />

au dépôt, et à la maintenance en vigueur, dans<br />

votre propre pays, par 27, et vous verrez que<br />

l’on s’approche <strong>de</strong> sommes fort importantes,<br />

en termes <strong>de</strong> nécessités <strong>de</strong> débours.<br />

Disons trente ou quarante mille euro ?<br />

Certains, en effet, ont avancé ces chiffres, mais<br />

on n’est pas en présence d’un « produit tarifé »<br />

et le coût d’un <strong>brevet</strong> est extrêmement variable,<br />

en fonction <strong>de</strong> ce dont il s’agit.<br />

Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas envisageable<br />

<strong>de</strong> se faire remettre un « <strong>de</strong>vis global,<br />

pour fourniture, clés en mains ».<br />

- 156 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Trop <strong>de</strong> facteurs externes imposent aux professionnels<br />

<strong>de</strong> chiffrer les actions à mener au<br />

coup par coup.<br />

Nous avons tenté, à plusieurs reprises, <strong>de</strong> nous<br />

faire remettre un <strong>de</strong>vis, se rapportant à l’obtention<br />

d’un grand « PCT », le <strong>brevet</strong> dit<br />

« mondial », auprès d’importants professionnels<br />

établis internationalement.<br />

Il leur a été impossible <strong>de</strong> nous remettre un tel<br />

chiffrage.<br />

En fait, le <strong>brevet</strong> est une curieuse « marchandise<br />

», dont on ne sait qu’à la fin, ce qu’il a<br />

vraiment coûté.<br />

J’insiste : le « coût d’une maison », on le<br />

retrouve où et comment ?<br />

On le retrouve dans notre expérience. Voici :<br />

En l’an 2000 au Salon <strong>de</strong> Genève, nous avons<br />

convaincu un inventeur français <strong>de</strong> passer au<br />

Droit d’Auteur.<br />

- 157 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il nous a exposé avoir « craqué » 1 million <strong>de</strong><br />

francs français <strong>de</strong> l’époque, dans une procédure<br />

PCT, il ne pouvait plus suivre, et sa<br />

femme menaçait <strong>de</strong> le quitter…<br />

Il avait une maison, et, à cette époque (l’immobilier<br />

évolue beaucoup, au fil <strong>de</strong>s ans) cette<br />

maison valait précisément un million, sur le<br />

marché, dans sa région.<br />

Cela nous a donné à réfléchir.<br />

Pour la petite histoire, cet homme s’est « refait<br />

», il nous l’a fait savoir, et il continue à<br />

développer l’exploitation <strong>de</strong> son invention, sur<br />

plusieurs pays, adossé à sa Déclaration d’auteur.<br />

Aujourd’hui, cette somme s’exprime « cent<br />

cinquante mille euro, et les maisons valent<br />

plus que cela ».<br />

Oui, certes, mais nous connaissons aussi <strong>de</strong>s<br />

industriels, qui sont allés au bout d’une procédure<br />

PCT, et qui y ont investi le double.<br />

- 158 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quand même, à ce jour, on trouve, en France,<br />

une maison <strong>de</strong> bonne qualité pour ce prix.<br />

D’ailleurs, quand on nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s évaluations<br />

chiffrées, nous disons qu’un <strong>brevet</strong> dit<br />

« mondial » représente un investissement « <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> » 300.000 euro.<br />

Et alors, quel est le prix <strong>de</strong> revient exact du<br />

Droit d’Auteur, pour un inventeur individuel,<br />

qui veut que ses droits soient protégés mondialement<br />

?<br />

Le « prix <strong>de</strong> revient exact » du Droit d’Auteur<br />

est égal à zéro.<br />

On explique, plus haut, que ce Droit <strong>de</strong> propriété<br />

est accordé gratuitement par la loi.<br />

Et, <strong>de</strong> toutes manières, le Droit d’Auteur protège<br />

toujours « mondialement », quand il est<br />

constitué.<br />

« Dire : Protégé mondialement par Droit d’auteur<br />

» est un pléonasme.<br />

- 159 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Quand on est propriétaire, on l’est <strong>sans</strong> réserve,<br />

