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BROCHURE KALA LOBE_5.indd - Unesco

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nécessairement conjuguées dans une<br />

communauté où il interpelle précisément<br />

l’écriture «ikaienne», laquelle ne relève<br />

pas simplement d’un univers<br />

allégorique de type kafkaïen.<br />

Avec P’a Ika , le récit interpelle l’écriture<br />

là où, arrimé à la vie, il ne saurait être<br />

nullement question de biaiser ou de jouer<br />

avec les exigences de la responsabilité,<br />

faisant alors de la plume cette arme silencieuse<br />

de combat qui appelle la paix<br />

et la conciliation dans toutes les sphères<br />

sociales et qui fait reposer l’approche du<br />

politique elle-même loin des<br />

fanfaronnades de ceux qui en fait ne<br />

font point de politique si ce n’est à partir<br />

des voies de la corruption et de la superstition<br />

et sans égards aux conduites<br />

assises sur l’autonomie, la dignité et la<br />

conciliation.<br />

D’où le sens d’une responsabilité élargie<br />

sur les divers champs sociaux que décrypte<br />

la plume de P’a Ika, et qui évite la<br />

sorte de monopolisation plutôt puérile du<br />

politique dans une société agitée en profondeur<br />

par plusieurs autres maux inavoués<br />

et qui sont également à éradiquer.<br />

D’où l’amplitude du « scanner» de l’écriture<br />

de la responsabilité de P’a Ika qui<br />

entend balayer ces multiples champs en<br />

ces récits portant à titre d’exemple sur:<br />

- les cancans de la ville et du village référés<br />

à ces « week-ends d’une pongolaise<br />

» en visite chez son amant en prétextant<br />

être allée chez sa mère jusqu’au jour où<br />

le piège est démonté par l’époux;<br />

- les perversions sociales référés à ces<br />

«cancans de la ville de Bafang» où des<br />

prisonniers dits «de luxe», affectés à la<br />

TEMOIGNAGES<br />

18<br />

confection des cartes d’identité, s’adonnent<br />

plutôt à un rançonnement dont le<br />

produit conduit à une conquête facile<br />

des épouses des autres;<br />

le diagnostic d’un mal estimé radical pour<br />

le développement de l’Afrique et contre<br />

lequel est lancé « un cri de guerre: la superstition,<br />

voilà l’ennemi! »;<br />

- le récit du politique vécu au niveau des<br />

grands chefs comme des grands hommes<br />

du terroir, tel ce sultan Seidou Ndjoya,<br />

fi gure emblématique de la quête de<br />

l’autonomie, de la dignité et de la responsabilité,<br />

et qui osa faire revivre les<br />

traditions bamoun par-delà la violence<br />

des maîtres coloniaux.<br />

Il ne s’agit pas ici d’un simple listing,<br />

mais chez P’a Ika, de ces récits partagés<br />

et conçus comme « vie », comme «<br />

action» et qui n’entendent pas se passer<br />

du ciblage primordial de la responsabilité<br />

en donnant lieu ici à une leçon morale<br />

magistralement affi rmée et écrite au<br />

besoin en italique au terme du récit.<br />

L’on pourrait aller jusqu’à dire que des<br />

idéologies, P’a Ika se moque! Car le<br />

texte ou le récit doit, en son autonomie,<br />

se faire lui-même « croustillant et<br />

vivant» lorsque l’histoire au besoin tatillone,<br />

s’enroule autour du mal concret<br />

ciblé, autour de l’immoralité épinglée et<br />

vécue comme partagée face à une responsabilité<br />

à partager elle aussi et dont<br />

les conséquences peuvent se retourner<br />

contre lka lui-même, et alors « tant pis!<br />

», affi rme-t-il au début des « Cancans de<br />

Douala sur la pongolaise». Et c’est cette<br />

écriture de la responsabilité qui fait de<br />

P’a Ika, selon nous, un combattant silencieux<br />

quasi invincible,<br />

TEMOIGNAGES<br />

Extrait du témoignage de MOUDOUTÉ Thomson Michel<br />

Mesdames et Messieurs<br />

Je remercie la famille <strong>KALA</strong>-<strong>LOBE</strong><br />

qui m’a offert la parole pour témoigner<br />

d’un ami, ami d’enfance de<br />

mon frère aîné MANGA et mari de<br />

Madame Sarah <strong>KALA</strong>-<strong>LOBE</strong> (fi lle de<br />

madame KUTTA BEMA MANGA qui<br />

a été élevée par ma mère, dans ma<br />

maison - comme Sarah elle-même).<br />

Ne soyez donc point surpris, si par<br />

moments, une certaine intimité me<br />

permettra quelques libertés de langage.<br />

IWIYE <strong>KALA</strong>-<strong>LOBE</strong> était un<br />

homme pacifi que, sérieux et social,<br />

à la fois réservé et jovial, blagueur,<br />

austère et formaliste. Sa formation<br />

familiale de base et ses études<br />

avaient fait de lui un homme bine<br />

élevé et correct, un citoyen remarquable<br />

et apprécié, et un homme<br />

de culture reconnu, ce qui lui valu<br />

d’avoir beaucoup d’amis et de relations<br />

sérieuses, aussi bien au Cameroun<br />

qu’en Afrique et à l’extérieur du<br />

continent.<br />

Élève et étudiant très brillant,<br />

après avoir abandonné les études<br />

de médecine à Ayos au Cameroun,<br />

auxquelles il avait préféré celles de<br />

journalisme, il était donc devenu un<br />

journaliste de métier et de vocation,<br />

et non un amateur d’occasion, comme<br />

on en rencontre beaucoup en ce<br />

moment. Intelligent et perspicace, de<br />

formation professionnelle et technique<br />

adéquate de haut niveau, il avait<br />

la faculté d’exploiter à fond ses interlocuteurs,<br />

pour en tirer le maximum<br />

et les meilleurs des renseignements<br />

et des éléments qui lui étaient indispensables<br />

pour être effi caces dans<br />

11<br />

son travail.<br />

C’est ainsi que ceux qui l’ont connu<br />

et qui ont lu ses articles dans l’Éveil<br />

du Cameroun, l’Effort Camerounais,<br />

le Courrier Sportif du Bénin, et autres<br />

journaux, s’en souviennent toujours<br />

avec plaisir et admiration.<br />

De sa longue collaboration avec des<br />

hommes de haute culture, comme<br />

son beau-frère, le grand Professeur<br />

ALLIOUNE DIOP, et autres Léopold<br />

SENGHOR, Aimé Césaire, de la revue<br />

Présence Africaine, il avait énormément<br />

puisé, ce qui avait fait de lui<br />

un Professionnel de renom.<br />

Homme d’esprit critique et pointilleux,<br />

il avait énormément puisé, ce<br />

qui avait fait de lui, un professionnel<br />

de renom. Homme d’esprit critique et<br />

pointilleux, il avait, à l’occasion, tantôt<br />

agréable, tantôt agressif et accrocheur,<br />

tantôt moqueur, mais toujours<br />

objectif. C’était l’homme qui, par déformation<br />

professionnelle, et comme<br />

par principe, s’opposait d’abord à tout<br />

ce qu’on lui racontait, même dans les<br />

sujets les plus simples et banals, ce<br />

qui le faisait passer parfois pour un<br />

esprit diffi cile. Et c’est quand il vous<br />

avait pressuré jusqu’à la dernière<br />

goutte qu’il pouvait approuver, mais<br />

jamais avec condescendance.

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