Face-à-face avec la mort Frédéric Rossel, volée SCT 1999 – 2001 ...
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Michel Cornu, philosophe<br />
Thèses sur une possible transgression de l'éthique<br />
De l'existant et de <strong>la</strong> société, ou thèse de base<br />
Les questions existentielles ne peuvent pas êtres abordées en dehors de <strong>la</strong> problématique<br />
sociale. Inversement, les questions sociales ne peuvent pas être abordées en dehors de <strong>la</strong><br />
problématique existentielle.<br />
De l'ordre et du désordre dans <strong>la</strong> démocratie<br />
L'une des bases de <strong>la</strong> démocratie politique est <strong>la</strong> séparation des pouvoirs, on le sait. Mais il y a<br />
plus: les différentes instances de pouvoir doivent encore s'articuler entre elles, sinon de<br />
manière hiérarchique, du moins structurée.<br />
La puissance qui est de l'ordre du militaire et de l'économique doit être régulée par le pouvoir<br />
politique. Ce dernier doit être contrôlé par le droit, médiation entre le politique et <strong>la</strong> morale.<br />
Cette dernière correspond aux règles, aux obligations transmises par <strong>la</strong> coutume, diverses<br />
selon les cultures, mais toutes basée sur <strong>la</strong> distinction fondamentale du Bien et du Mal. La<br />
morale permet <strong>la</strong> vie en société et vise <strong>la</strong> bonne vie.<br />
Aujourd'hui, on parle beaucoup d'éthique dans les démocraties occidentales, beaucoup moins<br />
de morale, terme qui fait répressif et sent <strong>la</strong> ringardise. Mais qu'est-ce que cette fameuse<br />
éthique? En dehors de <strong>la</strong> distinction faite par Ricœur entre morale déontologique et éthique<br />
téléologique, l'éthique n'est-elle pas trop souvent cette pseudo instance qui, <strong>à</strong> défaut de<br />
disposer d'un pouvoir de décision, arrondit sectoriellement les angles? Bioéthique, éthique<br />
médicale, éthique économique, éthique d'entreprise. À quand l'éthique de l'éthique?<br />
Cette inf<strong>la</strong>tion de l'éthique s'expliquerait-elle par <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> morale? En effet, il n'y a plus de<br />
morale puisqu'il n'y a plus de tradition, de transmission, mais seulement des normes<br />
techniques édictées par les spécialistes en tout genre, des sexologues aux ingénieurs du son.<br />
Science et technique sont réciproquement dépendantes. Elles sont aussi intrinsèquement liées<br />
<strong>à</strong> <strong>la</strong> puissance totalitaire de l'économisme. C'est dire qu'il n'y a plus de pouvoir politique réel<br />
dont le rôle est <strong>la</strong> sécurité <strong>à</strong> l'extérieur et <strong>la</strong> concorde <strong>à</strong> l'intérieur, basée sur des institutions<br />
justes, mais un jeu de lobbies. Le politique est réduit <strong>à</strong> <strong>la</strong> tentative, vaille que vaille, de mettre<br />
ensemble des intérêts égoïstes, destructeurs du vivre-ensemble. Question: quid alors de <strong>la</strong><br />
démocratie que le président actuel des USA veut imposer, <strong>la</strong> Bible dans une main, le fusil<br />
dans l'autre?<br />
La perte du pouvoir politique et de l'obligation morale <strong>la</strong>isse p<strong>la</strong>ce <strong>à</strong> une « juridicisation »<br />
toujours plus imposante de <strong>la</strong> société et <strong>à</strong> des éthiques envahissantes et multiformes, simples<br />
masques idéologiques de <strong>la</strong> toute-puissance économique.<br />
De l'institution<br />
Dans <strong>la</strong> mesure où l'homme ne peut exister que par et dans un lien social, qui, pour durer,<br />
implique un cadre, l'institution, quelque forme qu'elle prenne, est nécessaire <strong>à</strong> <strong>la</strong> vie ensemble.<br />
Mais quand elle souffre d'obésité, censée compenser l'atonie des soi-disant individus, elle<br />
détruit <strong>la</strong> possibilité de l'événement qui seul donne sens <strong>à</strong> l'agir humain. Il faut <strong>la</strong> remettre <strong>à</strong> sa<br />
p<strong>la</strong>ce quand elle dépasse son cadre et sort de son rôle: celui de mettre des limites en donnant<br />
des règles objectives pour le vivre-ensemble. Ce qui signifie a contrario que l'institution ne<br />
peut qu'en rester au général. Elle n'a rien <strong>à</strong> dire au niveau individuel, elle n'a pas <strong>à</strong> s'ingérer<br />
dans l'intériorité de <strong>la</strong> personne. Elle est un pis-aller <strong>à</strong> une communauté d'individus<br />
authentiques, le mal radical accompagnant toute vie humaine.