dans le mon<strong>de</strong> entier.<br />

(le <strong>brevet</strong> n’est pas une propriété, c’est un titre,<br />

que chaque État peut vous accor<strong>de</strong>r ou non)<br />

Mais, qui paye la « Déclaration d’Auteur » ?<br />

C’est l’inventeur, bien sûr.<br />

La Déclaration d’Auteur est un « bout <strong>de</strong><br />

papier » comme un autre, et coûte le prix d’un<br />

bout <strong>de</strong> papier, matériellement. Négligeable.<br />

Ce qui va coûter « un peu <strong>de</strong> sous » à l’inventeur,<br />

ce sont les honoraires <strong>de</strong>s juristes à qui il<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> pour l’élaborer, ou les<br />

droits d’Auteur (précisément) <strong>de</strong> ceux qui<br />

mettraient <strong>de</strong>s logiciels, <strong>de</strong>s formulaires spécialisés,<br />

ou autres supports, à sa disposition.<br />

A notre connaissance, l’inventeur moyen<br />

dépense quelque chose comme un millier<br />

d’euro, une fois pour toutes, taxe <strong>de</strong> dépôt<br />

légal comprise, pour ce genre <strong>de</strong> démarche.<br />

- 160 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Disons que ce sont <strong>de</strong>s « frais administratifs »,<br />

en quelque sorte, ou <strong>de</strong>s « frais techniques », si<br />

on veut, quelque chose comme les « frais <strong>de</strong><br />

notaire », en matière d’actes juridiques.<br />

On lit ici que les « dépôts en ligne » ne valent<br />

pas grand chose, pourtant c’est un phénomène<br />

un peu à la mo<strong>de</strong><br />

Nous leur voyons <strong>de</strong>s lacunes : ils ne proposent<br />

pas <strong>de</strong> « preuve <strong>de</strong> réalisation », c’est une<br />

chose.<br />

Ensuite, ils ne subissent pas la formalité du<br />

dépôt légal, ce qui laisse l’inventeur <strong>sans</strong> acte<br />

recevable <strong>de</strong>vant les tribunaux.<br />

Enfin, comme dans le cas du <strong>brevet</strong>, dont la<br />

publication est obligatoire, ils dénoncent publiquement<br />

l’existence <strong>de</strong> la création, c’est un<br />

appel à la concurrence, voire à la contrefaçon,<br />

dont il conviendrait <strong>de</strong> se passer.<br />

Et aussi : cela donne <strong>de</strong>s arguments à ceux qui<br />

disent qu’en cas <strong>de</strong> divulgation, on ne peut pas<br />

<strong>brevet</strong>er après.<br />

- 161 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Parce que l’Acte Déclaratif dont on parle ici<br />

n’est pas une divulgation ?<br />

Pas du tout. Il y a un original dans les mains <strong>de</strong><br />

l’inventeur, et l’autre aux archives <strong>de</strong> l’Administration.<br />

La définition <strong>de</strong> la divulgation est : « Communication<br />

au public ».<br />

Certains ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s « Copyrights » aux inventeurs.<br />

Ce n’est pas sérieux. On dit bien ici que le mot<br />

« Copyright » ne veut pas dire grand chose en<br />

Français, et qu’il n’a pas <strong>de</strong> sens juridique<br />

établi, au sein <strong>de</strong> la loi française.<br />

En plus, on ne saurait « vendre » du Copyright,<br />

pas plus que du « Droit d’Auteur »<br />

D’ailleurs, l’INPI dénonce, dans l’un <strong>de</strong> ses<br />

« avertissements », sur Internet, <strong>de</strong>ux sociétés<br />

qui ven<strong>de</strong>nt, l’une, un « AMPI » l’autre un<br />

« PICB » qui sont <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> produits commerciaux.<br />

- 162 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pour ce que nous en savons, ces sociétés prétendraient<br />

« conférer <strong>de</strong>s droits » aux inventeurs,<br />

en leur vendant <strong>de</strong>s documents qui évoqueraient<br />

la Propriété Intellectuelle.<br />

C’est à la limite <strong>de</strong> l’abus <strong>de</strong> confiance et <strong>de</strong><br />

l’escroquerie. Personne n’a le droit <strong>de</strong> facturer <strong>de</strong><br />

prestations, en échange d’une prétendue<br />

attribution <strong>de</strong> droits d’ordre juridique.<br />

Mais, dans le livre, on parle d’une société<br />

« IFRACO » qui vend <strong>de</strong>s déclarations<br />

d’Auteur ?<br />

Pas du tout. IFRACO n’est pas une Société, c’est<br />

une organisation non gouvernementale (ONG)<br />

internationale et privée, une base <strong>de</strong> données et<br />

d’information, qui ne vend rien du tout.<br />

L’inventeur peut lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s formulaires<br />

