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217 Theatrum historiae 2, Pardubice 2007 Lena ARAVA-NOVOTNA ...

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Quelques images de la Bohême au XVIIIe ècle: Les Juifs en miliea rural<br />

Ainsi fut levée la prohibition de l'importation de tissus à condition que les<br />

commerçants juifs vendent aussi les tissus de provenance autochtone et paient les<br />

importantes taxes douanières. Car ce commerce international était le moyen le plus<br />

efficace qui leur assurait les revenus proportionnels aux diverses contributions<br />

exigées par l'Etat. De même, la cruauté de la loi familiale risquait d'avoir des retombées<br />

négatives sur l'économie et nécessitait un adoucissement, au moins pour<br />

ceux qui étaient plus riches et pouvaient demander une exonération auprès des<br />

autorités impériales. 95 Ainsi, contre l'avis initial de Charles VI de tolérer les Juifs<br />

à la campagne selon les critères de 1618, ils pouvaient désormais habiter officiellement<br />

partout où ils étaient admis avant 1650. Néanmoins, le plafond autorisé,<br />

à savoir le numerus clausus de 1726, était strictement observé comme en témoigna<br />

une nouvelle enquête statistique qui fut ordonnée en 1733 et avait pour but de relever<br />

l'accroissement non souhaitable de la population juive.<br />

Ces relatives victoires dans la lutte contre la réduction démographique des<br />

Juifs tchèques, stabilisées dans les années trente du XVIIIe siècle, furent rapidement<br />

mises en question au premier changement du Gouvernement. Charles VI disparut<br />

en 1740, sa fille Marie-Thérèse le remplaça au trône au terme d'une crise<br />

politique importante. Aussi dévote et superstitieuse que son père, elle reprit ses<br />

élans et poussa la réduction juive jusqu'à son apogée : la menace d'une expulsion<br />

générale de la Bohême le 18 décembre 1744 96 . Mais le temps était révolu. Ce qui<br />

était une solution commune de la question juive à la fin du Moyen Age, devenait<br />

impossible à l'aube des Lumières où même le pape Benoît XIV 97 intervint auprès<br />

de l'impératrice afin d'obtenir l'annulation d'une telle décision obsolète. Même si<br />

les Juifs quittèrent leur ville de Prague au mois de mars 1745, Marie-Thérèse, certes<br />

femme très religieuse mais aussi femme politique avisée, fut obligée de renoncer<br />

à son projet. Face au dommage économique et aux pertes financières provoqués<br />

par le séjour de la communauté la plus importante d'Europe centrale en dehors de<br />

la capitale, ainsi que face à l'opposition des propriétaires fonciers menacés dans<br />

leur source de revenus, la "foi" du céder la place à la raison. En 1748 l'impératrice<br />

revint sur ses pas en accordant aux Juifs la possibilité de revenir à Prague et de s'y<br />

établir pour une durée de dix ans, renouvelée en 1758, à condition de payer une<br />

taxe supplémentaire, dite de tolérance, de 300 000 florins d'or par an. 98<br />

95 Les Juifs qui pouvaient demander cette exonération devaient avoir plus de 24 ans (hommes) ou<br />

18 ans (femmes) et devaient posséder, à Prague, plus de 1500 florins d'or s'ils étaient commerçants ou<br />

entre 200-300 florins d'or s'il pratiquaient un métier ; à la campagne les commerçants devaient<br />

disposer de 500 florins d'or et les artisans au moins de 100 florins d'or. Quant aux Juifs étrangers, ils<br />

pouvaient épouser une Juive pragoise seulement si celle-ci possédait une dote d’au moins de 2000 ou<br />

3000 florins d'or ! Cf. J. PROKEŠ, "Úřední antisemitismus..., p. 216.<br />

96 Cf. J. BERGL, "Das Exil des Prager Judenschaft von 1745-1748.", dans : RSDŽ v ČSR, I/1929,<br />

p. 225ss, aussi S. PLAGGENBORG, „Maria Theresia und die böhmischen Juden.“, dans : Bohemia<br />

Jahrbuch, 39/1998, pp. 1-16.<br />

97 Le cardinal Lambertini, savant, historien et canoniste réputé, devenu Benoît XIV (1740-1758) fut le<br />

seul pape du XVIIIe siècle considéré comme un homme des Lumières.<br />

98 Cf. T. PĚKNÝ, op. cit., p. 83.<br />

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