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Aussi, au sortir d’une douche sans accrocs,<br />
Annabelle décida, sans autre espèce de questions, de<br />
s’oindre les jambes de crème hydratante afin<br />
d’accélérer la cicatrisation autant que d’atténuer les<br />
brûlures. Là, le phénomène de la veille se reproduisit.<br />
L’hypersensibilité de sa chair à vif, au contact froid du<br />
fluide apaisant déclencha chez Annabelle un court<br />
feulement mourant dans un petit cri. Un frisson<br />
parcourut son corps nu et vulnérable. Un plaisir divin<br />
se mêlait à la douleur de la blessure ainsi palpée.<br />
Annabelle dut s’asseoir au sol, en une glissade le long<br />
d’un mur carrelé qui n’en demandait pas tant. Son<br />
corps tressaillit au contact du carrelage froid qui<br />
jamais n’avait été à pareille fête. Annabelle sentit sa<br />
volonté mourir, étranglée par le délice que la douleur<br />
faisait naître.<br />
Alors la déraison la poussa à s’acharner sur son<br />
corps meurtri, de ses doigts, de ses ongles, à prolonger<br />
cette douleur par tous les moyens que ses mains<br />
pouvaient lui permettre.<br />
Une lumière naquit alors dans le reflet de la faïence<br />
du bidet, dont Annabelle ne pouvait plus voir que le<br />
pied, désormais allongée de tout son long sur le sol<br />
froid qui restait de marbre, la tête poissée d’un résidu<br />
de sortie de bain, en l’espèce quelques épaisses gouttes<br />
d’eau savonneuse sur le sol. La lumière devint alors<br />
aveuglante. Dieu peut-être ?<br />
Annabelle sentit son corps lui échapper. De<br />
mouvements incontrôlés en secousses involontaires,<br />
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