spécialisés, pour rédiger une Déclaration, peut<br />

lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la marche à suivre pour la<br />

légalisation, peut lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s recommandations<br />

pour <strong>de</strong>s avocats, peut lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong>s livres, <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> contrats, et diverses<br />

infos utiles.<br />

Mais IFRACO ne facture jamais aucun service à<br />

personne, ce n’est pas un « business ».<br />

- 163 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On dit ici que l’on peut préférer la Déclaration<br />

d’Auteur au <strong>brevet</strong>, et on dit aussi que l’on<br />

peut utiliser les <strong>de</strong>ux, mais on insiste sur les<br />

défauts du <strong>brevet</strong>.<br />

La déclaration d’Auteur ne coûte presque rien,<br />

et elle ne fait que mettre noir sur blanc <strong>de</strong>s<br />

vrais droits que la loi donne gratuitement à<br />

l’inventeur.<br />

On dit ici qu’il serait bête <strong>de</strong> s’en priver, mais<br />

on dit aussi que le <strong>brevet</strong>, avec tous ses<br />

défauts, et son prix énorme, reste toujours à la<br />

disposition <strong>de</strong> l’inventeur qui y tiendrait vraiment.<br />

Votre Déclaration d’Auteur, c’est, en quelque<br />

sorte, une enveloppe Soleau détaillée, ou une<br />

sorte <strong>de</strong> modèle déposé international »<br />

Pas vraiment. L’enveloppe Soleau est un<br />

produit INPI, limité dans le temps, non<br />

efficace tel quel <strong>de</strong>vant les tribunaux, qui doit<br />

chuter sur une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, et qui ne<br />

concerne que la France.<br />

- 164 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Le Modèle déposé c’est l’i<strong>de</strong>ntification d’un<br />

unique objet, valable sur un seul pays, et qu’il<br />

est extrêmement facile <strong>de</strong> contourner par le<br />

dépôt d’un modèle différent, mais qui concurrencera<br />

le « premier déposant »<br />

La Déclaration d’Auteur matérialise le droit <strong>de</strong><br />

propriété <strong>de</strong> l’Auteur, sur toute sa création,<br />

pour toute sa vie, et dans le mon<strong>de</strong> entier.<br />

C’est <strong>sans</strong> commune mesure. Un seul dépôt,<br />

puis : Tranquillité absolue, et valeur juridique<br />

établie. Pas <strong>de</strong> frais en permanence, pas <strong>de</strong><br />

« déchéance <strong>de</strong> titre ».<br />

On a la « carte grise » <strong>de</strong> sa création.<br />

Le livre explique <strong>de</strong>s différences entre <strong>brevet</strong><br />

et Droit d’Auteur, et on y trouve <strong>de</strong>s nuances<br />

très techniques, comme la différence entre un<br />

titre officiel et un droit <strong>de</strong> la personne.<br />

Quelles sont les différences, dans la pratique,<br />

qui permettent <strong>de</strong> se faire une idée claire ?<br />

- 165 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Il y en a beaucoup. Voici une liste <strong>de</strong> différences<br />

évi<strong>de</strong>ntes, que chacun peut comprendre<br />

:<br />

Coût du <strong>brevet</strong> : Toujours <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong><br />

milliers d’euro.<br />

Coût du Droit d’Auteur : Zéro euro, et peut<br />

être un millier d’euro une fois pour toutes,<br />

pour se faire ai<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s experts.<br />

Durée <strong>de</strong> vie du <strong>brevet</strong> : 20 ans au plus.<br />

Durée <strong>de</strong> vie du Droit d’Auteur : Toute la vie<br />

<strong>de</strong> l’Auteur, et transmission systématique aux<br />

héritiers pour 50 ans minimum.<br />

Zone géographique du <strong>brevet</strong> : 1 pays, plus<br />

autant <strong>de</strong> pays où l’on peut payer le titre.<br />

Zone géographique du Droit d’Auteur : Le<br />

mon<strong>de</strong> entier, dès le départ.<br />

Créations protégées par <strong>brevet</strong> : Uniquement<br />

les dispositifs techniques susceptibles d’industrialisation,<br />

jugés <strong>brevet</strong>ables par l’INPI et ses<br />

homologues.<br />

- 166 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Créations protégées par Droit d’Auteur :<br />

