Passion Architecture n°3 - UNSFA - Le syndicat des Architectes

33 E CONGRÈS DE L’UNSFA
p. 10
Pour plus d’informations, www.unsfa.com
Il faut investir
dans la matière grise
Le Congrès de Dijon, 33ème congrès
de l’UNSFA, fut une réussite grâce à l’énorme
travail de préparation accompli par Dominique
et Yolaine Jouffroy, le bureau de l’U.N.S.F.A.
et notre organisateur EUROCONVENTION.
Au nom de tous, je les en remercie vivement.
Dijon fut un congrès ÉMOTION avec la remise
du Prix Citoyen à la communauté Emmaüs
de Norges-la-Ville et à son architecte
Toussaint BOUÉ.
Dijon fût aussi un congrès de RÉFLEXION
et de FORMATION :
- Au travers des différents ateliers et tables
rondes sur des sujets qui nous concernent tous.
- Au travers des échanges avec nos partenaires
industriels que nous remercions pour leur
fidélité.
Mais ce qu’il convient de noter, c’est l’apparition
d’un public nouveau, composé d’architectes
non syndiqués qui nous ont dit avoir découvert
et apprécié le sérieux et la qualité de nos
travaux.
Nous les attendons encore plus nombreux
au 34ème congrès : les 2, 3 et 4 octobre 2003
à Nantes.
Après l’émotion, la réflexion, la formation,
il faut poursuivre et amplifier l’ACTION
pour CONVAINCRE :
Convaincre que la matière grise n’est pas
une “marchandise” à qui l’on pourrait appliquer
les mêmes règles que celles s’appliquant
aux services courants.
Convaincre que le DÉVELOPPEMENT DURABLE
nous oblige désormais à porter un autre
regard sur nos activités : il faudra désormais
être capable d’apprécier le projet non seulement
sur ses performances économiques,
mais également sur ses valeurs environnementales,
sociales, esthétiques, culturelles
qui sont des facteurs de bien-être.
• Passion Architecture n°3 • Janvier 2003
Les architectes s’en réjouissent car désormais
les réponses qu’ils apportent au travers
des projets devraient être mieux comprises.
Convaincre que la voix (royale pour certains)
de la CONCEPTION CONSTRUCTION, qui peut
trouver sa justification dans l’urgence
(les prisons), présente bien d’autres risques
et c’est pourquoi elle a été en dehors
de ce cadre - proscrite par la loi MOP.
Convaincre que l’architecture, d’intérêt public,
concerne chaque citoyen et qu’il faut donc,
dès leur plus jeune âge (enseignement
primaire) les mettre en appétit d’architecture
pour élever leur niveau d’exigence pour
un meilleur cadre de vie, facteur de paix
sociale.
Convaincre que la qualité du cadre de vie
dépend d’abord de la qualité de l’investissement
“matière grise” (programmation,
concertation, conception) puis de la qualité
de l’investissement dans les travaux.
La maîtrise d’œuvre, et singulièrement l’architecte
a bien évidemment un rôle clef car
c’est d’elle que dépend la qualité globale
et durable des constructions.
Encore faut-il qu’on leur donne les moyens
de bien travailler.
En matière de HQE, tout le monde s’accorde
à souligner le retard de la France par rapport
à l’Allemagne ; l’explication est pourtant simple
pour construire un m2 de logement (social)
on investit 1 500 euros en Allemagne contre
1 000 euros en France et pour rémunérer
la conception, on dépense 2 fois plus
en Allemagne qu’en France.
Convaincre que tant que l’on n’accordera pas
à la maîtrise d’œuvre les justes moyens,
on n’obtiendra pas les économies et la qualité
“durable” escomptées ; chacun sait qu’un projet
bien conçu, bien concerté, bien construit est
source de bonheur et d’économie pour
la société.
Sur cette question, les querelles (francofrançaise)
"architecte ingénieur" devraient
s'éteindre et nous sommes décidés, les uns
et les autres (cf. contrat étude prospective),
à organiser, tant dans la formation initiale que
dans la formation continue, tous les échanges
possibles pour qu’architecte et ingénieur
sachent travailler encore mieux ensemble
en pratiquant l’ingénierie concourante.
Pourquoi, en France, le bâtiment serait-il
condamné à rester à l’âge de pierre ? Pourquoi,
contrairement aux autres secteurs (aéronautique,
automobile, ferroviaire, etc.), ne saurait-on pas
aussi y financer la “maîtrise grise” ?
Comment ose-t-on, à l’heure où tout le monde
se réclame du développement durable,
assimiler encore le travail de l’architecte
à la notion de surcoût, alors que son travail
et celui de toute la maîtrise d’œuvre consistent
à proposer du mieux vivre ?
Pourquoi la maîtrise d’ouvrage française
et l’État ne seraient-ils pas capables de mettre
en pratique le vrai coût global, celui qui réduira
le coût du "mal vivre", en prenant en compte
les économies "sociales" engendrées
et les risques maîtrisés.
Imaginons que l’on y parvienne :
nous pourrions alors solidariser tous les acteurs
de la construction (maîtrise d’ouvrage, maîtrise
d’œuvre, entreprises et industriels) autour
d’objectifs partagés, en conjuguant l’économie,
la qualité, l’environnement, le social, etc.
On découvrirait alors qu’investir dans
la “maîtrise grise” et dans la qualité,
ce n’est pas cher et ça peut rapporter gros…
François PÉLEGRIN
Président de l’U.N.S.F.A.