28.06.2013 Views

les droits de la défense à l'épreuve des alternatives aux poursuites ...

les droits de la défense à l'épreuve des alternatives aux poursuites ...

les droits de la défense à l'épreuve des alternatives aux poursuites ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

un peu différent car il va plus loin (« homologation »).<br />

Ceci étant, il existe 2 types <strong>de</strong> problèmes liés :<br />

- d’abord, le juge n’a que le pouvoir <strong>de</strong> « vali<strong>de</strong>r » / « homologuer » ou <strong>de</strong> refuser <strong>la</strong> proposition<br />

du Procureur ; autrement dit il ne peut <strong>la</strong> modifier. N’est-ce pas <strong>la</strong> preuve du risque que le juge<br />

<strong>de</strong>vienne une sorte <strong>de</strong> « chambre d’enregistrement » <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> procédures, et qu’il n’évalue<br />

pas véritablement <strong>la</strong> sincérité du consentement ? D’ailleurs, selon <strong>les</strong> statistiques 19 , <strong>les</strong> refus<br />

sont très limités.<br />

- ensuite, plus globalement et presque sociologiquement, il faut réfléchir sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> pression<br />

qui va être exercé en amont sur le prévenu (et son avocat), nonobstant <strong>la</strong> présence juridique en<br />

aval du juge du siège (ou même <strong>de</strong> l’avocat).<br />

Ce problème, qui existe <strong>de</strong>puis le début, est accentué par <strong>les</strong> évolutions du droit français. Voici<br />

au moins 3 situations qui peuvent interpeler :<br />

. <strong>de</strong>puis une loi <strong>de</strong> 2002, <strong>la</strong> composition pénale (comme <strong>la</strong> CRPC) peut être proposée même<br />

pendant <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> <strong>à</strong> vue. N’est-ce pas exercer une certaine pression, même si <strong>la</strong> présence<br />

obligatoire <strong>de</strong> l’avocat en gar<strong>de</strong> <strong>à</strong> vue atténue (<strong>à</strong> terme ?) ce problème 20 ?<br />

. <strong>de</strong> même, <strong>de</strong>puis une loi <strong>de</strong> 2009 21 , le Parquet peut mettre en p<strong>la</strong>ce en même temps une<br />

procédure <strong>de</strong> CRPC et une procédure <strong>de</strong> poursuite c<strong>la</strong>ssique, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> étant en attente <strong>de</strong><br />

résolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> première. N’est-ce pas l<strong>à</strong> encore une pression supplémentaire qui s’exerce<br />

sur le prévenu même si, théoriquement, <strong>les</strong> procédures sont indépendantes l’une <strong>de</strong> l’autre<br />

(finalement le prévenu sait bien que l’échec <strong>de</strong> <strong>la</strong> CRPC aura pour conséquence son renvoi<br />

<strong>de</strong>vant le tribunal correctionnel ; dès lors est-il nécessaire <strong>de</strong> le lui formaliser directement) 22 .<br />

19<br />

5% <strong>de</strong>s audiences <strong>de</strong> validations / d’homologations aboutissent <strong>à</strong> un refus. V. V. PERROCHEAU, La composition pénale<br />

et <strong>la</strong> CRPC : quel<strong>les</strong> limites <strong>à</strong> l’omnipotence du parquet ?, Droit & Société, n° 74, 2010, pp. 55-71, p. 67. Soit le<br />

Parquet fait très bien son travail, soit le contrôle n’est que formel et explique ces statistiques.<br />

20<br />

De même, dans <strong>la</strong> CRPC, si le prévenu <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> réflexion (comme c’est son droit, nous l’avons vu supra<br />

note 5), il peut dans l’intervalle être p<strong>la</strong>cé en détention <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Procureur (art. 495-10 CPP). Cette situation est<br />

certes exceptionnelle, mais ne reflète-t-elle pas encore une fois une forme <strong>de</strong> pression sur le prévenu qui le poussera <strong>à</strong><br />

accepter l’alternative proposée ?<br />

21<br />

Loi n° 2009-526 du 12 mai 2009 <strong>de</strong> simplification et <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rification du droit et d’allègement <strong>de</strong>s procédures,<br />

renversant sur ce point <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation (Cass. Crim., 4 oct. 2006). V. F. Defferrard, La<br />

dénaturation du « p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>r coupable », Droit pénal, 07/08 2009, pp. 5-7.<br />

22<br />

Il faut remarquer que le Conseil constitutionnel n’a rien trouvé <strong>à</strong> redire, notant que <strong>les</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>défense</strong> étaient<br />

respectés. Décision n° 2010-77 QPC du 10 déc. 2010 (notamment eu égard <strong>à</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’avocat et <strong>à</strong> l’article 495-<br />

14 … pourtant théorique : cf. supra p. 7).<br />

8

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!