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217 Theatrum historiae 2, Pardubice 2007 Lena ARAVA-NOVOTNA ...

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Quelques images de la Bohême au XVIIIe ècle: Les Juifs en miliea rural<br />

ne mentionnèrent, dans le cas de Louny, que le petit nombre des Juifs protégés<br />

tandis que les citoyens taisaient en réalité un nombre beaucoup plus élevé des Juifs<br />

dits "tolérés" 57 . Cette vérité n'éclata au jour qu'après l'année 1848.<br />

Les modes d'insertion : actifs pour les propriétés aristocratiques, passifs pour les<br />

zones urbaines<br />

Une comparaison du nombre des Juifs "officiels" par rapport à celui des<br />

"non déclarés" dans les domaines aristocratiques ou dans les villes, pourrait conduire<br />

au risque d'une interprétation osée. Or celle-ci serait prématurée si on ne prenait<br />

en compte le fait que, même à l'intérieur de la société juive rurale existait une<br />

hiérarchisation, à la fois semblable au monde environnant et en même temps différente.<br />

De cette distinction, enracinée profondément dans le système féodal agraire<br />

où la différenciation sociale reposait sur celle des statuts, résultaient les conditions<br />

qui déterminaient le contenu de "légal", voire "protégé", ou d'illégal, alias toléré.<br />

Ruth Kestenberg-Gladstein propose, contre l'image traditionnelle du statut<br />

juif uniforme, quatre catégories des Juifs en Bohême : catégorie d'Oberjude, c'està-dire<br />

d'un Juif aristocrate, certainement un Hofjude et par conséquent protégé ;<br />

celle d'Unterjude, un autre cas du Juif plus un moins aisé qui bénéficiait de la protection<br />

; par la suite la catégorie du Juif établi, Bestandt Jude, qui n'avait aucun<br />

droit de pratiquer le commerce mais n'échappait pas à l'obligation de payer pour<br />

être toléré, et enfin le Juif asservi, homologue du serf chrétien 58 .<br />

Les deux premiers types de Juifs jouissaient de la protection individuelle<br />

dite Judenschutz. Cependant l'institution de Judenschutz n'était pas réservée<br />

uniquement aux sujets privilégiés. Elle pouvait garantir également la protection<br />

collective qui ne distinguait plus les individus. De cette seconde forme de Judenschutz<br />

dépendaient deux autres espèces de Juifs : tolérés et serfs. A la différence<br />

de l'opinion générale qui comprend le Judenschutz comme permis de résidence,<br />

l'étude de Kestenberg-Gladstein le définit plus largement. Le Judenschutz<br />

autorisait certes le domicile dans tel ou tel endroit, mais incluait également le permis<br />

de travail et plus particulièrement le permis de commerce de toute sorte,<br />

y compris celui d'argent.<br />

La législation juive féodale connaissait trois types de Judenschutz : hormis<br />

la protection individuelle spécifique, la protection collective pouvait être garantie<br />

soit par l'autorité centrale (royale), soit par l'autorité locale. Ici nous ne nous intéresserons<br />

qu'au cas de Judenschutz moins connu et pourtant très important : celui<br />

qui fut assuré par la seigneurie domaniale 59 , soit la noblesse, soit les villes qui avaient<br />

un rôle particulier en Bohême.<br />

57 Cf. Paměti Jana Haince, 1850-1889, (Mémoires de Jan Hainc), Archives de Louny (SOkA Louny),<br />

fonds AM, n° CH 6 ; A. HLUSTIK, op. cit., p.4-5.<br />

58 Cf. R. KESTENBERG-GLADSTEIN, "Differences of Estates within pre-emancipation Jewry.<br />

A study in the social structure of bohemian provincial Jewry.", dans : Journal of Jewish Studies, vol.<br />

V, n° 4 (1954) et vol. VI, n°1 (1955), p. 1 (tiré-à-part).<br />

59 Idem, pp. 9-10.<br />

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