Toutes les créations originales, artistiques ou<br />

industrielles, ou <strong>de</strong>s Arts Appliqués, quel<br />

qu’en soit le genre.<br />

Frais <strong>de</strong> maintien en vigueur du <strong>brevet</strong> :<br />

Annuités croissantes, d’environ 30 à 500 euro<br />

par an et par pays.<br />

Frais <strong>de</strong> maintien en vigueur du Droit d’Auteur :<br />

Zéro.<br />

Faut-il supprimer le <strong>brevet</strong>, et s’en tenir au<br />

Droit d’Auteur ?<br />

Nous ne prétendons pas cela. Le <strong>brevet</strong>,<br />

dûment entretenu en état <strong>de</strong> validité, est un<br />

instrument financier, un instrument <strong>de</strong> négoce,<br />

qui peut être utile aux très gran<strong>de</strong>s entreprises.<br />

Par contre le Droit d’Auteur est une protection<br />

plus que suffisante, pour un particulier, ou une<br />

PME.<br />

- 167 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Pourquoi l’INPI ne monte pas un « Bureau du<br />

Droit d’Auteur ? »<br />

Parce qu’il n’en a pas le droit. L’Institut est<br />

chargé <strong>de</strong> la seule Propriété Industrielle,<br />

<strong>de</strong>puis la loi 51-444 du 19 avril 1951.<br />

Et <strong>de</strong> toutes manières, il n’y a pas besoin <strong>de</strong><br />

« Bureau du Droit d’Auteur », puisque la loi le<br />

donne gratuitement, et que les actes juridiques<br />

sont du ressort <strong>de</strong>s juristes professionnels.<br />

Nous dirons, en conclusion, que les <strong>de</strong>ux<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> protection juridique ont chacun leur<br />

intérêt et qu’il faut en juger au coup par coup.<br />

Nous pensons, en termes globaux, que l’usage<br />

du Droit d’Auteur, pour l’inventeur individuel<br />

est un moyen <strong>de</strong> protection « écologique », et<br />

le <strong>brevet</strong>, un moyen « plus polluant »<br />

Il faut connaître les <strong>de</strong>ux, et le Droit d’Auteur<br />

est encore le moins connu.<br />

- 168 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ce qui est certain, c’est qu’avec une Déclaration<br />

d’Auteur, vous ne risquez pas <strong>de</strong> vous faire opposer <strong>de</strong>s<br />

« revendications » auxquelles on vous prierait « d’échapper<br />

»…<br />

Et vous êtes quand même propriétaire <strong>de</strong> votre création.<br />

- 169 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


13 Il n’existe pas <strong>de</strong><br />

« duel » <strong>brevet</strong> contre droit d’auteur<br />

Il faut bien savoir que la notion <strong>de</strong> « protection<br />

juridique » pour l’inventeur, l’amène à<br />

penser qu’il sera défendu, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> son<br />

avocat, <strong>de</strong>vant un tribunal auprès <strong>de</strong> qui il aura<br />

été amené à se plaindre d’un acte <strong>de</strong><br />

contrefaçon.<br />

Tout imprégné <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, l’inventeur<br />

n’imagine pas autre chose qu’un duel<br />

judiciaire, où il voudra faire valoir l’autorité<br />

<strong>de</strong> ses « revendications », contre d’autres « revendications<br />

