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217 Theatrum historiae 2, Pardubice 2007 Lena ARAVA-NOVOTNA ...

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Quelques images de la Bohême au XVIIIe ècle: Les Juifs en miliea rural<br />

mouvement et vice versa. Il n'est pas surprenant que les aristocrates privilégiaient<br />

cette forme des taxes individuelles et s'efforcèrent de l'imposer à la place de taxes<br />

collectives, si les circonstances le permettaient. 64 Par exemple à Vodňany (Wodnian)<br />

en Bohême du Sud, ville devenue partie du domaine du prince Schwarzenberg,<br />

les Juifs ne furent pas autorisés à s'établir avant le XVIIIe siècle. Or leur installation<br />

fut conditionnée en échange de l'argent de protection, fixé selon le capital<br />

utilisé dans leurs affaires individuellement, afin de pouvoir accroître ou réduire le<br />

Schutzgeld. Le paiement collectif fut de plus en plus individualisé à la fin du XVIIe<br />

siècle pour l'ensemble des Juifs de Týn et de Koloděje, car ces derniers paraissaient<br />

aux yeux de leurs maîtres locaux très prospères et opulents. 65<br />

Cependant, en dépit de ces efforts, l'institution de Judenschutz était au fond<br />

très passive car le risque d’une communauté juive appauvrie, et par conséquent<br />

superflue, obnubilait assidûment. Les aristocrates, instruits, éclairés et insatiables<br />

sur le plan économique, cherchèrent alors à engager dès le XVIIe siècle avec leurs<br />

sujets juifs un nouveau type de relation qui aurait développé des rapports économiques<br />

plus actifs et moins fluctuants. Le plus souvent, après avoir longtemps bénéficié<br />

de leurs droits de Judenschutz, ils louèrent aux Juifs, à titre individuel ou<br />

collectif, des entreprises à la fois impopulaires et nécessaires à tous – et par là<br />

même stables – comme c'était le cas des auberges, des distilleries, des tanneries,<br />

des manufactures de potasse ou de lessivage etc.<br />

En Bohême de Sud, par exemple, à Týn nad Vltavou 66 , un des domaines de<br />

l'archevêché de Prague, la communauté juive fut agrandie durant la guerre de<br />

Trente ans. Mais déjà en 1623 le cardinal Ernest, comte de Harrach, demanda 2000<br />

florins d'or! Face à ces contributions plus qu'élevées, la communauté juive de Prague<br />

supplia le 6 février 1645 le prélat de libérer leurs confrères de Týn de ces corvées<br />

insupportables. La réponse à leur pétition fut positive. En 1652, lors d'une<br />

nouvelle législation que l'archevêque édicta pour les Juifs de son domaine, ces<br />

derniers n'avaient à payer annuellement que 50 florins d'or pour leur protection ce<br />

qui était une somme très modique à l'époque. L'attirance de ce lieu hautement catholique<br />

pour d'autres Juifs est évidente : en dix ans, de 1654 à 1664, le nombre des<br />

maisons juives augmenta de 6 à 16. Logiquement, deux ans plus tard, le Judenschutz<br />

s'éleva de 50 à 70 florins d'or. Mais l'an 1680 s'avéra fatal aux Juifs de Týn.<br />

Accusés d'avoir répandu l'épidémie de la peste, ils furent chassés "à jamais" de la<br />

ville prospère. Le changement arriva en l'an 1764 où la puissance ecclésiale souhaita<br />

à nouveau à établir des commerçants juifs fortunés dans sa ville. Les autorités<br />

louèrent, dès cette même année, la distillerie et la brasserie et, l'année suivante, la<br />

manufacture de lessivage, à Jacob Ehrlich de Koloděje. La population chrétienne<br />

64 Idem, p. 19.<br />

65 Idem, p. 22.<br />

66 Pour le cas des Juifs à Týn cf. M. SUDOVÁ, "Historie židovských obyvatel města Týna nad Vltavou"<br />

(Histoire des habitants juifs de la ville Týn nad Vltavou), dans : J. PODLEŠÁK (éd.), op. cit.,<br />

pp. 22-31.<br />

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