217 Theatrum historiae 2, Pardubice 2007 Lena ARAVA-NOVOTNA ...
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Quelques images de la Bohême au XVIIIe ècle: Les Juifs en miliea rural<br />
Dès 1714 Charles VI renouvela, par son ordonnance du 8 janvier; une commission<br />
juive rattachée comme organe d'État au Gouvernement de Bohême, Místodržitelství,<br />
et à la Chambre de Bohême, Komora. 79 La commission était chargée de<br />
préparer une importante réduction de la population juive à Prague et d'inventer des<br />
moyens afin de restreindre son pouvoir économique. S'agissant d'une opération<br />
dangereuse qui risquait de diminuer sensiblement les revenus d'État, la commission<br />
n'avança que très lentement et avec précaution. Elle s'appuyait, d'une part, sur les<br />
projets de réduction antérieurs, et d'autre part, sur l'opinion antijuive, commune aux<br />
couches supérieures de la société, à savoir la bureaucratie aristocratique, le clergé<br />
catholique et les milieux de commerçants et d'entrepreneurs chrétiens. Ces derniers,<br />
étant les plus radicaux et organisés en une Assemblée de commerce, das<br />
böhmische Commerzcollegium, publièrent en 1718 un document intitulé Unumbgänglich<br />
nothdringende beschwörden wieder die im Prag und auf dem Land überhaüfte<br />
Judenschaft qui analysa en vingt paragraphes la situation économique en<br />
Bohême et proposa des mesures afin de "libérer le commerce tchèque de l'influence<br />
juive non seulement à Prague, mais dans le pays tout entier". 80 Les propositions de<br />
ce texte, en dépit de leur caractère médiéval 81 , devinrent la base de la volonté de<br />
réduction du nombre de Juifs, renforcée au début des années vingt du XVIIIe siècle<br />
et prenant place dans les débats entre le Gouvernement et la commission juive engagés<br />
en 1723. Désormais, la nécessité de réduction démographique ne concernait<br />
plus seulement les Juifs de Prague, mais l'ensemble de la population juive tchèque.<br />
La lutte contre les Juifs de la campagne fut commencée au mois de mai<br />
1723 par un décret qui réitéra l'interdiction de 1650 d'instaurer les maisons, les<br />
synagogues et les cimetières juifs sans permission officielle du Gouvernement.<br />
Dans la même logique, le Gouvernement tenta d'imposer en 1724 d'autres mesures<br />
inspirées par les décisions antijuives de 1650 : d'une part ne point tolérer les Juifs<br />
installés dans le pays après le 1er janvier 1618 et, d'autre part, bannir complètement<br />
de la campagne ceux qui ne pouvaient pas prouver l'établissement de leurs ancêtres<br />
en Bohême avant cette date. Cette seconde catégorie devait être déplacée vers les<br />
villes pour y être concentrée dans des quartiers séparés de la population chrétienne.<br />
Les seuls qui furent autorisés, pour des raisons économiques, à rester dans les<br />
bourgs et les villages étaient les producteurs juifs d'alcool des domaines seigneuriaux.<br />
79 En 1749 le Gouvernement de Bohême et la Chambre de Bohême furent supprimés et la commission<br />
juive devint partie de la représentation de la Chambre, puis en 1763 du nouveau Gouvernement,<br />
Gubernium où elle fut la plus haute instance pour les affaires juives administratives, financières et<br />
culturelles. En 1781 la commission fut abolie, puis en 1783 liquidée définitivement. Ses responsabilités<br />
passèrent au Gouvernement de Bohême.<br />
80 J. PROKEŠ, "Úřední antisemitismus..., p. 203.<br />
81 Les auteurs de ces propositions étaient inaptes à percevoir les nouvelles méthodes économiques de<br />
leur temps et maintenaient l'esprit médiéval de leur lutte commerciale. Cf. J. PROKEŠ, "Úřední antisemitismus...,<br />
p. 204.<br />
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