décision « bonne ». Elle est toujours une décision tragique, qu’on l’approuve ou non, parce qu’elle dit <strong>la</strong> souffrance, elle dit l’insupportable. Pour que l’homme en arrive <strong>à</strong> dire que ne pas être vaut mieux qu’être, il faut bien qu’il soit dans le désespoir et alors pour y faire <strong>face</strong>, c’est d’une espérance dont nous avons le plus besoin.
De quelques enjeux éthiques autour d’une éventuelle légalisation de l’euthanasie active directe Dr Jean Martin*, ancien médecin cantonal vaudois Membre de <strong>la</strong> Commission nationale d’éthique (CNE) *L’auteur s’exprime ici <strong>à</strong> titre personnel. Début 2006, l’Office fédéral de <strong>la</strong> justice (OFJ) rendait public un projet intitulé Assistance au décès et médecine palliative (cf. http://www.ofj.admin.ch/bj/fr/home/themen/gesellschaft/gesetzgebung/sterbehilfe.html), mis en consultation puis admis <strong>à</strong> fin mai par le Conseil fédéral. Survenant dans le contexte de débats nombreux, ce texte a retenu mon attention, concerné que je suis par les aspects médicolégaux et médico-éthiques de <strong>la</strong> fin de vie depuis une quinzaine d’années, au titre de médecin cantonal jusqu’en 2003 ainsi qu’en tant que membre de <strong>la</strong> Commission nationale d’éthique pour <strong>la</strong> médecine humaine (CNE). Le cas des situations-limites… Autoriseraient-elles <strong>à</strong> lever le tabou du meurtre ? Force est de reconnaître que <strong>la</strong> limite entre euthanasie et assistance au suicide est parfois imprécise, sujette <strong>à</strong> discussion tant dans ses aspects éthiques que pratiques. Est cité le cas du tétraplégique qui ne serait absolument pas en mesure d’accomplir lui-même le geste qui administre <strong>la</strong> dose létale de barbiturique et, dans une optique d’égalité de traitement, « devrait » de ce fait avoir accès <strong>à</strong> l’euthanasie. S’agissant de telles situations-limites - et même si ce<strong>la</strong> n’est pas déterminant quant on parle de principes -, il convient de savoir qu’elles sont très rares. A noter que <strong>la</strong> mise en œuvre d’assistance au suicide n’exige pas que <strong>la</strong> personne suicidante puisse porter un verre <strong>à</strong> sa bouche et avaler des cachets et une certaine quantité de liquide. Si elle est en mesure d’activer le mécanisme qui permet <strong>à</strong> une perfusion de se mettre en route (un levier, une ailette), et ceci tout en gardant <strong>la</strong> possibilité de demander <strong>à</strong> tout moment que <strong>la</strong> perfusion soit interrompue, on admet que ce<strong>la</strong> implique une détermination adéquate. Il restera toujours, il est vrai, l’une ou l’autre situation où le patient - capable de discernement - se verra, en l’état de <strong>la</strong> loi, nier <strong>la</strong> possibilité de mettre un terme <strong>à</strong> ses jours parce qu’il n’est absolument pas capable de faire lui-même le geste déclenchant, aussi modeste soit-il. On peut ici parler d’une inégalité de traitement et c’est regrettable ; mais, une fois encore, de telles éventualités sont exceptionnelles et pourraient bénéficier de l’exception d’euthanasie (voir cidessous). Le rapport de l’OFJ dit <strong>à</strong> propos d’euthanasie : « L’interdiction absolue de l’homicide, un des piliers de notre ordre juridique, doit être au centre des réflexions. Toute re<strong>la</strong>tivisation de ce principe non seulement est délicate mais encore exige une analyse et une mise en ba<strong>la</strong>nce particulièrement minutieuse des intérêts (biens <strong>à</strong> protéger) qui sont en jeu ». S’agissant d’euthanasie active indirecte et passive, il n’y a pas de problèmes notables dans <strong>la</strong> pratique et l’OFJ ne juge pas nécessaire que le légis<strong>la</strong>teur intervienne ; je partage cet avis. S’agissant de l’euthanasie active directe, certains ont dit leur déception que le rapport ne préconise pas une légis<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> rendant licite dans certains cas, alors que des légis<strong>la</strong>tions l’autorisant sous