», tout simplement.<br />

Cette manière <strong>de</strong> voir, simpliste, nous a valu,<br />

parfois la question suivante :<br />

« Pouvez vous nous montrer <strong>de</strong>s cas où un<br />

inventeur protégé par une Déclaration d’auteur,<br />

a gagné une affaire, contre un contrefacteur<br />

protégé par un <strong>brevet</strong> ? »<br />

- 170 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


En d’autres termes, notre suggestion qui<br />

consiste à exhorter l’inventeur à invoquer le<br />

Droit d’Auteur, au lieu <strong>de</strong> s’appuyer sur le<br />

<strong>brevet</strong>, <strong>de</strong>meure jusqu’à un niveau assez<br />

profond, perçue comme un simple « changement<br />

d’instrument », alors qu’il s’agit d’un<br />

changement radical <strong>de</strong> régime juridique.<br />

Devant un tribunal, il ne peut pas y avoir <strong>de</strong><br />

« duel <strong>brevet</strong> contre Droit d’Auteur »<br />

Pour ceux qui s’y connaissent, c’est l’évi<strong>de</strong>nce.<br />

Le titulaire d’un <strong>brevet</strong> parlera <strong>de</strong> ses<br />

« revendications », et son avocat évoquera les<br />

seules dispositions du Livre VI du CPI, et<br />

tout ce qui en découle.<br />

A ce niveau, <strong>de</strong>s discussions très techniques<br />

pourront avoir lieu, et les magistrats seront<br />

très souvent amenés à ordonner <strong>de</strong>s expertises,<br />

car on ne saurait être magistrat et industriel à<br />

la fois.<br />

- 171 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


La « bagarre entre <strong>brevet</strong>s » existe, et<br />

s’organise d’expertises en contre expertises,<br />

afin <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> savoir si le « dispositif »<br />

défendu par un inventeur déposant <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>, a<br />

bien été construit par une tierce personne,<br />

<strong>sans</strong> l’autorisation <strong>de</strong>s ayants droit du <strong>brevet</strong>.<br />

C’est l’analyse du dispositif présumé contrefaisant,<br />

comparé au « dispositif » décrit au<br />

<strong>brevet</strong>, qui sera le centre <strong>de</strong>s débats.<br />

On y examinera à la loupe, les différences et<br />

les ressemblances, sur la plan technique, et le<br />

magistrat <strong>de</strong>vra, « à dire d’expert » juger s’il y<br />

a contrefaçon avérée, ou non.<br />

La notion <strong>de</strong> contrefaçon, dans le mon<strong>de</strong> du<br />

<strong>brevet</strong>, s’articule autour <strong>de</strong> la question <strong>de</strong><br />

savoir jusqu’où le « dispositif » suspect d’être<br />

« la copie », plus ou moins fidèle, d’un<br />

dispositif <strong>brevet</strong>é, est bien une copie, et non<br />

pas, tout simplement « un autre appareil »,<br />

capable <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s résultats i<strong>de</strong>ntiques,<br />

mais fonctionnant bien différemment.<br />

- 172 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans ce type d’affaires, très courant, auxquelles<br />

les avocats <strong>de</strong>s inventeurs sont habitués,<br />

on baigne dans la loi sur le <strong>brevet</strong> et rien<br />

d’autre. Une qualité juridique comme la<br />

qualité d’Auteur, n’y est jamais évoquée.<br />

Un juge qui travaille sur <strong>de</strong>s <strong>brevet</strong>s, car on le<br />

lui a <strong>de</strong>mandé, n’a que faire <strong>de</strong> la « qualité<br />

d’Auteur », car, à ce niveau, personne ne<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> au Tribunal <strong>de</strong> s’en soucier.<br />

De l’autre côté, « l’inventeur » qui attaque en<br />

contrefaçon celui qui a fabriqué une copie <strong>de</strong><br />

son œuvre, même une « variante », et qui<br />

attaque du haut <strong>de</strong> sa qualité d’Auteur <strong>de</strong> l’œuvre,<br />

n’utilise pas du tout la loi sur le <strong>brevet</strong>.<br />

Ce fut le cas du créateur <strong>de</strong> structures métalliques,<br />

dont nous parlons ici, et qui a fait la<br />

preuve <strong>de</strong> sa qualité d’Auteur <strong>de</strong> ces structures,<br />

<strong>sans</strong> que personne ait eu besoin <strong>de</strong> rechercher<br />

la présence, ou l’absence, <strong>de</strong> <strong>brevet</strong>.<br />

Le <strong>brevet</strong> du contrefacteur ne lui a servi à rien<br />

d’autre qu’à montrer ses intentions.<br />

- 173 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Dans une affaire judiciaire, initiée sous le<br />

régime du Droit d’Auteur, personne n’est fondé<br />

à évoquer le droit du <strong>brevet</strong>.<br />

Pourtant, cela arrive fréquemment, et, dans ce<br />

cas, il est courant que le tribunal dise :<br />

« Le droit du <strong>brevet</strong> n’est pas pertinent, en<br />

l’espèce, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur ayant évoqué son<br />

