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BROCHURE KALA LOBE_5.indd - Unesco

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Oscillait toujours entre l’angoisse métaphysique<br />

Et la dérision parodique,<br />

Entre l’Ecclésiaste et le Bouddha,<br />

Ses garçons d’honneur.<br />

Mais il n’avait l’âme ni pompeuse,<br />

Ni, grand Dieu, déclamatoire,<br />

Sauf, parfois, tard dans la nuit féconde.<br />

Il aimait entretenir le fl ou artistique<br />

Pour exciter le chaland, sur le zinc,<br />

Pour tester les vertus sonores de son organe.<br />

Dans les mastroquets de Saint-Lazare,<br />

Où nous improvisions, parfois, des oasis<br />

De palabres, combien de fois rai-je entendu<br />

Stigmatiser la revendication raciale<br />

Comme un folklore dérisoire<br />

Et pourfendre ses frères d’une verve iconoclaste?<br />

Au vrai, en dépit de tout le respect,<br />

De toute la fervente affection<br />

Dont il entourait Senghor, Césaire et Damas,<br />

Ses frères, ses amis, ses compagnons de route<br />

Et de subtile complicité,<br />

Kala n’aimait guère cette négritude larmoyante<br />

Par tous les bassins du monde,<br />

Qui s’encalminait, pour fi nir,<br />

Dans les méandres d’un racisme à rebours.<br />

Pour ce vieux marin, c’était un port d’escale<br />

Et rien d’autre, pour laver l’inacceptable<br />

Souillure séculaire.<br />

Tel était l’homme. Amarré à l’enfance,<br />

Il ne prenait jamais complètement le large,<br />

Lui qui fuyait les idées, surtout reçues,<br />

Comme la peste,<br />

Le virtuose de la transgression, qui aimait,<br />

Parfois, se laisser emporter par un vent délictueux<br />

De passage, Ulysse éperdu sans boussole.<br />

Solitaire, ancré dans son destin, prisonnier<br />

Des mailles de ses songes et des soleils révolus,<br />

Il aura vécu, fi nalement, pour son seul lustre.<br />

Obsédé par Alioune Diop, son seul-plus-que-lui-même<br />

Admis ici-bas, il se drapait tous les sens<br />

De sa parole ciselée et habitait sa souveraine<br />

Discrétion partout où il le suivait.<br />

Le galop d’enfer n’était pas son signe<br />

22<br />

ON A PROFANE L’ARBRE GENEALOGI-<br />

QUE COMMUNAUTAIRE…<br />

«Oui, les Amulettes de sagesse africaine sont<br />

bien malades !... Les nouveaux ayants droit<br />

ont craché sur l’Arbre généalogique communautaire.<br />

Ils ont desséché ses branches en y<br />

accrochant des cordes à nœud coulant pour<br />

pendaisons publiques. Sur la place publique<br />

du grand village-prétexte se dressent lugubrement<br />

des dizaines de potences liberticides.<br />

N°175 juillet 1966<br />

«MENTALITE MAGIQUE» :<br />

« FREIN PSYCHOLOGIQUE AU DEVE-<br />

LOPPEMENT »(1)…<br />

Par Iwiy’a <strong>KALA</strong> Lobé<br />

JAMAIS, au cours de leur histoire, l’Afrique et<br />

les Africains n’ont été autant examinés, analysés,<br />

interprétés, auscultés, psychanalysés,<br />

fouillés, explorés, mesurés, pesés soupesés,<br />

chronométrés, balisés, sondés, codifi és, stéréotypés,<br />

planifi és, disséqués, « perforés »,<br />

fi chés, fi ltrés, indexés… que depuis l’avènement<br />

des indépendances !...<br />

A peine « convalescents » encore durement<br />

éprouvés par le traumatisme colonial,<br />

dangereusement menacés par les subtilités<br />

du néocolonialisme, inlassablement sollicités<br />

par des idéologies néo-impérialistes, ils ont<br />

vu des commandos d’ « experts » s’acharner<br />

à poser sur eux toutes sortes de diagnostics,<br />

pessimistes ou optimistes, mais toujours péremptoires.<br />

DES JUGEMENTS HATIFS DEFORMES ET<br />

DEFORMANTS<br />

De tels desseins ne peuvent mener, il nous<br />

semble, qu’à des jugements hâtifs, déformés<br />

articles SIGNES D’IKA<br />

7<br />

et déformants. Car s’il est admis que l’héritage<br />

de la civilisation occidentale permet aux<br />

« tètes froides » occidentales de se prendre<br />

pour les seuls maitre à penser de notre planète<br />

et d’imposer au reste de l’univers leur<br />

façon de voir et de considère les choses et<br />

les êtres, il n’est pas moins évident que, ce<br />

faisant, ils poussent trop loin leur cartésianisme.<br />

(1) « L’Afrique se Développe-t-elle ? » in « la<br />

Table Ronde », n° 231, avril 1967<br />

Nkrumah et le rôle du journalisme<br />

dans la libération de l’Afrique<br />

Dans son Autobiographie (1), Kwame<br />

Nkrumah raconte comment dès sa prime<br />

jeunesse, alors qu’il venait de terminer<br />

la première phase de ses études à Achimota<br />

et qu’il exerçait les fonctions de «<br />

moniteur de l’enseignement» dans un<br />

séminaire catholique d’Amissano, son<br />

nationalisme fut mis en éveil par les articles<br />

que Nnamdi Azikiwe (« Zik ») publiait<br />

dans l’African. Morning Post et qui<br />

dénonçaient les atrocités commises par<br />

les Italiens en Abyssinie ... C’était pendant<br />

les années trente.<br />

II raconte également (2) comment pendant<br />

ses années d’études aux US.A.,<br />

à l’Université de Lincoln, après y avoir<br />

obtenu en 1939 ses grades de «Bachelor<br />

of Arts », il eut l’intention d’entrer à<br />

l’Ecole de Journalisme de l’Université de<br />

Columbia...<br />

Pourquoi cette vocation - qui n’eut<br />

d’ailleurs pas de suites professionnelles<br />

( pionnières» semblables à celles tracées<br />

par Azikiwe avec le West African<br />

Pilot ? Il faut rappeler ici qu’au moment<br />

où Kwame Nkrumah sort d’Achimota, la

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