Passion Architecture n°3 - UNSFA - Le syndicat des Architectes

COLLECTIVITÉ LOCALE p. 05
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Strasbourg
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Une interview de
Fabienne Keller,
Maire de Strasbourg
Passion Architecture : La ville de Strasbourg,
capitale européenne, avec ses envies
et ses désirs de devenir résolument capitale
de l’Europe, a-t-elle une vision contemporaine
de la ville et laquelle ?
Fabienne Keller : Nos interventions dans
l’urbanisme strasbourgeois visent à concilier
trois éléments : la dimension internationale
de notre ville (siège d’institutions européennes,
d’entreprises internationales et d’universités),
la dimension de centre régional attractif
(qui s’étend à l’Alsace et à l’espace rhénan),
la dimension humaine (celle notamment
des quartiers, où l’amélioration des conditions
de vie et la démocratie de proximité sont
des priorités). Nous voulons que ces trois
dimensions soient complémentaires dans
la ville aujourd’hui et il nous importe
de développer un “nouvel urbanisme”,
en associant fortement le développement
de l’agglomération à la participation effective
de nos concitoyens
P. A. : Cette ville supporte une très importante
pollution, quels sont vos axes de développements
urbains durables ?
F. K. : Le développement durable est au cœur
de notre projet. Il s’agit certes de réduire
la pollution atmosphérique, mais aussi de
“fabriquer” la ville de demain, une ville
plus écologique. Nous avons en la matière
de nombreux projets au niveau de l’agglomération
: développement des transports
collectifs (extension de 13 kilomètres du réseau
tram, mis en place du tram-train), création
des coulées vertes d’agglomération (concernant
5 000 ha), création d’un nouveau parc urbain
de 34 ha (le jardin des deux rives), réalisation
de deux quartiers de développement durable
(les rives du Borie à Ostwald sur 26 ha
urbanisables et de l’Ilot de Lombardie
à Strasbourg sur 5 ha). D’autre part, en matière
de gestion des déchets, nous avons la volonté
• Passion Architecture n°3 • Janvier 2003
de les valoriser et de réduire leur incinération :
tri sélectif, ouverture de quatre nouvelles
déchetteries, conversion de l’usine d’incinération
à des technologies de pointe.
Nous avons, enfin, la volonté de faire bénéficier
Strasbourg d’expériences fructueuses menées
en Allemagne dans le domaine des énergies
renouvelables, en convertissant nombre
d’équipements publics à l’énergie solaire
notamment. L’objectif est de faire de Strasbourg
la ville pionnière en matière d’énergies
renouvelables et de développement durable
en France.
P. A. : Alors que vous consultez plutôt
des architectes extérieurs à votre ville pour
les grands projets (ex, la place Kléber, GPV),
quelle place gardez-vous aux locaux qui
connaissent en détail les problématiques
urbaines locales ?
F. K. : Vous citez deux exemples sur lesquels
nous avons, en effet, consulté des architectes
“extérieurs” à Strasbourg. Je pourrais vous citer
de très nombreux contre-exemples et des
grands projets, stratégiques pour notre ville
et pour l’agglomération, pour lesquels nous
avons fait appel à des architectes strasbourgeois.
J’inverserai donc aisément et très volontiers
votre question : si nous faisons appel,
en majorité, à des architectes de la région
pour travailler aux quelque vingt-quatre projets
structurants pour l’agglomération, c’est parce
qu’ils connaissent en détail la ville et qu’ils
la pratiquent.
P. A. : Existe-il une cohérence urbaine de la ville
parmi la série de grands projets (grande
Médiathèque, patinoire de Cronenbourg,
quartier européen) ?
F. K. :Les discours dogmatiques sur l’urbanisme
ont monté leurs limites et l’architecture
contemporaine réclame une intelligence très fine
des réalités vécues par ceux qui pratiquent
la ville au quotidien. Cet urbanisme relève
plus de l’acupuncture que de la chirurgie
lourde. La seule cohérence recherchée,
c’est de construire un urbanisme en harmonie
avec les réalités de notre ville.
L’atelier DENU & PARADON
L’implantation de la nouvelle patinoire
de Cronenbourg répond ainsi à une double
exigence : elle est bien desservie en termes
de transports publics (tram, bus, etc.)
et de parkings ; elle se situe à l’entrée
d’un quartier difficile, dont il nous importe
de renouveler l’image. En ce qui concerne
le quartier européen, il vise à faire bénéficier
tout un secteur de la ville de l’effet d’aubaine
induit par la présence des institutions européennes.
A l’heure actuelle, les bâtiments
européens sont installés dans une sorte
de no man’s land. Il nous semble plus que
nécessaire d’urbaniser ce quartier de la ville,
pour assurer son développement. S’agissant
de la grande médiathèque, prévue sur l’Ilot
Seegmuller, elle s’inscrit dans un programme
plus vaste de reconquête de friches du Port
de Strasbourg, lui-même à mettre en perspective
avec notre volonté de développer
un axe Est-Ouest de l’agglomération, comprenant
la réurbanisation progressive de la Porte
de France et la valorisation de l’axe
Strasbourg-Kehl.
P. A. : La ville a-t-elle une volonté de concertation
avec les conseils d’administration
d’organismes tels que la SERS, l’ADEUS,
le Scot, Cus habitat, et toute association
qui touche de près ou de loin au cadre
de vie de nos concitoyens ?
F. K. : Nous avons la volonté que ces organismes
travaillent davantage dans une logique
de partenariat et d’écoute de tous.
S’agissant de tout ce qui touche de près
ou de loin au cadre de vie des Strasbourgeois,
nous mettons en place, en 2003, des Conseils
de Quartiers indépendants. Ils seront ouverts
à tous ceux qui veulent mettre la ville
en mouvement. Et les architectes y ont,
bien entendu, toute leur place.