Droit d’Auteur »<br />

Car on ne peut pas juger d’une affaire, avec,<br />

d’un côté, un plaignant qui invoque une loi, et<br />

<strong>de</strong> l’autre, un défen<strong>de</strong>ur qui se prévaut <strong>de</strong><br />

l’application d’une autre loi. Ce serait un<br />

dialogue <strong>de</strong> sourds, et, ni les avocats, ni les<br />

magistrats, ne peuvent commettre ce genre<br />

d’erreur.<br />

L’utilisation du Droit d’Auteur, pour un<br />

inventeur, l’extrait complètement <strong>de</strong> l’univers<br />

du <strong>brevet</strong>, et l’amène à agir comme si les<br />

<strong>brevet</strong>s d’invention n’avaient jamais existé.<br />

On peut reprendre la comparaison avec les<br />

voitures à moteur diesel, ou à moteur à<br />

essence :<br />

- 174 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


On ne va pas « expertiser » les pièces d’un<br />

moteur diesel avec <strong>de</strong>s outils adaptés aux<br />

moteurs à essence.<br />

Dans une affaire <strong>de</strong> contrefaçon, celui qui se<br />

présente comme « l’Auteur <strong>de</strong> l’œuvre » doit<br />

prouver, non pas ce qu’il y a, dans son œuvre,<br />

sur le plan matériel, mais que c’est bien lui qui,<br />

à l’origine (critère d’originalité), a conçu « la<br />

chose »<br />

S’il rapporte la preuve <strong>de</strong> sa qualité <strong>de</strong> véritable<br />

Auteur, tous ceux qui auront reproduit, plus ou<br />

moins fidèlement, « la chose » et qui en auront<br />

fait commerce <strong>sans</strong> autorisation, seront<br />

condamnés comme contrefacteurs.<br />

Ou on attaque par «le <strong>brevet</strong> », et alors, on sera<br />

contre attaqués, par <strong>brevet</strong>, ou on attaque<br />

« comme Auteur », et les <strong>brevet</strong>s ne sont alors<br />

plus considérés.<br />

Il faut absolument que l’inventeur se sorte le<br />

<strong>brevet</strong> <strong>de</strong> la tête, s’il ne veut pas s’entendre<br />

dire qu’il pose <strong>de</strong>s questions idiotes, à propos<br />

<strong>de</strong> sa protection juridique.<br />

- 175 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


14. État <strong>de</strong>s lieux actuel<br />

Notre œuvre <strong>de</strong> vulgarisation s’adresse par<br />

définition à tous les créateurs et par prédilection<br />

à ceux qui se définissent comme inventeurs<br />

individuels.<br />

Au fil du temps, à propos <strong>de</strong> certains ouvrages<br />

précé<strong>de</strong>nts, les inventeurs nous ont parfois<br />

reproché <strong>de</strong> publier une prose trop technique,<br />

trop difficile à intégrer.<br />

En face, d’autres nous ont parfois reproché<br />

l’inverse, en nous faisant observer qu’ils<br />

considéraient que l’on essaie <strong>de</strong> « monter sur<br />

leurs plates ban<strong>de</strong>s », <strong>sans</strong> en avoir les compétences<br />

suffisantes, et encore moins les talents.<br />

Il est bien difficile <strong>de</strong> satisfaire tout le mon<strong>de</strong> à<br />

la fois, et ce n’est pas notre ambition.<br />

- 176 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Nous sommes une équipe, un groupe <strong>de</strong><br />

personnes.<br />

De nombreux horizons y sont représentés, car<br />

l’inventeur se trouve dans toutes les classes <strong>de</strong><br />

la Société, <strong>sans</strong> exception.<br />

Nous sommes bien contraints d’abor<strong>de</strong>r l’univers<br />

du Droit, car notre sujet central concerne<br />

l’usage qui est fait <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s créateurs,<br />

inventeurs individuels inclus.<br />

Chacun d’entre nous dispose <strong>de</strong> ses compétences<br />

propres, <strong>de</strong> son expérience, <strong>de</strong> sa perception<br />

du sujet.<br />

Il y a parmi les nôtres <strong>de</strong>s ingénieurs chevronnés,<br />

et <strong>de</strong> simples ouvriers. Il y a <strong>de</strong>s<br />

professeurs d’Université et <strong>de</strong>s fonctionnaires,<br />

<strong>de</strong>s commerçants, <strong>de</strong>s arti<strong>sans</strong> et <strong>de</strong>s chômeurs.<br />

