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Face-à-face avec la mort Frédéric Rossel, volée SCT 1999 – 2001 ...

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être vivant ou être <strong>mort</strong>, mais de <strong>la</strong> réinsérer dans <strong>la</strong> temporalité. La vie humaine devient alors<br />

ce qui se déploie dans ce temps qui va de <strong>la</strong> naissance <strong>à</strong> <strong>la</strong> maturation et <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>. Ce qui est <strong>à</strong><br />

respecter infiniment n’est pas alors le « ON » de <strong>la</strong> vie <strong>face</strong> au « OFF » de <strong>la</strong> <strong>mort</strong>, mais <strong>la</strong><br />

dynamique de son déroulement dans le temps. D’où l’idée que ce respect du temps se dit dans<br />

le caractère indu de <strong>la</strong> prolongation comme du raccourcissement.<br />

Si certaines <strong>mort</strong>s demandées sont c<strong>la</strong>irement des « désirs de mourir » avant le temps pour<br />

échapper au temps difficile du mourir, d’autres, par contre, se présentent comme le<br />

rétablissement, dans sa dimension originelle, de ce temps du mourir qui aurait été décalé,<br />

distendu de manière indue par les possibilités de <strong>la</strong> médecine.<br />

Une autre manière de rendre compte du respect dû <strong>à</strong> <strong>la</strong> vie consiste <strong>à</strong> faire état de sa sainteté.<br />

On veut dire par l<strong>à</strong> que <strong>la</strong> vie est <strong>à</strong> considérer en re<strong>la</strong>tion <strong>avec</strong> Dieu, elle est fondée sur Dieu et<br />

doit constamment lui être rapportée. Dire que <strong>la</strong> vie est sainte signifie que nous devons en<br />

répondre devant Dieu qu’il n’est pas égal que nous en fassions ce que nous voulions, mais que<br />

<strong>la</strong> manière dont nous en faisons usage doit correspondre <strong>à</strong> l’esprit de Dieu. Certains y voient<br />

alors une re<strong>la</strong>tivisation possible de son caractère absolu et intouchable, arguant de l’amour et<br />

de <strong>la</strong> miséricorde divine. Nous sommes l<strong>à</strong> dans une re<strong>la</strong>tivisation de <strong>la</strong> vie biologique qui<br />

n’est pas étrangère <strong>à</strong> <strong>la</strong> tradition chrétienne et <strong>à</strong> ses réflexions sur le don de <strong>la</strong> vie, sur son<br />

sacrifice dans le cadre d’un idéal d’une ouverture <strong>à</strong> quelque chose de plus grand.<br />

Est-ce qu’il faut cependant aller jusqu’<strong>à</strong> dire que <strong>la</strong> vie étant une valeur infiniment respectable<br />

mais pas une valeur absolue, peut être mise en ba<strong>la</strong>nce <strong>avec</strong> le mal et <strong>la</strong> souffrance qui ne<br />

pourraient être éliminés qu’au prix de son sacrifice ? Certains franchissent ce pas, d’autres<br />

non, qui rappellent que le mouvement d’une vie re<strong>la</strong>tivisée parce que donnée pour ne peut<br />

être comparé <strong>à</strong> celui d’une vie refusée parce qu’insupportable.<br />

C’est peut-être <strong>la</strong> catégorie du don qui représente <strong>la</strong> catégorie <strong>la</strong> plus riche pour décrire <strong>la</strong> vie<br />

dans le contexte de l’agir créateur de Dieu. Parce qu’elle situe <strong>la</strong> vie comme le lieu d’un<br />

échange, d’une entrée en re<strong>la</strong>tion entre Dieu et l’homme.<br />

À nouveau se pose <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> libre disposition de ce don. Cette vie que je reçois, je<br />

peux considérer qu’elle m’appartient et que je peux <strong>la</strong> révoquer lorsqu’elle devient trop<br />

pesante. Mais le don ici est vu d’une manière trop uni<strong>la</strong>térale. En réalité le don n’est jamais un<br />

simple transfert de propriété mais toujours l’instauration d’une re<strong>la</strong>tion. La vie donnée se<br />

trouve donc être un tiers qui relie celui qui donne et celui qui reçoit.<br />

A considérer <strong>à</strong> nouveau <strong>la</strong> dimension temporelle, le don n’est pas fait une fois pour toutes,<br />

mais il est continuel. La vie est donnée continuellement (cf. Ps 104,29-30). Donc <strong>la</strong> vie<br />

comme don peut être soit considérée comme reçue une fois pour toute <strong>à</strong> <strong>la</strong> naissance et alors<br />

sous <strong>la</strong> libre disposition et responsabilité de l’homme pour le reste de son déroulement, soit<br />

plus justement reçue et donc <strong>à</strong> accueillir continuellement <strong>à</strong> chaque instant. La demande<br />

d’euthanasie dit l’impossibilité où l’on est de recevoir <strong>la</strong> vie encore. Refus tragique du don<br />

que l’on pourra comprendre, peut-être, mais jamais banaliser.<br />

L’euthanasie comme revendication du sujet<br />

Cette vie donnée et créée par Dieu n’est vie humaine que parce qu’elle est habitée par une<br />

personne. Et cette personne humaine, créée <strong>à</strong> l’image de Dieu, se caractérise par sa capacité

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