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les droits de la défense à l'épreuve des alternatives aux poursuites ...

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personnalité <strong>de</strong> son auteur » 27 .<br />

Néanmoins, il n’en reste pas moins que <strong>la</strong> culpabilité est acquise sans réels débats <strong>de</strong> fond :<br />

le juge ratifie plus qu’il ne juge. Dès lors, <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon que <strong>les</strong> pouvoirs limités du juge du<br />

siège posent problème par rapport au droit <strong>de</strong> ne pas s’auto-incriminer, l’alternative du « tout ou<br />

rien » qui lui est offerte parait ne respecter le principe <strong>de</strong> séparation ici évoqué que <strong>de</strong> manière<br />

formelle 28 .<br />

(2) Par ailleurs, fondée sur <strong>la</strong> présomption d’innocence, <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve incombe par<br />

principe au Ministère public. Le procès pénal vise <strong>à</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce un débat pour évaluer <strong>la</strong><br />

culpabilité, sachant que c’est toujours au parquet d’apporter <strong>les</strong> preuves <strong>de</strong> cette culpabilité. Or <strong>les</strong><br />

nouve<strong>aux</strong> mo<strong>de</strong>s alternatifs dispensent souvent cette recherche au nom d’un aveu consensuel qui est<br />

dangereux faute <strong>de</strong> corroboration : « l’organe <strong>de</strong> poursuite, <strong>à</strong> qui incombe <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s preuves,<br />

en est déchargé par l’exercice <strong>de</strong> son pouvoir <strong>de</strong> négociation » 29 ; le juge du siège n’ayant pas <strong>de</strong><br />

prérogatives particulières pour contrôler <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> cet aveu.<br />

(3) Au final, d’autres questions se posent plus généralement par rapport au principe d’égalité<br />

<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> loi / <strong>la</strong> justice face <strong>à</strong> ces procédures multip<strong>les</strong> pour <strong>de</strong>s infractions simi<strong>la</strong>ires, voire<br />

i<strong>de</strong>ntiques (peine inférieure ou égale <strong>à</strong> 5 ans). Un même délit peut ainsi donner lieu <strong>à</strong> <strong>de</strong>s réponses<br />

sensiblement différentes (jugement « normal », composition pénale, CRPC) selon le tribunal qui est<br />

concerné : certains auteurs ont d’ailleurs déj<strong>à</strong> démontré que <strong>les</strong> pratiques n’étaient pas <strong>les</strong> mêmes au<br />

sein <strong>de</strong> différentes juridictions françaises 30 .<br />

Il existe certes un principe <strong>de</strong> personnalisation <strong>de</strong>s peines … mais ce principe est ici aussi<br />

traditionnellement entendu comme <strong>de</strong>vant permettre <strong>à</strong> un juge, après examen <strong>de</strong>s faits et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

personnalité du prévenu, <strong>de</strong> faire varier <strong>la</strong> peine. Ici ce résultat est obtenu en amont par <strong>la</strong><br />

négociation ; p<strong>la</strong>çant encore une fois <strong>les</strong> citoyens incriminés dans une position différente par rapport<br />

27<br />

Supra note 14, consi. 107. On rappellera que seulement 5% <strong>de</strong>s audiences <strong>de</strong> validations / d’homologations<br />

aboutissent <strong>à</strong> un refus ; supra note 19.<br />

28<br />

Ne pourrait-on d’ailleurs pas interroger <strong>la</strong> compatibilité <strong>de</strong> cette intervention du juge avec <strong>la</strong> décision du Conseil<br />

constitutionnel <strong>de</strong> 1995 déj<strong>à</strong> citée (supra note 25) ? En effet, dans cette <strong>de</strong>rnière, le Conseil affirmait que le prononcé et<br />

l’exécution <strong>de</strong> mesures négociées, « même avec l’accord <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne susceptible d’être pénalement poursuivie (...)<br />

requièrent <strong>la</strong> décision d’une autorité <strong>de</strong> jugement (nous soulignons) ». Or, peut-on parler <strong>de</strong> « décision », i.e. l’« action<br />

<strong>de</strong> trancher une question » (Dictionnaire <strong>de</strong> l’Académie française en ligne) lorsque le juge se contente<br />

« d’homologuer » (« Entériner, vali<strong>de</strong>r officiellement un acte pour lui donner force exécutoire », Dictionnaire <strong>de</strong><br />

l’Académie française en ligne) ou <strong>de</strong> « vali<strong>de</strong>r » l’accord sans aller au fond <strong>de</strong>s choses ?<br />

29<br />

B. PEIRERA, Dalloz, 2005, p. 2041.<br />

30<br />

V. l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> L. AUBERT, Systématisme pénal et <strong>alternatives</strong> <strong>aux</strong> <strong>poursuites</strong> en France : une politique pénale en<br />

trompe-l’œil, Droit & Société, n° 74, 2010, pp. 17-33 (comparant <strong>les</strong> pratiques, très différentes, <strong>aux</strong> tribun<strong>aux</strong> <strong>de</strong><br />

Bobigny et <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong><strong>aux</strong>). L’auteur parle en synthèse d’une « ‘auberge espagnole’ », p. 32.<br />

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