Bref, il y a « <strong>de</strong> tout », même <strong>de</strong>s gens calés<br />

en Droit.<br />

- 177 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Ce qui nous unit, dans notre chantier, c’est<br />

l’existence, absolument irréfutable <strong>de</strong> la législation<br />

sur la Propriété Intellectuelle, qui<br />

protège, c’est bien prouvé, les Auteurs <strong>de</strong><br />

toutes les créations, y compris industrielles.<br />

Et celui d’entre nous qui ne s’y connaît pas<br />

suffisamment, trouve ses réponses auprès <strong>de</strong><br />

« ceux qui savent ».<br />

Notre premier objectif, qui fut <strong>de</strong> faire savoir<br />

au plus grand nombre l’existence <strong>de</strong> protections<br />

juridiques n’ayant rien à voir avec le<br />

<strong>brevet</strong> d’invention, a été atteint en un peu<br />

moins <strong>de</strong> dix ans.<br />

Notre succès d’estime, à ce jour, consiste à<br />

constater que <strong>de</strong> nombreux inventeurs, ayant<br />

mis nos suggestions à profit, sont parvenus à<br />

signer <strong>de</strong>s licences avec <strong>de</strong>s industriels, et<br />

reçoivent leurs re<strong>de</strong>vances, <strong>sans</strong> aucune<br />

référence au <strong>brevet</strong>.<br />

- 178 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Maintenant, notre « focus » consiste moins à<br />

« convaincre », car il n’y a pas plus sourd que<br />

celui qui ne veut rien entendre, qu’à expliquer<br />

« les bonnes métho<strong>de</strong>s » à tous ceux qui ont<br />

compris le bien fondé et le sérieux <strong>de</strong> notre<br />

action.<br />

Et ceux là, qui sont déjà légion, voient leurs<br />

rangs grossir chaque jour. C’est encourageant.<br />

Si, dans ce décor, le fait <strong>de</strong> dire simplement la<br />

vérité est considéré, hors <strong>de</strong> notre cercle,<br />

comme une agression, alors, oui, nous sommes,<br />

<strong>sans</strong> doute, et <strong>de</strong>meurerons, « agressifs »<br />

Nous ne sommes disposés à rien quéman<strong>de</strong>r<br />

aux puissances en place, à l’establishment.<br />

Nous ne ferons aucun « sitting » sur <strong>de</strong>s<br />

marches <strong>de</strong> ministères, et nous ne ferons signer<br />

aucune pétition.<br />

Par contre, nous entendons jouir <strong>de</strong> notre « bon<br />

droit » et en exigerons la mise en application.<br />

- 179 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


L’opposition, qui nous est portée <strong>de</strong> diverses<br />

manières par ceux qui sont installés dans <strong>de</strong>s<br />

positions (momentanément) dominantes, ne<br />

nous impressionne en rien.<br />

Le droit <strong>de</strong> propriété du créateur d’une œuvre<br />

originale est bien reconnu dans le mon<strong>de</strong> entier<br />

et son attribution n’en passe par aucune<br />

supplique, aucune démarche.<br />

Sa défense se doit d’être assurée par les professionnels<br />

<strong>de</strong>s spécialités concernées, et nous le<br />

rappelons à tous.<br />

A suivre…<br />

- 180 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


007 De quoi se compose le Droit d’Auteur <strong>de</strong> l’inventeur<br />

027 Ce que l’inventeur doit savoir pour invoquer son Droit<br />

037 Déclaration d’Auteur, Brevet : ne pas confondre<br />

045 Qui est le bon juriste en Propriété Intellectuelle<br />

056 Pourquoi le Droit d’Auteur peut protéger mieux…<br />

062 Le Droit d’Auteur n’est pas limité à <strong>de</strong>s catégories…<br />

086 Établir une bonne Déclaration d’Auteur<br />

102 Savoir bien gérer une Déclaration d’Auteur<br />

109 Une petite révolution <strong>de</strong> mœurs<br />

121 La notion <strong>de</strong>s Arts Appliqués<br />

143 Psychologie et fantasme <strong>de</strong> l’inventeur<br />

154 Précisions en vrac<br />

170 Pas <strong>de</strong> « duel » <strong>brevet</strong>-Droit d’Auteur<br />

176 État <strong>de</strong>s lieux<br />

Table <strong>de</strong>s matières<br />

- 181 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>


Achevé d’imprimer sur les presses <strong>de</strong><br />

l’imprimerie LUSSAUD<br />

à Fontenay le Comte (France) pour le compte<br />

<strong>de</strong>s Éditions Zaftra © (Chisinau)<br />

Dépôt légal 3 e trimestre 2007<br />

- 182 - <strong>Manuel</strong> <strong>de</strong> l’inventeur <strong>sans</strong> <strong>brevet</strong>

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