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217 Theatrum historiae 2, Pardubice 2007 Lena ARAVA-NOVOTNA ...

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Quelques images de la Bohême au XVIIIe ècle: Les Juifs en miliea rural<br />

: désormais, les Juifs devaient s'habiller sobrement et l'usage personnel de l'or, de<br />

l'argent, des perles, des pierres précieuses, des brocarts et d'autres tissus de luxe<br />

leur fut strictement défendu. Un châtiment sévère attendait ceux qui avait transgressé<br />

une de ces prescriptions : soit une amende de 50 tolars, Reichstalern, soit<br />

une incarcération de huit jours. 106<br />

D'origine espagnole, la fraise avait été répandue dans les cours européennes<br />

au XVIe siècle, complétant le style austère de la puissance hispanique en vogue.<br />

Avec le changement des hégémonies au XVIIe siècle évolua aussi la mode : la<br />

grosse fraise amidonnée fut remplacée par le col souple en dentelles. En 1670,<br />

à l'époque où la mode de Louis XIV s'imposa à travers l'Europe, la fraise était plus<br />

que démodée. Symbole de l'anachronisme, voire l'obscurantisme, elle ne pouvait<br />

que ridiculiser et traumatiser son porteur. Il n'était pas étonnant que ce signe juif<br />

particulièrement flagrant provoquait une double délinquance.<br />

Tout d'abord les Juifs eux-mêmes essayèrent de ne pas prendre trop au<br />

sérieux leur signe distinctif. Mais des arrestations et de lourdes amendes en résultaient<br />

et empoisonnaient leur existence. Un grand nombre de Juifs officiels, "tolérés",<br />

préféraient se plier à l'ordre impérial. D'autres, plus opulents et puissants,<br />

surtout les hommes d'affaires, tels le président des Juifs tchèques, Abraham Aron<br />

Lichtenstadt, les célèbres médecins pragois, Dr. Moyses Clava Burga et Dr. Salomon<br />

Gumperz ou le fournisseur impérial, Simson Wertheimer etc. 107 , préfèrent<br />

acheter, à prix élevé, les décrets individuels qui les débarrassaient de leur Judenabzeichen.<br />

Quant aux non Juifs, notamment la basse couche de la société chrétienne,<br />

les étudiants et les aventuriers, ils furent attirés par cette proie facile. Ainsi, à Prague,<br />

la populace menaça les Juifs qui se trouvaient en dehors de leur quartier. Les<br />

rapports de la police témoignent qu'il n'y avait pas un jour sans qu'un commerçant<br />

ou autre professionnel juif, sorti pour sa besogne, ne soit attaqué, frappé, volé etc.<br />

La situation à la campagne n'était pas meilleure. Dès qu'un Juif avec sa fraise quittait<br />

son domicile, il subissait des violences ; sa marchandise lui était dérobée et luimême<br />

finissait souvent en otage, enfermé dans une porcherie. 108 Les cas d'assassinat<br />

sauvage ne manquaient pas. Le Gouvernement, averti de nombreux délits de<br />

brutalités à l'égard des Juifs qui, avec leur fraise, sautaient aux yeux, publia, à quelques<br />

reprises, des résolutions circulaires pour toutes les régions condamnant et<br />

interdisant tous les actes d'agression. 109 Mais à quoi bon faire des déclarations et<br />

106 T. JAKOBOVITS, op. cit., p. 155.<br />

107 Une liste plus complète des personnalités juives tchèques libérées de leur Halskrause se trouve<br />

chez T. JAKOBOVITS, op. cit., pp. 160-164.<br />

108 Idem. p. 164 ; en annexe T. JAKOBOVITS (op. cit., p. 179, Beilage VIII.) publia un protocole<br />

décrivant un de ces actes d'agression.<br />

109 Par ex. en 1671, puis en 1698. T. JAKOBOVITS cite la lettre du juge royal de Prague, Ferdinand<br />

Cloet von Grün und Sturmthal, adressée le 16 août 1704 au Conseil d'Etat et décrivant toutes les<br />

souffrances et les persécutions auxquelles était exposée la population juive.<br />

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